Les Animaux Fantastiques
Tome 1


Chapitre vingt-trois

  Tina progressait rapidement dans les rues de Pré-au-Lard. Elle ignorait elle-même pourquoi elle s'était décidée à aller parler à Aysha. Ce n'était pas comme si elle la connaissait vraiment après tout. Elles n'avaient passé que très peu de temps ensemble et leurs discussions étaient généralement centrées sur Norbert.

  Tina avait d'ailleurs été étonnée de voir tout ce qu'Aysha savait sur le magizoologiste.

  — Saviez-vous que sa plus grande peur lorsqu'il était à Poudlard était de travailler dans un bureau ? s'était amusée l'Occlumens.

  Cela l'avait faire rire. Elle y reconnaissait bien Norbert.

  Norbert... Cet homme excentrique avec qui elle avait permis l'arrestation de Grindelwald. Avec qui elle correspondait arpès son départ de New York - jusqu'à ce qu'il dise ce qu'il pensait des Aurors. Lorsqu'elle pensait qu'il était fiancé à Leta Lestrange, elle s'était mise à voir un Auror. Achille Tolliver. C'était un homme gentil et bienveillant, mais il n'était pas Norbert.

  Après les événements à Paris et les retrouvailles avec le magizoologiste, elle avait envoyé une lettre à Achille pour mettre fin à leur relation et ne lui avait plus jamais répondu.

  Malgré son sentiment de culpabilité, elle savait qu'entretenir une correspondance ne ferait que plus de mal à cet homme.

  — Vous semblez préoccupée.

  Ce fut la voix d'Aysha qui la sortit de ses pensées et elle remarqua qu'elle se trouvait devant un banc où était assise l'Occlumens.

  — Asseyez-vous, proposa-t-elle en lui adressant un sourire.

  Tina regarda un instant la jeune femme avant de s'asseoir. Elles restèrent silencieuses un long moment, regardant les passants défiler devant elles.

  — J'ai rarement apprécié une personne autant que vous en si peu de temps, finit par murmurer Aysha qui laissait les rayons du soleil danser sur son visage, les yeux clos.

  Surprise, l'américaine ne sut quoi répondre, ce qui poussa son interlocutrice à s'expliquer :

  — Lorsqu'Albus m'a présenté Norbert, il savait que nous allions bien nous entendre. Mais nous nous sommes ignorés pendant un mois avant de comprendre que nous étions unis par une même passion. Il m'a fallut plus de temps encore pour apprécier Leta. Et April... la moitié de notre cinquième année s'était écoulée lorsque je l'ai acceptée en tant qu'amie. Je regrette de ne pas lui avoir donné autant qu'elle me donnait.

  — Je suis sûre qu'elle ne vous en voulait aucunement. Le fait qu'elle vous protégeait autant prouvait qu'elle tenait à vous.

  Aysha la gratifia d'un sourire avant de retrouver son air impassible et de reprendre :

  — Qu'avez-vous ressenti à la mort de vos parents ?

  Tina parut étonnée avant d'essayer de cacher la peine sur son visage :

  — J'avais l'impression que tout mon monde s'écroulait. Toute ma vie semblait se briser comme du verre. J'étais sûrement trop jeune pour ressentir une réelle colère, mais j'ai l'impression de retrouver la tristesse que j'avais ressentie à l'époque à chaque fois que je ferme les yeux la nuit. Leur absence est devenue un manque que je ne peux combattre.

  L'Occlumens écoutait avec attention les dires de la jeune femme. Plus cette dernière avançait dans son discours, plus Aysha sentait que quelque chose n'allait pas.

  — Tout va bien ? s'inquiéta Tina, n'ayant plus aucune réaction de son interlocutrice.

  — Vous me parlez de colère, de tristesse, de manque... Mais je ne me reconnais en aucun de ces mots. Je ne ressens rien. Je suis juste... vide.

