Les Animaux Fantastiques
Tome 2


Chapitre treize

  Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était là, enfermée avec cet homme qu'elle ne connaissait que de nom, mais Aysha n'avait pas envie de connaître la réponse. Si elle se basait sur les repas qu'on leur avait apporté - un par jour - ce devait faire déjà trois journées qu'elle était ici. Son compagnon de cellule n'était pas bien bavard et il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre qu'il n'était pas en très bonne santé.

  Elle n'avait revu ni Grindelwald, ni sa sœur depuis son arrivée. Elle se demandait alors comment elle pouvait bien leur prouver quoi que ce soit s'ils ne la laissaient pas faire.

  — Vous avez à peine touché votre repas, marmonna l'homme à côté d'elle.

  Elle fut surprise d'entendre sa voix et resta un instant immobile, avant de pousser le plat vers lui.

  — Je n'ai pas faim, expliqua-t-elle devant son air surpris. Et vous semblez en avoir plus besoin que moi.

  Graves lui adressa un sourire et commença à manger comme s'il n'avait pas été nourri depuis des jours - ce qui n'était pas si loin de la vérité en voyant le peu qu'on leur donnait aux repas.

  — Vous êtes là pourquoi, au fait ? demanda-t-il. Je ne vous ai jamais posé la question.

  Aysha ne répondit pas. Elle préféra se terrer dans le silence. Et elle eut raison, car on aurait entendu sa réponse.

  Il ne fallut pas longtemps à Grindelwald pour arriver devant leur cellule. L'Occlumens ne le regarda pas, mais elle savait que c'était lui.

  — Comment vont mes prisonniers préférés ?

  — On ne peut mieux, railla la jeune femme.

  — Ravi de l'entendre. J'ai besoin de toi, Aysha.

  La Métamorphomage parut un instant surprise et finit par se décider à regarder le mage noir.

  — Besoin de moi ?

  Le sorcier lui sourit. Un sourire démoniaque.

  — Tu n'es pas sans savoir que je cherche à devenir le manitou suprême, non ?

  — Évidemment.

  — Alors, je pense avoir besoin de quelques conseils. Des conseils pour attirer davantage d'électeurs. Il y a encore trop de personnes voulant voter pour mes rivaux. Et j'aimerais les convaincre que leur choix serait mauvais.

  Un sourire discret étira les lèvres de la jeune femme qui se leva et s'approcha de Grindelwald.

  — As-tu des idées ?

  — Puis-je voir April ?

  — Je t'ai dit quelles étaient les conditions pour que tu puisses les voir. N'ai-je pas été assez clair ?

  — Et comment je peux savoir que vous ne me mentez pas ?

  — Tu ne peux pas. Tu dois juste me faire confiance.

  Aysha lui lança un regard noir.

  — Pourquoi pensez-vous que je peux vous aider sur ce point ? lui demanda alors la sorcière.

  — Parce que je sais que tu as une idée, mais que tu ne veux pas me le dire.

  — Une idée ? s'étonna faussement la Métamorphomage. Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez.

  Grindelwald haussa les sourcils, un sourire mauvais tordant alors son visage.

  — Je ne te crois pas.

  Il ne lui laissa pas le temps de répondre. Il se détourna et fit un signe derrière lui. Des personnes apparurent, dont Abernathy, Croyance, Emy, Dean, Elizabeth ou encore John. Aysha fronça les sourcils, ne comprenant pas. Elle les vit se mettre en cercle, entourant le mage noir.

  — Bien, reprit le sorcier. Maintenant que vous êtes tous là, j'aimerais qu'on parle de nos plans que j'avais laissé de côté pour l'instant.

  Il se tourna vers Emy qui ignorait royalement sa sœur et demanda :

  — Comment vont nos trois autres prisonniers ?

  — Plutôt bien, répondit-il. Goldstein est tenace.

  — Bonne nouvelle. Ils peuvent toujours nous servir. Surtout Goldstein.

  Un tas de questions pouvaient sortir à tout moment de la bouche de l'Occlumens. Mais elle préférait se taire, voulant récolter un maximum d'informations sur ce qu'ils faisaient.

  — Nous allons encore faire un maximum pour que je devienne manitou, reprit Grindelwald. Mais dans la mesure où ce n'est pas gagné, nous devons aussi essayer de nous débarrasser de ceux qui représentent notre plus grande menace.

  Il marqua une pause, mais Aysha savait très bien de qui il parlait et elle sentit son cœur se mettre à battre plus rapidement.

  — Dumbledore, Dragonneau et toute leur troupe doivent cesser de m'importuner. Nous pouvons les arrêter définitivement.

