Les Animaux Fantastiques
Tome 1


Chapitre vingt-huit

  Les quelques jours qui passèrent à la suite de cette journée furent plus qu'étranges. Il reignait constamment une atmosphère pesante que le groupe d'amis essayait d'oublier en s'adonnant aux activités de Poudlard.

  Norbert ne semblait même pas tout à fait comprendre comment il s'était retrouvé à assister le professeur de soin aux créatures magiques lors de ses cours.

  Tina se retrouva embarquée dans une toute autre histoire, car il s'agissait de cacher quelque chose à sa sœur. Qui était Legilimens. Jacob l'avait donc priée de ne plus l'approcher tant que tout ne serait pas prêt et il avait la chance de recevoir l'aide d'Helena pour occuper Queenie. Si le magizoologiste semblait un minimum informé de ce qu'il se passait, ce n'était pas le cas de son frère, qui avait dû se reconnecter avec son emploi à cause des nombreuses affaires en cours - ce qui était loin de la réjouir. Aysha, quant à elle, se retrouvait à aider le professeur Dumbledore lors de ses cours - contre son grès. Cependant, il était vrai qu'en tant que Métamorphomage, elle pouvait être intéressante pour les élèves. Surtout à l'approche des ASPIC pour ceux de septième année et les BUSE pour ceux de cinquième année.

  Ce fut donc à la fin de l'un de ces cours qu'elle apprit par le professeur Dumbledore :

  — Le professeur Sterling a trouvé un épouvantard dans une des malles d'une salle de classe. Il a ainsi décidé de le mettre à votre disposition pour vous entraîner pour vos ASPIC.

  — En quoi se défendre face à un épouvantard va nous aider ? avait alors demandé un élève. Ceux de troisième année pourraient déjà le faire.

  — Combattre un épouvantard peut vous aider sur un tas de points. Il se trouve dans mon bureau et les horaires où vous pourrez vous y opposer sont affichés sur la porte. Vous n'avez en aucun cas le droit d'y aller seul.

  Dumbledore les avait ensuite salués et invités à sortir. Une fois qu'il ne resta plus qu'Aysha et le professeur dans la salle de classe, la Métamorphomage demanda :

  — Vous croyez sérieusement qu'ils vont y aller ?

  — Les plus assidus pourraient peut-être se laisser tenter.

  — Autrement dit, pas les mêmes élèves que moi.

  Dumbledore lui adressa un sourire amusé tout en allant accueillir sa prochaine classe.

  La fin des cours sonna comme une libération pour Aysha qui avait obtenu le droit de ne plus revenir à ces cours. Elle ne salua même pas Dumbledore en sortant de la salle et se dirigea à grands pas vers le bureau du professeur de métamorphose. Elle resta plantée un long moment devant la porte, fixant les fameux horaires qui y étaient affichés.

  Elle savait qu'Albus passait l'heure suivant son dernier cours à corriger dans sa salle de classe les travaux de ses élèves. Ainsi, le bureau n'était pas ouvert pour permettre à un quelconque élève de s'opposer à un épouvantard.

  L'Occlumens regarda autour d'elle avant de sortir sa baguette. Elle essaya quelques sorts et parvint à déverrouiller la porte. Tout en surveillant les alentours, elle se faufila dans le bureau et ferma derrière elle.

  Poussant un soupir, elle regarda autour d'elle et repéra bientôt la malle où se trouvait l'épouvantard. Elle s'approcha de quelques pas, fixant l'objet qui renfermait la créature.

  D'une voix faible, elle murmura :

  — Alohomora.

  Dans un grincement, la malle s'ouvrit lentement. Il s'écoula quelques secondes sans que rien ne se passe. Soudainement, une main s'accrocha au bord de la malle. Bientôt, une femme en sortit. Mais cette femme n'était autre qu'une version d'Aysha Wilson.

  La chevelure blonde avait été bouclée, les iris vertes étaient entourées de noir et la peau mate laissait parfois sa place à des bandes de peau entièrement blanche. L'épouvantard sortit complètement de la malle et échangea un long regard avec Aysha. Elle ouvrit la bouche dans un sourire mauvais.

