Les Animaux Fantastiques
Tome 2


Chapitre trente

  Lorsque Thésée et Aysha passèrent devant la Tête du Sanglier sur le chemin de Poudlard, ils furent surpris de tomber sur Abelforth qui semblait les attendre.

  — Abelforth ? s'étonna la sorcière. Vous n'êtes pas déjà là-bas ?

  — Je me doutais que vous arriveriez en retard tous les deux. Je vous ai donc attendus pour m'assurer qu'il ne vous étiez rien arrivés.

  — Désolée de vous avoir fait rater le début.

  — Je pense pas que vous aillez loupé grand chose. Norbert et Tina tenaient vraiment à ce que vous soyez tous les deux là, alors ils ont reculé le début.

  — Faut vraiment qu'on se dépêche alors.

  Et sur ces mots, les trois sorciers se mirent en route, le pas rapide. Ils furent ravis d'arriver à Poudlard où Dumbledore les accueillit :

  — Vous voilà enfin tous les trois. On commençait à s'impatienter. Nous avions besoin de Thésée et Aysha en plus.

  Les deux concernés s'excusèrent et le professeur leur sourit, disant à son frère et Thésée d'aller rejoindre la Grande Salle pour annoncer leur arriver, tandis qu'il menait Aysha dans une autre salle. En entrant dans cette dernière, un immense sourire apparut sur les lèvres d'Aysha lorsqu'elle vit Queenie devant elle. Elle vint l'enlacer et Albus les salua avant de sortir de la pièce.

  — Je suis vraiment désolée du retard. Nous avons été retenus au Ministère.

  — Ce n'est rien, lui assura une voix.

  Elle se détacha de la Legilimens pour se tourner vers Tina. Elle était vraiment magnifique.

  — Comment va la star de la journée ? Tu es vraiment d'une beauté à couper le souffle. J'en viendrais presque à envier Norbert.

  Tina émit un léger rire tandis qu'elle allait serrer Aysha dans ses bras.

  — Attention où j'en connais un qui sera jaloux de t'entendre dire ça.

  Elles se détachèrent et l'Occlumens lança un regard interrogateur à Tina qui l'ignora en souriant.

  — En tout cas, Teenie, reprit Queenie, cette robe te va comme un gant.

  — Oh merci, Queenie. Tu es très belle aussi.

  Aysha sourit face à cette scène.

  — Pareil pour vous, Mlle Wilson. Et nous ne sommes pas les seules à le penser, ajouta la Legilimens avec un sourire en coin.

  L'Occlumens leva les yeux au ciel.

  Quelqu'un frappa à la porte et Queenie alla ouvrir. Dumbledore apparut de nouveau et leur signala :

  — Ils sont prêts là-bas.

  — Eh bien, on va pouvoir y aller ! s'exclama la benjamine des trois. J'ai hâte.

  Albus disparut et Tina se mit à taper du pied. Aysha vint lui prendre la main tandis que sa sœur lui assurait :

  — Ça va bien se passer. Tu es parfaite. Norbert est parfait. Vous êtes parfaits. Que rêver de mieux ?

  — Je suis contente de t'avoir choisie comme demoiselle d'honneur.

  — Simple histoire d'échange de procédés, s'amusa Queenie en sautillant à moitié, ayant du mal à cacher sa joie. Si tu savais comme je suis heureuse pour toi.

  — Merci, Queenie. Vraiment.

  — C'est normal quand on s'aime, non ?

  — Évidemment.

  — Bon ! s'exclama la sorcière. C'est moi qui entre en premier, c'est bien ça ?

  — En effet. Et j'entre ensuite au bras d'Aysha. Ça va vraiment pas faire étrange ? Parce que d'habitude c'est le père et bon... là...

  — Non, Teenie, murmura Queenie en lui attrapant le bras. Aysha est parfaite pour ce rôle. Et tu es parfaite toi aussi. Ce n'est pas parce qu'on ne fait pas comme tout le monde qu'on ne le fait pas bien. N'est-ce pas, Mlle Wilson ?

