Les Animaux Fantastiques
Tome 2


Chapitre vingt-neuf

  Ils traversèrent plusieurs couloirs avant d'atteindre une salle qu'Aysha avait toujours vue gardée jusqu'à présent. Devant celle-ci, le Ministre britannique de la Magie en personne l'attendait. En la voyant, il lui adressa un sourire et la salua :

  — Mlle Wilson, ravi de vous voir. J'espère que vous allez bien.

  Elle ne répondit pas, se contentant de sourire à l'homme par respect. Voyant qu'il n'allait rien avoir de plus, il secoua la tête et se tourna vers Thésée :

  — La fameuse lettre se trouve à l'intérieur. Mais n'en parlez à personne.

  — Vous pouvez le dire à la concernée, l'interrompit l'Auror. Je n'ai rien à voir avec cette histoire.

  Le ministre se mordit la lèvre, ne répondant rien. Il posa alors son regard sur la jeune femme et reprit :

  — Comme je le disais, il faut à tout prix que cette lettre reste confidentielle. Mr Dragonneau n'était en effet même pas censé être au courant. Vous non plus. Mais tout semble nous avoir échappé depuis qu'Helena vous en a parlé. Je crois d'ailleurs qu'elle a fini de payer son amende ce matin.

  — C'était idiot de lui mettre une amende, railla l'Occlumens.

  — Elle a rompu un contrat de confidentialité. Elle aurait pu avoir bien pire.

  La sorcière ne rétorqua rien.

  — Bien, continua le ministre. Je vous laisse donc entrer. Mr Dragonneau, je vous fais confiance.

  L'intéressé se contenta de hocher la tête et ils entrèrent dans la pièce sans attendre. Le regard d'Aysha parcourut un instant les immenses bibliothèques en tout genre qui parcouraient les murs, avant qu'il ne se pose sur la table centrale où était posée une boîte sur lequel était indiqué Meurtre des Wilson : Indices et avancée de l'enquête.

  Aysha s'approcha rapidement pour aller voir ce qu'il y avait à l'intérieur et découvrit que seules trois choses s'y trouvaient. Une photo d'elle. Le rapport bien fin de l'enquête. Et une lettre. La lettre.

  Elle fixa un instant le parchemin encore en très bon état. Puis, elle recula et se tourna vers Thésée qui la suivait de près. Celui-ci lui lança un regard rassurant.

  — Tu... hésita-t-elle. Est-ce que tu peux la lire avec moi ?

  Il parut surpris et ne donna pas tout de suite de réponse.

  — Je ne sais pas si j'aurais la force de... continuait la sorcère. Enfin... tu vois.

  — Bien sûr. Bien sûr que je peux la lire avec toi.

  Aysha lui sourit et se tourna de nouveau vers l'intérieur de la boîte. Avec délicatesse, elle attrapa la lettre et vint se placer à côté de Thésée afin de pouvoir la lire. L'écriture fine était exactement la même que la sienne ce qui était vraiment étrange, elle devait l'avouer.


  Cher⋅ère toi qui lit cette lettre,

  J'ai conscience de l'étonnement que vous aurez en trouvant ce parchemin et l'histoire qui l'entoure est d'autant plus étrange, je dois bien l'avouer. Pour commencer, oui, c'est bien moi qui écris cette lettre qui aie aussi tué Sarah et Fergus Wilson. Enfin, pas encore, car au moment où je l'écris, je suis toujours chez moi. Mais au moment où vous la lirez, je n'existerai probablement plus.

  Pour faire simple, je suis Aysha Wilson - oui, leur enfant - et je viens du futur. Je suis là pour le changer. Et les tuer était le seul moyen.

  L'époque dans laquelle je vis est une époque terriblement sombre. Grindelwald a gagné. Et notre grand Dumbledore est mort de sa main. À mon époque, les Moldus sont des esclaves et les temps sont vraiment très durs. Ceux qui ne sont pas assez proches de l'idéal de Grindelwald vivent dans la misère, la peur et la faim. Et quiconque expose un avis divergent ou des propos qui n'entrent pas dans l'idéologie de Grindelwald est immédiatement exécuté.

  Nous sommes cependant un petit groupe à résister. L'armée de Dumbledore, car c'est ce dernier qui nous a réunis avant de mourir. Aujourd'hui, nous continuons à agir en sa mémoire.

  Vous vous demanderez peut-être comment Grindelwald a pu gagner... Eh bien... la réponse est pour moi assez simple, car elle peut expliquer pourquoi j'ai tué Sarah et Fergus Wilson, mes parents.

