Les Animaux Fantastiques
Tome 2


Chapitre vingt-huit

  La porte de la maison s'ouvrit subitement. Un homme apparut alors devant la jeune fille qui venait de frapper. Il lui sourit, étonné de la voir.

  — Bonjour, mademoiselle. Que puis-je faire pour toi ?

  La jeune fille lui adressa un sourire en retour, avant de murmurer :

  — Je suis Aysha Wilson. Je suis élève à Durmstrang, comme votre fils.

  — Il ne m'a jamais parlé de toi, c'est étonnant. Sans vouloir te vexer, évidemment.

  — Vous ne me vexez pas. Je ne suis pas vraiment très proche de votre fils. Mais j'aimerais tout de même lui parler. J'ai des choses importantes à dire qui ne peuvent attendre. Et je ne serais plus à Durmstrang l'année prochaine. J'ai été déplacée à Poudlard avec mes sœurs à cause d'un événement qu'ils disent traumatisant.

  L'homme eut l'air perturbé, mais ne dit rien, se décalant pour laisser à la jeune Aysha la place pour passer.

  — Eh bien, je t'en prie. Assen est dans la cabane au fond du jardin. Il doit être en train de bricoler je ne sais quoi. Je vais t'y amener.

  Ainsi, la jeune fille entra et attendit que l'homme ferme la porte derrière elle pour lui emboîter le pas. Ils traversèrent une belle maison, assez bien rangée, avant d'arriver dans un jardin bien entretenu. Comme l'avait mentionné le père, une cabane en bois trônait au fond du jardin.

  Il l'y mena et frappa à la porte avant d'ouvrir.

  — Assen, tu as de la visite.

  Aysha se plaça face à l'ouverture et put ainsi voir le jeune homme d'un an son aîné qui la dévisageait, sans comprendre.

  — Qu'est-ce qu'elle veut la gamine ?

  — Sois plus poli, Assen. Elle veut juste parler.

  — Qu'elle se magne alors.

  — Je compte sur toi pour rester un peu aimable.

  Le père se décala de nouveau pour laisser passer Aysha. Il l'invita à entrer ce qu'elle fit et s'éloigna, ayant probablement d'autres choses à faire.

  — Bon, qu'est-ce que tu veux ?

  — Je suis Aysha Wilson, au fait.

  — Je sais très bien qui t'es. T'as fait entendre parler de toi dans tout Durmstrang. Toi et ton bizarre de copain.

  La jeune Aysha serra les dents.

  — Bon, qu'est-ce que tu veux ?

  — Je veux juste que tu répondes à mes questions.

  — T'es sérieusement v'nue me déranger pour me poser des questions ?! J'en ai rien à faire de tes questions, Wilson. J'ai de meilleures occupations que répondre à une gamine.

  Malgré son ton dur, la jeune fille ne se laissa pas démonter et reprit sur un ton toujours aussi calme :

  — J'ai surtout besoin de comprendre certaines choses.

  — Mais qu'est-ce que j'm'en fiche. T'as qu'à aller voir un autre timbré comme toi qui pourrait peut-être t'éclairer. J'ai pas envie de t'aider, moi.

  — Tu ressens vraiment rien quant au fait d'avoir provoqué la mort d'Ivan Orlova ?

  La question resta un moment en suspens alors que le garçon la dévisageait. Finalement, avec un rire moqueur, il répondit :

  — Il était juste pas capable de tenir sur un balai, cet idiot. Moi, j'ai rien fait.

  — Tu as pourtant lancé le premier cognard qui l'a déséquilibré et lui a cassé le bras et tu as tout de même lancé un deuxième cognard, alors qu'il était sur le point de lâcher prise. Pourquoi ?

  Assen cligna des yeux, ne s'attendant pas à de telles questions.

  — Pourquoi ? répéta-t-il. Bah parce que je suis batteur. C'est mon rôle de lancer des cognards sur mes adversaires pour gagner.

  — Vous étiez déjà en train de gagner. Et si Ivan attrapait le Vif d'Or, vous aviez suffisamment de points pour gagner tout de même. Mais, au moins, le match ce serait terminé sans mort.

  — Mais qu'est-ce que t'en as à faire de savoir tout ça. Je suis désolé que ton p'tit copain soit mort, hein, mais j'ai rien à dire. Il avait tout simplement rien à faire dans ce match.

  Aysha lui lança un regard noir.

  — Tu crois me faire peur ? railla-t-il. Sérieusement, qu'est-ce que je risque face à toi ? T'es même plus fichue de regarder un balais sans te mettre à pleurer. T'es vraiment la timbrée de service et fais pas semblant d'être étonnée. Tout le monde le sait. Même toi. Même Ivan. T'as juste pas le courage de te l'avouer. Toi et ton passé torturé, on s'en fiche royalement. Tes parents sont peut-être mieux morts. Je suis sûr qu'ils n'auraient pas apprécié constater qu'ils avaient mis au monde une horreur pareille.

  Soudainement, le bout de bois à côté de lui prit feu.

  — Qu'est-ce que... ? s'étonna-t-il en reculant. C'est toi qui a fait ça ?