  L'Occlumens fronça les sourcils. De l'encre noire commença à couler, sortant de sa bouche, de ses yeux et de ses oreilles. Dans la main droite de l'épouvantard, une lettre. Dans la gauche, une plume.

  L'encre tomba sur le sol, glissant jusqu'à former une phrase : Tu les as tués.

  Aysha mit une main devant sa bouche, retenant ses larmes. Brusquement, l'encre disparut, comme si elle s'était évaporée, et l'épouvantard se mit à se tordre de douleur. Aysha n'eut aucun mal à reconnaître à quel sort il était soumis, ce qui ne put permettre à l'Occlumens de retenir encore longtemps ses larmes.

  Elle poussa un cri lorsque la porte du bureau s'ouvrit sur Dumbledore et Thésée. Surpris, ils fixèrent un instant Aysha, puis l'épouvantard, puis entrèrent avec précipitation dans le bureau et fermèrent la porte derrière eux.

  Thésée s'approcha d'Aysha pendant qu'Albus se plaçait face à l'épouvantard et le renvoya dans sa malle avant même qu'il ne puisse changer de forme.

  — Aysha, tout va bien ? s'inquiéta Thésée en la prenant par les épaules.

  La Métamorphomage se tourna vers Albus, ne lui offrant ainsi aucune réponse. Le professeur semblait confus lorsqu'il regarda son ancienne élève.

  — Désolée, Albus. Je n'aurais pas dû entrer.

  — Ce n'est rien, Aysha. J'avoue que le fait que tu puisses avoir été tentée m'étonne plus que tout, car tu n'y serais jamais allée si tu avais été élève.

  — C'est ce qui vous étonne le plus ?

  — À dire vrai, non. Je n'ai jamais vu un épouvantard comme le tien.

  — Pourquoi ? Car il me représente ? Personne n'a jamais eu peur de ce qu'il pouvait devenir ?

  — Pas au point que cela devienne leur plus grande peur.

  Aysha et Dumbledore se fixèrent un long moment, tandis que Thésée se tournait vers le professeur. Ce dernier finit d'ailleurs par dire :

  — Qu'est-ce que tu caches, Aysha ?

  — Dumbledore, intervint le jeune homme sur un ton ferme.

  — Je crois que ça ne vous regarde pas, professeur, rétorqua tout de même l'Occlumens.

  — Ça peut être important. Si tu sais des choses, il faut me le dire.

  — Oh, mais je crois que vous le savez déjà, Dumbledore. N'est-ce pas pour cette raison que vous avez proposé à mes tuteurs de-

  — Parents, la reprit-il. Ils t'ont adoptés. Tu es leur fille. Ce sont tes parents.

  — Ils n'ont jamais été mes parents. Ils sont ceux qui ont signé un papier pour s'occuper de mes sœurs et moi.

  — Dumbledore, l'interrompit Thésée d'un air grave. Qu'est-ce qu'il vous prend ?

  — Navré.

  Le professeur alla s'asseoir à son bureau sous les regards interloqués des Aurors.

  — Navré ? s'offusqua Aysha. C'est tout ce que vous avez à dire ? Pourquoi ne m'avoir jamais révélé les raisons qui vous ont poussé à nous faire venir à Poudlard, mes sœurs et moi ?

  — Qui t'en a parlé ? la questionna le professeur.

  — Quelle importance ?

  — Répondez à sa question, lui ordonna Thésée malgré sa totale incompréhension dans leurs échanges.

  — Ce devait resté confidentiel jusqu'à ce qu'un spécialiste juge que tu es prête à le supporter.

  — Un spécialiste ? répéta la Métamorphomage dans un rire qui sonnait faux. Le genre de spécialistes qui passaient leur journée à m'interroger, me surveiller et m'obliger à faire des choses que je n'avais aucune envie de faire, à Ste Mangouste ? Ceux qui me forçaient à avaler des repas immondes et m'empêchaient d'accéder à mes livres. Tout ce que j'avais le droit de lire, c'était... des livres pour enfants, car il n'y avait rien de violent qui pourrait me faire du mal. Des livres pour enfants, Dumbledore !

 —- J'en suis vraiment désolé, Aysha.