  Aysha gardait les lèvres scellées, même si elle voulait hurler un tas de choses.

  — Tant que je n'ai pas d'assurance de gagner lors de cette élection, je dois éliminer un maximum de ceux qui pourraient m'en empêcher. En commençant par eux. C'est là que nos trois prisonniers entre en jeu. Ce Dragonneau, le magizoologiste, a trop de fois mis à rude épreuve mes plans. D'abord New York, puis au Brésil. Je ne veux pas le laisser indemne. Et avoir Goldstein me permettra de m'en servir contre lui. Évidemment, notre priorité reste l'élection. Donc si on a un plan pour cette dernière, nous laissons cette vengeance de côté.

  Aysha savait ce qu'il essayait de faire.

  — Le meilleur moyen de se débarrasser définitivement d'eux est de les tuer, intervint Emy, un sourire mauvais sur les lèvres.

  — Oui. C'est ce qui est prévu pour ceux qui ne sont pas importants. Je pourrais bien avoir besoin de Dumbledore ou du magizoologiste. Mais les autres... Je me ferai un plaisir de les tuer. Les Aurors en priorité. L'aîné des Thésée, l'aînée des Wilson...

  — Je veux me charger d'Helena, l'interrompit de nouveau Emy. Elle doit payer.

  L'Occlumens regarda avec horreur sa sœur. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait de dire. Elle ne serait pas étonner qu'Emy veuille la tuer. Mais Helena... Jamais elle ne l'aurait cru.

  — Ça peut très bien se faire. Si nous les tuons dans la douleur. Et Queenie, il faudra réfléchir. On peut toujours avoir besoin d'elle.

  — Vous parlez du sort Doloris ? demanda alors Dean d'une voix faible.

  — Évidemment.

  Le regard de Grindelwald se posa un instant sur Aysha qui se sentait totalement perdue.

  — Nous commencerons par l'aîné du magizoologiste. Thésée.

  Aysha poussa un profond soupir.

  — Je pense que vous pouvez disposez et commencez à vous lancer à leur recherche.

  — Attendez ! s'exclama soudainement l'Occlumens.

  Tous les regards se posèrent sur elle. Elle, elle fixait le sol.

  — Le Qilin, marmonna-t-elle.

  — Le quoi ? l'interrogea le mage noir en s'approchant.

  — Le Qilin, répéta-t-elle. C'est un animal.

  — Merci pour cette intervention inutile, railla Emy.

  — Le Qilin est un animal originaire d'Asie, capable de lire la pureté d'un cœur. Il est important dans les croyances. Il ne fait une révérence que devant l'âme la plus pure, continuait la sorcière alors que Grindelwald semblait comprendre peu à peu ce qu'elle cherchait à lui dire.

  Il sourit.

  — Tu penses qu'en présentant un Qilin lors de l'élection, lorsqu'il s'abaissera devant moi, tout le monde votera pour moi ? demanda-t-il.

  Aysha se contenta d'hocher la tête.

  — Il ne s'abaissera jamais devant vous ! hurla alors Graves qui avait tout suivi. Elle a dit un cœur pur et-

  Il ne put terminer sa phrase, car on venait de lui jeter un sort.

  — On peut l'ensorceler, proposa Emy. Pour qu'il vous choisisse.

  Le sourire de Grindelwald s'agrandit. Il continuait de fixer Aysha qui soutenait son regard, le visage impassible.

  — Trouvons un Qilin. Tuons-le, continuait Emy. Ensorcelez-le. Et le tour est joué.

  — Faisons ça, marmonna le mage noir dont les yeux ne quittaient pas Aysha. Vous pouvez disposer et commencer vos recherches de ce Qilin en vous informant un maximum.

  Tout le monde s'exécuta. Il ne resta bientôt que Grindelwald de l'autre côté des barreaux.

  — L'amour est une faiblesse, marmonna-t-il.

  — Qui vous dit que j'ai fait ça par amour ? rétorqua la sorcière.

  — Tu penses avoir prouvé ta dévotion ? Mais ce n'est pas le cas. Il m'en faut plus.

  Et sans lui laisser la possibilité de répondre, il pivota sur ses talons et s'éloigna, disparaissant à son tour. Aysha recula, les larmes emplissant ses yeux. Avait-elle vraiment fait cela ?

  Elle chassa bien vite ses larmes, s'asseyant sur le sol et retrouvant son impassibilité. À côté d'elle, Graves se relevait difficilement. Il fixa un instant la cellule avant de marmonner :

  — Vous êtes de leur côté ?

  — Non.

  Aysha posa son regard sur l'homme.

  — Je ne suis ni du côté de Dumbledore. Ni de celui de Gellert. Je suis du côté d'April.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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