  Spontannément, l'Auror lui attrapa la main pour la rassurer. Elles restèrent ainsi, silencieuses, observant la joie et l'insousciance animer les rues de Pré-au-Lard.

  Le temps sembla s'écouler trop rapidement. Ces deux jeunes femmes au regard perdu, assise sur le banc en face des Trois Balais, restèrent immobiles et muettes durant plus d'une heure. Elles semblaient détachées des notions du temps et de l'espace, lévitant dans un entre-monde sans douleur, ni perte. Pour la première fois, Aysha Wilson sentit une paix intérieure l'envahir et Porpentina Goldstein ressentait la présence de ses parents dans une grande sérénité.

  Ce fut cependant la fine silhouette d'une jeune sorcière qui attira l'attention d'Aysha. Elle sortit de ses pensées et retira sa main de celle de Tina, revenue, elle aussi, à elle-même.

  — Jenny ! appela-t-elle.

  La jeune sorcière se tourna vers la source de la voix et ses yeux semblèrent s'illuminer. Elle les rejoignit et Aysha fit les présentations :

  — Jenny, je te présente Tina Goldstein dont je t'ai déjà parlée et Tina, je vous présente Jenny Wright que j'ai rencontrée à la bibliothèque il y a quelques jours.

  — Enchantée, dirent en chœur les deux sorcières.

  Elles s'échangèrent un sourire, amusées, avant que la jeune élève de Serpentard ne demande :

  — Vous n'étiez pas partis je ne sais où ?

  Si le regard de l'américaine s'obscurcit, Aysha répondit des plus naturellement :

  — Oui. Nous étions partis trouver Grindelwald, mais April est morte alors nous sommes revenus.

  Jenny parut surprise d'une réponse si franche et ne sut pas vraiment comment réagir. Alors, elle murmura, hésitante :

  — Toutes mes condoléances.

  La réaction de l'Occlumens fut des plus étonnantes, car elle éclata de rire. Tina et Jenny échangèrent un regard, ne sachant que faire.

  — Excusez-moi, finit par dire la jeune femme, tentant de se calmer. Je ne sais pas ce qui m'arrive.

  — Ce doit être vos nerfs qui lâchent, la rassura la jeune fille. Vous n'avez pas à vous excuser.

  Aysha arrêta finalement de rire, son regard se posant dans le vide.

  — Elle n'est pas morte, marmonna-t-elle. C'est tout bonnement impossible. Mes parents sont morts. Rose est morte. Leta est morte. Mais pas April. Je n'y crois pas. Et ne me dites pas que personne n'a jamais survécu au sortilège de la mort. Peut-être que nous ne le savons tout simplement pas. Peut-être que plus tard, une personne sera appelée le Survivant ou la Survivante et sera vue comme un héros ou une héroïne. On en sait rien. Je résiste bien au sort Doloris.

  — Vous... l'interrompit Jenny, surprise par ce qu'elle venait d'apprendre, mais elle ne put continuer car l'Occlumens reprenait :

  — Non, April n'est pas morte. Je n'y crois pas. Elle ne peut pas être partie. Elle m'avait promis de rester...

  Ne sachant quoi répondre, Tina se contenta de poser une main sur l'épaule de la jeune femme. Jenny jouait avec son sac, incapable de savoir ce qu'elle devait faire.

  — Vous me prenez pour une folle ? demanda soudainement Aysha. Dites-moi la vérité.

  — Non, répondirent l'américaine et la jeune fille d'une même voix.

  Leur réponse fut si rapide que l'Occlumens se détendit.

  — Votre réaction est normale, ajouta Tina. Je ne peux pas dire que je vous comprends, mais j'imagine votre douleur.

  — Vous dites ne pas pouvoir me comprendre, pourtant, j'ai l'impression que vous êtes celle qui me comprends le mieux.