  — Être désolé ne suffit pas, professeur. Je pensais que vous étiez la première personne à me voir comme autre chose qu'une folle. Mais vous êtes comme les autres en réalité.

  — Non, Aysha... Ce n'est pas du tout le cas.

  — Ce n'est pas le cas ? Faites-moi rire. Si ce que vous dites est la vérité, alors vous m'auriez dit ce qui m'était caché.

  — Ça ne dépend pas uniquement de moi, Aysha. Les Ministères français et britannique sont responsables de... tout ça.

  Thésée ne comprenait pas du tout ce qu'il se passait et il ignorait que cela était préférable pour l'instant.

  — Je suis ravie de l'entendre, marmonna ironiquement Aysha.

  La jeune femme vit sursauter son ami lorsqu'elle se tourna vers lui et l'implora :

  — Viens. On s'en va.

  — Mais, nous étions censés... commença à répliquer Albus tandis qu'Aysha ouvrait la porte.

  — Plus tard, l'interrompit Thésée sans le regarder, tout en sortant du bureau à la suite d'Aysha.

  Sans s'adresser la parole, les deux Aurors partirent dans une même direction. Ce fut seulement en arrivant devant la Grande Salle qu'ils s'arrêtèrent.

  — Je suis désolée que tu aies dû assister à ça, s'excusa l'Occlumens en regardant le sol.

  — Ne le sois pas.

  — Je suppose que tu veux une explication.

  — Je ne peux te cacher que j'aimerais comprendre ce qu'il vient de se passer, mais je ne veux te pousser à te confier si tu n'es pas prête.

  — Je... Je ne sais pas si...

  Aysha se tut, secouant légèrement la tête, comme si elle ne savait plus quoi faire, ni dire.

  — Écoute, reprit le jeune homme. Je... Je ne suis pas parfait... Loin de là. Et je pense que tu es la première à le savoir. Mais, saches que si tu veux me parler, je suis là. Si tu n'es pas prête, j'attendrais que tu le sois. Juste, souviens-toi que je peux être une oreille si c'est ce que tu as besoin.

  L'Occlumens lui adressa un sourire pour le remercier et il s'écoula quelques secondes où ils se contentèrent de se fixer.

  Ils s'écartèrent de quelques pas à l'arrivée de quelques élèves qui voulaient entrer dans la Grande Salle et Aysha murmura :

  — Que tu le crois ou non, je ne sais pas du tout ce que tu ressens face à la perte de Leta. Je sais juste, que je ressens quelque chose. Et que c'est différent.

  — Je te crois.

  — Il y a tant de choses que j'aimerais pouvoir dire. Mais c'est tellement douloureux. Et... je n'ai tout simplement pas les mots.

  — Je comprends.

  — Je suis vraiment désolée.

  — Désolée ? s'étonna Thésée. Mais pour quelle raison ?

  — Je n'ai pas arrêté de te jeter tout à la figure. Disant que tu m'avais souffrir. Mais dans l'histoire, je crois que j'ai fais bien pire.

  — Ne dis pas ça. Tu n'as rien fait de mal. Je le sais. N'est-ce pas le plus important ?

  — Le plus important serait que je le sache aussi.

  Ils se turent de nouveau, leurs yeux plongés les uns dans les autres. D'un geste lent, Aysha attrapa un cil sur la joue de son collègue et se mit à rire en le posant dans sa paume face au sorcier.

  — Fais un vœu, s'amusa-t-elle avec un grand sourire.

  Le jeune homme lui rendit son sourire en secouant imperciptiblement la tête, tout aussi amusé.

  — Très bien, accepta-t-il. Alors, je souhaite que... Aysha Wilson connaisse enfin le bonheur et la rédemption qu'elle mérite, tout autant qu'elle puisse se débarrasser de sa culpabilité.

  Et il souffla sur le cil, tandis que le sourire d'Aysha s'était effacé, celle-ci étant étonnée de ce vœu. Elle dut retenir une larme et baissa la tête en remettant une de ses mèches derrière ses oreilles. Thésée lui attrapa avec douceur le menton pour lui redresser le visage et leurs regards se croisèrent de nouveau.

