Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre vingt-et-un

  Le soleil se levait à peine sur la ville, propageant une couleur orangée dans le ciel. Le lendemain de Noël offrait un beau paysage : un manteau blanc recouvrait la ville, la plongeant dans un calme capable d'apaiser les cœurs, et le ciel sans nuage, d'une belle couleur, offrait quelques rayons de soleil que les habitants appréciaient particulièrement en ce lendemain de Noël.

  Cependant, dans l'une des maisons de la ville, l'ambiance n'était pas des plus joyeuses et l'agitation était à son comble. Même l'assistante d'un certain magizoologiste était présente à la réunion improvisée dans la maison de ce dernier. À côté de Yusuf Kama qui les avait rejoints, Thésée Dragonneau était assis, la mine sombre, écoutant à moitié ce que racontait Abelforth qui avait passé la nuit avec Aysha pour mettre au point un plan. L'Occlumens n'était d'ailleurs pas présente autour de la table, ayant pris congé de ses camarades pour aller à l'étage. Elle se dirigea vers une porte à laquelle elle frappa. Même sans avoir obtenu de réponse, elle l'ouvrit et entra dans la pièce où était assise Anne Dragonneau, fixant les dossiers qu'elle était censée remplir.

  Sans un mot, elle s'approcha de la vieille femme et posa sa main sur son épaule, la faisant réagir. Elle se tourna lentement vers la jeune femme, posant des yeux noisette sur le visage de la Métamorphomage.

  — Vous n'êtes pas obligée de tout faire tout de suite, Anne, murmura Aysha sur un ton conciliant. Je pourrais vous aider à notre retour.

  Anne secoua la tête.

  — Non. Je dois le faire. Je ne peux pas t'infliger toute cette administration.

  — Vous n'avez pas à le faire non plus, soutint l'Occlumens. Tina restera ici. Reposez-vous jusqu'à notre retour. Vous n'êtes pas obligée de le faire seule.

  Anne posa un regard triste sur la jeune femme avant de marmonner :

  — Tu me promets de revenir ? Avec Thésée et Norbert. Je ne veux pas vous perdre. Je ne le supporterai pas...

  Sa voix se brisa et Aysha lui adressa un sourire rassurant.

  — Je ferai tout pour revenir, je vous le promets. Et je protégerai vos fils.

  — Tu es sûre que vous devez y aller ? Cela me semble si dangereux. Pourquoi ne pas prévenir le Ministère ? Et Albus Dumbledore ?

  Aysha mit quelques secondes à répondre, cherchant les mots justes :

  — Il est nécessaire que nous y allions. Et, peut-être que nous ne trouverons rien là-bas. Le Ministère s'y prendrait mal et Albus... je ne suis pas sûre qu'il soit encore prêt à affronter ce qu'on pourrait rencontrer là-bas.

  — Oh... Aysha, soupira la vieille femme. Tu es vraiment... une femme exceptionnelle.

  Surprise, l'Occlumens ne sut pas quoi répondre, restant donc silencieuse, ce qui poussa Anne à reprendre :

  — Tu es courageuse. Vraiment courageuse. J'aimerais tant être un peu plus comme toi... J'y arriverai mieux... À supporter tout ça...

  Aysha resta un long moment silencieuse, ne sachant pas quoi répondre.

  — Le cœur a la force de continuer à battre lorsqu'il est brisé, finit-elle par dire. Heureusement, il y a l'âme, aussi indestructible que la roche, pour protéger le cœur. Même les âmes les plus tourmentées sont assez fortes pour continuer à faire battre le cœur.

  Anne dut cligner des yeux plusieurs fois pour assimiler ce qu'elle venait de dire et remarqua rapidement d'où cela venait :

  — Ta mère... murmura-t-elle. Elle avait vraiment un don... Je me souviens de cette citation dans Les Âmes Tourmentées. Elle marquait pour la première fois toute l'étendue du titre.

  Aysha ne put que sourire. On frappa à la porte. Cette fois, Anne invita la personne à entrer et Thésée apparut bientôt. Il regarda d'abord sa mère à qui il adressa un sourire triste, avant de se tourner vers l'Occlumens et d'annoncer :

  — Nous y allons. Désolé de vous déranger.

  Aysha secoua la tête pour lui signifier que ce n'était rien avant de murmurer, à l'attention d'Anne :

  — Reposez-vous. Nous vous aiderons pour toute la paperasse. Ne pensez à rien pour l'instant.