  Elle marqua une pause et leur apporta une explication :

  — Helena est une personne incroyable, mais nous différons sur tant de points. Elle est optimiste et tolérante. Elle accepte la douleur sans chercher à la combattre. Norbert est probablement la personne la plus excentrique que je connaisse. Nous nous ressemblons dans beaucoup de domaines, mais il n'a pas la même approche que moi en terme de relations. Il les évite, je les rejette. Queenie, votre sœur, a tellement l'habitude de tout savoir - ou presque - de quelqu'un grâce à sa capacité de legilimancie que lorsqu'elle ne peut s'en servir, elle est incapable de cerner les gens. Jacob est... C'est un homme bon, au grand cœur. Il ne peut s'associer à toute l'ombre de mon âme. Dumbledore a perdu sa fille. Il ressent déjà trop de peine pour m'en accorder. Et Thésée...

  Elle s'arrêta, ne sachant ce qu'elle pouvait bien dire sur celui qu'elle haïssait et aimait en même temps. Elle avait toujours su que ses sentiments n'étaient pas réciproques, pourtant, elle s'était laissée maltraiter par les maux de son cœur.

  — Thésée, reprit-elle finalement, la gorge serrée, ne comprendra jamais ce que je ressens. Ce vide. Ce combat intérieur. Toutes ces idées qui fusent. Si je les écoutais, j'aurais tué plus d'un homme, plus d'un enfant...

  — C'est là votre force, Aysha, l'interrompit Tina, voyant à quel point l'Occlumens souffrait de prononcer ces mots. Vous prenez le dessus sur ces voix qui vous hurlent de faire le mal. Vous ne semblez pas le voir vous-même, mais votre cœur est bon, malgré les ténèbres qui cherchent à l'obscurcir. La vie semble vous avoir brisée. Chaque atrocité que vous avez vécu vous a forcée à être forte. Mais cela ne veut pas forcément dire que vous avez réparé ce qui est brisé en vous. Un cœur brisé - et encore plus une âme brisée - est la chose la plus difficile à guérir. Vous avez le droit de vous laisser dépasser, de lâcher prise. Je vous connais peu, mais ce que j'ai pu voir de votre personne me suffit pour vous dire que vous méritez le bonheur. Les mots qui vous échappent et que vous pensez blessants sont moindres face à la souffrance auquelle vous avez été confrontée toute votre vie.

  — Que savez-vous de ce que j'ai vécu ? l'interrogea Aysha. Comment arrivez-vous à me pardonner ?

  L'Auror ne répondit pas, baissant les yeux, et l'ancienne Serdaigle sembla comprendre :

  — Norbert ?

  — Très peu.

  — April ?

  — Elle n'aurait pas osé.

  — C'est Queenie alors. Elle a dû lire dans les pensées de...

  — C'est ça, admit Tina, la coupant. Un mélange de savoir issus de vos sœurs ou de vos amis.

  — Pourquoi avoir cherché à en savoir plus sur moi ?

  — Je ne saurais vraiment l'expliquer, mais... vous avez piqué notre curiosité. Je suis navrée de ne pas avoir laissé votre vie privée tranquille, celle-ci ne me concernant en rien.

  — Ne vous excusez pas, la rassura Aysha, l'air serein. Je comprends qu'il est parfois difficile de faire taire notre curiosité. Et avec le don de legilimancie de votre sœur, les tentations sont bien plus grandes.

  Elle adressa un sourire à l'américaine et se tourna vers Jenny qui se balançait sur ses pieds, ne sachant quoi faire. Tout en continuant de regarder la jeune fille, elle s'adressa de nouveau à Tina :

  — Vous savez, je crois que le fait que vous en connaissiez autant sur moi a quelque chose de réconfortant. Personne n'avait alors toutes les cartes en main, et, je ne peux pas non plus dire que vous les avez toutes désormais, mais vous en savez bien plus que n'importe qui. C'est comme si le fait qu'une personne connaisse aussi bien mon histoire - une personne en qui j'ai confiance - me permettait d'avoir une sorte d'assurance. Une assurance qu'on connaisse mon histoire afin de m'accorder le pardon que je m'autorise à réclamer. Cependant, croire que j'ai toujours su taire mes voix est un mensonge.