  — Je suis entièrement d'accord. Vous vous mariez dans une école de magie et votre sœur dans une boulangerie. Tout ceci n'est étrange que pour ceux qui veulent le voir ainsi. Pour nous, c'est un moment magique dont il faut profiter. Ce n'est pas les autres qui doivent nous dire comment bien faire les choses. C'est notre cœur et seulement lui.

  — Je comprends maintenant pourquoi vous êtes allée à Serdaigle. Vous pouvez parler avec tant de sagesse.

  Aysha ne sut pas quoi répondre et se contenta de sourire.

  — Bon ! s'exclama alors Queenie. Cette fois, on y va ! Vous êtes prêtes ?

  Elles acquiesçèrent et elles purent bientôt suivre la Legilimens hors de la pièce, se dirigeant vers la Grande Salle. Lorsque les portes s'ouvrirent, seule Queenie était visible et elle commença à s'avancer d'un pas assuré, si heureuse de pouvoir assister à cet instant. Son regard croisa celui de Jacob qui souriait, l'air ravi et émerveillé.

  De leur côté, Aysha et Tina se tenaient la main, une manière pour elles de se soutenir.

  — Merci, au fait, murmura l'Occlumens. De m'avoir proposé de marcher à tes côtés jusqu'à ton futur époux. J'en suis vraiment honorée.

  — Ça compte pour moi et je pense que ça compte aussi pour Norbert. Tu es un peu comme sa sœur, alors c'est comme si j'entrais aussi un peu dans ta famille. Et je t'apprécie beaucoup. Alors, ça me fait plaisir.

  Elles s'échangèrent un nouveau sourire et vint bientôt leur tour d'entrer dans la Grande Salle. À peine eurent-elles mis un pied à l'intérieur qu'elles sentirent toutes deux le stress s'envoler, remplacé par la joie et l'émotion de ce qui était actuellement en train de se passer.

  Les yeux de Tina s'accrochèrent immédiatement à ceux de Norbert qui attendait près de Thésée au bout de l'allée qui avait été aménagée. Elle le trouvait magnifique. Son cœur se mit à battre la chamade. Ses joues s'empourprèrent. Ils n'étaient plus que tout les deux. Elle marchait vers l'homme qui faisait battre son cœur. Elle ne pouvait le quitter des yeux. Et la réciproque était vraie.

  Aysha, quant à elle, gardait son regard fixé sur Norbert, mais elle sentait que quelqu'un près de lui la fixait avec intensité. Elle n'avait simplement pas la force de le regarder en retour, de peur de ne pouvoir détacher son regard.

  Lorsqu'elles atteignirent la fin de l'allée, Aysha passa Tina à Norbert et ils se placèrent l'un en face de l'autre, tandis que l'Occlumens s'asseyait à la place la plus proche. Dumbledore les regardait tous de là où il était et commença à parler, mais personne ne semblait vraiment écouter ce qu'il disait, car les battements de cœur de chacun semblaient trop forts et les rendaient sourds.

  Quand vint le moment des vœux, ce fut Tina qui commença :

  — Norbert Dragonneau est probablement l'une des personnes les plus extravagantes qu'il m'ait été donné de rencontrer. Mais c'est surtout ma plus belle rencontre. Parce que... même si nous avons connu des débuts difficiles et qu'il nous a fallu un peu de temps avant de se décider à nous avouer nos sentiments l'un à l'autre... (des rires), j'ai su dès les premiers instants que cet homme allait me toucher. Et ça n'a pas manqué. Je suis tombé amoureuse de lui. De lui et de sa timidité. De lui et son extravagance. De lui et de ses créatures. Je suis tombée amoureuse de tout ce qu'il y a en lui. Il m'a permis de découvrir tout un monde dont j'ignorais l'existence. Ou que je connaissais mal. Pour la première fois, il m'a fait me sentir vivante. Il m'a permis de vivre pour autre chose que mon travail. Et, aujourd'hui, si on me demandait si je pouvais vivre sans lui, je répondrais évidemment non. Parce que maintenant, c'est avec lui ou rien. Et je suis certaine que même si je le voulais, je ne pourrais cesser d'aimer cet homme qui m'a fait me sentir spéciale et heureuse dans ce monde de chaos.

