Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre vingt-sept

2 janvier 1931

  Thésée venait de sortir d'un nouveau jour de travail, sachant qu'Aysha était partie précipitamment dans la journée. N'ayant pas pu avoir des nouvelles, il se dirigea vers sa demeure, le pas rapide et le cœur battant. Il espérait qu'elle n'avait rien de grave, parce que ce n'était pas dans son habitude de quitter ainsi le travail.

  Ouvrant la porte grâce aux clés que lui avait passées Aysha, il s'annonça en la fermant derrière lui, mais n'obtint aucune réponse. Davantage inquiet, il se débarrassa en vitesse de son manteau et se rua dans le salon. Il la trouva assise, emmitouflée dans une couverture, les joues humides. Son cœur se serra et leurs yeux se croisèrent.

  — Salut Thésée, murmura-t-elle. Je m'attendais à te voir.

  Il ne sut pas quoi répondre, alors il vint s'asseoir près d'elle, posant sa main sur son avant-bras.

  — Que se passe-t-il ? J'ai appris que tu avais quitté le travail tôt aujourd'hui. Tout va bien ?

  — Oh, ça... Oui. J'ai juste démissionné.

  Thésée resta un instant interdit, bouche bée, surpris par la nouvelle. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle fasse une telle chose un jour.

  — Ne fais pas cette tête, railla Aysha qui semblait être parvenue à effacer ses larmes. Tu vas finir par avaler une mouche.

  — Oui... Enfin, balbutia-t-il. C'est juste étonnant.

  — Pas vraiment quand on y réfléchit. Tu sais que j'ai toujours détesté quand on me portait trop d'attention. Parce que la plupart du temps, ce n'était que du mauvais. Et depuis... enfin depuis ce qu'il s'est passé aux Quatre Chevaux Sans Sabot, tous ces gens qui me méprisaient et me jugeaient auparavant arrivent avec leurs sourires hypocrites en tentant de s'attirer mes faveurs. Ça m'insupporte. Et puis, je crois que j'ai donné tout ce que j'avais à donner dans cet emploi. Je veux faire autre chose. Laisser la vie me porter au-delà de mes rêves. Je suis désolée de ne pas t'en avoir parlé. J'aurais du te prévenir.

  — Ne le sois pas ! Je comprends. J'ai bien vu comment ils agissaient avec toi et j'ai conscience que ce n'est pas ce qui va te permettre de t'épanouir.

  Aysha lui accorda un sourire tendre que Thésée lui rendit. Cependant, il reprit, toujours inquiet :

  — Mais je crois que ce n'est pour cela que tu pleurais.

  Le sourire de la jeune femme disparut, alors qu'elle détournait le regard.

  — Que se passe-t-il, 'Sha ? Tu peux tout me dire, tu sais. Je suis prêt à tout entendre.

  Voyant qu'elle voulait cacher ses larmes, il posa une main sur sa joue et elle tourna la tête vers lui.

  — C'est juste que... commença-t-elle, la voix faible. Norbert et Tina sont sur le point d'avoir un second enfant et cela m'a fait pensé... Je... Est-ce que tu voudrais des enfants ?

  La question prit Thésée de court, une nouvelle fois. Il allait finir par croire que son cœur n'allait pas suivre toutes ces choses inattendues qui pouvaient sortir de la bouche de la femme qu'il aimait.

  — Ton silence signifie-t-il que tu ne voudrais pas devenir père ? lui demanda Aysha d'un air de nouveau impassible.

  — Non. Pas du tout. La question m'a simplement surpris. Je ne m'attendais pas à ce que tu me la poses.

  — Le fait que Norbert et Tina vont bientôt accueillir un nouvel enfant m'a rappelé que nous n'avions jamais eu cette discussion. Tu vis presque chez moi, maintenant. Et j'ose croire que notre histoire durera. Parce que je t'aime et je n'ai pas envie de te perdre.

  — Moi aussi, je t'aime. Moi aussi, je n'ai pas envie de te perdre. Moi aussi, j'ose croire que notre histoire durera. J'y crois et je pense que si nous y croyons suffisamment fort, alors nous déplacerons des montagnes. En ce qui concerne les enfants, je n'y avais jamais réfléchi avant, parce que je n'étais pas avec la personne avec qui je voulais en avoir. Aujourd'hui, cela a changé. Et la réponse est oui. Oui, j'aimerais être père.

