Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre trente

2 juin 1946

  Aysha venait de terminer de donner tout un tas d'informations sur le devoir à rendre la semaine suivante sur le sortilège de Disparition ou, du moins, son côté théorique. Le cours n'étant pas fini, la jeune femme se tourna vers ses élèves et demanda :

  — Des questions ?

  Une seule main, hésitante, se leva. Aysha sourit à la jeune fille et lui donna la parole.

  — Je... hésita-t-elle. Ça n'a pas vraiment de rapport, mais... Je voulais savoir... Est-ce que tout est vrai en ce qui concerne ladite puissante de Gellert Grindelwald ?

  L'Occlumens ne fut pas la seule surprise d'une telle question, car plusieurs autres élèves se tournèrent vers la jeune fille, tandis qu'un autre commentait d'un ton moqueur :

  — En effet, ça n'a rien à voir avec la Métamorphose.

  — Avec un ton pareil, j'imagine que tu peux lui apporter une réponse ? intervint alors Aysha.

  L'élève se terra dans le silence, les joues rouges, alors que des rires fusaient déjà.

  — Ce n'est pas la peine de vous moquer, intervint la Métamorphomage. Surtout que beaucoup ont dû penser comme lui. Le ton moqueur n'était cependant pas nécessaire, car je suis en réalité plus disposée que vos autres professeurs pour vous répondre. Mlle Harris, je vais donc vous accorder une réponse.

  Elle lui adressa un sourire, l'élève reprenant un peu constance.

  — Gellert Grindelwald était très puissant, c'est vrai. Pendant longtemps, nous avons imaginé qu'Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald avait une puissance équivalante. Pourtant, il y a quelques temps, nous avons eu une réponse. Albus Dumbledore a battu le mage noir. Mais il y a bien plus de choses à prendre en compte que la puissance magique dans cette histoire. On ne peut pas clairement dire qui des deux était le plus puissant. Peut-être que Grindelwald a simplement eu un moment de faiblesse ? Nous ne pouvons pas savoir. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas faire des déductions sur un seul événement dont nous n'avons pas tous les éléments pour clairement identifier tous les détails.

  — Vous dites alors que Grindelwald était possiblement plus puissant que Dumbledore ? s'étonna un autre élève.

  — Enfin, le plus important, c'est quand même de savoir que c'est le professeur Wilson la plus puissante des trois.

  Aysha se tourna vers l'élève ayant dit cela et haussa les sourcils, partagée entre l'amusement et l'exaspération.

  — Mr Dragonneau, fit-elle en secouant la tête, cette remarque n'est ni pertinente, ni véridique.

  — Moi je dis que si.

  — Je suis d'accord avec Jimmy ! intervint alors sa voisine qui, contrairement au garçon portant les couleurs de Poufsouffle, était dans la maison Serpentard.

  — C'est normal, c'est ta mère, lui fit remarquer l'élève derrière elle.

  Une fille leva alors la main et Aysha en profita pour mettre fin à leur discussion pour l'interroger :

  — Ce qui m'étonne et m'impressionne surtout, c'est que vous êtes Métamorphomage, mais vous gardez une même apparence quasiment constamment. Comment faites-vous pour garder un tel contrôle sur vos sentiments ?

  L'Occlumens cligna des yeux, surprise, n'étant pas préparée à ce que son cours se transforme en interrogatoire.

  — Eh bien, hésita-t-elle. Parfois, pour certaines personnes, ce ne sont plus les sentiments en eux-mêmes qui ont un impact sur notre apparence. Parfois, nous avons tellement été forcés dans notre vie à maîtriser nos sentiments que nous avons réussi à faire porter le poids de notre don à quelque chose d'autre que nos sentiments. Un Métamorphomage peut prendre l'apparence de ce qu'il veut, même s'il est vrai que ses émotions ne lui permettent pas d'avoir un total contrôle sur le don.

  — Dans votre cas, qu'est-ce qui impacte votre don ?