  Tina s'arrêta de parler. Norbert la regardait, les yeux luisant. Il ne savait pas s'il pouvait parler. Il ne savait pas si, en temps normal, il serait capable de dire quelque chose à son tour sur la femme face à lui. Mais, il s'agissait de Tina, alors rien n'était impossible pour lui. Il sourit encore et prit enfin la parole :

  — Tina... ouais... Parler devant autant de monde... ce n'est pas trop mon truc... mais... Voilà. I-Il fallait bien que je dise à quel point les aventures que j'ai vécu auprès de toi m'ont prouvé que tu étais sans aucun doute la créature la plus incroyable qu'il m'ait été donné de rencontrer. Et à chaque fois que nous étions loin l'un de l'autre, ça me faisait comprendre à quel point j'avais besoin de toi. Je-J'ai... C'est vraiment pas mon truc les relations humaines. Mais avec toi... tout semble plus facile. J'ai été très maladroit à... de nombreuses reprises. J'ai pas toujours bien agi. Et j'en m'en voulais toujours, car je compliquais sans cesse les choses. Mais, voilà... Je... Je ne pensais pas avoir le droit à ça... À toi... J-Je... Je n'ai jamais aimé quiconque comme je t'aime toi.

  Il se tut à son tour. Tout le monde était resté silencieux. Jacob, Thésée et Aysha arboraient le même sourire fier alors que Queenie devait se mordre la lèvre pour arrêter de sourire. Même April était touchée par ce qu'il se passait, assise entre Helena et Abelforth.

  Albus mit quelques secondes avant de reprendre et on sentit dans sa voix que lui-même ne s'attendait pas à une telle chose.

  Ils se promirent l'un à l'autre par des mots de se rester fidèles, alors que leurs yeux le disaient déjà. Ils devinrent mari et femme alors que leurs cœurs étaient déjà unis par des liens indescritibles. Leurs lèvres se recontrèrent, pourtant, tout en eux semblaient exploser dès lors qu'ils se voyaient.

  On les félicita. Mais quelque chose d'étrange planait dans l'air. Une euphorie collective que chacun se sentait mal de ressentir par les temps sombres qui se profilaient. Dès que Norbert fut libre, tandis que Tina était encore entourée d'Eulalie et Queenie, Aysha se leva pour le rejoindre. Il n'eut pas le temps de réagir qu'elle le prit dans ses bras et le serra plus fort encore qu'elle ne l'avait jamais fait.

  — Tout va bien ? s'inquiéta alors le magizoologiste, tandis qu'ils se détachaient.

  Le regard d'Aysha croisa celui de Thésée qui parlait avec ses parents, mais elle se reconcentra sur la personne devant elle et lui sourit.

  — Oui ! Plus que jamais ! Je crois que... Je n'ai jamais été aussi bien de toute ma vie.

  Norbert sourit, heureux d'entendre cela.

  — Écoute, Norbert.

  Elle marqua une pause, avala sa salive et reprit :

  — Tu sais, je veux que tu aies conscience que ce que je vais te dire est vraiment sincère. Je suis heureuse pour toi. Vraiment heureuse.

  — Merci Aysha. Pour tout. Parce que, sans toi, j'aurais jamais eu le courage de dire tout ce que j'ai dit.

  — Bien sûr que si. C'est pas moi qui aie parlé à ta place. C'est toi. C'est uniquement toi que tu dois féliciter. Je suis vraiment... j'en sais rien. Je crois que dire que je suis heureuse est un euphémisme. Je suis folle ou... J'en sais rien.

  — Je suis exactement dans le même cas que toi.

  Ils s'adressèrent un nouveau sourire et Norbert se retrouva bientôt embarqué par Jacob et Queenie. Riant à moitié, Aysha se dirigea vers sa sœur qui était plongée dans ses pensées.

  — Helena ? fit-elle alors en s'asseyant à côté d'elle.

  Elle sortit brusquement de ses songes et se tourna vers sa benjamine à qui elle adressa un sourire.

  — Oui ?

  — Qu'est-ce que tu fais toute seule dans ton coin ?

  — Je pensais.

  — À quoi ?

  — Rien de spécial. Un peu à tout.