  — Tu serais un excellent père, j'en suis certaine, murmura Aysha, la mine sombre. Mais... qu'en est-il de moi ? Je voudrais un enfant, moi aussi. Mais... Comment suis-je censée agir avec lui ? Le seul exemple que j'ai eu n'est autre qu'Elizabeth. Et je refuse d'être comme elle. Je ne l'ai jamais considérée comme une mère, mais sur le papier, elle l'était. Et ma maman est morte. Elle est morte avant de me montrer comment je pourrais être une bonne mère. Et j'ai peur, Thésée. Peur de ne pas être à la hauteur. Peur de faire comme Elizabeth, malgré mes efforts.

  Des larmes avaient de nouveau empli ses yeux, alors qu'elle parlait. Thésée lui avait attrapé les avant-bras et avait écouté attentivement ce qu'elle avait à lui dire. Ce ne fut que lorsqu'elle s'arrêta de parler qu'il lui répondit :

  — Je sais que ça fait peur, Aysha. Moi aussi, je suis effrayé. Il n'y a pas de mode d'emploi. J'ai eu un bon père, mais je suis effrayé à l'idée de ne pas en être un pour notre enfant. Pourtant, je suis sûr d'une chose, par ce que je t'ai vue avec Rose et Harry, parce que tu as si facilement pris sous ton aile des personnes dans le besoin, que tu seras une parfaite mère.

  Ces mots semblèrent être d'un véritable réconfort pour Aysha qui s'approcha de Thésée pour le prendre dans ses bras afin de le remercier silencieusement.

  — Merci, Thésée, finit-elle par murmurer sans l'avoir lâché. Tu ne sais pas à quel point tu es important pour moi et à quel point tu m'aides à guérir intérieurement. Tu as été pendant longtemps la main qui tenait le poignard s'enfonçant dans mon cœur. Aujourd'hui tu es celle qui panse mes blessures.

  — Désolé de ne pas toujours avoir été la personne qui t'aidait à aller mieux. Je m'en voudrais à jamais et les mots ne suffisent plus pour m'excuser.

  — Tu n'as plus à t'excuser, Thésée. Moi aussi, j'ai mal agi avec toi. Et je te l'ai déjà dit. Tes yeux parlent pour toi. Ton cœur exprime bien plus que ce que tes lèvres prononcent. Je sais que tu t'en veux encore. Mais je t'ai pardonné. Parce que tu n'as jamais volontairement voulu me faire de mal. Et, qu'aujourd'hui, c'est volontairement que tu me fais du bien. Et j'espère grandement pouvoir t'être aussi précieuse que tu l'es pour moi. Et que nous serons tous les deux d'excellents parents pour notre enfant.

  Thésée se détacha de son entreinte et la prit par les épaules pour la regarder dans les yeux, plissant les siens. Une lueur de malice brillait dans le regard d'Aysha, alors qu'elle savait qu'il avait compris.

  Comme toujours, ils n'avaient plus besoin de mots pour se comprendre. Leurs cœurs se synchronisaient et leurs âmes fusionnaient, afin qu'ils n'aient plus besoin de parler pour évoluer dans la compréhension de l'autre.

  Il avait suffit d'un regard pour qu'il sache ce qu'elle voulait lui dire.

  Heureux et ému, Thésée la prit de nouveau dans ses bras, lui caressant le dos, les larmes aux yeux. Il ne savait pas s'il arrivait à pleinement réaliser ce qui lui arrivait. Il se répétait intérieurement cette même phrase alors que son cœur se gonflait de joie.

  Ils allaient être parents.

***

12 février 1931

  Albus était assis à son bureau, venant de terminer sa journée de cours. Il attendait.

  La porte s'ouvrit bientôt, laissant entrer Abelforth et Aysha. Tous d'eux vinrent prendre place face à lui, comme s'ils avaient été convoqués pour une bêtise qu'ils avaient faite. Albus les salua d'un mouvement de la tête avant de commencer :

  — J'ai appris que tu avais démissionné du Ministère, Aysha.

