Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre vingt-neuf

  Le rire strident de Grindelwald retentit alors qu'il fixait Aysha.

  — Tu crois ?

  — Vous êtes seul à présent. Qui voudrait vous suivre maintenant ? Vos plus fidèles partisans sont à Azkaban. Et nous sommes plus nombreux que vous.

  — Le nombre ne fait pas tout, je pensais que tu le saurais, Aysha Wilson. Ta mère l'aurait compris, du moins

  — Ne parlez pas de ma mère.

  — Elle est autant ma sœur qu'elle est ta mère. Je parle d'elle si je le veux, répliqua le mage noir.

  — Vous n'en êtes pas digne. C'est à cause de vous qu'elle est morte.

  — C'est pourtant une version de toi qui l'a tuée.

  — Mais c'est vous qui êtes à l'origine de cette nécessité !

  Grindelwald ne répondit pas. Un silence étrange s'installa alors. Ils se fusillaient du regard et personne n'osait faire un seul bruit. Finalement, l'Occlumens détourna le regard pour le poser sur le corps de Sofia. Son cœur se serra. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'il venait de se passer. Sofia était morte. Sous ses yeux. Une nouvelle fois, elle n'avait pas été capable de la sauver après tout ce qu'elle avait fait pour elle.

  Plongée dans ses pensées, elle fut la dernière à remarquer que Grindelwald avait transplané, atterrissant bientôt devant eux. Elle recula brusquement, Thésée l'attrapant. Le mage noir s'approcha du corps de la défunte, fit une moue et posa son pied sur son épaule pour la tourner face contre terre.

  — Ne la touchez pas ! hurla Aysha.

  Il leva la tête vers elle, un sourire mauvais sur les lèvres. D'un simple mouvement de baguette, il s'enferma dans un bulle protectrice et leur tourna le dos.

  — Comment osez-vous nous tourner le dos !?

  Thésée resserra son emprise sur l'Occlumens, craignant qu'elle ne perde la raison et ne se jette sur le mage noir sans précaution. Ce dernier s'arrêta, se tourna alors et défit son bouclier avant de parer le sortilège lancé par Tina, le lui renvoyant. La jeune femme fut projetée quelques mètres plus loin. Norbert se précipita vers elle, inquiet. Un nouveau mouvement de baguette, Thésée se retrouva de nouveau sous l'emprise de l'Imperium. Ne parvenant pas à résister, il lâcha Aysha et la poussa violemment en avant avant de se précipiter vers Albus qui était totalement perdu face à cette situation. Il profita du manque d'attention de son ancien professeur pour lui arrâcher la baguette des mains et le maintenir immobile, les yeux témoignant encore de cette part de lui, qui n'avait plus la force de résister au sortièle impardonnable.

  Rongée par la colère, Aysha serra davantage sa baguette et se mit à courir, plongeant sur le mage noir qui, surpris, n'eut pas le temps de réagir. Mais alors que l'Occlumens venait de faire tomber le sorcier, il finit par la repousser violemment, attrapant sa baguette et la brisant en deux. Reprenant son souffle, Aysha recula, rampant sur le sol, et sa main buta bientôt contre un objet. Elle se retourna et vit qu'il s'agissait de la dague. Réprimant les souvenirs que l'arme provoquait, elle l'attrapa et se redressa se jetant de nouveau sur le sorcier, lui mettant l'arme au cou. Mais elle n'eut pas la force de faire plus. Grindelwald s'en moqua.

  — Alors ? Tu ne peux pas faire plus ?

  Son cœur battait la chamade. Elle secouait la tête, tentant de chasser les larmes qui brouillaient sa vue.

  — Vas-y, fais-le. C'est ce que tu es, non ?

  Elle décolla l'arme du cou du mage noir et la laissa tomber sur le sol, ce qui ne sembla pas le contenter, car il en profita pour jeter un sort. Aysha fut propulsée quelques mètres plus loin. L'impact fut rude. Elle était sûre qu'elle venait au moins de se briser une côte. Mais ce n'était pas ce qui la préoccupait le plus. Elle réalisait peu à peu ce qu'elle était en train de faire.