  L'américaine ne sut quoi répondre et jeta un regard à Jenny qui fixait la façade des Trois Balais. Elle ne sembla pas être la seule à le remarquer, car Aysha rompit le silence en proposant :

  — Et si nous allions boire une Bièraubeurre ?

  Jenny sembla ravie de cette proposition et eut du mal à le cacher, alors, sans un mot de plus, elles se levèrent et entrèrent toutes trois dans le pub.

  Ce fut Tina qui passa la commande, tandis que Jenny sortait un livre de son sac qu'elle posa devant Aysha en souriant :

  — J'ai réussi à convaincre mes parents de l'acheter et de me l'envoyer. Je l'ai reçu hier.

 —- C'est génial.

  À l'opposé de la table, l'américaine n'arriva pas à voir de quel livre elles parlaient. Elle fut donc ravie lorsqu'Aysha le lui montra.

  — Au Clair de Lune de Josh Karrington est le premier livre que j'ai lu quand je suis revenue en Angleterre, expliqua-t-elle. Je l'ai conseillé à Jenny, car il parle de vampires et elle est passionnée par ce genre d'histoires.

  — Les moldues, précisa la jeune fille. J'adore voir comment les Moldus s'imaginent les vampires.

  — Ce doit être intéressant, admit Tina.

  — Loin d'être mon genre de livre, mais celui-là vaut le coup, ajouta Aysha.

  Elles furent interrompues par le serveur qui leur amena leurs boissons. En repartant, il se prit les pieds dans le sac de Jenny qui s'excusa aussitôt, horrifiée. L'Occlumens la rassura et alla aider l'homme à se relever, réparant les verres brisés et séchant son manteau.

  — Merci, murmura-t-il, gêné.

  Le serveur leva la tête vers elle et ils semblèrent se reconnaître.

  — Wilson ? fit-il, la gorge serrée.

  — Owen, marmonna la jeune femme en retour, la mâchoire contractée.

  Ils restèrent immobiles de longues secondes sachant tout à fait qu'on les regardait. Afin de ralentir son cœur qui battait si vite à cause de la colère, Aysha se mit à tourner autour de son ancien camarade de classe. Sur un ton moqueur, elle s'amusa :

  — Alors, c'est ce que tu es devenu. Serveur ? Un emploi si misérable pour ton ego.

  — J'aimerais beaucoup savoir ce que tu es devenue, toi, répondit aussitôt le dénommé Owen. Qui aurait osé employer une folle telle que toi ?

  Tout en levant la tête, l'Auror émit un rire qui semblait forcé. Elle s'arrêta de marcher, se pinça les lèvres et, avec un sourire mauvais, se tourna de nouveau vers le serveur afin de répliquer :

  — Je suis Auror, figure-toi.

  Owen éclata de rire et l'Occlumens haussa les sourcils sans effacer son sourire.

  — Très drôle, marmonna-t-il en secouant la tête. Le Ministère n'aurait jamais pris le risque d'employer une cinglée. Tu n'es même pas exceptionnelle en magie. Dans mes souvenirs, tu avais été la seule à ne pas réussir ta potion en sixième année.

  — Je ne l'avais tout simplement pas faite, renchérit la jeune femme en levant les yeux au ciel.

  — Tu n'avais pas été capable de produire ton Patronus et tu as transplané au mauvais endroit lors des entraînements pour le permis de transplanage. Et je crois me souvenir aussi que ta meilleure note fut cinq sur vingt. Avec Dumbledore.