  Ce sont tous deux de bonnes personnes, des parents formidables. Ils sont bienveillants mais trop puissants et intelligents pour que Grindelwald ne veuille pas s'en servir. Le mage noir s'est servi d'un lien qui l'unit à ma mère pour la faire flancher et dès lors qu'ils lui ont donné ce qu'il voulait, il a fini par gagner peu à peu du terrain, jusqu'à en ressortir définitivement vainqueur.

  On a beau tout faire, ils sont trop nombreux et nous trop peu pour l'arrêter. On a déjà tout tenté, mais, dernièrement, nous avons trouvé un Retourneur de Temps. Helena s'était proposée pour y aller, mais... Emy l'a tuée deux jours après notre découverte lorsqu'elle a révélé qu'elle était une partisante de Grindelwald. J'avais alors une sœur décédée et une autre dont l'âme avait totalement été pervertie. Grindelwald m'avait déjà pris mes parents et il venait de me prendre mes sœurs. On a d'ailleurs retrouvé le corps d'Emy il n'y a pas longtemps. Elle aurait été exécutée pour ne pas m'avoir tuée, moi.

  Le frère d'Albus Dumbledore, Abelforth, s'est alors proposé pour retourner dans le temps et tuer mes parents afin que jamais rien de tout cela ne se soit passé. Mais il a été retrouvé mort avec sa femme et son fils la veille du départ. C'est donc moi qui me suis décidée à me lancer. J'écris cette lettre, car je sais que vous aurez besoin de réponses et je veux vous les donner.

  Je sais à quel point il est dangereux de jouer avec le temps et ce que je vais faire sera un tel tournant dans l'histoire qu'il y a de grandes chances que cette version de moi n'existe plus, tout comme un tas d'autres choses. Je me suis cependant fait la promesse d'expliquer à Fergus et Sarah ce qui allait arriver s'ils restaient en vie.

  Je sais que vous pouvez vous dire qu'il y avait d'autres moyens que de les tuer, mais, non. Tant que Sarah et Fergus Wilson sont en vie, il est indéniable que Gellert Grindelwald gagne cette guerre et que le monde se retrouve plongé dans le chaos. J'ai conscience que rien ne garantit que les tuer vous sauvera, mais c'est nécessaire et j'ose espérer que vous connaîtrez un meilleur avenir que nous.

  Je vais laisser un peu de place pour que Sarah et Fergus puissent écrire quelque chose s'ils en ont envie :

  Nous ignorons tout ce que cette lettre contient. Mais je tenais en effet à vous dire certaines choses. Je suis bien Sarah Wilson et je parle - du moins, j'écris - aussi au nom de mon mari, Fergus.

  Je tenais à ce que vous sachiez que nous acceptons le sacrifice qu'il y a à faire. Cette Aysha Wilson du futur nous a tout expliqué. Et nous ne voulons pas laisser le mal gagner. Alors nous acceptons de quitter ce monde pour le plus grand bien.

  Mes filles, n'ayez crainte. Nous vous aimons. Vous saurez grandir sans nous, j'en suis certaine. Aysha, ma tendre Aysha... surtout ne t'en veux pas, d'accord ? Tu n'as rien fait. Ce n'est pas toi qui est responsable.

  On vous aime.

Sarah et Fergus Wilson

  Voilà... J'espère qu'ils auront assez de place.

  Enfin. Je voulais tout de même donner quelques lueurs d'espoir, parce que nous en avons. Malgré l'ombre et le chaos, nous nous accrochons à certaines lumières. Norbert, mon cher Norbert, s'est fiancé il y a quelques jours avec une américaine, Tina Goldstein. Il l'a recontrée lors d'un voyage à New York. Je l'aime beaucoup. Il y a aussi Thésée et Leta qui se sont mariés il y a deux ans. Quant à April, elle dit être heureuse et j'ose y croire.

  Mais, tout autour de nous n'est que d'ombre et il faut qu'on s'en débarrasse.

  J'ai conscience que rien ne peut pardonner un meurtre, mais je vous en supplie, ne considérez pas la Aysha qui grandira sans ses parents coupable. Elle n'y est pour rien.

  Aysha, si tu lis cette lettre (il est vraiment étrange de s'adresser à une autre version de soi-même), surtout ne t'en veux pas. Tu n'es pas responsable de leur mort. Et je suis vraiment désolée pour tous les aspects négatifs que cela pourrait provoquer. J'ai eu une vie heureuse avec mes parents et j'ose espérer que tu auras la chance de connaître un peu de joie dans ce monde.