  Elle ne pouvait plus bouger. Elle souffrait trop. Elle pleurait aussi. La voix de Grindelwald n'arrangeait rien :

  — Et tu pensais pouvoir me battre ? Quelle pitoyable ambition.

  Aysha serra les poings, se répétant intérieurement la même chose :

  La fille aux larmes d'or gagnera. Je suis la fille aux larmes d'or. La fille aux larmes d'or gagnera. Je suis la fille aux larmes d'or.

  Elle arriva peu à peu à mettre sa douleur au second plan. Utilisant ce qu'il lui restait de force, elle se leva et fit de nouveau face à Grindelwald qui parut surpris de la voir se remettre debout.

  — Je me répète, articula-t-elle d'une voix forte. Vous allez perdre.

  Ignorant toujours la douleur, elle s'avança d'un pas rapide, sa chevelure blonde se mettant soudainement à briller comme si le soleil la faisait soudainement dorer. Ses yeux verts trouvèrent eux aussi une autre teinte, devenant aussi dorés que ses cheveux.

  Gellert était bouche bée face à ce soudain changement d'apparence. Face aussi à la colère dans les yeux de la jeune femme. Il n'eut pas le temps de réagir, alors qu'elle faisait léviter la voiture sans même avoir besoin de sa baguette, qui était à présent brisée. Le véhicule fut envoyé sur le mage noir qui l'évita de peu, forcé de reculer, ayant reçu un choc tout de même.

  Alors que l'Occlumens se mettait à courir vers lui, il attrapa la dague à présent à ses pieds et la pointa vers elle, mais la porte de la demeure s'ouvrit subitement et April apparut. Aysha s'arrêta et le mage noir fit de même, la jeune femme se retrouvant alors la cible de ces regards qui exprimaient à la fois peur et affection. April sentit son cœur se serrer alors qu'elle levait sa baguette vers le mage noir, les larmes aux yeux.

  — Ne touche à aucune mèche de ses cheveux ou je te promets que toute la réserve qui me reste quant à te laisser en vie disparaîtra. Une seule de ses larmes coule par ta faute, je me ferai une joie de récolter les tiennes par milliers pendant que tu croupiras dans ta prison.

  Le mage noir ne savait pas quoi dire. Il fixait celle qu'il considérait comme sa fille, le poignard toujours dans sa main, les mots qu'elle venait de lui adressant semblant s'enfoncer dans son cœur comme des milliers de lames.

  — April, ma fille... murmura-t-il finalement.

  — Comment oses-tu me désigner comme étant ta fille après tout ce que tu m'as fait subir. À moi, mais aussi à Anthony. Tu as tué mon frère. Jamais je ne te le pardonnerai. Et je préférerai mourir que devoir t'appeler papa encore une fois. Parce que j'ai appris, grâce à Albus, grâce à Abelforth et tant d'autres personnes qui ont tant représenté pour moi que ce n'était pas le rôle d'un père que tu jouais. Tu voulais être un chef, un commandant et tu voulais que nous soyions tes petits soldats qui suivraient tous tes ordres. Mais ce n'est pas comme ça qu'est censé fonctionné une famille. Nous n'étions qu'une escouade défaillante. Ma famille est autre part. Aysha est ma famille. Plus que quiconque en ce monde. Et je suis bien navrée de l'admettre face à toutes ces personnes qui sont importantes à mes yeux. Aysha a été l'unique personne qui malgré toute sa douleur était prête à accepter celle des autres. Celle qui pensait être hypocrite, alors qu'elle l'était autant que moi. Celle que j'étais prête à sauver aux dépends de ma propre vie. Avant elle, je n'étais rien. Depuis elle, je suis quelqu'un. J'ai enfin eu l'impression de compter pour quelqu'un, pas par obligation, mais parce que je représentais une personne qu'ils étaient prêts à apprécier. Aysha représente plus que quiconque parce qu'elle m'a donnée une raison de me battre pour vivre. Je l'aime plus que comme une sœur, plus que n'importe qu'elle être puisse en aimer un autre. Sa force me prouve que je suis capable de surmonter les épreuves les plus dures de ma vie. Son courage me donne la bravoure d'accomplir tout ce que rêve de faire. Peu importe la distance qu'il peut y avoir entre nous, nous serons toujours unies par ce lien puissant qui ne peut être rompu, même par la mort. Si elle meurt, je meurs avec elle. Parce que nous sommes à l'autre ce que l'oxygène est à l'humain. Essentiel, indispensable. Tes promesses sont des mensonges que j'ai arrêtées de croire. La seule chose, la seule personne en qui je crois, est Aysha.

