Les Animaux Fantastiques
Tome 1


Chapitre trois

Le réveil avait été dur pour beaucoup, hormis Aysha qui avait passé la nuit à jeter toute sorte de sorts à tout et n'importe quoi. Elle était même arrivée en avance au lieu de rendez-vous et repensait aux événements de la veille. L'arrivée inattendue de Norbert et April chez elle, la discussion qu'elle avait eue avec Thésée et les retrouvailles avec Dean ne lui avaient pas permis de retrouver ses sœurs. Bientôt deux personnes la rejoignirent, parmi eux une jeune femme aux courts cheveux bruns qui la fixait, mettant mal à l'aise l'ancienne Serdaigle. La voix de l'homme qui accompagnait cette inconnue la sortit de ses pensées lorsqu'il lui demanda :

- Vous devez être cette Aysha Wilson ?

L'Occlumens se contenta de hocher la tête, trop occupée à surveiller l'arrivée des personnes qu'elle connaissait.

- Je suis Jacob Kowalski, reprit-il en lui tendant sa main.

- Vous devez être un Moldu ? l'interrogea-t-elle sur un ton involontairement sec, sans lui rendre sa poigne.

- Vous aussi vous lisez dans les pensées ?

Le dénommé Jacob avait employé un ton triste et sa mine s'était assombrie tandis qu'il rangeait sa main dans la poche de son manteau.

- Non, répondit finalement Aysha. On le voit à la manière dont vous vous émerveillez devant tout ce qui est magique. Certaines choses non dites se lisent sur le visage. Et, excusez-moi pour mon ton sec, je ne voulais pas...

- Ce n'est rien, lui assura-t-il sans toutefois lui sourire. Les temps sont durs pour tout le monde.

Sa voix s'était perdue dans le cri soudain d'une jeune femme aux cheveux bruns qui courait vers l'Occlumens en levant les bras, suivie de près par une autre femme à la chevelure de la même couleur.

- Aysha !

- Helena... marmonna l'intéressée en se retournant.

- Comment vas-tu ?

La sorcière n'eut pas le temps de répondre, car son aînée lui avait pris le visage et l'examinait.

- Tu as l'air d'aller mieux, finit par dire Helena en se reculant.

- Tu as l'air d'aller bien, murmura la benjamine sans un sourire avant de se tourner vers son autre sœur. Toi aussi, Emy.

Les yeux de l'ancienne Gryffondor brillèrent quelques instants et elle ouvrit la bouche pour répondre, mais elle fut coupée dans son élan par l'arrivée de quatre personnes, dont deux qui gardaient une distance considérable entre eux. Ayhsa leva la tête et croisa le regard de Norbert, qui le détourna aussitôt.

Baissant la tête, l'Occlumens marmonna un désolée à peine audible et reporta son attention sur ses pieds. Quand enfin la porte s'ouvrit à la volée, laissant apparaître un Albus Dumbledore souriant, l'Auror dut relever brusquement la tête pour faire face à son ancien professeur de métamorphose.

- Entrez donc.

Dans un silence pesant, chacun des sorciers entrèrent et prirent place sur des chaises disposées en cercle. Aysha se retrouva entre Helena et la jeune femme aux courts cheveux bruns qu'elle avait repérée plus tôt.

- Bien ! s'exclama Dumbledore en tapant dans ses mains et se plaçant au milieu du cercle. J'espère que vous avez passé une bonne nuit.

Personne ne répondit et le silence s'installa quelques secondes, vite coupé par le professeur :

- Je vois que vous êtes ravis d'être là. Je ressens toute la joie que vous éprouvez quant à partir en mission, s'amusa-t-il, essayant de détendre l'atmosphère.

- Abrégez, Professeur, finit par demander Aysha sur un ton qu'elle ne voulait pas aussi froid.

- Très bien.

Le Legilimens regarda un instant le sol et un air sérieux apparut sur son visage tandis qu'il relevait la tête en reprenant :

- Je sais que les circonstances ne sont pas les meilleures. Vous avez perdu des personnes qui vous étaient chères, ou, vous-même, parfois, admit-il en posant son regard sur l'Occlumens qui s'enfonçait dans sa chaise. Il sera difficile pour vous tous de mener à bien cette mission, mais c'est nécessaire. Une guerre se prépare et nous devons l'empêcher. Comme vous le savez sûrement, Grindelwald aurait été vu au Brésil, c'est pour cela que je vous y envoie.