  La vieille femme n'eut pas la force de répondre, saluant son fils et la jeune femme d'un léger mouvement de la main qui disparurent rapidement. Ils rejoignèrent le rez-de-chaussée sans trop attendre et virent Norbert et Tina s'enlacer, alors que Jacob et Queenie venaient d'arriver avec leurs enfants pour tenir compagnie à Anne et Tina.

  Aysha attrapa son manteau et l'enfila, imitée par Thésée dont les mots étaient à présent rares à sortir de sa bouche. L'ambiance était maussade. Tous étaient encore bouleversés des événements de la veille, voire même encore de la mort d'Helena.

  Lorsqu'ils sortirent de la maison, ils étaient tous prêts à sortir leur baguette si besoin. Le froid leur importait peu, tant leurs pensées étaient à présent tournées vers ce qui les attendaient. La route fut longue. Aussi bien par sa distance que par l'ambiance au sein du groupe. Le silence était roi. Et il n'avait jamais eu autant de pouvoir.

  Ce fut Aysha qui repéra en premier la demeure à l'air sinistre devant eux. La vue était dégagée : seul le bâtiment se tenait debout devant eux. Sous la neige, il paraissait encore plus en mauvais état. L'Occlumens enjamba une barrière, rapidement imitée par les autres, et commença à marcher sur un terrain qu'elle n'avait encore jamais osé franchir. Pas uniquement par peur, mais aussi comme une sorte de... symbole. Les sœurs Wilson, Helena et Aysha, avaient toujours considéré que les Quatre Chevaux Sans Sabot ne devait pas être approché de trop près, sans vraiment de raison.

  Leurs pas ne résonnaient pas. Leur avancée était silencieuse sur tous les plans. Et plus ils voyaient le bâtiment s'approcher, plus leurs cœurs s'accéléraient. Thésée vint se placer près d'Aysha, lui prenant la main, sûrement un moyen de trouver la force dont il avait besoin.

  Ils s'arrêtèrent rapidement, atteignant l'entrée de la demeure, bien plus impressionnante vue de près. Tout le monde restait attentif, sachant très bien qu'on pouvait les observer sans qu'ils ne puissent voir leurs ennemis.

  Finalement, Aysha fit signe aux autres de la suivre et elle s'approcha de la porte, baguette levée cette fois-ci. Posant la main doucement sur la porte, elle la poussa, celle-ci étant entrouverte. Le plus silencieusement possible, ils entrèrent, tous prêts à lancer un sort. Mais alors qu'ils furent tous à l'intérieur, la porte se referma avec fracas, les plongeant dans l'obscurité.

  Thésée chercha comme il put Aysha, mais le noir complet ne le lui permit pas. Un frisson courut sur son échine lorsque quelque chose frôla sa jambe. Personne n'osait allumer une lumière, sûrement de peur de découvrir ce que l'obscurité leur cachait.

  Mais alors qu'il retrouvait son frère, des bruits de pas lui parvinrent. Trop nombreux et lointains pour qu'ils appartiennent à ses camarades. Le bruit s'approchait. Tout le monde retenait son souffle, prêts à se défendre.

  Kama était près d'April, tentant de scruter tout ce qu'il pouvait voir. Thésée et Norbert étaient dos à dos, eux aussi prêts à lancer un sort à tout ce qui pourrait les attaquer. Abelforth tendait l'oreille, alors qu'Aysha votait ses yeux devenir ceux d'un chat, ce qui lui permit de voir un minimum.

  Ils étaient seuls dans la pièce. Elle ne voyait personne. Pourtant, elle savait qu'ils n'étaient pas loin et qu'à tout moment ils pouvaient surgir et les attaquer.

  Les bruits de pas s'arrêtèrent. L'angoisse habitait à présent chacun des camarades qui étaient partis. Aysha tourna la tête, tentant de repérer tout ce qui pouvait être suspect. Elle repéra bientôt une marque gravé dans du bois : les Reliques de la Mort.

  Ils étaient sûrs d'une chose à présent : les partisans de Grindelwald étaient bien là.

  Un grand bruit, la main d'April s'accrocha à la première chose qu'elle trouva, c'est-à-dire le bras de Kama. Pour une fois, celui-ci ne fit aucun commentaire, lui aussi trop angoissé pour lui en vouloir.

  Un murmure leur parvint soudainement :

  — Fille aux larmes d'or, rejoins-nous. Fille aux larmes d'or, rejoins-nous.

  Et encore et encore, cette phrase se répétait.