  April n'avait pas adressé un regard à sa meilleure amie durant sa tirade, mais Aysha la fixait, les yeux emplis de larmes, son cœur se gonflant d'une émotion sur laquelle elle ne pouvait mettre de mot. Elle avait envie de pleurer, de la prendre dans ses bras et de ne jamais la lâcher. De lui dire à elle aussi tout ce que son cœur ressentait pour sa meilleure amie, son essentielle. Mais les mots ne pouvaient sortir de sa bouche, car ils n'en existaient pas d'assez forts pour décrire à quel point April était importante pour Aysha. Elle, qui savait aussi bien joué avec les mots que sa mère, ne pouvait que compter sur le silence pour transmettre tout ce qu'elle avait à dire à sa meilleure amie.

  — Tout ce que j'ai fait, depuis le début, reprit soudainement Gellert en s'approchant de quelques pas de celle qu'il appelait encore sa fille, n'était que dans l'optique de nous offrir le meilleur avenir. J'ai fait de mauvaises choses, j'en ai conscience. Mais cela n'avait que le but d'obtenir tout ce dont on avait le droit. Pourquoi se cacher des Moldus ? Pourquoi se sentir honteux de la magie qui coule en nos veines alors que nous devrions l'exhiber comme un trophée.

  Il continuait de s'avancer vers April qui ne bougeait pas, et lorsqu'il arriva devant elle, il posa sa main sur sa joue et reprit :

  — Je peux t'offrir le futur que tu mérites et réparer toutes mes erreurs. Devenir le père que tu as toujours mérité. Je peux changer les choses, pour le plus grand bien. J'ai tué des personnes qui devaient être tuées pour faire avancer les choses. Je n'aurais jamais choisi un régime de terreur. Je ne voulais que notre paix à nous. Je ne voulais qu'obtenir notre liberté, ce qui nous été dû. Je ne pouvais continuer d'accepter à nous faire malmener par ces Moldus qui n'en connaissent pas assez en magie pour en avoir peur. Et tu pourrais m'aider à obtenir cette destinée. Nos chemins sont tracés. Nous devons nous battre, ensemble pour notre liberté, pour nos droits. Attrape la main que je te tends, April.

  Il tendit la main dans lequel il tenait le poignard et l'ouvrit, comme une manière de permettre à April de choisir ce qu'elle devait faire. Le rejoindre en acceptant d'attraper la main qu'il lui tend afin de batir le futur auquel il aspire, ou prendre l'arme et le tuer lui et tout ce qu'il espérait entreprendre.

  Les yeux d'April se posèrent sur Albus, toujours maintenant vers un Thésée qui n'avait aucun contrôle sur lui-même. Puis sur Aysha qui semblait totalement impuissante, le visage tordu par la douleur que lui infligeait sa blessure. Leurs yeux se rencontrèrent et April sentit son cœur explosait alors qu'elle comprenait tout ce que son essentielle aurait voulu lui dire.

  Elle se tourna de nouveau vers Grindelwald et tendit la main, attrapant délicatement le poignard, alors que le mage noir affichait un air déçu qu'April vit. Il ne bougea pas, attendant simplement. April jeta un regard à Albus, une nouvelle fois, et prit conscience d'une chose.

  Une larme roula sur sa joue alors qu'elle réalisait ce qu'elle devait faire. Albus n'aurait pas la force de s'opposer à Grindelwald. Pas tant que...

  Elle leva l'arme et Gellert ferma les yeux, se préparant. Mais le coup ne vint pas. Le cri d'Aysha le força même à les ouvrir de nouveau.

  Il vit alors ce qu'il s'était réellemment passé. Il ne vit pas Aysha se ruer vers eux. Tout ce qu'il vit, ce fut la jeune femme face à lui, tituber, le poignard planté dans l'abdomen, du sang s'écoulant abondamment. Il se retrouva figé face à cette scène, alors qu'Aysha atteignait April pour l'attraper avant qu'elle ne tombe sur le sol.