  Aysha ne pouvait s'empêcher de sourire face à ses remarques qui n'avaient aucune valeur, aucun poids. Il ignorait qu'elle avait fait un Patronus corporel avant même qu'il ne sache de quoi il s'agissait, qu'elle s'était volontairement rendue à la Tête du Sanglier pour rendre visite à Abelforth pour le transplannage et qu'elle n'avait jamais rendu aucun devoir et qu'elle laissait souvent un parchemin vierge lorsqu'il s'agissait d'examens non officiels. Il semblait ignorer qu'elle avait obtenu toutes ses BUSE avec un Optimal et qu'elle n'avait eu que des Optimal pour ses ASPIC.

  — Oh, reprit soudainement le sorcier. Mais il me semble que Thésée Dragonneau avait déjà un poste important. Tu étais amie avec son bizarre de frère, Norbert. La seule chose qui pourrait expliquer ton emploi en tant qu'Auror serait en passant par lui. On a vu ce que tu étais capable de faire. Je suis sûr qu'en jouant avec tes charmes de sale vermine, tu as su le convaincre d'appuyer ta candidature.

  Aysha ne sut pas calmer la voix lui ordonnant de le faire taire. Elle dégaina sa baguette et, sous les yeux éberlués de tous les clients du pub, elle lui lança un sort, alors même qu'il était dos à elle et désarmé. Il tomba bientôt à genoux, couvrant sa bouche de ses mains, mais du sang en découla rapidement. Prenant conscience de ce qu'elle venait de faire, l'Occlumens adressa un regard à la table qu'elle occupait plus tôt. Elle vit Jenny sortir sa baguette et se jeter auprès du serveur pour l'aider. Tina, quant à elle, se tourna vers l'ancienne Serdaigle. Elle remarqua immédiatement son désarroi. Elle se leva, s'approcha d'elle, et alors même que les clients posaient sur elle des regards horrifiés, la prit dans ses bras. Elle la serra si fort qu'Aysha put se calmer et retrouver ses esprits avant que des médecins, accompagnés de Dumbledore, n'arrivent.

  Le professeur se dirigea vers son ancienne élève et Tina et leur demanda de le suivre. Sans un mot de plus, ils sortirent sous les cris offusqués de ceux criant que l'Occlumens devait être punie. Une fois dehors, Jenny, les mains couvertes de sang, les rejoignit et leur expliqua, tandis qu'ils continuaient d'avancer :

  — Ils pensent pouvoir raccrocher sa langue.

  — Merci, Mlle Wright, fit Albus sans la regarder. Allez donc vous débarrasser de ce sang et profiter du reste de la journée. Ne divulgez rien, je vous fais confiance. Personne ne se souviendra de ça, je m'en assurerai.

  Le jeune fille hocha la tête et les salua avant de repartir dans la direction opposée.

  — Mlle Goldstein, reprit le professeur, Norbert est au bord du lac avec votre sœur et Jacob. Rejoingez-les.

  Tina échangea un regard avec Aysha et Dumbledore la rassura :

  — Tout va bien se passer.

  Elle adressa un faible sourire à l'Occlumens qui le lui rendit et prit la direction du lac. Quant à Albus et son ancienne élève, ce fut vers le château qu'ils se dirigeaient. Ils ne tardèrent d'ailleurs pas à l'atteindre et ils croisèrent Helena et Thésée qui discutaient dans le hall d'entrée.

  — Que se passe-t-il ? demanda Helena en les voyant arriver, l'air grave.

  N'obtenant pas de réponse, Thésée tenta :

  — Aysha ?

  Elle se contenta de lui lancer un regard désolé et le professeur finit par marmonner :

  — Laissez. On en parlera plus tard.

  Le jeune homme ne parut pas satisfait par la réponse, mais il ne fit aucun commentaire et les vit disparaître dans un couloir.

  Les deux sorciers ne tardèrent pas à atteindre une salle de classe vide. Ou plus précisément, la pièce où le miroir du Rised était gardé. Aysha ne comprit pas pourquoi Albus l'avait menée ici et le regarda défaire le drap recouvrant le miroir.