  La lumière au-dessus d'eux s'alluma subitement, les éblouissant sur le coup. Tout le monde put voir qu'ils étaient seuls. Il n'y avait personne dans la pièce si ce n'était eux-mêmes. Cela ne les rassura aucunement.

  Soudainement, une porte s'ouvrit. Personne derrière cette dernière. Ils restèrent immobiles.

  Le murmure s'arrêta subitement.

  Et... brusquement, des sorts fusèrent vers eux sans qu'ils ne puissent en voir la source. Norbert fut le premier touché, tombant inconscient sur le sol, près de son frère qui, en se baissant, reçut le même sort et se retrouva bientôt dans le même état que son benjamin. Ce fut bientôt le tour d'April et d'Abelforth avant que Kama ne les rejoigne. Aysha fut le dernière à sentir l'un des nombreux sorts encore lancés la toucher. Elle se laissa tomber sur le sol, incapable de lutter et sombra rapidement, tout autour d'elle se retrouvant plongé dans l'obscurité.

***

  Il était une fois, trois sœurs qui n'avaient rien en commun. Elles vivaient dans une petite ville de France, recueillis par un couple après la mort de leurs parents alors que la benjamine n'avait que quelques jours.

  L'aînée avait probablement le plus de qualités. Elle était attentionée et bienveillante et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour remplir son rôle.

  La cadette avait très vite voulu s'attirer les faveurs de leurs nouveaux parents, quitte à être malveillante envers ses sœurs.

  La benjamine, elle, était comme le vilain petit canard de la fratrie. Ni leurs tuteurs, ni la cadette ne l'appréciait. À tel point qu'elle avait fini par se détester elle-même.

  Les sœurs pouvaient toutes trois être caractérisées par des termes bien différents tant elles ne se ressemblaient pas.

  La première était la douceur et la gentillesse. Le sucre et le caramel.

  La seconde était la cruauté et l'égoïsme. Le pamplemousse et le poivre.

  La dernière était la force et l'antipathie. Le chocolat et le café noir.

  Les trois sœurs avaient toujours été le sujet principal des discussions.

  Les gens admiraient et appréciaient le sucre.

  Ils s'indifféraient et méprisaient le pamplemousse.

  Ils détestaient et craignaient le chocolat.

  Chacune des trois sœurs avait une manière différente de faire face aux horreurs que la vie les forçait à surmonter. Les trois sœurs prirent trois routes différentes, s'éloignant les unes des autres sans réellement le remarquer.

  Il vint un jour où elles se perdirent totalement de vue. Mais, bientôt, leurs routes se croisèrent de nouveau.

  À l'aube d'un nouveau jour, la deuxième sœur mit un barrage sur les routes de son aînée et de sa benjamine. Toutes deux parvinrent à le surpasser et leurs routes se rejoignirent, formant toujours deux voies.

  Des jours passèrent et les voies voisines de la première et de la dernière sœurs se craquelaient et se réparaient sans arrêt.

  La deuxième sœur mit à nouveau un barrage sur leur route, mais elles parvinrent de nouveau à le surpasser. Bientôt, les deux voies n'en formèrent plus qu'une.

  Ils se passa beaucoup de temps avant que de nouveau, la cadette n'intervienne. À un carrefour, elles se croisèrent et la seconde sœur enlaça l'aînée. La première sœur fut la première à disparaître, prise par la seconde.

  Les deux sœurs restantes se séparèrent de nouveau. La route de la benjamine devenait de moins en moins bien entretenue alors qu'elle marchait.

  Mais alors qu'elle n'avait plus la force d'avancer, quelque chose rejoignit la route. La dernière sœur se retourna et vit qu'une salamandre, un Botruc, un blaireau et un Oiseau-Tonnerre avaient rejoint sa route. En leur présence, elle eut la force de se remettre à avancer.

  Bientôt, un cheval entra dans son champ de vision, ne cessant de tourner autour d'un rond-point. Elle ne pouvait s'arrêter, et alors que la salamandre rejoignait le bord de la route, toute la compagnie continuait d'avancer, rejointe bientôt par un bouc et un dragon d'eau. Ils entrèrent alors sur le rond-point, le cheval s'arrêtant devant eux.

  La dernière sœur posa sa main sur sa crinière et y grimpa, les autres la suivant de là où ils pouvaient.

  Mais alors qu'elle tournait dans le rond-point, une autre personne arriva, montant un cheval à la robe aussi noire que l'ombre...

Ceci est un texte rédigé dans le cadre d'un devoir de divination

Helena Wilson, Beauxbâtons, 3 octobre 1908.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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