Les Animaux FantastiquesTome 2
Chapitre vingt-sept
Aysha garda au maximum un air naturel, malgré le fait qu'elle sache parfaitement que son rôle ne tenait plus. Cependant, Grindelwald s'était contenté de placer Emy non loin d'elle pour que cette dernière la surveille alors que le mage noir montrait le Qilin à tout le monde.
— Certains savent ce que cet animal fait ou, du moins, en connaissent la légendes. Eh bien, mes amis, vous ne vous trompez pas. Cet animal que nous avons recueillis en Asie peut en effet percevoir la pureté de votre cœur. Dans la légende, il ne s'abaisse que devant l'âme la plus pure qu'il soit. Si vous êtes donc d'accord, nous allons le laisser choisir qui, selon lui, est le plus pur, et nous pourrons par la suite procéder au vote. Êtes-vous d'accord ?
Des oui retentirent alors, plus forts que n'importe quelle acclamation à l'arrivée des trois participants. Tous semblaient vouloir savoir devant qui le Qilin allait s'abaisser.
Avec un sourire en coin, le mage noir plaça donc l'animal sur le sol et alla rejoindre ses deux opposants qui n'avaient pas l'air très rassurés. Le silence s'abattit soudainement. Tous les regards étaient rivés sur le petit animal frêle qui regardait autour de lui. Il fallut quelques secondes avant qu'il ne se décide à avancer vers les trois candidats. Il passa devant chacun d'entre eux deux fois - les deux fois qu'Aysha avait conseillées pour ne pas rendre cela trop irréaliste. Et il finit par faire son choix.
Claudiquant, il vint se placer devant Grindelwald et s'inclina. Le mage noir sourit. Soudainement, des sorts fusèrent dans le ciel. Le vote avait commencé et même s'il restait des voies pour les deux autres candidats, la majorité allait à Grindelwald.
Aysha ferma les yeux tout en serrant les dents. Il fallait que leur plan marche. Il fallait qu'ils y arrivent. Sinon, ce serait probablement la fin.
La voix d'Anton Vogel retentit de nouveau, annonçant la victoire de Grindelwald, et on conduisit les deux autres candidats parmi la foule, alors que le mage noir s'adressait à nouveau à ses électeurs :
— Je vous remercie tous, mes amis. Vous avez fait le bon choix. Maintenant, vous aurez tous ce que vous méritez. Nous cesserons de vivre dans la peur.
Des cris de joie.
— Nous n'aurons plus à nous cacher des Moldus.
Des acclamations.
— Nous n'aurons plus à les craindres.
Des jets de lumière témoignant d'une grande joie fusèrent dans le ciel.
Les yeux de Grindelwald se posèrent sur Aysha qui se tendit, alors qu'un sourire immense apparaissait sur ses lèvres.
— Abernathy, mon ami, fit-il alors. Approche-donc.
L'Occlumens déglutit, lançant un regard en biais à Dean qui fixait le mage noir, totalement déconcerté. Discrètement, Aysha posa la valise près du sol, non loin d'Achilles qui la tira vers lui. D'un pas plutôt affirmé, la jeune femme marcha vers le mage noir et s'arrêta devant lui.
— Quelle surprise de te voir, mon ami.
Et il se pencha vers elle pour lui chuchoter à l'oreille :
— Reprends ton apparence habituelle.
Voyant qu'elle ne cédait pas, le mage noir fit un signe à quelqu'un derrière elle et elle se retourna, découvrant avec horreur que Thésée avait été avancé de force et que plusieurs baguettes étaient pointées sur lui.
— Si tu ne m'as pas menti quand tu m'as dit que tu n'aimais personne, je suppose que tu ne verras aucun mal à ce qu'il souffre un peu, non ?
Aysha continuait de serrer les dents, gardant l'apparence d'Abernathy.
— Intéressant, marmonna Grindelwald. Jamais je ne t'aurais cru aussi forte. Mais le seras-tu toujours devant le fait accompli ?
