MEA
Mea a atteint la majorité depuis tout juste trois ans. Il a les cheveux bruns et courts, les yeux noirs et le regard rivé sur lui-même. Il est maigre et petit, mais il sait prendre de la place. Il aime faire ce qui lui plaît, seul. Si son ami demande de l'aide, il dira qu'il a déjà à s'aider ; il répond au pauvre qu'il n'a rien sur lui ; il se sert lors des repas, prétendant être seul ; il prend la dernière confiture à une vieille dame trop petite pour l'attraper ; il se plaint, sans écouter les autres ; il marche sans crainte, obligeant les passants à s'écarter ; il prétend être le seul à souffrir de la pluie. Il peut s'offrir plusieurs maisons, mais il ne peut payer pour un ami et si ce dernier doit se retrouver à la rue, il gardera son foyer pour lui. Il a des sous pleins les poches mais le trou est dans son cœur. Il sait se grandir ; il prend la place des autres ; il aime qu'on le regarde, qu'on l'entende se plaindre ; il tait les malheurs des autres ; il est toujours l'invité, jamais l'hôte et si on lui demande des nouvelles, il parlera de lui sans arrêt. Il fait durer l'attente des autres, mais il n'aime pas attendre ; il va vite quand il le veut et lentement quand il le souhaite ; il garde son bonheur pour lui, mais il répand sa tristesse. Si sa langue est active, sa main ne l'est pas ; s'il est riche d'argent, il n'est pas riche de cœur. Il est froid, impatient, bavard, excessif, présomptueux, plaintif et aveugle des autres. Il est triste et heureux, selon son envie, émotif, paresseux, preneur, mais pas donneur ; il se croit mystérieux, mais tous le connaissent. Il est égoïste...