  — C'est mon vœu le plus cher.

  — Le plus cher ? Vraiment ? le questionna la sorcière avec un timide sourire qui se voulait moqueur.

  — Après celui de devenir un balai.

  Aysha émit un léger en fronçant les sourcils d'exaspération.

  — Très drôle, mentit-elle d'un air tout à fait sérieux.

  — J'ai toujours eu un humour particulièrement tordant, s'amusa-t-il avec un grand sourire.

  — Je vois ça. Tu devrais songer à une reconvertion professionnelle.

  — Tu crois ?

  — Tu serais l'humoriste le plus apprécié de tous. Y compris des Moldus.

  — Ce serait un honneur.

  Ils se mirent alors tous les deux à rire, attirant les regards des quelques élèves qui passaient dans le couloir. Il leur fallut quelques secondes pour retrouver leur sérieux.

  Aysha baissa alors la tête et, d'une voix faible, interrogea son collègue :

  — Tu me crois si je te dis que Norbert me manque ?

  Thésée parut surpris d'une telle annonce, mais ne fit aucun commentaire, tandis qu'elle redressait la tête vers lui pour s'expliquer :

  — Je veux dire... Il me manque depuis notre dispute. C'est de ma faute encore une fois. Mais... Même si nous nous sommes retrouvés et pardonnés, ce n'est pas comme avant.

  — Tu fais allusion à Tina ?

  — Je n'ai rien contre elle, le rassura-t-elle. C'est une femme incroyable. C'est juste que...

  — Elle te pique ton Norbert, termina Thésée avec un sourire conciliant. Je comprends. À Poudlard vous étiez inséparables. À l'époque, je n'arrivais pas à comprendre comment une personne pouvait supporter d'être constamment avec mon frère. Mais, il faut dire que j'étais un peu idiot.

  — Tu es sûr de l'emploi du passé ? demanda la jeune femme d'un air innocent.

  — Je t'en prie, répondit-il en lui donnant un faible coup de poing sur l'épaule.

  Elle lui tira la langue et il leva les yeux au ciel, un sourire amusé étirant ses lèvres.

  — Sinon, reprit-il alors, je te comprends. Mais il faudra que tu vives avec ça. Avec elle plutôt.

  — Ce n'est pas un problème ! J'adore Tina ! Vraiment. C'est une personne exceptionnelle. Je la connais trop peu pour dire ça ou j'ai le droit ?

  — Je suppose que tu peux.

  — Ouais. Elle est incroyable. Elle est celle qu'il faut pour Norbert. Elle lui donnera ce qu'il mérite.

  — Oui.

  — Et puis, je peux bien me passer de Norbert. Je l'ai fait ces dernières années. Ça doit pas être si compliqué.

  — Tu sais, tu pourras toujours passer du temps seule avec lui, la rassura l'Auror. Tina n'en verra aucun inconvénient. Je ne te dis pas que ça sera comme avant, car tu ne pourras pas passer tout ton temps seule avec lui et vos créatures. Mais, tu pourrais le retrouver un peu plus.

  Aysha le gratifia d'un sourire qu'il lui rendit et elle se tourna vers la Grande Salle. Elle fixa l'intérieur par l'ouverture de la porte et afficha un air nostalgique.

  — Tu me crois si je te dis que Poudlard me manque parfois ?

  Cette fois, Thésée parut surpris et il n'eut pas le temps de le cacher avant qu'elle ne se retourne de nouveau devant lui.

  — Ça t'étonne à ce point ?

  — Non, essaya-t-il de se rattraper. Enfin... C'est juste que tu n'as jamais aimé l'école.