Et avant que le mage noir ne fasse un nouveau signe, l'Occlumens retrouva son apparence habituelle, celle sous laquelle elle était connue.
— J'aime mieux ça. Il était dommage de gâcher une telle vue.
Aysha lui lança un regard noir alors qu'il s'adressait de nouveau au public :
— Voyez-vous, mes amis, j'ai devant moi une jeune femme d'exception. Elle est vraiment puissante. Vraiment parfaite selon moi. Et je suis sûre qu'elle serait honorée de travailler avec moi sur notre avenir. Une telle puissance ne peut être gâchée.
— Vous ne me connaissez pas, l'interrompit alors la sorcière. Vous connaissez ma puissance. Vous l'enviez. Mais vous ne me connaissez pas. Car, jamais, je ne vous rejoindrais. Jamais plus ! Nous avons le même sang, mais c'est bien la seule chose que nous ayons en commun. Parce que ma mère était une bonne personne. Et que vous ne l'êtes pas.
Aysha sortit sa baguette, prenant le risque de tourner le dos au sorcier pour faire face au public et parla afin que tout le monde puisse l'entendre :
— Il vous a menti ! Ce Qilin est mort ! Il a été ensorcelé pour choisir Grindelwald ! Il vous ment.
— C'est elle qui vous ment ! s'exclama alors le mage noir. Comment pourrait-elle affirmer une telle chose selon vous ?
— Sûrement, car c'est moi qui lui ai dit comment faire.
Il y eut un silence. Personne ne semblait savoir comment réagir.
— Vous n'allez pas la croire, tout de même !? s'écria soudainement le sorcier.
— Elle dit la vérité !
Pendant un instant, Aysha crut que c'était Dean qui avait parlé, mais, non, la personne qui s'avançait était Croyance.
Aurelius...
— Ne m'appelez pas ainsi ! Mlle Wilson dit la vérité !
— Jamais je n'aurais cru que tu me trahirais ainsi, Aurelius.
Il fit un signe et deux de ses partisans attrapèrent Croyance pour le mettre à terre, celui-ci étant trop faible pour lutter. Aysha se tourna vers Grindelwald et fit alors :
— Les liens du sang ne sont pas les seuls à définir une vraie famille ! Vous n'êtes pas famille. Vous ne le serez jamais !
Un sourire mauvais se dessina alors sur les lèvres de l'homme qui tendit une main sur le côté.
— La valise. Qu'on me ramène la dernière valise, ordonna-t-il alors.
Aysha fronça les sourcils.
— Vous ne l'aurez pas, fit-elle alors.
— Tu crois ?
L'Occlumens recula d'un pas, surprise par son ton si confiant. Elle le fixait, entendant que quelque chose se passait derrière elle. Et lorsque quelqu'un passa à côté d'elle avec la dernière valise, elle n'eut pas la force de regarder tout de suite de qui il s'agissait.
Mais la jeune fille se tourna vers elle après avoir remit la valise et le cœur d'Aysha s'arrêta.
— Jenny... marmonna-t-elle.
La jeune fille souriait. Ce fut Grindelwald qui reprit :
— Il faut croire que ce n'était pas chez moi qu'il y avait un espion.
Aysha recula d'un nouveau pas, ne pouvant pas y croire. C'était impossible. Son regard se posa sur un personne qui venait d'apparaître derrière le sorcier : le père de Jenny. Et Dean ne tarda pas à rejoindre Emy à son tour. Tout ça était un piège. Elle s'était faite avoir.
— C'est impossible ! fit alors la voix de Queenie. Je n'ai jamais rien vu de mal en elle.
— Il faut croire que les Occlumens ne sont pas aussi rares que vous semblez tous le croire, Mme Kowalski, railla le mage noir.
— Jenny... marmonna l'Occlumens, des larmes emplissant ses yeux. Comment... Depuis quand...