- Ce n'est qu'un flot de rumeurs, le coupa l'ancienne Serdaigle en levant un sourcil. Il ne se trouve peut-être pas là-bas. Et puis, le Brésil est un vaste pays...

- J'apprécie grandement ton optimisme, Aysha, répondit Albus Dumbledore en lui adressant un sourire. Cependant, j'ai mes propres sources.

L'Occlumens croisa les bras d'un air boudeur, écoutant la suite :

- Je ne peux vous accompagner tant que je n'aurais pas détruit le pacte. C'est pour cela que j'ai fait appel à cinq talentueux Aurors.

- Et une folle dans le lot, l'interrompit à nouveau Aysha.

- Cinq fous, je dirais, répondit le sorcier en souriant d'une façon enfantine. J'ai toujours eu du mal avec les Aurors - le Ministère pour être plus exact -, avoua-t-il sans abandonner son sourire. Je disais donc, avant d'être interrompu par notre aimable Aysha, que j'avais fait appel à cinq grands fous qui vous aideront, vous, Porpentina Goldstein, Jacob Kowalski et Norbert et Thésée Dragonneau. Mr Flamel est rentré à Paris et Mr Kama et Nagini restent ici.

Le professeur avait désigné chaque personne qu'il nommait d'un mouvement de la tête ce qui permit à Aysha de comprendre que la jeune femme à côté d'elle n'était autre que Porpentina Goldstein.

- Je connais pour beaucoup vos capacités, continua Dumbledore, et suis certain que vous vous débrouillerez merveilleusement bien. Un ami à moi habitant au Brésil vous accueillera au port, vous logera tous dans son immense demeure et vous aidera, bien évidemment. Je pense qu'il vous faut partir bientôt si vous ne voulez pas voir le bateau partir sans vous. Je vous souhaite une bonne mission.

Tout le monde se leva, hormis Aysha qui fixait le professeur. Tandis que les autres sortaient, ses sœurs l'attendaient, mais furent bientôt contraintes de sortir à la demande du propriétaire du bureau, qui vint se poster devant son ancienne élève. Il se contenta de la regarder pendant quelques secondes avant de commencer :

- J'aimais beaucoup te voir rire avec Norbert lorsque vous parliez de vos mésaventures avec vos créatures.

- Cela ne risque plus d'arriver. Qui voudrait rire avec moi, la sorcière torturée et complètement cinglée ?

- Il t'a pourtant pardonnée.

- Avoir été pardonnée ne signifie pas que tout redeviendra comme avant.

- Si tu ne t'en donnes pas le droit, en effet, cela ne risque pas d'arriver.

Malgré le ton calme qu'avait employé le professeur, Aysha savait qu'il était rempli de reproches.

- Je veux t'aider, continua-t-il en affichant un air désolé.

- Vous en avez déjà fait suffisamment pour moi. Maintenant, je vais vous laisser. Tout le monde doit m'attendre.

Sans un mot de plus, l'Occlumens se leva, attrapant sa valise et son manteau, qu'elle avait déposé sur le dossier de sa chaise, et sortit de la pièce. Tout le monde la regardait quand elle vint se poster entre ses deux sœurs, mais ils sortirent rapidement du château lorsque Helena objecta qu'ils devaient se dépêcher. Alors, sans un mot, le groupe se retrouva assez loin du château pour transplaner, ce qu'ils firent.


Dans un bruit assourdissant, Norbert se retrouva plaqué contre un mur d'une rue déserte par son frère qui se dégagea rapidement en s'excusant. À peine eut-il dépoussiéré son fidèle manteau qu'il dut rattraper Aysha qui s'était pris les pieds dans un sceau qui traînait.

- Toujours aussi maladroite, murmura-t-il, légèrement amusé.

- Merci, désolée... se contenta de répondre son amie.