  L'Occlumens resta un instant silencieuse, ne sachant pas vraiment quoi répondre sur le coup, bien qu'elle connaissait parfaitement la raison de son si grand contrôle sur son don. Finalement, elle inspira pronfondément et répondit :

  — Des personnes à qui je suis attachées. Pour maîtriser mon don au détriment de mes émotions, je l'associe à des personnes qui me sont chères. Au final, c'est assez proche, car des sentiments sont associés à ces personnes, mais cela me permet d'avoir un meilleur contrôle. Par exemple, j'ai les cheveux de ma mère et les yeux de mon père. Les tâches de rousseur sur mon nez me viennent de Thésée et Norbert Dragonneau, qui, connaissant votre curiosité, comme vous le savez, sont le père de ma fille et mon beau-frère. Quant à ma couleur de peau, elle me vient d'une amie que je m'étais faite à Beauxbâtons, Rose. En associant chaque partie de mon corps à une personne qui compte pour moi, je peux garder un certain contrôle.

  — C'est incroyable, commenta un élève. Vous pouvez prendre l'apparence parfaite alors et plaire à tout le monde !

  — L'apparence parfaite et plaire à tout le monde ? répéta Aysha. Non.

  — Comment ça ?

  — Eh bien, je ne peux pas prendre une apparence qui sera parfaite pour tout le monde.

  Les élèves regardaient la jeune femme avec des airs de merlans fris, ne semblant pas comprendre ce qu'elle racontait.

  — C'est vrai, reprit-elle. L'apparence parfaite différe selon les personnes.

  Voyant que personne ne semblait saisir ce qu'elle disait, elle s'assit sur son bureau et désigna un élève au hasard :

  — Mr Manster, dites-moi, quel est votre avenir de rêve, celui qui serait parfait pour vous ?

  Le garçon la fixa longuement, incapable de répondre.

  — Peu importe, enchaîna alors Aysha. Je sais que si je vous avais demandé à tous, vos réponses auraient été différentes. Pourquoi ? Parce que la perfection universelle n'existe pas. Parce que la perfection est subjective. Elle est propre à chacun de nous. Par conséquent, ce n'est pas en s'obstinant à atteindre une perfection commune à tous que nous réussiront. La seule perfection que nous pouvons nous permettre d'atteindre est celle que nous aurons nous-mêmes définie. Même si beaucoup font l'erreur de se changer eux-même, plutôt que de changer leurs critères, pour atteindre leur perfection.

  Ses élèves restèrent silencieux, incapables de pleinement saisir ce qu'elle venait de dire. Amusée, Aysha se remit debout et, souriant, reprit :

  — Ne vous inquiétez pas, vous ne serez pas évalués sur cela. Cependant, pensez-y. Cela peut-être utile. Bien plus que la métamorphose que vous apprenez avec moi ou le professeur Dumbledore. Allez ! Sortez ! Vous avez bien travaillé ! N'hésitez pas à venir me voir si vous avez besoin d'aide pour quelque chose ou juste pour parler.

  Tout en saluant leur professeure, les jeunes sorciers rangèrent leurs affaires, discutant, et sortirent rapidement entre eux. Un élève passa devant Aysha pour rejoindre Jimmy et Helena qui traînaient à ranger leurs affaires.

  — Grouillez-vous tous les deux ! J'ai faim.

  — T'es vraiment un estomac sur patte, Lunaire ! s'amusa Helena en le poussa gentiment.

  — C'est vous les moineaux ! Et encore, je suis sûr que les moineaux mangeraient plus que vous.

  Aysha sourit, amusée par cette discussion. Elle dut cependant revenir à la réalité, car Lunaire s'était justement tourné vers elle.

  — J'ai trouvé votre cours vraiment intéressant ! J'adore votre manière d'enseigner ! C'est très novateur et ça change des autres professeurs ! C'est un peu le seul cours où je n'ai pas envie d'être ailleurs.

  — C'est très gentil, Lunaire. Merci à toi.

  Le garçon sourit, ravi.

  — Je suppose que je te verrai cet été ? le questionna la jeune femme avec un clin d'œil.