  Je vais devoir m'arrêter, mais Aysha, une dernier message pour toi. N'hésite pas à revenir aux sources. Comme quand maman a réécri plusieurs fois son livre qui a eu le plus de succès. Et dont la première copie imprimée a été exposée. Je me souviens d'ailleurs d'une citation qui m'avait touchée à la page 396 : Soyez humbles, mais éprouvez la fierté d'être ce que vous êtes. Du maman tout craché.

  Il est temps pour moi de partir. J'espère de tout cœur que cette lettre suffira. Je vous souhaite un meilleur avenir que le nôtre.

Aysha Wilson (un futur qui n'existera plus)


  Ce ne fut qu'à la fin de sa lecture qu'Aysha se rendit compte qu'elle avait pleuré. Elle dut poser le parchemin, se sentant trop faible pour rester debout. Elle n'arrivait pas à y croire.

  Elle sentit une main passer dans son dos et elle se tourna vers Thésée. Face à son air peiné, le jeune homme ne put que la prendre dans ses bras.

  Aysha ne savait même pas ce qu'elle ressentait. Peut-être du soulagement ? Oui. Elle était soulagée. Soulagée d'avoir enfin pu lire cette lettre. Soulagée d'avoir enfin pu connaître la vérité. Soulagée de savoir que ce n'était pas proprement elle qui avait tué ses parents. Acceptant enfin le fait qu'elle n'ait jamais tué personne volontairement. Pas même Assen avec qui elle ne voulait que discuter. Ni Simon Taylor qu'elle ne voulait qu'endormir. Elle se sentit devenir plus légère. Une grosse part de sa propre culpabilité venait de quitter ses épaules. Elle acceptait enfin de se pardonner.

  C'était des larmes de joie qui roulait sur ses joues. Elle serra davantage Thésée, le remerciant silencieusement de lui avoir offert le moyen de se libérer. Reconnaissante qu'il ait détaché les poids accrochés à ses pieds, la retenant de déployer ses ailes pour avancer.


  Elle n'était pas une meurtrière.


  Elle pouvait être une bonne personne.


  Elle se détacha de Thésée et lui adressa un sourire en essuyant ses larmes :

  — Merci. Vraiment. Merci mille fois. Je ne pourrais jamais assez te remercier pour ce que tu as fait. Et je suis tellement désolée pour tout ce que j'ai pu te dire et tout ce que j'ai pu te faire.

  — Tu n'as pas à t'excuser, Aysha.

  — On a tous les deux tenus nos promesses.

  Thésée fronça les sourcils.

  — Tu avais promis de tout faire pour que je te pardonne et je t'avais promis de tout faire pour te pardonner. Nos promesses ont été tenues.

  Aysha souriait. Thésée la regardait. Il ne savait pas quoi dire. Tout ce qu'il avait lu dans cette lettre l'avait totalement chamboulé. Il n'avait pas tout compris, car il ne savait pas tout. Mais il ne devait pas demander. Il avait promis à Aysha de lui laisser avoir ses secrets. Alors il allait tenir cette promesse-là aussi.

  — Nom d'un Niffleur ! s'exclama soudainement Aysha. Quelle heure est-il ?

  Thésée leva la tête vers l'horloge et son cœur s'accélèra lorsqu'il vit l'heure qu'il était.

  — On est en retard. On a déjà dû loupé le début.

  — Crottes d'Hippogriffe ! Il faut qu'on se magne !

  Elle attrapa la main du sorcier et ils sortirent en trombe de la salle. Ils bousculèrent certains de leurs collègues qui leur implorèrent d'arrêter de courir, mais ils s'en fichaient pas mal, riant jusqu'à se séparer pour atteindre chacun leur propre bureau.

  Aysha attrapa en vitesse ses affaires et se changea en deux secondes avant de ressortir et de tomber sur Thésée, déjà prêt. Ils se stoppèrent, se regardant l'un l'autre.

  — Magnifique, approuva-t-il avec un sourire.

  — Tu n'es pas mal non plus.

  Et sans un mot de plus, ils se dépêchèrent de rejoindre la sortie, devant se rendre en vitesse à Poudlard. Car, même s'ils avaient manqué le début, pour rien au monde ils ne voulaient rater ce qui s'y déroulait actuellement.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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