  — Ils ne m'ont jamais traité comme les autres. Avant, j'étais une cinglée pour eux. Maintenant, ils me suivent partout à l'affut de mes moindres mouvements parce que j'ai soi-disant arrêté un tas de partisans de Grindelwald.

  — Ce qui est vrai.

  — Je veux juste rester dans l'ombre, j'espérais que vous comprendriez.

  — Bien sûr que je comprends, lui assura le professeur. Mais, as-tu déjà une idée de ce que tu pourrais faire ?

  Aysha resta un moment silencieuse. Elle ne réfléchissait pas. Elle savait simplement que la réponse allait les étonner.

  — J'aimerais enseigner à Poudlard, révéla-t-elle finalement.

  Et, en effet, les frères Dumbledore restèrent bouche bée. Ce fut Abelforth qui réagit le premier :

  — Tu veux passer ta vie dans le rôle de personnes que tu as passé des années à détester, dans un lieu qui te hantait ?

  L'Occlumens secoua négativement la tête avant de reprendre, s'expliquant :

  — Je veux changer les choses. Je veux éviter à tout élève de vivre ce que moi j'ai vécu. Si je peux ne serait-ce que changer un minimum les choses, j'en serais déjà ravie. Pouvoir aider les élèves qui vont mal, les aider à trouver leur voie, arrêter ceux qui voudrait du mal à leurs camarades. Je veux faire de l'enseignement quelque chose de nouveau. Je veux permettre aux élèves de garder de bons souvenirs de l'école. Et je veux m'en créer de nouveaux.

  Albus et Abelforth fixèrent un long moment la sorcière sans rien dire. Aysha ne savait pas comment le prendre et son cœur se serra. Mais elle fut ravie lorsque le professeur de métamorphose reprit :

  — Je suis sûre que tu seras excellente dans ce rôle.

  L'Occlumens sourit, ravie, alors qu'Abelforth lui serrait la main.

  — Pour en revenir au sujet principal, fit alors Albus, je tenais à vous informer moi-même que les traces de Grindelwald qui auraient été trouvées en Espagne, sont malheureusement fausses. Il n'est pas là-bas. Je suppose que le Ministère l'a déjà compris aussi.

  Abelforth poussa un soupir et Aysha ouvrit la bouche pour répondre, mais quelque chose l'interrompit : quelques coups secs à la fenêtre.

  Tous trois se retournèrent et furent surpris de voir ce qui était en train de voler à l'extérieur. Un phénix d'une grande beauté et qu'ils avaient eu l'habitude de voir voler auprès de Croyance Bellebosse avant sa mort.

  Hésitant, le professeur alla ouvrir la fenêtre et l'oiseau entra sans attendre, se posant derrière le bureau de Dumbledore.

  — En cas de situation désespérée, un phénix viendra toujours en aide aux membres de la famille Dumbledore, récita alors Abelforth, tandis que son frère venait de s'approcher de l'animal.

  — Croyance l'avait appelé Fumseck, expliqua Aysha.

  — Eh bien, bonjour, Fumseck, sourit le professeur.

  Tous trois regardèrent l'oiseau de feu sans un mot avant que l'Occlumens ne se lève et déclare :

  — Je vais devoir y aller. Je vous souhaite une bonne journée.

  Alors qu'elle allait sortir, Albus la retint, annonçant :

  — Félicitations, au fait.

  L'Occlumens se retourna et vit dans son regard qu'il savait.

  — Rien ne vous échappe.

  Albus sourit davantage avant d'ajouter :

  — Tu seras une parfaite mère. Ça, j'en suis sûr.

***

3 mars 1931

  — Norbert, ton fils vient de se réveiller, soupira Tina, à moitié endormie.

  — Ne vous inquiètez pas ! J'y vais ! s'exclama soudainement Queenie qui avait laissé ses propres enfants avec Jacob pour venir aider sa sœur et son beau-frère qui venaient de devenir à nouveau parents.

  La Legilimens se leva pour se ruer dans la chambre de l'enfant. Norbert tourna alors la tête vers son frère, assis à la table, qui avait émis un léger rire :

  — Ne te moque pas. Ça va bientôt t'arriver à toi aussi.

  — Je ne me moque pas. Ça m'amuse, c'est tout.