  Ses joues rougirent en même temps que celles d'Helena alors que Jimmy éclatait de rire. Aysha secoua la tête et les invita à sortir, leur souhaitant un bon appétit.

  À peine furent-ils sortis que quelqu'un frappa à la porte. L'Occlumens leva la tête et se trouva surprise de voir le professeur Slughorn.

  — Horace ? s'étonna-t-elle. Que me vaut l'honneur de ta visite ?

  — Je ne fais que passer. Je viens d'avoir les élèves de dernière année avec notre ami Jedusor.

  — Oh.

  — Il avait l'air étrange.

  — Ça ne t'empêche pas de l'inviter à toutes tes soirées privées.

  Le professeur de potions la jaugea un instant du regard.

  — Si je t'avais eu comme élève, je suis certain que tu y aurais été.

  — Je ne serais jamais venue.

  — Je sais que tu désapprouves fortement cela.

  — C'est un jugement et une différenciation faite entre les élèves, l'interrompit-elle. C'est à la fois injuste et stupide, car tu favorises les bons élèves ou ceux venant d'une famille importante.

  — Helena en fait partie, pourtant.

  — Peu importe. C'est injuste pour leurs camarades. C'est déjà assez difficile à leur âge de ne pas se comparer les uns aux autres, ou d'ignorer les avis extérieurs, pour qu'on leur rende la tâche plus difficile encore.

  Le professeur ne répondit rien, haussant simplement les épaules.

  — Bien, je vais aller manger. Bon appétit.

  Il ne répondit rien, sortant avant elle ce qui lui permit de fermer sa salle. Au lieu de se diriger vers la Grande Salle, elle se rendit cependant à une autre salle de classe où elle ne fut pas surprise de trouver Albus Dumbledore en train de corriger des devoirs. Elle frappa à la porte et il leva la tête vers elle.

  — Salut Aysha, fit-il alors. Bonne journée ?

  — Oui. Je voulais vous poser une question.

  — Je t'en prie.

  L'Occlumens entra et vint s'asseoir sur l'une des tables, face à son collègue, avant de demander :

  — Que pensez-vous de Tom Jedusor ?

  — Cela fait plusieurs fois que tu me poses la question.

  — Vous ne m'avez jamais donné de réelles réponses. Je veux dire... Son beau-frère, Morfin Gaunt, a été accusé du meurtre du père et des grand-parents de Jedusor l'année dernière ou l'année d'avant, je ne sais plus, il s'est retrouvé impliqué dans l'histoire avec la Chambre des Secrets... Je n'ai pas confiance en lui. C'est tout.

  — Je veux bien te croire.

  Albus ne put rien dire de plus, car quelqu'un venait de frapper à la porte. Aysha se retourna et un sourire étira ses lèvres lorsqu'elle reconnut qui venait d'arriver.

  — Hagrid ! Quelle joie de te voir !

  — Et moi de même, Aysha. Je voulais passer à ta salle de classe, car ta fille a oublié un livre la dernière fois qu'elle est venue me rendre visite. Et comme ce n'est pas n'importe lequel, je tenais à lui rendre, mais elle est toujours entourée d'un tas de personnes alors il est difficile de l'aborder.

  — Ce n'est pas faux, s'amusa l'Occlumens en s'approchant du garde-chasse pour venir prendre le livre qu'il lui tendait.

  Elle fut surprise de découvrir l'un des ouvrages de sa propre mère : Le loup, le chien, le rat et le cerf : contes et dires d'une nuit.

  — Ah ! fit soudain Hagrid. Et tu diras à Norbert que notre amie à huit pattes va très bien !

  Aysha sourit, sachant tout à fait qu'il parlait d'Aragog.

  — Ce sera fait.

***

23 juillet 1946

  — Nom d'une génoise ! s'exclama soudainement Jacob. Rose ! Harry ! Arrêtez de crier dans toute la maison !

  — C'est Rose qui m'a volé ma part de gâteau !