  — Bah, alors, arrête de penser et viens profiter. On a déjà commencer à manger et à boire là-bas. Y a déjà de la musique. Faut vraiment profiter !

  — Oui, je sais.

  Elles s'échangèrent un long regard et Helena reprit :

  — Je tenais à m'excuser.

  — Quoi ? Non, Helena. Tu n'as pas à t'excuser.

  — Si, j'y tiens. Parce que j'ai été horrible.

  — Tu essayais me protéger. C'est ce que tu as toujours fait. Je ne t'en veux pas, Helena. Je t'en suis même reconnaissante. Parce que... depuis je suis petite, tu es l'une des raisons pour lesquelles je me lève le matin. Tu éclaires mes jours les plus sombres, grande sœur.

  Helena sourit, touchée.

  — Mais avec tout ce que j'ai pu faire...

  — Tu n'as rien fait de mal, la coupa l'Occlumens. Ne t'en veux pas. Je ne t'en veux pas. Tu es parfaite à mes yeux, Helena. Et je ne t'ai jamais assez remerciée pour tout ce que tu as toujours fait pour moi. Même si, sur le moment, je n'appréciais pas tes interventions. Sans toi, je n'aurais jamais pu voir Norbert et Tina se marier. En fait, sans toi, je ne les aurais jamais rencontrés. Je sais que tu n'y crois pas. Mais tu m'as vraiment sauvée la vie. Parce que tu étais la seule personne qui tenait vraiment à moi, peu importe ce que je pouvais faire ou dire. Et, pour ça, je ne te serai jamais assez reconnaissante.

  Helena ne sut pas quoi dire alors elle la prit dans ses bras, chuchotant :

  — Si tu savais comme je t'aime.

  — Moi aussi, je t'aime, Helena. Moi aussi.


  La fête s'ensuivit. On eut le droit à une première danse maladroite qui se termina avec la poursuite du Niffleur Teddy qui semblait vouloir assister lui aussi au mariage. April et Helena avaient discuté longuement, alors qu'Aysha tenait compagnie à Achilles qui fixait le Qilin un peu plus loin. Le Qilin, d'ailleurs, semblait toujours grandement apprécier Jacob qui jouait avec lui sous le regard amusé de Queenie.

  — Vous retournez à New York, alors ? demanda Aysha en posant un verre de citronnade.

  — Oui. Je dois retrouver mon poste. Et puis, je dois raccompagner Mr Graves aussi. Nous sommes tous déçus de devoir dire au revoir à une Auror aussi talentueuse que Tina. Mais je suppose que le Ministère britannique saura l'accueillir comme il se doit.

  — Je m'en assurerai.

  Achilles sourit.

  — Je voulais vous remercier, au fait, reprit-il. Pour le soutien que vous m'avez apporté.

  — Oh, ce n'est rien. Je connais un peu ce que ça fait quand la personne qu'on aime est heureuse avec une autre.

  — On va finir par trouver, hein ?

  Ce fut en regardant inconsciemment Thésée discuter vivement avec Norbert qu'elle répondit :

  — Oui.

  Un peu plus loin, Jacob et Queenie, suivis de près par le Qilin qui ne voulait plus les quitter, s'approchèrent de l'Occlumens et d'Achilles, hilares.

  — Qu'est-ce qui vous fait rire ? demanda alors Aysha en souriant.

  — Ta sœur vient de renverser un chariot rempli de verre contenant du jus de citrouille sur Kama. Tu aurais vu sa tête.

  — Nous ne sommes pas sœur pour rien dans ce cas, s'amusa la sorcière.

  Son regard se posa sur le Qilin qui la fixait. Contre toute attente, celui-ci renifla avant de venir se frotter affectueusement contre les jambes de la sorcière. Surprise, elle s'abaissa.

  — Salut toi.

  Elle était si heureuse. Si heureuse que cet animal daigne lui accorder un peu d'attention. Si heureuse de constater que si les Qilins ne l'aimaient pas, c'était uniquement, car elle s'était elle-même convaincue que son cœur n'était pas pur.


  Plus loin, April venait de vider son troisième verre d'alcool, sans même en ressentir un seul effet. Selon elle.

  — C'est moi, où tu as mis ta robe à l'envers, Helena ?

