Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre vingt-cinq

  — Et que crois-tu pouvoir faire seule face à nous tous ? demanda subitement Emy qui s'était approchée de quelques pas.

  Aysha la regarda avec un sourire malicieux sur les lèvres, laissant quelques secondes s'écouler avant de lui répondre :

  — Premièrement, je n'ai besoin de personne. Deuxièmement...

  Elle marqua une pause, son sourire s'agrandissant, et elle termina :

  — Je ne suis jamais seule.

  À peine eut-elle terminé sa phrase que la baguette que tenait Emy lui échappa, arrivant dans les mains d'April qui venait de se relever et de se placer à côté de sa meilleure amie. Surprise, Emy mit du temps à sortir sa propre baguette. Même si April n'était pas au plus haut de sa forme après avoir subi le sort Doloris, elle était prête à tout pour aider l'Occlumens.

  — Et vous pensez pouvoir nous battre à vous d'eux ? se moqua John.

  Les deux jeunes femmes s'adressèrent un regard avant de lui répondre d'une même voix :

  — Nous n'avons besoin de personne.

  Et presque aussitôt, elles lancèrent toutes deux des sorts afin de désarmer leurs adversaires des baguettes qui n'étaient pas les leurs. Emy hurla qu'il ne fallait pas tuer Aysha. Cette dernière avait vu que Dean était resté à terre, ne participant pas à cette bataille, et aidant même Norbert à se relever. Du coin de l'œil, elle avait aussi vu Thésée récupérer sa propre baguette et Abelforth assomer un des partisans les entourant.

  Aysha était toujours à côté d'April lorsqu'elle vit Emy lever sa baguette vers sa meilleure amie et prononcer distinctement :

  — Avada Kedavra.

  L'Occlumens voulut pousser April sur le côté, mais tout autre chose se produisit : Kama, qui venait de se relever, s'était jeté entre April et Emy, recevant le sort de plein fouet. Son corps tomba sur le sol, inerte. Emy resta en état de choc, alors qu'April n'arrivait pas à croire que Kama venait de se sacrifier pour elle.

  Aysha fonça vers sa sœur et celle-ci n'eut pas le temps de réagir, tombant sur le sol. L'Occlumens se plaça face à elle alors qu'elle se relevait, mais elle remarqua rapidement que ses camarades étaient de nouveau retenus par les trop nombreux partisans présents autour d'eux. April était près du corps de Kama, la baguette de John dans le dos, tandis que chacun de ses autres camarades étaient retenus. Norbert semblait être le seul dont l'emprise - de Dean - ne l'empêchait pas de bouger.

  — Tu crois toujours que tu peux gagner ? cracha Emy.

  Elle n'attendit pas que sa benjamine réponde et fit un signe à quelqu'un. Bientôt, une personne s'approcha, tirant une jeune femme de force derrière lui, qu'il jeta bientôt à ses pieds, tirant ses cheveux pour que son visage soit vu d'Aysha.

  — Sofia ? s'étrangla l'Occlumens.

  — On l'a trouvée sans difficulté, marmonna Emy. Il fallait bien qu'elle paie pour ce qu'elle a dit de cette élection.

  — Elle n'a fait que dire la vérité, répliqua Aysha. Désolée si vous ne savez pas l'accepter.

  — Non, elle l'a déformée. Elle a fait de toi une héroïne. Mais ce n'est pas ce que tu es. Tu es un monstre. Tu es une meurtrière.

  — Non.

  La voix de Sofia résonna dans la pièce. Elle mit quelques secondes à reprendre, alors que tous les regards étaient posés sur elle :

  — C'est vous qui vous trompez sur son compte. Elle n'est pas une meurtrière. Elle vient de vous le prouver. Elle est la femme la plus courageuse qu'il m'ait été donné de connaître. Et vous ne savez même pas tout ce qu'elle est capable de faire.

  Profondément touchée, Aysha adressa un faible sourire à la jeune femme, la remerciant silencieusement.

  — Vous êtes le monstre, Emy Wilson, reprit Sofia. Vous refoulez votre propre culpabilité sur votre sœur, car vous ne savez pas le supporter.

  — Tu seras la première à mourir, rétorqua la principale concernée.

  — Pourtant, elle a raison, la soutint Aysha. Et, en plus... Tu n'es rien de plus que l'ombre de Grindelwald. Aussi mauvaise, mais trop insignifiante pour briller.

  Emy sembla perdre le contrôle, car elle leva sa baguette et hurla le sortilège de mort. Cependant, quelqu'un écarta Aysha juste à temps pour qu'elle ne soit pas la personne qui le recevrait. L'Occlumens se retourna et vit le corps de Dean tomber à ses pieds. Elle leva la tête vers sa sœur qui criait :

  — Dean ! Non ! Par pitié !

