Les Animaux Fantastiques
Tome 1


Chapitre vingt-et-un

  Cela faisait quelques jours que le groupe d'amis séjournait de nouveau à Poudlard. April et Helena avaient passé beaucoup de temps ensemble, essayant de joindre Aysha à leurs activités, mais cette dernière avait d'autres préoccupations. En effet, l'Occlumens avait passé la majorité de son temps à la bibliothèque où à l'extérieur du château, parlant parfois avec Albus, Norbert ou encore Tina. Thésée passait ses journées à guetter toutes les nouvelles concernant Grindelwald et avait rapidement eu la confirmation qu'il avait quitté le manoir au Brésil. Il en avait informé Dumbledore qui avait alors à son tour prêté attention aux informations concernant le mage noir.

  Ce fut lors d'un matin pluvieux que les huit amis trouvèrent un mot de la main du professeur glissé sous la porte de leur chambre. Il leur demandait de le retrouver à la Tête du Sanglier.

  Norbert sortit de sa chambre, peu de temps après avoir lu la note, et se dépêcha de sortir de Poudlard. Il croisa Tina dans un couloir, celle-ci semblant perdue.

  — Tout va bien ? demanda-t-il en s'approchant.

  L'Auror se tourna vers lui et lui adressa un sourire avant d'avouer :

  — Le château est tellement grand. Même après quelques jours passés ici, je n'arrive pas à aller à un endroit sans me perdre au moins une fois.

  — Il faut admettre que Poudlard est un véritable labyrinthe pour ceux qui n'y sont pas habitués.

  Ils se regardèrent avec un sourire et, alors que Tina s'approchait du sorcier, Jacob et Queenie débarquèrent dans le couloir.

  — Ah, les voilà ! s'écria Jacob qui ne saisit pas ce qui allait se passer s'ils n'étaient pas arrivés.

  — Désolée, marmonna Queenie en tenant le bras du Non-Maj.

  Tina secoua la tête et vint se placer à côté de sa sœur tandis que le boulanger expliquait :

  — Ça doit faire cinq fois qu'on passe par ce couloir.

  Norbert lui adressa un sourire amusé et les invita à le suivre. Ils traversèrent plusieurs couloirs avant de sortir du château et de se diriger vers le village.

  — J'avoue que ton école est intéressante, admit Tina après s'être placée à côté du magizoologiste.

  — Cela veut-il dire que tu considèrent Poudlard comme une meilleure école qu'Ilvermorny ?

  — N'allons pas jusqu'à-là.

  — Il faudrait demander à Aysha quelle école elle a préféré parmi toutes celles où elle est allée, proposa Queenie qui suivait leur conversation.

  — Je ne suis pas certain que... commença Norbert.

  — Oui, vous avez raison. Il ne vaut mieux pas lui rappeler de mauvais souvenirs. Elle n'a pas besoin de ça.

  — Peu importe laquelle est la meilleure, les interrompit Jacob, j'adore les écoles de magie.

  — Trésor ! s'extasia la Legilimens. Tu es si chou.

  Norbert et Tina s'échangèrent un regard amusé, mais furent sortis de leur contemplation par le cri d'une femme qui ne leur était pas inconnue :

  — Arrêtez-vous ! Je ne veux pas avoir à vous courir après comme un chien !

  — April... Les gens dorment encore.

  C'était la voix d'Helena, ce qui leur indiqua qu'elles n'étaient pas si loin derrière eux.

  — Je me fiche bien de savoir qu'il y a des marmottes !

  Cette remarque les fit rire et ils attendirent qu'ils arrivent à leur hauteur. April s'adressa alors à Jacob :

  — Vous ne vous sentez pas seul ? Je demande ça, car on est entouré de fratries. Helena et Aysha, Queenie et Tina et Norbert et Thésée.

  — Tu oublies qu'il est avec Queenie, s'amusa Helena. Bientôt, c'est nous qui serons entourées de couples.

  — Beûrk, fit-elle avec une moue enfantine. Je comprends vraiment rien à vos histoires d'amour. On se croirait dans un livre.