  — N'importe quoi ! hurla la jeune fille. J'ai rien volé du tout ! C'est lui qui ment !

  — Mes sucres d'orge, intervint Queenie. Calmez-vous. Discutez dans le calme.

  — Ah, ces adolescents, s'exaspéra Anne en souriant, une tasse de thé dans la main. J'en ai élevé deux. Ils étaient moins bruyants, mais beaucoup moins intelligents que Rose et Harry.

  — Maman !

  La voix venait de la cuisine et appartenait à Thésée.

  — Je t'entends, tu sais.

  — Justement.

  Aysha, assise à côté de la vieille femme, éclata de rire face à cette réponse aussi directe. Thésée apparut alors et lui lança un regard faussement énervé, ce qui accentua son fou rire. Il vint alors se mettre à côté d'elle et croisa les bras jusqu'à ce qu'elle retrouve son calme.

  — Tu te moques de moi, ou je rêve ? demanda-t-il en plissant les yeux, un sourire moqueur étirant ses lèvres.

  — Non ! Pas du tout. Je ne me moquerai jamais de toi.

  — Maman !

  Cette fois, c'était Helena qui venait de crier avant d'apparaître dans le salon à son tour.

  — Oui, Helena ?

  — Oncle Norbert et Tante Tina ont croisé un Oiseau-Tonnerre en Arizona ! C'était écrit dans leur lettre !

  — Incroyable ça !

  — J'aurais trop aimé y aller avec eux.

  — On ira, lui promit sa mère. Et Lunaire pourrait venir avec nous.

  — Maman !

  La jeune fille s'empourpra, quittant rapidement la pièce, ce qui fit rire les personnes présentes dans le salon. Thésée posa ses mains sur les épaules d'Aysha.

  — Vous deux, vous serez toujours un parfait duo en ce qui concerne les histoires d'amour des autres, s'amusa Jacob.

  — Ce sont des entremetteurs dans l'âme. Si occupés à mettre leur nez dans les affaires des autres qu'ils ne s'occupaient plus d'eux-mêmes, ajouta Queenie.

  — Non ! Mais ! s'exclamèrent en même temps Aysha et Thésée.

  — Ils sont connectés en plus, se moqua gentiment Anne avec un clin d'œil.

  — De parfaites Âmes Tourmentées, approuva Eulalie, assise à la table et étant restée silencieuse pendant un moment.

  Aysha et Thésée lui sourirent, tandis qu'Anne approuvait :

  — Oui. De parfaites Âmes Tourmentées.

***

24 décembre 1946

  Le soleil peinait à se lever à cette heure matinale de la journée, ses rayons se reflétant sur le manteau blanc de la neige. Les rues étaient presque désertes, le froid ayant invité tout le monde à rester chez eux afin de préparer le réveillon de Noël ou simplement rester au chaud. Cependant, trois personnes laissaient leurs pas se dessiner dans la neige, emmitouflés dans des manteaux épais. La plus jeune avait atteint les quinze ans quelques jours plus tôt. Sa chevelure, qu'elle appréciait garder brune depuis la fameuse date du 19 novembre 1945, était coincée sous une épaisse écharpe en laine alors qu'elle avançait, plongée dans ses pensées. Derrière elle, ses parents la suivaient à grands pas, leurs bras entremêlés.

  Ce ne fut que lorsqu'ils arrivèrent devant une grille qu'ils s'arrêtèrent pour l'ouvrir et pénétrer ce lieu annoncé par le panneau devant l'entrée : Cimetière de Highgate. Dans un silence respectueux, ils avancèrent dans l'allée jusqu'à la tombe où était inscrit le nom suivant : April Jane Will.

  La jeune Helena s'avança afin de déposer délicatement le bouquet de chrysanthèmes qu'elle tenait fermement, refusant de le lâcher. Chaque jour, ils venaient se recueillir sur sa tombe, déposer ces fleurs, symbole de qu'April était pour eux. Ils attendaient ensuite un long moment, en silence, se remémorant tous ces instants qu'ils avaient passé ensemble. Ils s'écartaient ensuite pour venir se recueillir devant les autres tombes du cimetière qu'ils s'occupaient d'entretenir : Helena, Richard et même Dean et Sofia. Tous avaient trouvé une place ici. Seul Kama n'avait pas été enterré ici.

