Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre vingt-quatre

  Aysha était assise contre le mur de la pièce où elle avait été enfermée. Seule. Le silence avait fini de l'ennuyer, car ses oreilles saisissaient à présent le moindre son qui pouvait être produit à proximité. Elle entendait la pluie tomber, remplaçant la neige. Elle écoutait les bruits de pas qui lui parvenaient de temps en temps, lui indiquant que de nombreuses personnes passaient devant sa cellule.

  Elle se demandait où étaient les autres. S'ils allaient bien. Ce qui allait leur arriver. Et elle s'en voulait, car, encore une fois, c'était de sa faute s'ils étaient tous là. C'était elle qui les avaient menés dans la gueule du loup.

  Quand elle avait repris connaissance, elle était déjà seule. Personne n'étant encore venu la voir. Et elle ne savait même pas si elle pouvait apprécier la visite qu'elle pourrait recevoir.

  La lumière dans la pièce faiblissait, celle-ci ne provenant que de la petite fenêtre en hauteur sur laquelle la pluie s'écrasait. Cela lui permettait de savoir que la journée avait bien avancé. Elle ignorait combien de temps elle allait encore être laissée ici. Elle se demandait même si la laisser ainsi, seule avec ses pensées, n'était pas volontaire pour la rendre folle.

  Un oiseau chanta. Aysha l'écouta. Puis elle compta. Un. Deux. Trois. Quatre. Et un autre oiseau lui répondit. Cela lui rappelait le temps qu'elle passait à Uagadou, assise dans la cour, à se contenter d'écouter les oiseaux chanter, ignorant le brouhaha des élèves. Elle avait toujours particulièrement aimé les oiseaux. Peu importe leur taille ou leurs couleurs. Ces animaux avaient toujours passionné la jeune femme.


  Les Paridaes, formés de 14 genres et de 64 espèces, toutes nommées "mésanges", sont une famille des passereaux. On les trouve principalement dans l'hémisphère Nord et en Afrique. Paridae viendrait du latin parra qui signifierait oiseaux de mauvaise augure.

  Aysha lança un caillou présent dans sa cellule.

  Les passereaux sont le plus grand ordre de la classe des oiseaux.

  L'Occlumens laissa sa tête reposer contre le mur en poussant un soupir.

  Les aigles sont des rapaces planeurs diurnes et font partie de la famille des Accipitridés. Ils comptent 38 espèces d'oiseaux en 12 genres. Le terme aigle vient du latin Aquila.

  Le corps de la jeune femme se transforma peu à peu, se couvrant de plumes, retrouvant une forme d'aigle.

  Les Accipitridés sont une famille d'oiseaux qui réunit la majorité des rapaces diurnes.

  C'était à présent un aigle qui se tenait près du mur.

  Les Oiseaux-Tonnerre sont des oiseaux américains, vivant principalement en Arizona, proches du phénix et de l'albatros et capables de sentir le danger approcher et de créer des tempêtes.


  La porte de la cellule s'ouvrit subitement et Aysha retrouva en un instant son apparence habituelle. Elle tourna la tête vers la personne qui venait d'arriver, mais l'obscurité de la pièce dans laquelle elle se trouvait et la lumière à l'extérieur ne lui permettait de voir qu'une silhouette. Cependant, elle aurait préféré que la porte reste fermée, car elle put bientôt voir qui venait lui rendre visite. Ce n'était autre qu'Elizabeth Brown.

  — Bien le bonsoir, Aysha, fit-elle alors.

  L'Occlumens se leva subitement, se plaçant contre le mur du fond.

  — Aurais-tu peur de moi ? s'amusa la vieille femme.

  — C'est vous qui devriez avoir peur de moi.

  — Tu me vouvoies, remarqua Elizabeth. Oui. C'est toujours ce que tu fais pour te protéger. Tu utilises le vouvoiement pour mettre de la distance entre des personnes qui te sont normalement proches et qui te font du mal ou peur. Je suppose que les deux s'appliquent pour moi.

  — Au moins, vous reconnaissez m'avoir fait du mal.

  — C'est bien le minimum. Nous savons ce que nous avons fait. Nous n'allons pas l'ignorer.

  Les deux femmes se scrutaient, semblant être vigilantes au moindre mouvement de l'autre, comme si elles avaient peur que leur interlocutrice ait des idées derrière la tête.

  — Que voulez-vous ? demanda soudainement Aysha, rompant le silence qui s'était installé.

  — Je crois que tu le sais très bien.

  — Je ne vous rejoindrai jamais. Jamais je ne vous serai fidèle.

  — Tu ne tiendras peut-être pas le même discours tout à l'heure, fit la vieille femme en s'approchant.

  Elizabeth se plaça devant Aysha, la dévisageant davantage comme s'il s'agissait d'un nouveau meuble et qu'elle voulait repérer tous ses défauts.

  — Ton don de métamorphomagie te donne le droit d'être belle, railla-t-elle. Mais tu es pourrie de l'intérieur. J'imagine que c'est pour cette raison que tu arranges au mieux la façade. Pour que personne ne voit à quel point les fondations sont rongées par les termites. Tu ne trompes pas tout le monde, ma fille.