  — Aysha devrait arriver bientôt, non ? fit alors Tina qui s'était redressée pour mieux s'asseoir. Elle ne raterait pas son propre anniversaire, quand même.

  — April me l'a piquée ce matin, ronchonna alors Thésée. Je ne sais pas ce qu'elles trafiquent.

  Les pleurs avaient cessé, Queenie réapparaissant rapidement.

  — C'est qu'il n'est pas un grand dormeur ce petit Jimmy Richard Dragonneau.

  — Ça fait une grosse différence par rapport à Kate, en effet, commenta le magizoologiste en se levant.

  La porte d'entrée s'ouvrit subitement et Sofia apparut bientôt devant eux.

  — Salut tout le monde ! s'exclama-t-elle soudainement.

  Les pleurs de Jimmy reprirent, suivis de près par ceux de Kate.

  — Nom d'une licorne, je suis vraiment désolée !

  — J'y vais ! leur assura de nouveau Queenie en disparaissant avant qu'ils ne puissent dire quoi que ce soit.

  La journaliste se tourna alors vers Thésée et annonça :

  — Tiens, j'ai pu passer le prendre pour toi.

  Elle lui tendit une petite boîte qu'il attrapa avec délicatesse la remerciant.

  — Tu vas demander Aysha en mariage ? demanda alors Norbert.

  — Non, le corrigea Thésée. Aucun de nous ne voulons de ça, tu le sais très bien.

  Il ouvrit alors la boîte et un collier apparut. C'était une chaîne en or avec une plaque où était gravée deux lettres : A et T. Et bien qu'il s'agisse aussi de leurs initiales, ces lettres avaient en réalité un tout autre sens. Aussi bien Aysha que Thésée verraient en ces lettres deux autres mots...

  Âme Tourmentée.

***

19 Septembre 1938

  Aysha venait de sortir du bureau du directeur, ravie d'apprendre qu'elle aurait enfin un poste pour enseigner à Poudlard, après avoir été professeure de français dans des écoles de Moldus. Elle allait pouvoir seconder Dumbledore en tant que professeure de métamorphose, ce dernier n'étant pas au plus haut de sa forme depuis que Grindelwald était en fuite et qu'ils n'avaient plus aucun indice.

  Alors qu'elle passait une main sur le collier qu'elle portait à son cou et ne quittait jamais, elle bifurqua dans un couloir et apperçut un jeune homme, de première ou deuxième année sans doute. Il était seule et semblait plongé dans ses pensées.

  Silencieusement, elle s'approcha et, lorsqu'elle arriva derrière lui, elle signala sa présence en se raclant la gorge. Le jeune garçon se retourna et posa des yeux bruns sur elle, surpris de se voir ainsi tiré de ses songes.

  — Tout va bien ? demanda alors Aysha.

  — Ça vous intéresse ?

  — Bien sûr, répondit automatique l'Occlumens. Tu as l'air pensif. Je voudrais simplement m'assurer que tes pensées ne sont pas trop sombres. Et puis, tu es seul.

  — J'aime la solitude.

  — Moi aussi. Moi aussi j'aime être seule. Cependant, je déteste me sentir seule. Il y a une nuance et j'aimerais savoir ce qu'il en est pour toi.

  L'élève, de la maison Serpentard à en juger son uniforme, cligna des yeux, semblant incapable de répondre.

  — Vous êtes Aysha Wilson, fit-il alors. J'ai entendu parlé de vous. Vous êtes l'une des rares personnes que j'apprécie sans vraiment connaître. Vous êtes puissante de ce qu'il est dit.

  — Je ne peux pas le garantir moi-même.

  — Dans ce cas, nous sommes différents. Moi aussi je sais faire des choses.

  Aysha fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire.

  — Je...

  L'Occlumens fut interrompue par Dumbledore qui l'interpelait. Elle s'excusa auprès de l'élève et se dépêcha de rejoindre le professeur qui marmonna :

  — Je vois que tu as rencontré notre ami.

  — Il m'a l'air étrange.

  — Il n'a pas eu une vie facile, expliqua Albus. Tu es sans doute la mieux placée pour comprendre cela.

  — Oui. Peut-être. Mais, lui, je ne le comprends pas. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je n'ai pas confiance en lui.