  — Les cours, les professeurs, les examens et les devoirs... C'est ce que je n'ai jamais aimé. Mais Poudlard c'est... différent... Toutes les écoles où je suis allée me manque un peu. Beauxbâtons, car c'est la première école à laquelle je suis allée. J'ai rencontré ma première amie. J'ai pu m'opposer à des idées très strictes de certains professeurs. L'histoire de l'école française de magie me passionnait. J'aimais arpenter les couloirs pour découvrir les lieux qui devaient être vus. Les jardins étaient magnifiques. L'histoire d'Ilvermorny est celle que je préfère. Elle me passionne. J'en ai dévoré tous les livres à ce sujet. Et je crois que l'ambiance, le fait d'être appréciée de tous, et d'accepter tout le monde, dans cette école m'a fait l'aimer. Et Durmstrang... une école avec une mauvaise réputation. Pourtant, il y avait d'excellents professeurs. Je crois que c'est la seule école où j'ai aimé les professeurs pour leurs cours. Ils les faisaient vivre. À Uagadou... c'était... totalement différent. Là-bas, il était normal de voir un gamin de treize ans se transformer en rhinocéros. Toutes les écoles ont des choses différentes à apporter. Poudlard est celle qui m'a un peu sauvée. Mais en chacune, je ressens comme... Tu vois... Si j'y retournais, je crois que ce serait un peu comme si je rentrais à la maison.

  Thésée l'avait écoutée avec attention, passionné par ce qu'elle racontait. Il mit même du temps à remarquer qu'elle avait fini de parler. Gêné, il secoua la tête et demanda :

  — Donc, tu ne détestes pas l'école en tant que telle ?

  — C'est un peu près ça.

  Le sourire d'Aysha disparut, tandis qu'elle reprenait :

  — Tu en connais une partie, mais je n'ai pas toujours vécu des trucs biens dans les différentes écoles où je suis allée. C'était même principalement des trucs horribles. Pourtant, je garde de très bons souvenirs.

  — J'en suis ravi alors. Même si j'aurais aimé que ces bons souvenirs soient les seuls souvenirs qu'il te reste.

  — Si seulement...

  L'Occlumens hésita un instant avant de continuer :

  — Tu as déjà fait ou envisagé un pacte de sang ?

  — Non. Pourquoi ?

  — J'en ai fais un. À Durmstrang. Avec un ami. On s'est promis de ne jamais s'oublier.

  — Visiblement, c'est une promesse tenue, murmura l'Auror avec un faible sourire.

  — Pour moi, oui. Mais, c'est difficile pour lui...

  Thésée n'eut pas le temps de la questionner, car Jenny venait d'apparaître derrière eux et s'était exclamée :

  — Vous deux ! Venez !

  Ils se retournèrent en même temps vers la jeune fille et le sorcier demanda à son amie :

  — Qui est-ce ?

  — Jenny Wright. Une amie à moi.

  — Une amie ? s'étonna Thésée.

  — Quoi ? Tu t'étonnes que je puisse me faire des amis ? l'embêta la jeune femme.

  — Non. C'est juste qu'elle doit avoir quinze ans de moins que toi.

  — Treize pour être plus précis. Et puis, dans l'amitié, l'âge n'est pas une limite.

  Elle lui adressa un sourire malicieux avant de rejoindre Jenny qui les attendait un peu plus loin. Le jeune homme mit du temps avant de se décider à les suivre, si bien que l'élève s'amusa :

  — C'est pas trop tôt. Je croyais que vous alliez resté planté devant la Grande Salle.

  — On est censé aller où ? demanda alors Aysha, tandis qu'il se dirigeait vers l'extérieur.

  — Attendez, vous n'êtes pas au courant ? s'étonna la jeune fille.

  — Au courant de quoi ? la questionna Thésée en fronçant les sourcils.

  — Eh bien, ce sera une surprise pour vous aussi.

  Les Aurors s'échangèrent un regard inquiet. Les trois sorciers restèrent silencieux le temps d'arriver à la lisière de la Forêt interdite où Norbert et Tina patientaient en discutant avec un Jacob qui semblait paniqué. Ils les rejoignirent et l'Auror américaine s'adressa à la plus jeune d'entre eux :

  — Merci, Jenny. Je crois qu'ils ont été si occupés qu'ils ne comprennent absolument pas ce qu'il se passe.

  — Je ne vous le fais pas dire, s'amusa Thésée en fixant les banderoles qu'ils avaient accrochées pour une raison qu'il ignorait.

  — J'avais d'ailleurs pensé à vous, Mlle Wilson, pour remplir le rôle actuel de votre sœur, mais vous étiez trop occupée, admit Jacob qui ne tenait plus en place.