  La sorcière qui avait bien vu qu'elle n'était pas entièrement sobre se contenta de sourire et l'arrachant à la table où l'alcool était servi pour l'éloigner.

  — Qu'est-ce que tu fais ?

  — Je t'éloigne de ce poison avant que tu ne te mettes à danser sur les tables. Parce que, déjà qu'en étant sobre, on ne sait jamais ce que tu es capable de faire, alors, alcoolisée, je ne te dis même pas.

  — Tu racontes n'importe quoi. Je vais très bien.

  Helena ne répondit rien et vit que le regard d'April avait changé. Elle fronça les sourcils alors que la sorcière lui demandait :

  — Tu as déjà été amoureuse, Helena ?

  La question la surprit et elle ne sut pas trop quoi dire.

  — Je... Je suppose, oui...

  Oui. La réponse était oui. Mais il était trop douloureux de l'admettre.

  — Même en ne faisant que le supposer, reprenait April, tu descends dans mon estime, ma chère.

  Helena ne sut pas comment réagir et elle n'eut de toute manière pas le temps de répondre, car April reprenait :

  — J'aimais mon frère. Non. J'aime mon frère. Ce genre d'amour est le seul auquel je crois.

  Une fois encore, Helena n'eut pas le temps de répondre, cette fois, car Thésée venait de s'asseoir à côté d'elle.

  — Tiens, fit April. Te voilà Mr Balais Dans le Cul.

  Il lança un regard interrogateur à Helena qui lui fit signe de ne pas y prêter attention.

  — Tout va bien ? demanda alors la sorcière, voyant l'air triste dessiné sur le visage du jeune homme.

  Il ne répondit pas tout de suite et l'aînée des Wilson comprit qu'il fixait Aysha, qui parlait avec Achilles. Pendant un instant, elle crut qu'il était jaloux, mais elle comprit rapidement que ce n'était pas exactement cela, lorsqu'il murmura :

  — Si je suis destiné à lui faire du mal, alors je la laisse partir. Je préfère la voir heureuse avec un autre, plutôt que malheureuse avec moi.

  Même April sut qu'il parlait d'Aysha et pendant quelques secondes, Helena crut qu'elle était de nouveau sobre, car elle répondit :

  — Ah bah, ça alors. C'est vraiment bizarre, hein, mais le fait que tu dises ça me donne envie de t'aider à aller vers elle. Le simple fait d'accepter de renoncer à elle pour la rendre heureuse prouve que tu es prêt à tout pour qu'elle soit heureuse, justement. C'est bien, mon p'tit gars, t'as fait tes preuves.

  Thésée ne sut pas quoi répondre.


  Un peu plus tard dans la soirée, Aysha aperçut Thésée qui n'avait pas l'air au meilleur de sa forme. Elle alla s'asseoir à côté de lui et demanda :

  — Ça va ?

  — Ouais.

  Aysha sut immédiatement - elle ne pourrait le dire comment - qu'il avait peut-être un peu trop abusé de boisson alcoolisée.

  — Jamais je n'aurais pensé que Mr Thésée Dragonneau, chef du bureau des Aurors du Ministère britannique de la Magie, se retrouve ivre au mariage de son propre frère.

  — Je ne suis pas ivre, rétorqua-t-il.

  —Et moi, je suis une licorne, railla la sorcière en français.

  Thésée tourna la tête vers elle, n'ayant absolument pas compris un mot de ce qu'elle venait de dire.

  — Laisse tomber. Faudrait peut-être que t'aille dormir. T'as une sale tête.

  — Leta avait raison.

  Aysha ouvrit la bouche, ne s'attendant pas à ce qu'il mentionne Leta, mais elle n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il reprenait :

  — Je suis content qu'elle ait réussi à te faire sortir de Ste Mangouste avant la date officielle.

  L'Occlumens resta bouche bée.

  — Quoi ? balbutia-t-elle. Leta a... Leta m'a fait sortir... Leta a avancé ma sortie ? Mais... Ça n'a aucun sens. C'est elle qui m'y a envoyé.