  — Il a onze ans, bientôt douze. Il est vraiment jeune.

  — Peu importe. Je ne sais pas, murmurait Aysha. Il ne me dit rien qui vaille. Comment s'appelle-t-il ?

  Albus regarda longuement l'élève au loin avant de lui accorder une réponse :

  — Tom Jedusor.

***

1er Septembre 1942

  — Aysha, ta fille va finir par être en retard. Et te mettre en retard aussi dans le même temps.

  L'Occlumens lança un regard malicieux à Thésée qui ne pouvait s'empêcher de sourire, les bagages de leur fille posés devant lui. Aysha se posta alors devant les escaliers et hurla :

  — Helena April Wilson-Dragonneau ! Tu as intérêt à être devant nous dans moins de deux minutes !

  Thésée eut du mal à camoufler son rire alors que sa fille descendait en trombe les escaliers, s'exclamant :

  — Je suis là ! Je suis là !

  — Ce n'est pas trop tôt, fit sa mère avec un clin d'œil. Nous aurions fait attendre du monde sinon.

  — Tu m'as promis de ne pas aller dans le même compartiment que moi ! Souviens-toi. Ce serait trop la honte d'aller à Poudlard pour sa première année avec sa mère.

  L'Occlumens s'amusa de cette remarque. Sans plus attendre, le trio sortit avec leurs bagages, les traînant jusqu'à une boulangerie exceptionnellement fermée, ce qui avait fait de nombreux déçus. Devant la boulangerie Kowalski, Queenie et Jacob attendaient déjà, avec leurs jumeaux qui semblaient se chamaîller. Les adultes se saluèrent et Rose fut la première à venir enlacer Aysha.

  — J'ai hâte de revenir dans tes cours ! Enfin, si je t'ai toi. J'adore comment tu enseignes !

  Elle n'eut pas le temps de répondre, car une voix attira leur attention :

  — Votre personne préférée vient d'arriver !

  Tous se tournèrent vers April qui ne vint prendre dans ses bras que sa meilleure amie.

  — Alors, pas trop stressés les enfants ? demanda-t-elle avec un sourire malicieux.

  — Non ! s'exclamèrent d'une même voix les jumeaux Kowalski.

  — Un peu, murmura Helena dont les cheveux avaient pris une teinte bleutée.

  — Eh, ma puce, fit alors Aysha en s'agenouillant devant elle, rassurée de voir qu'aucun Moldu n'avait vu le changement de couleur de la chevelure de la jeune fille.

  — N'oublie pas. Tu respires calmement.

  Helena sourit à sa mère. Norbert et Tina choisirent alors ce moment pour arriver avec leur tribu. Kate alla immédiatement trouver Harry et Rose, partant déjà dans leur discussion, alors que Jimmy restait silencieux, le nez dans un livre et que le plus jeune garçon, deux ans moins âgé qu'Helena, semblait passionné par ce que lui racontait son père sur les Niffleurs.

  — On va pouvoir partir alors ! s'exclama soudain April. Trop hâte de revoir la gare !

  — Tu ne viens que pour ça, toi, s'amusa l'Occlumens.

  — Je ne vois pas ce que tu veux dire.

  Aysha leva les yeux aux ciel alors que tous prenaient la route. Mais à peine eurent-ils tourné dans une rue qu'une femme les interrompit :

  — Excusez-moi.

  Tous les regards étaient posés sur elle, mais le sien scrutait Aysha.

  — Est-ce que... hésita-t-elle. Est-ce que vous êtes Aysha Wilson ?

  La concernée hocha la tête, fronçant les sourcils.

  — Oh ! s'exclama soudainement la femme. J'ai lu votre livre ! Il est incroyable ! Je suis plutôt de nature cœur de pierre habituellement quand je lis. Mais votre livre m'a bouleversée. La vie de la jeune Lilith est tellement terrible et tout est si bien raconté que l'on pourrait croire que c'est réel. Vous m'avez touchée du plus profond de mon âme. Et qu'est-ce que vous écrivez bien ! Vous avez le talent de votre mère ! Je vous vois en elle et je la vois en vous. L'écriture coule dans vos veines. Et, vous ne le savez probablement pas, mais votre livre a sauvé plus d'une vie. Ça paraît insensé, mais c'est vrai. Parfois, la fiction nous aide à relativiser et à tenir le coup, tout en nous donnant de l'espoir. C'est ce que vous avez fait. Et je vous remercie. Votre travail est incroyable.