— Avant même notre rencontre. J'ai été surprise par la facilité à vous prendre dans mes filets. Mais il faut croire que je suis plus douée que vous pour manier le mensonge et l'imposture.
— Il semblerait que vous ayez perdu, cette fois, mes amis, s'amusa Grindelwald.
Le sorcier s'adressa de nouveau au public :
— Voyez, mes chers, nous avons là une tentative ratée d'assassinat de ma personne. Ces jeunes gens voulaient tout faire pour m'empêcher de gagner, vous empêcher d'avoir le choix. Que méritent-ils donc de...
Il ne put terminer, car sa baguette venait de lui échapper. Il baissa la tête et remarqua que c'était Aysha qui venait de lancer le sortilège. Jenny sortit sa baguette à son tour et la pointa sur l'Occlumens, mais cette dernière fut de nouveau plus rapide et la jeune fille fut envoyée quelques mètres plus loin.
Alors qu'elle lançait des sorts à tout va pour libérer ses camarades sans que personne n'ait le temps de réagir, elle glissa sur le sol pour venir prendre de la main de Grindelwald leur valise.
— Fuyez ! hurla alors Gellert aux siens qui s'exécutèrent.
— Mais vous, vous restez, articula Aysha qui s'était mise debout derrière lui et lui avait attrapé le bras.
— Tu penses vraiment que nous sommes différents ? demanda-t-il. Nous sommes pareils, Aysha. Tu ne veux simplement pas le voir. Tu as autant que...
Un hurlement de douleur l'empêcha de finir sa phrase. La sorcière venait de lui tordre violemment le bras.
— Fermez-la.
Le mage noir ne dit rien alors que la sorcière la lâchait, le propulsant plus loin, aux pieds d'Eulalie et Tina qui pointèrent leurs baguettes sur lui.
Aysha posa alors la dernière valise sur le sol et se mit à prier pour que celle-ci soit la bonne. Lorsqu'elle l'ouvrit, elle poussa un soupir de soulagement. Elle tenta de faire venir le Qilin, mais celui-ci ne semblait pas vouloir se montrer, alors elle se tourna vers Norbert et murmura :
— J'ai besoin de toi, cette fois.
Le magizoologiste hocha la tête et vint prendre sa place, tandis qu'Aysha allait se placer entre Achilles et Thésée.
— Je me disais bien que tu allais y arriver, fit alors la voix de ce dernier.
Elle se tourna vers lui et lui adressa un sourire avant de se reconcentrer sur ce qui se passait devant eux. Norbert venait de sortir le Qilin et l'avait posé devant lui. Aysha vérifia que tout le monde pouvait voir ce qu'il se passait actuellement devant eux et elle sourit en voyant que c'était le cas.
L'animal était en meilleur forme que son congénère. Il sautilla un instant sur place, avant de se mettre à regarder tout ce qui l'entourait. Il fixa un instant Norbert avant de s'éloigner vers l'extrémité des personnes. Il passa devant chaque personne composant la première ligne, s'arrêtant une seconde de plus devant Dumbledore avant de reprendre sa route. Thésée lui souriait tandis qu'il passait devant lui et s'arrêtait. En réalité, il regardait Aysha et fit un détour pour faire un arc de cercle devant elle, s'éloignant un maximum de la sorcière.
Son cœur se serra. Elle savait très bien ce que ça voulait dire. Mais elle n'eut pas beaucoup le temps de réfléchir à cela, car le Qilin venait de s'incliner, non loin d'elle.
Elle sourit cette fois face à l'air étonné de la personne choisie. Norbert eut l'air étonné, tandis que Tina gigotait de son côté. Jacob souriait lui aussi et Queenie avait la bouche grande ouverte. Albus et Abelforth regardaient la scène sans que la moindre émotion ne se lise sur leur visage. Eulalie posa une main sur l'épaule d'Achilles alors que ce dernier fixait l'animal incliné devant lui.