  — Non ! hurla Albus, toujours retenu par Thésée.

  Ce cri finit de briser le cœur d'Aysha qui se mit à terre pour poser la tête de son amie dans le creux de son bras.

  — April... murmura-t-elle. Non, non. Je t'en supplie.

  April leva la main avec difficulté pour la poser sur la joue de l'Occlumens.

  — Aysha... balbutia-t-elle. Je suis désolée... Il... Il le fallait.

  — Ne t'excuse pas... Ne t'excuse jamais, April. Pour rien au monde.

  Un faible sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme et des larmes commencèrent de nouveau à s'écouler de ses yeux, alors que ceux d'Aysha s'humidifiaient.

  — N'oublie jamais... qui tu es... marmonna April. Promets-le moi.

  — Je t'en fais la promesse, mon Chrysanthème.

  — Je t'aime, mon p'tit Niffleur, réussit-elle à articuler.

  — Moi aussi, je t'aime.

  Elle essayait de lutter, ses mains tentant de s'accrocher toujours plus au bras de son essentielle. Elle toussa, du sang sortant de sa bouche.

  — J'ai... J'ai peur, Aysha, sanglota-t-elle.

  Ses yeux n'arrivaient plus à fixer un point, elle regardait de droite à gauche sans parvenir à poser sont attention sur la jeune femme qui la tenait toujours dans ses bras, des larmes lui échappant.

  — Ça va aller, chuchota Aysha, d'une voix tremblante. Tout va bien se passer. Tu peux partir maintenant. Tu as le droit à la paix. Tu peux arrêter de te battre.

  Ces mots semblèrent aider April à poser ses yeux sur sa meilleure amie. Elle lui adressa un sourire, sincère et lumineux, à travers ses larmes de peur et de douleur, d'amour et de haine. La vie quitta ses yeux au moment où Aysha lui rendit son sourire. L'Occlumens leva doucement la main pour venir fermes les paupières de la jeune femme dont les lèvres laissaient encore apparaître le fantôme d'un sourire. Elle se pencha ensuite pour embrasser le front de sa meilleure amie, des larmes roulant sur ses joues pour venir s'écraser sur le visage de la défunte, qui restera éternellement gravée dans le cœur et l'âme d'Aysha. Les larmes étaient étranges. Elles n'étaient pas totalement translucides. Semblant s'accorder avec ce surnom qu'on lui donnait, elles avaient pris une teinte autre. Aysha pleurait des larmes d'or. Comme si son cœur laissait exploser sa propre peine en dévoilant sa véritable nature.

  Aysha leva doucement la tête vers Thésée et Albus et s'exclama, la voix tremblante :

  — Thésée ! Je t'en supplie !

  L'homme la regardait et elle comprit qu'il n'était plus sous l'emprise de l'Imperium. Grindelwald semblait ne plus pouvoir continuer de le lui imposer. Le temps semblait s'être arrêté autour d'eux. Le chef du bureau des Aurors avait lâché Albus, et son visage laissait transparaître culpabilité de ne pas être parvenu à résister au sortilège, effarement face à la scène qui lui avait été offerte et accablé d'avoir ainsi vu son amie s'être ôter la vie devant eux.   Albus était resté à terre, incapable de bouger, fixant sa fille.

  — Dumbledore ! hurla alors l'Occlumens. C'est à vous, maintenant !

  Aysha avait compris l'acte d'April sans qu'elle n'ait eu besoin de l'expliquer. Ce n'était pas à Aysha de battre Grindelwald. Elle ne pouvait le faire. Non pas parce qu'elle n'en était pas capable, mais parce que ce n'était pas son rôle. Elle avait déjà assez fait. Elle avait fait ce qu'elle devait faire. Mener Albus vers Grindelwald et lui permettre de s'opposer avait été possible grâce à April. Parce qu'en se donnant la mort, sachant qu'elle ne pourrait elle-même tuer le mage noir, elle avait permis au professeur de se battre face à cet homme.

  Le professeur cligna plusieurs fois des yeux, alors que Thésée s'approchait d'elles, tandis que Gellert reculait.

  — Albus ! s'exclama de nouveau Aysha pour le faire réagir. C'est à vous, maintenant !