  — Ouais. Mais dès le lendemain de ton incarcération, elle a regretté. Elle a essayer de l'annuler et elle n'a pas lâcher l'affaire jusqu'à y parvenir. Quand elle t'a dénoncée, elle était très en colère. Après, t'as manquée de me tuer, alors, bon. Et puis, elle a réussi grâce à Abelforth.

  Aysha n'en revenait pas.

  — Elle n'a jamais cessé de t'aimer. Elle détestait te détester. Et même si elle t'en voulait pour ce que tu lui avais fait et dit, elle n'a jamais cessé de penser à toi et de te considérer comme une amie. Oh !

  Son attention venait d'être attiré ailleurs.

  — Un gâteau !

  Aysha resta de marbre.

  — Tina est belle. Bon... pas autant que toi, mais belle quand même.

  Même cette remarque n'eut aucun effet sur Aysha qui se leva. Elle laissa Thésée qui s'exclama :

  — Pourquoi tu me fuis ?

  Sans lui répondre, elle rejoignit Abelforth, assis seul à côté du buffet. Elle vint prendre place à côté de lui.

  — Aysha, murmura-t-il alors. Que me vaut le plaisir de cette venue ?

  — C'est Leta ?

  La question le prit de court.

  — C'est Leta qui vous a aidé à me sortir de Ste Mangouste ?

  Il hésita avant de hocher la tête.

  — Quand elle est venue me trouver, elle était désespérée. Elle s'en voulait terriblement.

  Aysha baissa la tête.

  — J'aurais aimé qu'elle soit là pour lui dire que je ne lui en veux pas.

  — Ça aurait posé un léger problème avec Thésée.

  Aysha n'était pas d'humeur, alors elle ignora cette remarque et continua :

  — Mais... Elle ne vous connaissait pas. La seule personne qui aurait pu la mettre en contact avec vous était Albus. Or, là-encore, c'est peu probable. Elle n'avait pas gardé contact avec lui et ne l'appréciait pas suffisamment pour y songer. Quelqu'un d'autre vous a aidés.

  Abelforth ne put qu'hocher la tête.

  — Thésée ? proposa immédiatement la sorcière.

  Le regard de l'Occlumens se figea dans celui du barman. Il y eut un silence avant qu'il ne réponde :

  — Tu as toujours été dotée d'une grande perspicacité, Aysha Wilson. En effet, c'est Thésée qui a contacté Dumbledore. Thésée a essayé de te sortir de ce pétrin dès lors qu'il a appris que Leta t'avait dénoncée.

  Une larme rebelle roula sur la joue de la sorcière.

  — Je ne l'avais jamais vu se battre pour quelque chose autant que celle-là.

  — Pourquoi ne me l'a-t-il pas dit ?

  — Il y a tout un tas de raisons, fit-il.

  Il y eut un nouveau silence. Aysha regarda alors l'ensemble des invités. Norbert qui discutait avec Tina. Queenie qui passait sa main dans les cheveux de Jacob. Eulalie qui s'était perdue dans un livre. April et Helena qui s'amusaient à faire danser Achilles. Kama qui discutait avec Albus. Thésée, de nouveau perdu dans ses pensées. Graves qui échangeait avec Nagini. Les parents de Thésée et Norbert qui dégustaient quelques gourmandises. Une pensée pour Croyance qui était à l'infirmerie. Les quelques animaux qui s'amusaient avec tout et rien.

  Aysha sourit face à ce spectacle.

  Elle voyait aussi Leta qui couvait du regard Norbert et Tina, heureuse pour leur mariage. Ses parents qui souriaient en observant Helena. Rose qui jouait avec un Niffleur. Ivan qui racontait tous les détails de son dernier match de Quidditch. Et cette jeune fille, plongée dans un livre d'Histoire…

  Ses yeux s'emplirent de larmes, alors qu'elle réalisait ce qu'elle avait finalement trouvé ici. Ce n'était pas une simple équipe partant à l'aventure. C'était une famille. Pour la première fois, elle se sentait capable d'aimer et d'être aimée.

  — Je crois que...

  Sa voix se brisa. Elle prit une grande inspiration, alors qu'Abelforth se tournait vers elle pour l'écouter. Et elle reprit :

  — Je crois que j'ai trouvé le titre de mon livre.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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