  — Tu n'aimes pas lire, lui fit remarquer l'aînée des Wilson.

  — Justement.

  Une nouvelle fois, sa remarque provoqua quelques rires. Alors qu'ils arrivaient presque devant la taverne, Norbert les questionna :

  — Vous savez où sont Aysha et Thésée ?

  — Pas ensemble, je l'espère, marmonna April de manière à ce que seule Helena puisse l'entendre, oubliait qu'ils étaient en compagnie d'une Legilimens.

  — Ils sont peut-être déjà à l'intérieur, proposa Tina, tandis qu'ils arrivaient devant le lieu de rendez-vous.

  Ils n'eurent pas le temps de frapper que la porte s'ouvrit sur un Dumbledore soucieux. Il leur intima d'entrer et ils s'exécutèrent, découvrant que Thésée était déjà à l'intérieur.

  — Aysha n'est pas avec vous ? les interrogea-t-il alors qu'ils s'installaient.

  — Non. Mais je suis ravie de constater qu'elle n'était pas avec toi, lui répondit April sur un ton sec.

  Tina s'enfonça dans sa chaise, tendue par l'atmosphère électrique de la pièce, alors que sa sœur tentait de comprendre la situation à travers les pensées de ses camarades. Mais il s'agissait d'un mélange de tant de choses qu'elle ne se trouva pas plus avancée.

  — Elle ne devrait pas tarder, les rassura Helena.

  Et, en effet, l'Occlumens entra dans la taverne à peine quelques secondes après ces mots, tenant un journal. Sans saluer personne, elle posa violemment La Gazette du Sorcier sur la table. Tirant bruyamment une chaise, elle la retourna de façon à y être assise à l'envers.

  — Les nouvelles sont donc arrivées plus vite que je l'imaginais aux oreilles des journalistes, marmonna Albus. Aysha a aiguisé ses sens, visiblement.

  — De quoi parlez-vous ? demanda Jacob.

  — Des personnes qui ont aperçu Grindelwald non loin d'ici. Voilà de quoi on parle, répondit la jeune femme.

  Thésée attrapa vivement le journal, tandis qu'Aysha tournait la tête vers Albus.

  — Peut-être qu'il serait temps de mettre à exécution notre plan.

  — C'est trop dangereux, lui répéta le professeur.

  — Quel plan ? les questionna Helena en lisant la Gazette par-dessus l'épaule de l'aîné des Dragonneau.

  — Rien ! répliqua sa benjamine d'un ton tranchant. Et je ne considère pas ce plan trop dangereux.

  — Je te l'ai déjà dit. On parle de Gellert Grindelwald. Pas d'adolescents peu sages qui t'ont tourmentée.

  — Essayez-vous donc de protéger Grindelwald ?

  — C'est toi que je protège, Aysha, avoua Albus.

  — Je ne suis pas Ariana, articula la jeune femme. Le fait que vous ne soyiez pas parvenu à protéger votre sœur n'est en aucun cas mon problème, Dumbledore. Ne me mêlez pas à sa mort.

  Le professeur parut profondément blessé par les paroles de son ancienne élève. Le silence qui suivit fut si lourd qu'April ressentit le terrible besoin de le briser :

  — Tu y es allée fort pour le coup, Aysha.

  Cette reproche sembla étonner tout le monde, car jamais April Will ne s'était opposée à sa meilleure amie si ce n'était pour des taquineries. Et, ceci, Aysha le sentit comme un trou béant dans sa poitrine.

  — J'ignore de quel plan vous parlez, reprit l'ancienne Poufsouffle, mais il me semble évident qu'il ne sera pas adopté en premier lieu. Au lieu de nous déchirer sur ce dernier, réfléchissons ensemble à la suite. Les faits étant que Grindelwald n'est pas loin de Poudlard.

  — Il faut le trouver avant qu'il ne nous trouve, objecta Tina. Si nous restons ici, nous mettrons en danger les habitants de ce village, ainsi que les élèves et le personnel de Poudlard.

  — Qui nous dit qu'il veut nous trouver ? l'interrogea Helena en se tournant vers l'américaine.