  Il secoua la tête, se leva en serrant sa baguette et fit face à Grindelwald qui reporta son attention sur lui. Tous deux se fixèrent, touchés par le même sentiment de perte, étouffés par une absence récente qu'ils ressentaient pourtant déjà profondément en eux, mais surtout conscients qu'ils venaient de perdre leur fille sous leurs yeux et qu'elle représentait le dernier lien qui les unissait, le dernier rempart avant de pouvoir s'opposer l'un à l'autre, de mettre définitivement fin à tout ce qui les avait unis.

  Albus leva sa baguette et, tel un miroir, Gellert fit de même. Leurs mains tremblaient, mais leurs yeux n'exprimaient plus que de la colère, comme si chacun remettait sur l'autre la faute de la mort de leur fille.

  — Alors... tu es prêt à te battre ? demanda sarcastiquement le mage noir.

  — Maintenant, plus que jamais, répondit le professeur en le fixant intensément.

  — Qu'en est-il de tes sentiments pour moi ?

  Albus s'approcha à grands pas, le défiant du regard, avant de lui donner une réponse :

  — Ils sont partis en même temps que notre fille.

  — Qui va t'aimer à présent ?

  Il ne répondit pas et lança un premier sortilège que le sorcier para. S'enchaîna alors un duel des plus phénoménales que l'histoire avait pu connaître. Les sorts fusaient, s'entremêlant, s'opposant. Les deux sorciers s'en sortaient chacun habilement, le monde autour d'eux ayant subitement disparu. Leur combat était tout ce qui existait pour eux. Ils se battaient pour le monde, mais aussi pour eux, pour leur cœur qui continuait de battre sans l'autre, pour cet amour qu'ils ne voulaient plus. Ce n'était pas seulement face aux idées de l'autre qu'ils voulaient gagner. Ils voulaient tuer la dernière once de bons sentiments qu'ils pouvaient ressentir l'un pour l'autre.

  Albus parvint soudainement à le désarmer, mais il resta un instant planté sans rien faire, incapable de faire quoi que ce soit. Son regard croisa celui d'Aysha qui le fixait. Elle était toujours sur le sol, la peau trop pâle, sûrement aussi bien pour la mort d'April que pour la fracture de l'une de ses côtes. Thésée était près d'elle. L'Occlumens cligna une fois des yeux. Une manière silencieuse de dire qu'il pouvait le faire.

  Reprenant son souffle, il attrapa la baguette du mage noir tombée à ses pieds et s'en servit alors pour ligotter le mage noir qui ne put qu'ouvrir de grands yeux. Le professeur s'approcha de lui, toujours la baguette pointée vers lui. Tentant de garder de la contenance, Grindelwald marmonna :

  — Est-ce là que cela nous mène ? Notre plus grand bien...

  — Ce n'était plus que le tien. Plus celui des autres, ni du mien, rétorqua Albus.

  — Et que vas-tu faire maintenant ?

  Alors que les mots venaient de lui échapper, plusieurs craquements se firent entendre. Une dizaine de sorciers, tous Aurors, venaient d'apparaître, les entourant. Tous étaient déjà prêts à se défendre si besoin, mais ils semblèrent baisser leurs gardes lorsqu'ils virent la scène qui leur était offerte. Norbert et Tina venaient de réapparaître, la jeune femme ayant été violemment secouée, alors qu'Albus avait toujours sa baguette pointée sur le mage noir et qu'Aysha était toujours à terre, tenant le corps de sa meilleure amie, soutenue par Thésée. Le corps de Sofia reposait aussi toujours sur le sol.

  Le chef du bureau des Aurors se leva alors et annonça de la voix la plus ferme possible :

  — Le mage noir Gellert Grindelwald vient d'être arrêté.

  — Il croupira dans sa propre prison, Nurmengard, fit alors la voix d'Aysha qui avait le regard vide. C'est ce qu'il mérite.

  Les Aurors autour d'eux ne savaient pas vraiment comment réagir et, bientôt, certains se décalèrent, laissant passer le Ministre de la Magie.

  — Qu'on s'exécute. Gellert Grindelwald finira sa vie à Nurmengard. Professeur Dumbledore...

  Le concerné se tourna vers lui.