  — J'ai une petite idée sur ce qu'il pourrait bientôt se passer, mais je ne sais pas si je dois l'exprimer à voix haute, lui répondit l'Occlumens.

  — Votre sœur non plus n'est au courant de rien. On a su la cuisiner pour qu'elle-même ne se doute de rien, leur apprit le Moldu.

  — Vous me faites peur des fois.

  Cette remarque fit rire les trois amis qui les invitèrent ensuite à se placer à côté d'eux. Ils s'exécutèrent, ne sachant pas trop ce qu'ils faisaient.

  — Ils arrivent ! s'exclama soudainement Jenny.

  — Faites comme si vous ne vous doutiez de rien, leur demanda Jacob qui paniquait de plus en plus.

  — Ça ne sera pas difficile, marmonna Thésée.

  Il s'écoula un long moment avant que Queenie et Helena n'apparaissent devant eux, riant et discutant entre elles. Il leur fallut encore quelques minutes pour comprendre que quelque chose se passait.

  — Ne lis pas dans les pensées, Trésor, l'intima le boulanger avec un grand sourire.

  — Je... hésita-t-elle. Que se passe-t-il ?

  Jacob s'avança vers elle et Helena rejoignit sa sœur pour lui chuchoter à l'oreille :

  — Tu peux m'expliquer ?

  — Je voudrais bien. Mais on ne m'as pas mise au courant non plus.

  Elles se turent et se reconcentrèrent sur les échanges du couple. Queenie avait les larmes aux yeux, ce qui laissait deviner qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de lire dans les pensées finalement. Cependant, elle laissa Jacob parler :

  — Queenie... Trésor... Je t'ai fait beaucoup de mal. Et j'en suis navré. Mais... Je crois que je suis prêt à présent. Prêt à prendre le risque. Car tu dois savoir que je suis prêt à tout pour toi. Y compris à risquer ma vie. Alors voilà... Queenie Goldstein... Consentiriez-vous à me prendre pour époux ?

  La Legilimens semblait fondre face à cette demande qui n'était pourtant pas une surprise pour elle. Avec un grand sourire et des larmes de joie emplissant ses yeux, elle déclara :

  — Plus que tout !

  Cette réponse ravit tout le monde. Tina et Norbert s'échangèrent un long sourire qui valait plus que mille mots. Jenny sautait à moitié de joie et Thésée était partagé entre la surprise et la joie. Tous félicitèrent les deux futurs mariés qui étaient aux anges et, bientôt, de la musique retentit d'un phonographe qu'Aysha n'avait pas encore repérer.

  Queenie et Jacob se mirent à danser et Jenny, euphorique, attrapa la main de Thésée pour le faire danser avec elle. Aysha tenta de ne pas se moquer en voyant l'air peu rassuré de l'Auror, cependant, son regard fut attiré pour Tina et Norbert qui discutaient.

  — Ça me rappelle la demande en mariage de notre mère, murmura soudainement Helena.

  — Ça te rappelle ? s'étonna la Métomorphomage. Tu n'étais pas née lorsqu'ils se sont mariés.

  — Oui. Je voulais dire... Notre mère avait écrit un texte où elle la décrivait.

  — Vraiment ? Pourquoi ne l'ai-je jamais lu ?

  — Eh bien... hésita l'aînée. John et Elizabeth l'ont détruit avec d'autres textes. Je suis désolée de ne jamais t'en avoir parlé. À vrai dire, ça m'était totalement sorti de la tête.

  — Ce n'est rien.

  Aysha lui adressa un sourire rassurant et elle se mit à expliquer :

  — Ce dont je me souviens, c'est que c'est notre mère qui a demandé en mariage notre père. Et je crois, que c'était sur un coup de tête.

  — Sur un coup de tête ? Vraiment ? s'étonna l'Occlumens en souriant.

  — Oui.

  Les deux sœurs se mirent alors à rire jusqu'à ce qu'Helena s'arrête soudainement et ne demande à sa benjamine :

  — Tu me proposes quel livre ?

  — Pardon ? Comment ça quel livre ?

  — Eh bien. Un livre à lire.