  — Il y a tout un tas de raisons, répondit Queenie à la place de sa sœur. Il veut ce que nous savons. Il veut de venger de sa défaite. Il veut me tuer pour ma trahison. Et, il veut...

  Elle regarda April qui comprit et compléta :

  — Me trouver parmi ses partisans. Gellert souhaite m'avoir à ses côtés.

  La sorcière sentit tous les regards se poser sur elle, particulièrement celui d'Aysha. Elle leva la tête vers son amie et lui promit :

  — Pour rien au monde je ne le rejoindrai. Je t'en fais la promesse, Aysha. Tu ne me perdras pas de cette manière. Je suis bien plus forte que ça. Nous sommes bien plus fortes ensemble. Si tu détruisais le monde, je serais à tes côtés.

  — Je te crois, April. Je n'ai jamais autant accordé ma confiance à quelqu'un qu'à toi.

  Elles s'échangèrent un sourire et April continua, s'adressant à tous :

  — Certains ne me connaissent pas assez pour me faire confiance.

  — Je vous fais confiance, Mlle Will, la rassura Queenie.

  — Et je pense que c'est la meilleure personne qui peut prouver ta sincérité, lui fit remarquer l'Occlumens. Ne trouvez-vous pas ?

  Ils acquiescèrent timidement et April reprit :

  — Bon, ce n'est pas tout, mais on doit réfléchir à ce qu'on va faire. Cependant, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de trouver un plan précis. On ne peut pas dire que nos plans fonctionnent.

  — Tu as raison, admit Dumbledore. J'en parlais avec Aysha le lendemain de votre retour, mais il semble que la destruction du pacte de sang soit nécessaire pour vaincre Grindelwald.

  — Aysha vous a-t-elle convaincu de cela ? demanda Thésée.

  — En effet. Elle semblait persuadée que la destruction du pacte était la première chose à faire.

  — Alors, elle ne pense plus que cette destruction n'est pas nécessaire ?

  — Elle est présente, renchérit Aysha.

  — Je présume que seuls les idiots ne changent pas d'avis.

  — Il semblerait que tu t'y connaisses en ce qui concerne les idiots, railla April.

  L'Occlumens émit un léger rire, qu'elle étouffa du mieux qu'elle put, et ignora le regard triste que Thésée posa sur elle.

  — Savez-vous comment le détruire ? l'interrogea Tina en sortant Dumbledore de ses pensées.

  — C'est justement l'un de nos principaux pro-

  — Je suis certaine que la rencontre entre Grindelwand et vous est primordiale, l'interrompit Aysha. Lorsque vous serez face à lui, vous saurez comment le détruire. Sans pouvoir l'expliquer, j'en suis convaincue.

  — Donc, si je résume ce que nous sommes en train de dire, reprit April, nous allons faire face à Gellert et ses partisans dans l'espoir qu'une intuition se révèle bonne ? Je peux vous promettre de ne pas rejoindre Gellert, mais je ne peux garantir un tel miracle.

  — Tu partages avec Aysha ton pessimisme, s'amusa Albus.

  — Je ne suis pas pessimiste. Je suis réaliste.

  — Nous partirons dès que... l'ignora le professeur.

  — Maintenant, le coupa Aysha. Prenons nos affaires et partons sur le champ. Le fait que les médias aient informé les sorciers de l'endroit où il se trouve ne tardera pas à arriver aux oreilles du mage noir. Je doute qu'il reste où il est si on sait où il se trouve.

  — Pas faux, approuva Thésée en hochant la tête.

  — Très bien, céda Dumbledore. Nous nous retrouverons ici, dès que nous aurons récupéré nos affaires. Je dois aussi organiser mon remplacement pour mes cours.

  — Je vous attends, s'amusa Aysha en faisant apparaître sa valise avec sa baguette.

  — Un génie, marmonna l'aîné des Dragonneau, ce que l'Occlumens entendit, souriant bien malgré elle.

  — Ne trainez pas, leur conseilla la jeune femme.