  Alors que Thésée et sa fille s'éloignaient déjà, Aysha resta plantée dans la neige. Le sorcier se tourna vers elle, la questionnant du regard. Elle leur fit signe de continuer sans elle, ce qu'ils firent sans difficulté, conscients qu'elle avait besoin de passer un peu de temps seule. Lorsqu'ils furent assez loin, Aysha sortit un parchemin de sa poche et murmura :

  — Salut April. Il est toujours étrange de te parler ainsi et je sais que tu te moquerais de moi, mais j'en ai besoin. Cela fait plus d'un an que tu nous as quittés. Bon sang, je... Je ne savais qu'une absence pouvait nous étouffer à ce point. Tu me manques chaque seconde qui passe et je regrette de ne jamais avoir su mettre de mots sur ce que je ressentais pour toi, April. La réalité c'est qu'il n'y en avait pas d'assez forts. J'aurais pu crier sur tous les toits, à en perdre la voix, que tu la personne la plus merveilleuse qu'il m'ait été donné de connaître. Tu es ce mélange parfait entre l'égoïsme et l'altruisme. Tu savais où poser les limites. Et je t'ai admirée pour cela. Mais je crois, qu'il y a une chose que j'ai toujours rêvé de vouloir te dire. Tu es à mon âme ce que l'oxygène est à l'humain. Ton absence m'étouffe. Mais chaque fois que je pense à toi, ce ne sont pas seulement des larmes qui emplissent mes yeux, mais aussi le sourire qui étire mes lèvres. Lorsque je t'ai rencontrée, je ne pensais jamais pouvoir apprécier quelqu'un comme je t'appréciais toi. Tes rires faisaient battre mon cœur, tes blagues le faisait éternuer et ton regard dévoilait toutes les étoiles dans le mien. Tu avais tendance à te faire remarquer. Je sais pourquoi, April. Je l'avais compris. Tu étais orpheline, recueillie dans le seul but de servir une cause ou de réparer des erreurs. Tu pensais être invisible. Tes blagues, ton humour, ton sarcasme, tout cela n'était que dans le but de te faire remarquer. Qu'on arrête de voir ce que tout le monde voulait bien voir. Ta force, ton courage, tu pensais que personne ne les voyait. Moi si. Moi, je te voyais, April. Je voyais ton sourire, mais aussi les larmes que tu masquais. Les cicatrices qui se sont effacées avec le temps et celles qui n'ont jamais été visibles, mais qui demeurent indélibiles. Mon être tout entier te voyait, April. Pas juste ce que permettais de voir, mais aussi ce que tu t'efforçais de cacher.

  L'Occlumens s'arrêta un instant, chassa une larme qui lui avait échappée. Elle posa ses yeux sur le parchemin qu'elle tenait et reprit :

  — Je... J'ai retrouvé une lettre qu'Anthony t'avait écrite. Il aurait voulu que tu la lises, mais elle n'a pas été trouvée à temps. Je me disais, cependant, que si... si je pouvais te la lire... Enfin, la voici...


11 juillet 1923

  Chère sœur,

  Si je t'écris cette lettre, c'est d'abord pour te souhaiter un joyeux anniversaire pour tes vingt-six ans. Mais aussi parce qu'il y a une chose que j'ai toujours voulu te dire, mais je n'ai jamais eu l'occasion de le faire.

  Tu étais trop petite quand nos parents sont morts. Trop petite pour te souvenir que maman t'appellait mon petit chrysanthème. Le fait que tu me dises qu'Aysha t'appelait aussi ainsi m'a refait penser à cela. Maman t'appelait ainsi parce que malgré toutes les épreuves, que chaque sourire éphémère devienne éternel. Parce que les chrysanthèmes sont le symbole de l'éternité et que c'est ce qu'on voudrait tous passer à tes côtés, April.