  Aysha ouvrit la bouche d'étonnement. Elle cligna des yeux pour être sûre qu'elle ne rêvait pas et Helena ajouta :

  — Je n'ai jamais vraiment lu en réalité. Et ça a l'air de totalement te plaire, alors... Peut-être que si je trouvais un livre qui me plairait vraiment, ça deviendrait une passion pour moi aussi.

  L'Occlumens lui adressa un grand sourire.

  — Tu n'as pas un livre préféré à me conseiller ? Le livre sans lequel tu ne pourrais vivre.

  — Oui, évidemment. Et c'est notre mère qui l'a écrit.

  — Les Âmes Tourmentées ? tenta la jeune femme.

  — Ce n'est pas parce que c'est son livre le plus célèbre que ce doit être mon préféré, s'amusa la Métamorphomage. Non, le mien est plutôt dans un style de fantasy. Avec de la romance. Et une héroïne assez renversante.

  — Renversante ? Je ne savais même pas que notre mère avait écrit autre chose que de la vie quotidienne.

  — Helena, s'exaspéra la benjamine. Les Âmes Tourmentées est le seul livre de vie quotidienne que maman a écrit.

  — Oh.

  Aysha ne put retenir son rire ce qui parut vexer son aînée. Cela ne la fit pourtant pas arrêter. Elle dut attendre quelques minutes encore pour lui donner le titre de ce fameux livre :

  — Il s'intitule Le Pacte de Sang.

  — C'est une blague ? Ou c'est la vérité ?

  — C'est la vérité. Ça parle d'une fille comme les autres qui en rencontre une autre. Elles tombent amoureuses et font des plans pour faire le bien. Elles se promettent de ne jamais s'opposer l'une à l'autre. Mais, un jour, leurs idées divergent. Leur amour est toujours là. Mais elles deviennent ennemis.

  — C'est vraiment un livre que notre mère a écrit ?

  — Tu dois avoir deviné de qui elle s'est inspirée, non ?

  — Je ne savais pas qu'elle était si proche de Dumbledore.

  — Il faut croire qu'elle l'était. Ou alors de Grindelwald. Qui sait ?

  Aysha ne permit pas à sa sœur de lui poser plus de question, car elle se dirigea vers Norbert et Tina qui discutaient toujours. À son arrivée, ils se turent et la regardèrent, tandis qu'elle demandait :

  — Excusez-moi de vous déranger les tourtereaux. Tina, puis-je vous emprunter Norbert ?

  — Bien sûr, répondit l'Auror avec un grand sourire.

  La Métamorphomage attrapa alors la main du magizoologiste et le tira vers les deux couples de danseurs.

  — Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda Norbert, inquiet.

  — Il faut que tu t'entraînes à danser pour votre futur mariage.

  Les joues du magizoologiste s'empourprèrent et Aysha lui fit un clin d'œil tandis qu'elle lui attrapait la main et posait la sienne sur son épaule.

  — Suis juste mes pas. Tu verras.

  Peu assuré, Norbert se laissa porter par son amie qui semblait ravie de partager cette danse avec lui.

  — Où as-tu appris à danser comme ça ? demanda alors le magizoologiste.

  — Durmstrang n'est pas qu'une école de magie noire.

  Ce fut sa seule réponse. Ils se laissèrent porter par la musique encore un moment, jusqu'à ce qu'Aysha ne demande à Tina de venir. Hésitante, l'Auror s'approcha. L'Occlumens la fit alors prendre sa place et leur ordonna de continua avec un sourire amusé.

  Elle rejoignit ensuite sa sœur qui avait observé toute la scène d'un air moqueur.

  — J'ai l'impression que tu aimes les voir ensemble, s'amusa l'aînée.

  — Ah bon ?

  Elles émirent un léger rire, rapidement remplacé par un visage impassible.

  — Pourquoi ai-je l'impression que tout le monde a déjà oublié la mort d'April ? demanda Aysha sans regarder sa sœur.

  — On ne l'a pas oubliée. On essaie juste de vivre avec.

  Elles s'échangèrent un sourire triste et Aysha posa sa tête sur l'épaule d'Helena avant de murmurer :

  — Je t'aime. Si tu savais à quel point.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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