  — Avant toute chose, finit par dire le professeur, sache que je ne t'en veux pas pour ce qu'il s'est passé.

  — Pour une surprise, c'en est une, chuchota la jeune femme en fronçant les sourcils.

  Dumbledore se tourna vers elle et la regarda longuement avant de lui demander :

  — De qui s'agissait-il ?

  — Owen. Owen Damons.

  — Je vois... Qu'a-t-il dit ?

  — Je ne suis pas sûre de vouloir en parler, marmonna Aysha en baissant la tête.

  Le professeur ne parut pas surpris de sa réponse. Il s'approcha alors de son ancienne élève, lui attrapa les épaules et la fit avancer afin de la poster face au miroir. Il la lâcha et sa plaça à sa gauche avant de murmurer :

  — Que vois-tu, Aysha ?

  Concentrée sur ses pieds jusqu'alors, l'Auror leva doucement la tête. Si elle ne fut pas surprise de reconnaître ses parents, elle ne s'attendait pas à ce que ces derniers regardent deux personnes : April et elle-même, assise contre un arbre en train de discuter. Bientôt, elle remarqua qu'il y avait aussi Helena jouant avec un enfant un peu plus loin, Norbert et Tina assis sur une branche de l'arbre, ainsi que Queenie et Jacob qui s'étaient improvisés un pique-nique. Elle aperçut même Jenny qui lisait un livre sur une balancelle et... Son cœur fit un bond. À quelques pas d'April et elle, un majestueux Oiseau-Tonnerre faisait aller ses ailes avant de s'installer pour dormir.

  Face à cette scène, Aysha recula d'un pas, la bouche grande ouverte.

  — Ton cœur semble désirer plus à présent, murmura Dumbledore, tandis qu'elle fixait toujours l'animal. Cela signifie que ce que tu désirais plus que tout avant est devenu insuffisant, Aysha. Cela veut aussi dire que tu acceptes de vouloir des choses. Que tu consens au fait que tu puisses mériter du bonheur.

  La jeune femme décrocha son regard du miroir pour le poser sur le professeur qu'elle interrogea :

  — Comment le savez-vous ?

  Il lui adressa un sourire énigmatique, réponse à laquelle dut se satisfaire l'Occlumens - ou peut-être que, justement, sa capacité d'occlumancie s'était laissée aller à une courte faiblesse. Toujours en était-il qu'il savait ce qu'elle désirait plus que tout. Personne ne l'avait jamais su, alors elle ressentit cela comme une faiblesse.

  Elle avait appris à fermer son esprit dès son plus jeune âge, car ses parents ne voulaient pas qu'un Legilimens sache ce qu'ils infligeaient à l'enfant. Ainsi, Aysha avait toujours considéré cela comme une force, car personne ne pouvait lire en elle, ni déduire quoi que ce soit en ne faisait que la regarder.

  — Je me doutais que vous étiez un Legilimens, vous aussi, marmonna finalement Aysha.

  — Tu as toujours été dotée d'un grand sens de l'observation et de la déduction.

  Sa voix semblait profondément triste.

  — Tout va bien ? s'inquiéta la sorcière en s'assurant de fermer son esprit.

  — Je savais que tu avais eu une vie terrible. Mais jamais je n'aurais imaginé qu'elle le soit autant...

  Il s'écoula quelques secondes de silence avant que le professeur n'ajoute :

  — Oh, Aysha... Je suis tellement navré.

  L'Auror lui adressa un sourire sans joie avant de baisser les yeux.

  Alors même qu'elle pensait que Tina et Queenie constituaient les deux personnes en sachant le plus sur sa vie, Albus venait de prendre leur place. Et, sans qu'elle ne puisse l'expliquer, Aysha se sentit désemparée et en colère face à cela. Albus Dumbledore avait déjà une place trop importante dans sa vie...

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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