  Reste fière et droite, jeune sœur. Reste toi, reste drôle. Tout ce que tu es est précieux. Ne l'abandonne jamais, pour aucune raison. Je ne pourrais supporter de perdre un morceau de toi.

  Enfin, je voudrais que tu saches que... peu importe ce que la vie nous réserve, si elle nous sépare définitivement, sache que tu seras toujours auprès de moi. Aysha a décroché l'or en te rencontrant, à croire qu'elle porte bien le surnom que tu lui donnes. Elle a de la chance de l'avoir et j'ose penser que la réciproque est vraie aussi.

  Je t'aime, April. Pour l'éternité, petit chrysanthème.

Anthony Will

  Aysha déposa le parchemin avec les fleurs et se redressa avant de chuchoter :

  — Tu nous manques à tous, April. Votre absence se fera sentir davantage ce soir, lorsque nous mangerons tous ensemble. Je dis tous, parce que vous serez là, avec nous. Je souhaite de tout mon être pouvoir te revoir un jour. Tu ne te débarraseras pas de moi, comme ça, je te le dis.

  Elle laissa échapper un léger rire.

  — Je t'aime, April. Tu es l'étoile la plus lumineuse que le ciel ait pu accueillir. Ne te méprends pas, je garde un titre aussi pour Helena et toutes ces personnes qui nous ont quittés. Mais, il faut admettre que ta splendeur nous éblouira toujours.

  — C'est mignon.

  La voix semblait sortir de nulle part, surprenant Aysha qui n'avait entendu personne s'approcher. Elle se retourna et fut étonnée de voir apparaître devant elle un de ses anciens élèves.

  — Tom ? Que fais-tu là ? demanda-t-elle.

  Le jeune homme, les mains dans les poches de son manteau, s'approcha d'un pas alors que la sorcière fronçait les sourcils. Elle chercha un instant du regard Thésée et Helena, mais elles ne les vit pas et ne pouvait donc pas être sauvée par ces derniers.

  — Qui cherchez-vous, Professeur Wilson ? Celui dont votre cœur s'est épris et votre fille ? Est-ce bien cela ? Ils ne nous dérangeront pas.

  — Que leur as-tu fait ?

  — Rien. Ils ne peuvent tout simplement ni nous entendre, ni nous voir.

  Aysha sentit les battements de son cœur se mettre à accélérer, alors qu'elle savait que cela n'annonçait rien de bien.

  — Je répète ma question. Que fais-tu là ? reprit malgré tout Aysha qui ne voulait pas perdre la face.

  — Je me balladais, tout simplement.

  — Au cimetière ? Le jour du réveillon de Noël ?

  — Je n'aime pas Noël. Et puis, vous y êtes aussi.

  — Mes proches y sont enterrés. Il me semble que ce n'est pas ton cas.

  Tom ne répondit pas de suite, légèrement déstabilisé par cette remarque. Finalement, il changea de sujet :

  — La raison de ma présence ici n'a pas d'importance. Ce que je peux en tirer, cependant, en a davantage.

  — Je suis curieuse, marmonna l'Occlumens, méfiante.

  — Le Professeur Dumbledore est vanté pour sa victoire face à Grindelwald à longueur de temps. Cela ne vous fait rien et semble même vous soulager. Et nous différons sur ce point. Cependant, il y a aussi un autre sens derrière cette réalité. Vous avez permis à Albus Dumbledore de gagner face à Grindelwald. Votre puissance avait aussi été vantée. Ce qui m'amène à croire que, la seule chance pour moi de ne pas vous craindre, serait de vous voir à mes côtés, ce qui, j'en ai conscience, n'arrivera jamais.

  — Je ne sais même pas de quoi tu veux parler. Être à tes côtés pourquoi ?

  — Vous croyez que je vais vous révéler mes plans ?

  — Pourquoi venir m'en parler, dans ce cas ?