  Aysha ne sut pas quoi dire, profondément touchée.

  — Je suis désolée de vous avoir importunée. Je crois comprendre que c'est un jour important pour certains d'entre eux. Mais je me demandais, s'il était possible... Enfin de... D'avoir un petit autographe ?

  — Oh... Euh, bien sûr, balbutia la Métamorphomage.

  — Oh merci ! J'ai toujours le livre sur moi en plus ! Ah ! Je suis si heureuse.

  L'inconnue sortit alors de son sac un livre et une plume et son encrier. Elle le tendit à son auteure et les lettres du titre brillèrent un instant : Les Liens du Sang. Le cœur lourd, chargé d'émotions, Aysha attrapa la plume, la trempa dans l'encre et, après avoir ouvert la page, demanda :

  — Votre nom ?

  — Kelly. Je m'appelle Kelly.

  Aysha resta un instant interdite, avant de poser la pointe de la plume sur la page et d'écrire le plus proprement possible :

  Chère Kelly,

  Je vous remercie pour ce que vous m'avez dit et vous souhaite le meilleur.

  En espérant que vous ayez vous aussi trouvé votre famille et, qui sait, votre Âme Tourmentée ?

  Aysha Lilith Wilson

  Elle tendit ensuite la plume à sa propriétaire qui la remercia et récupéra son livre.

  — Prenez soin de vous ! s'exclama-t-elle. Vous le méritez. Je vous souhaite le meilleur !

  Et elle s'éloigna, ne pouvant cacher sa joie. Thésée embrassa alors Aysha, trop heureux et fier d'elle.

  — Beûrk, fit alors Helena. Nicolas ! Ne regarde pas ça !

  Le plus jeune était en fait penché vers une coccinnelle.

  — Il est bien le fils de son père, s'amusa Queenie. Mon petit Nicolas, nous y allons ! Tu me donnes la main !

  Celui-ci se redressa et vint tendre sa main à la Legilimens. Aysha en profita pour se moquer :

  — Ce n'est pas parce que son deuxième prénom est Thésée qu'il est aussi têtu que lui.

  Thésée la poussa gentiment et ils se mirent tous à marcher vers la gare, un mélange de hâte et d'appréhension dans l'air.

  Ils se dépêchèrent de rejoindre le quai 9 ¾ et tout le monde commença à monter avec ses bagages dans le train, saluant les parents. Mais alors qu'Helena venait de saluer son père, elle s'arrêta et Aysha vint rapidement à sa rencontre.

  — Ça va ? demanda-t-elle alors.

  — Et si personne ne m'aimait à l'école ? Et si j'étais nulle ?

  — Ne dis pas ça. Tu es la petite fille la plus incroyable que je connaisse. Les autres, tu les impressionneras. Et tu as déjà pleins de personnes qui t'aiment là-bas. Je suis sûre que tu auras pleins d'amis.

  La jeune fille sourit timidement avant de se décider à monter à son tour dans le train. Aysha alla embrasser Thésée avant de faire de même, toujours nostalgique de ces voyages.

  Le soir-même, Aysha était de retour dans la chambre qu'elle occupait chaque année, s'attachant déjà à son bureau pour envoyer une lettre.

  Cher Thésée,

  Nous sommes bien arrivés à Poudlard, tout s'est bien passé !

  Comme j'imagine qu'Helena oublira de t'envoyer une lettre s'étant déjà fait des amis au sein de sa maison, je peux donc me permettre de t'annoncer qu'elle a été envoyée à Serpentard. Elle a l'air de bien se plaire ici. Moi aussi.

  Dumbledore n'est cependant pas vraiment dans son assiette. Comme tu le sais, nous n'avons toujours pas de nouvelles de Grindelwald. Je me demande bien où il peut se cacher et je suis effrayée à l'idée qu'il puisse arriver quelque chose à nos enfants.

  Tu me manques déjà. Pense à faire un tour à Poudlard, je suis sûre que la sécurité n'est pas totale ici.

Je t'aime,

Ton Âme Tourmentée

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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