  Mais Aysha n'était pas en possession de sa baguette. Elle avait juste du mal à garder son sang froid.

  — Éteins-moi ça, idiote. Tu vas mettre feu à toute la cabane.

  Voyant que rien ne se produisait, il se tourna vers la jeune fille et reprit :

  — T'as conscience que c'est interdit de faire de la magie en-dehors de l'école à ton âge ? Mais, ouais, continue. Au moins, on sera débarrassé de toi. J'préfère devoir repayer ma cabane, plutôt que devoir avoir une folle dans mon école l'année prochaine.

  Le feu grandit si brusquement qu'Assen n'eut pas le temps de reculer. La flamme l'engloba lui aussi et la cabane commença elle-aussi à brûler. Le garçon poussait des hurlements, face à l'air horrifié de la jeune fille qui était figée. Elle n'arrivait plus à bouger. Elle ne pouvait rien faire. Elle ne voulait rien de tout ça.

  Elle ne voulait que parler, mais il l'avait mis dans une telle colère qu'elle n'avait pas su se contrôler et garder son sang froid. Elle entendit bientôt des bruits de pas derrière elle et le père apparut. Il l'attrapa par les épaules pour la faire reculer et tenta d'éteindre le feu.

  Mais lorsqu'il parvint, les hurlements de son fils s'étaient tus. Il ne restait de lui que de la chair carbonisée.

  Aysha se laissa tomber sur le sol, en larmes.

  Elle venait de tuer ce garçon.


  L'ouverture de la porte la força à sortir soudainement de ses pensées. Aysha, alors allongée sur le sol de la pièce, se redressa aussitôt pour faire face à la personne venant d'entrer.

  — Qu'est-ce que tu faisais par terre ? demanda alors Thésée.

  — Je... Je réfléchissais, mentit-elle.

  L'Auror la dévisagea, ne la croyant pas, mais il ne fit aucun commentaire. Il s'approcha d'elle et lui tendit la main pour l'aider à se relever totalement.

  — Qu'est-ce qui t'amène ? demanda alors la sorcière. Des nouvelles de Grindelwald ?

  — Non, malheureusement. Nous n'avons toujours pas retrouver sa trace, même si nous sommes parvenus à arrêter certains de ses partisans encore fidèles. Tu devrais être dans l'équipe qui part dans deux jours.

  — Et toi ?

  — Je dois rester ici pour tout ficeler de loin. Mon poste m'y oblige.

  — Dommage.

  Ils s'échangèrent un sourire et Thésée sembla soudainement se rappeler de la raison pour laquelle il était venu voir la sorcière.

  — Au fait. Je viens de voir nos supérieurs.

  Un air effrayé apparut sur le visage de la sorcière.

  — Rien à craindre, s'amusa le jeune homme en lui adressant un sourire rassurant.

  — J'en sais rien, moi. La dernière fois que tu m'as dit ça c'était parce que tu n'avais pas réussi à convaincre nos supérieurs de ne pas m'envoyer à Ste Mangouste.

  Le regard de l'Auror s'assombrit face à ce souvenir, mais il ne dit rien. Il y eut un silence. Ils se regardaient, ne sachant vraiment quoi dire. Finalement, ce fut l'Occlumens qui le rompit :

  — Bon, alors quoi ? Qu'est-ce que tu as à me dire ?

  — Ah, oui.

  Thésée se gratta le crâne avant de reprendre :

  — J'ai eu une autorisation. Je sais que j'aurais pas vraiment dû m'en mêler, mais tu semblais vraiment tenir à... Enfin...

  Aysha fronça les sourcils, ne comprenant pas de quoi il voulait parler. Il poussa alors un soupir et murmura :

  — J'ai réussi à les convaincre de te laisser lire la lettre dont Helena et toi parliez. Celle que tu voulais lire, mais qui étais gardée ici, au Ministère, et dont tu n'avais pas accès pour des raisons idiotes.

  Aysha ouvrit la bouche, son cœur semblant louper un battement.

  — Tu... balbutia-t-elle. Tu as fait ça ?

  Gêné, Thésée ne put que sourire en haussant les épaules pour lui donner une réponse positive.

  — Je... reprit la sorcière. Je ne sais pas quoi dire... Merci... Je suppose ?

  Elle s'emmêlait avec ses mots, car elle était vraiment touchée par ce qu'il avait fait. Jamais elle n'aurait pensé qu'il tenterait de faire une telle chose pour elle.

  — Et ne te sens pas coupable de t'être mêlé de ce qui ne te regarde pas. Il fallait bien que quelqu'un s'en charge.

  Ils s'adressèrent un nouveau sourire et pour lui montrer à quel point elle était reconnaissante, elle s'approcha de lui pour déposer un baiser sur sa joue. Il s'empourpra, surpris. Il la regarda s'écarter sans un mot et elle demanda :

  — Tu veux bien m'accompagner ?

  — Bien... Bien sûr.

  Et elle sourit de nouveau, sortant du bureau totalement inconsciente de l'état dans lequel elle avait laissé Thésée.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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