  — Beau travail.

  — Je n'ai pas été...

  Ses yeux rencontrèrent ceux d'Aysha qui secouait négativement la tête et il se reprit :

  — Merci.

  — Qu'on emmène Mme Dragonneau et Mlle Wilson se faire soigner.

  Les battements de cœur d'Aysha s'accélérèrent, mais le ministre précisa alors :

  — Qu'on les mène dans mes appartements pour qu'on vienne s'occuper d'elles directement là-bas. Et emportez les corps de Mlle Sofia Taylor et Mlle April Will avec toute la dignité qu'elles méritent. Elles ont participé à la fin de la guerre et à la chute de Gellert Grindelwald. Elles méritent tous les honneurs.

  Aysha ne put que le remercier silencieusement, sentant la douleur de sa côte lui retomber soudainement dessus.

  Des Aurors s'approchèrent alors du mage noir et le forcèrent à avancer en le faisant léviter sans qu'il ne puisse bouger. Cependant, lorsqu'il passa près d'Aysha, il marmonna :

  — Tu ne trouveras jamais la paix.

  — Au contraire, fit-elle, malgré sa douleur. Vous venez de me l'offrir.

  Grindelwald ne put rien répondre, car on l'emmena bien plus loin, alors que Thésée tenait toujours fermement Aysha, comme s'il avait peur qu'il puisse la perdre à tout moment.

  — Je suis désolé, murmura-t-il.

  L'Occlumens leva la tête vers lui, réprimant une grimace, et comprit qu'il parlait de ce qu'il avait fait sous l'emprise de l'Imperium.

  — Ne le sois pas, réussit-elle à répondre. Tu n'y es pour rien. Ce n'est pas ta faute.

  Le regard de l'homme se posa sur April qui donnait l'impression de dormir à présent.

  — Tu n'es pas responsable, lui assura l'Occlumens. Aucun d'entre nous ne l'est.

  Elle lui sourit, même si elle savait qu'une part d'elle était morte ce jour-là. April avait toujours été bien plus qu'une amie. La mort de cette dernière était aussi celle d'Aysha. Une part de son âme était restée avec sa meilleure amie. Elle le savait. Tout autant qu'elle avait conscience que des années plus tôt, elle n'aurait jamais pu se relever après cela. Mais, à ce jour, assez de personnes lui permettaient de tenir le coup. Elle avait une fille qui devait sûrement s'inquiéter quant à son absence. Elle avait Norbert et Tina qui étaient d'un grand soutien pour elle. Elle avait Queenie et Jacob, des soleils dans sa vie. Elle avait Rose, le sucre dans le café noir. Elle avait Harry, Kate, Jimmy et Nicolas, des couleurs dans son quotidien. Elle avait Abelforth et Albus, des guides lorsqu'elle se perdait dans l'obscurité. Et elle avait Anne, une seconde mère.

  Mais surtout, elle avait son Âme Tourmentée qui lui donnait la force de vivre chaque jour peu importe les épreuves qu'elle aura à relever.

  À ce jour, 19 novembre 1945, la Guerre Mondiale des Sorciers venaient de prendre fin. Ils allaient enfin pouvoir trouver la paix.

  À ce jour, 19 novembre 1945, April Will et Sofia Taylor trouvèrent la mort, devenant les héroïne d'une aventure à laquelle elles n'avaient jamais voulu participer.

  À ce jour, 19 novembre 1945, Albus Dumbledore était félicité pour avoir battu en duel Gellert Grindelwald, le plus grand mage noir de leur temps.

  À ce jour, 19 novembre 1945, Aysha Wilson devint la fille aux larmes d'or et prouva qu'elle n'était pas une meurtriètre.

  À ce jour, 19 novembre 1945, il y eut plus de deux morts. Les reflets dans les miroir devenait éprouvant, et le simble fait de vivre était une douleur, source de culpabilité. Les survivants souffraient de ne pas être morts comme certains qui les accompagnaient.

  À partir de ce jour, cependant, leur lien, déjà infiniment fort, ne fit que grandir. Les mains qu'ils se tendaient s'attrapaient les unes et les autres pour ne jamais se lâcher. Ensemble, ils avançaient, malgré la douleur, malgré les pleurs.

  Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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