  Elle se laissa tomber à genoux. Aysha ne put empêcher un sourire d'étirer ses lèvres alors qu'elle s'adressait à sa cadette d'une voix forte :

  — Tu vois ce que ça fait maintenant d'être moi. J'ai gagné. Je t'ai tuée comme tu m'as tuée.

  Emy ne put répondre. Des larmes roulaient sur ses joues. Aysha s'agenouilla près du corps de Dean et posa une main sur sa poitrine, murmurant :

  — Repose en paix, mon ami. Merci.

  Il y eut un moment de flottement. Personne ne savait comment réagir. Finalement, John rompit le silence en hurlant :

  — Qu'on suive le plan ! Allez-y ! Visez Aysha ! Ne la tuez pas !

  Immédiatement, alors qu'Aysha était de nouveau debout, toutes les baguettes se levèrent vers elle et elle se retrouva la cible d'un trop grand nombre sorts Doloris. Elle restait cependant debout, ignorant la douleur. Dans un murmure, elle commenta :

  — Comme de vieux souvenirs.

  Un sourire nostalgique sur les lèvres, une larme roulant sur sa joue, alors qu'elle luttait. Elle serra davantage sa baguette prête à tout pour ne pas flancher. Ses yeux croisèrent ceux de Thésée. Il était totalement incapable de faire quoi que ce soit et hors de lui. Ses yeux dérivèrent ensuite vers ceux de John. D'une voix forte, elle lui dit :

  — Vous ne savez rien de ce que je suis capable de faire.

  Elle ne contrôlait plus son don de métamorphomagie, mais elle s'en fichait. Sans qu'elle ne le remarque, elle avait soudainement pris l'apparence d'Helena. Puis, celle-ci changea pour celle de Croyance. De Rose. De Kelly. D'Ivan. De Richard. De son père. Mais ce ne fut que lorsqu'elle avait pris l'apparence de sa propre mère qu'elle lança un sort qui déclencha l'effondrement d'une grande partie de la demeure. Peu en réchappèrent, mais tous ses camarades étaient encore bien là.

  Une larme roula sur sa joue alors que sous l'apparence de Sarah Davies, elle lança un utltime sort pour ligotter les derniers partisans. Elle sentit alors tout tourner autour d'elle.

  Tout sembla lui retomber dessus. Et, peu à peu, elle sombra.

***

  Tic. Tac. Tic. Tac.

  Je ne sais pas depuis combien de temps je suis dans le noir. Je ne sais pas depuis combien de temps ce tic tac résonne dans mon crâne. Je ne sais plus ce que je suis. Je ne sais pas ce qui est en train de m'arriver.

  J'entends des voix parfois. Mais je ne me souviens jamais de ce qu'elles disent. Il y en a une que j'entends souvent. Mais je ne saisis pas ce qu'elle dit.

  Je crois que je suis devenue folle. Il fait tout noir. Je ne peux pas bouger. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis dans cet état.

  Tic. Tac. Tic. Tac.

  Ce son me hante. Je voudrais qu'il cesse. Mais je ne peux rien faire. C'est comme si j'étais coincée dans ma propre tête.

  Parfois, je jurerais voir le visage de ma mère ou de ma sœur. Mais je dois rêver. C'est sûrement ça. Ce n'est pas possible autrement.

  Tic. Tac. Tic. Tac.

  Je ne sais même pas où je suis.

  Depuis combien de temps suis-je dans cet état ? Pourquoi je ne peux pas bouger ? Pourquoi il fait noir ?

  Tic. Tac. Tic. Tac.

  Tic. Tac. Tic. Tac.

  Il faut que ça s'arrête. Il le faut.

  Tic.

  Tac.

  Tic.

  Tac.

  Tic.

  Tac.

  Tic.

  Tac.

  Je vais devenir folle. Pourquoi je ne peux rien faire ? Où suis-je ? Qui suis-je ? Que diable se passe-t-il ? Suis-je morte ?

  Si je suis morte, pourquoi j'entends ce tic tac incessant ? Le temps existe-t-il dans la mort ? Puis-je être consciente dans la mort ? Peut-être suis-je un fantôme ? Ou alors une simple conscience ?

  Tic. Tac. Tic. Tac.

  Le temps

  est

  long.

  L'espace

  n'existe

  plus.

  Tic. Tac. Tic. Tac.

  Il y a un problème.

  Ces voix... deviennent plus distinctes.

  "Reviens. Reviens. Reviens. Reviens."

  Le tic tac a cessé à présent. Ce sont ces mots qui tournent en boucle. Et je sais qui les prononce.

  Je crois que...

  Je ne suis pas morte.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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