  Ils s'exécutèrent et Aysha vit Abelforth apparaître lorsqu'elle se retrouva seule.

  — Avez-vous entendu ? demanda-t-elle en se levant afin de s'asseoir convenablement.

  — C'est ma taverne. Je sais un peu près tout ce qu'il y est dit.

  Baissant la tête, la jeune femme marmonna :

  — Je suis désolée si ce que j'ai dit sur votre sœur vous a peiné.

  — Cela ne m'a pas fait de mal, je te rassure. C'est à Albus que j'en veux. Aussi bien pour ce qu'il s'est passé avec Ariana, mais aussi pour le fait qu'il la voit en toi et qu'il t'utilise pour assoupir sa culpabilité.

  — Vous avez déjà tant souffert...

  — Ma souffrance n'est pas comparable à la tienne.

  — Considérez-vous vraiment que la souffrance doit être prise en compte selon son niveau ? Qu'une personne qui a peu souffert ne peut se plaindre à une personne qui a bien plus souffert ? Qui sommes-nous pour juger une telle chose ? Il y aura toujours une possibilité qu'il y ait pire. Si nous devions vraiment juger la souffrance des gens, il y aurait tellement de données à prendre en compte. Des données que nous ne sommes pas toujours en capacité de récolter. Le même atroce événement peut subvenir à deux personnes différentes. Pour autant, leur souffrance différera.

  — Je sais. J'en ai conscience.

  Tous deux se turent, au dépend des innombrables choses qu'ils avaient besoin de hurler. Ils se regardèrent et la flamme de haine, de tristesse, de toutes ces choses qui les brisaient, sembla s'accorder, dansant sur le même air d'un bien-être hypocrite. Ils ne semblaient plus avoir besoin de parler pour se comprendre. Ils savaient ce que l'autre cachait dans les limbes de son âme, espérant oublier.

  Mais, ne dit-on pas que plus on veut oublier quelque chose, plus on y pense et, donc, moins y parvient ? N'y a-t-il pas de plus terribles choses que de se souvenir éternellement des maux qui ont fissuré notre âme ? De sentir les coups reçus dans notre enfance en voyant le reflet de l'adulte que nous sommes devenus ?

  Si Aysha accordait tant d'importance à la considération d'une souffrance, quelle que soit sa force ou sa source, n'est-ce donc pas car une âme blessée peut se cacher derrière un faux sourire ? Tout autant qu'une personne peut imiter le désespoir ou la tristesse sans y être réellement confrontée. Pourquoi s'acharner à faire taire les gens qui se plaignent de choses que nous considérons futiles sans savoir ce qui se cache derrière ? N'a-t-on pas le droit de ne pas apprécier la météo ? Doit-on toujours recevoir des "te plains pas, moi c'est pire" ?

  Tout être est différent, tout comme toute douleur est différente. Pourquoi donc parlerions-nous d'un tout pour nous, humains, et non pour tous ces maux qui nous touchent ? L'Humanité face à la Souffrance.

  Appréceriez-vous qu'on vous interdise de boire après de quelconques efforts, car certains meurent de soif ? Pour autant, viendrez-vous en aide à ces derniers ? Nous sommes notre principale cause de souffrance.

  Ceci est donc ce que voit Aysha Wilson en regarda un miroir. Combien vous faudra-t-il de larmes pour comprendre ce dont elle a pris conscience ?

  — Chacun de mes actes, reprit la jeune femme, le regard fixant le vide, est une lame qui s'enfonce petit à petit dans mon âme. Plus ces actions sont mauvaises, plus...

  — La lame s'enfonce profondément, termina Abelforth. Mais si nous agissons bien...

  — Pour nous ou pour les autres...

  — Nous pansons nos blessures.

  Leurs yeux se rencontrèrent de nouveau et ils échangèrent un faible sourire - pansant ensemble les blessures l'un de l'autre. Réparant des âmes brisées et tourmentées par une vie remplie d'échecs et de douleur. Par le silence, ils parvinrent à dire ce qu'il était nécessaire d'exprimer pour – enfin – oublier.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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