— La preuve qu'il est vraiment une bonne personne, s'amusa Aysha, alors que le concerné s'abaissait et balbutiait :
— J'en suis vraiment honoré... mais... je ne suis pas... Je veux dire... Je ne peux pas... Faire ça... Il y a sûrement quelqu'un d'autre.
Le Qilin se redressa, cligna des yeux avant de passer entre les jambes du sorcier et de se remettre à chercher. Tout le monde se retournait, s'écartait de son passage, jusqu'à ce qu'il aille s'arrêter devant Vicência Santos. Il la regarda un instant avant de s'incliner devant elle. Elle s'abaissa pour le caresser et presque aussitôt le vote reprit, désignant presque à l'unanimité la Ministre brésilienne de la Magie.
— Bien, fit alors la voix de Vogel qui était toujours là. Le choix est fait, ainsi. Vicência Santos me succède.
Il avait vite lâché Grindelwald visiblement.
D'ailleurs, ce dernier, se releva, poussant violemment Eulalie et Tina. Norbert se rua sur cette dernière après avoir repris sa valise et s'assura qu'elle allait bien alors que Grindelwald s'avançait vers Croyance, toujours au sol. Il leva sa baguette sur lui et s'apprêta à jeter un sort, mais un autre fut lancé en même temps. Abelforth hurla alors :
— Ne touchez pas à mon fils !
Il se rua sur le jeune homme alors que Dumbledore le suivait, baguette pointée vers le sorcier.
— Bonjour Albus, fit alors Grindelwald. Quel plaisir de te voir.
Le professeur ne répondit rien.
— Alors, tu as perdu ta langue ?
Aysha s'avança d'un pas, mais Thésée lui attrapa le bras, ne sachant pas ce qu'elle fabriquait.
— Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il alors.
Elle ne répondit rien et revint à sa place, parce qu'Albus venait de lancer un sort. Grindelwald le para et un duel commença. Les sorts fusaient dans tous les sens. Le combat donnait l'étrange impression d'être trop réservé pour des sorciers aussi puissants que Grindelwald et Dumbledore. Et Aysha savait exactement ce qui les retenait.
Elle se mordait la lèvre inférieure, ne tenant plus en place, parce que tout le monde se contentait de regarder les deux sorciers s'opposer, alors qu'ils étaient plus nombreux et qu'ils pouvaient arrêter le mage noir sans problème. Mais personne ne semblait vouloir bouger. Peut-être s'attendaient-ils à ce que Dumbledore gagne ? Mais l'Occlumens savait qu'il ne pourrait gagner tant qu'il ne se serait pas libéré de ce qui le retient de le tuer. Elle savait qu'il n'y parviendrait pas. Pas encore. C'était trop tôt.
Aysha s'avança alors et, cette fois, Thésée n'eut pas le temps de réagir. Son mouvement déstabilisa les deux sorciers qui s'arrêtèrent pour la regarder. Mais celle-ci était figée, parce qu'elle venait de se rendre compte d'une chose : elle avait songé à tuer Grindelwald sans remord, là, maintenant devant tout le monde, mais elle était incapable de le faire. Incapable de tuer de sang froid le mage noir. Elle resta immobile un long moment, alors que les trois sorciers se fixaient.
Finalement, Grindelwald s'éloigna et alla se mettre debout près du vide. Il s'entoura d'une bulle protectrice et peu importe le nombre de sorts lancés, aucun ne l'atteignait. Aysha se laissa tomber sur le sol. Que venait-elle de faire ? Qu'avait-elle manqué de faire ? Pourquoi en avait-elle été incapable ?
Thésée se dépêcha d'aller à sa rencontre.
— Ça va ? demanda-t-il, inquiet.
Elle ne lui répondit pas, ses yeux posés sur Grindelwald. Celui-ci se laissa tomber en arrière, sûrement pour transplaner et disparaître. Il venait de leur échapper. Encore.
Et, cette fois, Aysha savait qu'elle y était pour quelque chose...