Déçu, le magizoologiste se retourna pour voir où étaient les autres et repéra bien vite Tina qui tenait Jacob par le bras, étourdi par le voyage. Lorsqu'il croisa le regard de la jeune femme, il baissa immédiatement la tête, ce qui ne passa pas inaperçu. Aysha eut un semblant de sourire sans, cependant, la trace d'un sourire. Le magizoologiste se baissa pour attraper sa valise qui était tombée à terre à l'atterrissage et rejoignit bien vite ses amis américains, suivi de près par son ancienne camarade de classe et son frère. Sans la regarder, il demanda à Tina :

- Où sont les autres ?

- Ils ont atterri là-bas, leur indiqua-t-elle d'un mouvement de la tête sans lâcher du regard l'excentrique sorcier, ce qui, là encore, n'échappa pas à l'Occlumens.

- Dans la rue en face ? demanda-t-elle, essayant de leur faire comprendre que la jeune femme avait passé plus de temps à regarder son ami qu'à réfléchir à ce qu'elle indiquait.

- Euh... oui... balbutia-t-elle en détournant le regard.

- Allons les rejoindre dans ce cas.

La sorcière poussa légèrement Norbert qui se rattrapa difficilement, sous le regard amusé de Tina. Il se racla la gorge, passa un main sur son manteau et commença à marcher vers la rue en question, suivi des autres, où il trouva ceux qui manquaient. Dans un commun accord, ils ajustèrent leur tenue pour paraître le plus Moldus possible et se dirigèrent vers le port qui se trouvait à peine quelques mètres plus loin. Les Moldus étaient assez nombreux et quelques-uns d'entre eux fixaient avec étonnement le groupe qui, malgré leurs efforts, ne passait pas totalement inaperçu. Cependant, ils arrivèrent sur le bateau sans trop de problème après avoir passé la douane.


Assis sur un banc, regardant les terres s'éloigner, Norbert ne put s'empêcher de penser que la dernière fois qu'il avait eu si mal en quittant un pays de cette manière était lorsqu'il retournait en Angleterre après son séjour en Amérique. Mais, aujourd'hui, la douleur était différente. Encore dans ses pensées, il ne remarqua pas que son frère s'était assis à côté de lui.

- Je n'arrête pas de me poser la question, commença-t-il en faisant réagir son frère, je sais que je ne devrais pas, mais c'est plus fort que moi.

L'Auror s'arrêta quelques secondes et tourna la tête vers son frère qui tenait fermement sa valise.

- Leta... murmura-t-il du bout des lèvres, à qui... à qui a-t-elle dit je t'aime avant de mourir ? Toi, ou moi ?

Non seulement la mention de Leta coûta un pincement au cœur du magizoologiste, mais la question l'empêcha de dire quoi que ce soit. Lui aussi s'était posé la question, mais il avait vite pensé qu'il se faisait des idées. Thésée poussa un profond soupir avant de marmonner :

- Elle ne t'a jamais oublié...

- Ne dis pas ça, répondit Norbert qui avait retrouvé ses esprits. Et puis, on s'en moque, non ? Elle t'aimait et moi j'aime quelqu'un d'autre.

- Oh.

Se rendant compte de ce qu'il venait de dire, le magizoologiste ouvrit de grands yeux et reprit, très gauche :

- Enfin, je voulais dire que j'avais de nouveaux amis à qui je tiens beaucoup.

Le fantôme d'un sourire apparut subrepticement sur le visage de l'Auror qui répondit :

- Surtout Tina, pas vrai ? Je l'ai bien vu, expliqua-t-il en voyant l'air surpris de son frère, surtout à... l'enterrement...

Sa voix mourut dans les cris des voyageurs, mais il reprit :

- Beaucoup le savent. Tu n'es pas discret.

Le magizoologiste s'enfonça dans le banc à la fois gêné et attristé. Il ne s'était plus retrouvé seul avec Tina depuis ce qui s'était passé au Ministère français, car il avait passé la plupart de son temps avec ses créatures et ne l'avait vue que lorsqu'ils étaient avec les autres. Autant dire que Norbert désespérait profondément.


Louise Garénaux - Auteure passionnée
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