  — Je ne suis pas votre fille. Vous n'êtes pas ma mère.

  Un sourire pincé apparut sur les lèvres de la vieille femme. Elle commença à faire des allers-retours devant l'Occlumens, comme si elle n'était pas là. Elle ne s'arrêta qu'après de longues minutes de réflexion silencieuses, s'approchant suffisamment de la jeune femme pour lui chuchoter à l'oreille :

  — Tu deviendras ce que tu es. Un monstre.

  Elle s'écarta et scruta Aysha avant de s'étonner :

  — Pas de larmes ?

  — Je ne pleurerai pas pour vous. Plus jamais. Vous m'en avez déjà trop fait verser. Et vous n'en valez pas la peine.

  — Tu es vraiment mal élevée.

  — On se demande qui m'a élevée, répondit immédiatement la Métamorphomage. En ce qui concerne mon éducation, vous êtes les seuls à blâmer, John et vous.

  Elizabeth serra les dents avant d'attraper sans douceur la jeune femme et de la forcer à avancer. Aysha se laissa faire. Elle ne pouvait pas vraiment lutter sans risquer gros. Elle le savait.

  Elles sortirent de la pièce et Elizabeth la mena bientôt vers une rambarde qui lui permettait d'avoir une vue sur ce qui se passait au rez-de-chaussée. Son souffle se coupa. Chacun de ses camarades étaient à genoux face à un autre sorcier, leur propre baguette pointée sur eux.

  Emy face à April, Dean face à Norbert, le père de Jenny face à Thésée, une femme face à Abelforth et John face à Kama.

  — Et comme on veut un peu s'amuser, on va commencer par un petit jeu.

  Un sourire dément étirait les lèvres d'Elizabeth alors qu'elle levait la main. Presque aussitôt, tous les sorciers lancèrent leur sort : Endoloris.

  Aysha sentit son cœur louper un battement alors que l'incantation résonnait dans sa tête et que ses amis hurlaient à présent de douleur. Elle était figée. Incapable de bouger. Ses membres refusaient de lui obéir alors que ses propres souvenirs venaient se mêler à cette vision.

  Les paroles d'Elizabeth parvinrent bientôt à ses oreilles :

  — Regarde ce qu'ils sont en train de faire à tes amis. Ils méritent pire encore, n'est-ce pas ? Regarde ce qu'ils leur font. Regarde la souffrance. Tu as le pouvoir de mettre fin à tout ça.

  Elizabeth tendant la baguette d'Aysha à sa propriétaire.

  — Que méritent-ils ? continuait la vieille femme.

  Aysha ne répondait pas. Elle fixait toujours ses camarades, tentant d'ignorer leurs hurlements. Son cœur battait trop vite. Elle n'arrivait plus à respirer correctement.

  — Que méritent-ils ?! répéta Elizabeth.

  Face au silence de l'Occlumens, la vieille femme s'approcha d'elle et murmura :

  — La mort. Ils méritent la mort. Et tu peux leur donner. Tue-les. Tue cet homme dont la fille a brûlé vif Richard Dragonneau et qui est en train de torturer l'homme que tu aimes. Tue-le sans pitié. Parce que c'est ce qu'il mérite. Tue-le.

  Aysha semblait peu à peu reprendre le contrôle d'elle-même et attrapa la baguette qu'on lui tendait. Elizabeth sourit, ravie. Mais alors qu'elle pensait avoir réussi à la convaincre, Aysha se tourna vers elle et la poussa violemment. Elle perdit l'équilibre et tomba sur le sol. L'Occlumens vint se placer sur elle, plaçant sa baguette sur son front.

  — Vous vous trompez. Ils méritent pire que la mort. Vous aussi. Et je ne suis pas une meurtrière. Vous ne me ferez pas devenir ce que je ne suis pas.

  Sur ces mots, elle assoma la femme et la ligotta avant de l'abandonner pour revenir au bord de la rambarde. D'une voix forte, elle déclama :

  — Que tous vos regards soient sur moi. Parce que je suis celle qui va vous donner ce que vous méritez, maintenant.

  Les sorts s'arrêtèrent. Les cinq camarades s'effrondrèrent sur le sol. Les cinq sorciers auteurs de cette torture tournèrent leur baguette vers elle.

  — Ne la tuez pas ! ordonna alors Emy.

  Aysha rangea sa baguette dans sa manche et enjamba la rambarde pour se laisser tomber au rez-de-chaussée, ignorant le choc. Elle se plaça face aux partisans qui la fixaient sans trop savoir quoi faire et hurla :

  — Je suis là ! Je ferai couler vos larmes. Et elles seront aussi précieuses que de l'or pour moi.

  Dean recula d'un pas, abaissant sa baguette, et posa un genou à terre. Personne ne le vit, sauf Aysha qui sourit.

  — Je suis à présent la fille aux larmes d'or. Mais les larmes ne sont pas les miennes. Et je gagnerai. Ça, je vous le promets.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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