  — Je voulais simplement vous mettre en garde que, si j'ai à vous craindre, cela n'est pas le cas de tous vos proches. Votre Helena, par exemple, a hérité de votre don de métamorphomagie et vous lui avait enseigné l'occlumancie. Cependant, elle n'a pas votre puissance. Et la fille qu'elle aura n'héritera pas de votre don.

  — La fille qu'elle aura ? le questionne Aysha, toujours aussi méfiante.

  — Oui, Luna. Une référence au père de l'enfant, répondit le sorcier. J'ai mes sources et je ne vous les révélerai pour aucune raison. Cependant, je pense que vous savez que votre sœur n'était pas la seule de votre famille a avoir un autre don que le vôtre. Cela explique les nombreux livres écrits par votre mère qui se montre bien... précurseurs de certaine choses. Là est toute la différence. Votre mère raconte des histoires qui ne sont pas encore arrivées. Vous racontez la votre, camouflée dans la fiction. De belles références à vos propres dons. La voyance et la métamorphomagie. J'aurais été étonné de découvrir un mélange des deux. Mais il faut admettre que les livres de votre mère m'ont été fort utiles.

  — Il me semble donc que je ne faisais pas d'erreurs en me méfiant de vous.

  Pour seule réponse, Tom Jedusor lui adressa un sourire timide.

  — Tu ignores la force que peut avoir les liens entre des personnes, Tom. La puissance magique n'est pas la seule à nous donner des moyens de nous battre et de nous défendre.

  — Qu'est-ce que l'amour si ce n'est un parasite dans nos vies ?

  — Tu seras peut-être surpris de voir ce que l'amour peut nous permettre de faire.

  — Vous allez me dire que c'est l'amour qui va m'empêcher d'obtenir ce que je souhaite ?

  — Je te dis de te méfier de l'amour que les autres peuvent se porter et de l'impact que cela pourrait avoir sur te propres plans. Ne sous-estime jamais ce sentiment assez fort pour déplacer des montagnes.

  Tom laissa échapper un rire avant de pivoter sur ses talons et de s'éloigner sans un mot, sous le regard suspicieux. Elle n'eut cependant pas le temps de le voir disparaître, car une voix derrière elle l'interpela, ce qui la fit se retourner, se retrouvant face à Thésée et Helena qui paraissaient étonnés de la voir.

  — On te cherchait, révéla Helena en s'approchant. Tu étais passée où ?

  — Je faisais un tour.

  Il y eut un moment de flottement avant qu'Aysha ne s'approche davantage pour prendre sa fille dans les bras et la serrer fortement contre elle. Helena, d'abord surprise, mit quelques secondes à lui rendre son étreinte et sa mère lui chuchota :

  — Tu me promets de tout me dire s'il y a un problème, mon cœur ?

  — Bien sûr, maman. S'il y a une personne à qui je peux tout dire c'est bien toi, mam's.

  — Moi aussi, je veux un câlin, marmonna Thésée en venant les prendre dans ses bras, Helena criant de surprise.

  Ils rirent un moment, restant ainsi enlacés, conscients que ce lien qu'ils partageaient était d'une grande importance et qu'ils ne devaient jamais le négliger. Aysha avait compris une chose. Peu importe les combats qu'elle avait menés, elle ne pourrait jamais trouvé la paix qu'elle pensait vouloir auparavant. Cependant, elle avait apris qu'il ne pourrait exister de paix sans guerres. Et surtout que son plus grand combat restait celui de rester ce qu'elle avait réussi à devenir et protéger à jamais ceux qui lui permettaient de survivre.

  Helena, son cœur. Thésée, son âme.


  La mort est inévitable. La perte un événement inéluctable dans nos vies. Un événement qui pourra conduire au deuil, surmontable, malgré son apparence. Jamais oublié. Simplement apprendre à ressentir l'absence comme une présence.


Notre Sang ne définit pas qui nous déviendrons, il n'est pas un Pacte fait avec le destin.

La famille ne se limite pas aux Liens du Sang.

Même les Âmes les plus Tourmentées sont assez fortes pour soutenir un cœur brisé.

Fin ?

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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