Les Animaux FantastiquesTome 2
Chapitre quatorze
Trois jours.
Trois nouveaux jours s'étaient écoulés.
Ils n'avaient encore rien fait. Ils n'avaient encore rien trouvé à faire.
Thésée ne pouvait s'empêcher de penser au pire.
Et s'il lui était arrivé quelque chose de grave ? Et si on lui avait fait du mal ?
Et puis, il se sentait égoïste. Car Aysha n'était pas la seule à avoir disparu. Tina aussi. Kama et Tolliver. Et Norbert n'allait pas mieux que lui. Alors, il tentait de l'aider à se changer les idées. Mais rien n'y faisait vraiment. Tous deux étaient profondément désespérés, effrayés, à l'idée de les perdre. Autant l'une que l'autre.
Thésée n'avait même pas pu répliquer quoi que ce soit quand Dumbledore leur avait annoncé qu'ils allaient cherché Aysha et les autres. Jenny avait été la seule à s'y opposer sur le moment, mais elle avait fini pour partager leur avis. Car trois jours étaient passés. Et ils n'avaient aucune nouvelle.
Le sorcier faisait les cents pas devant la Grande Salle. Ses pensées semblaient aller dans tous les sens. Il ne pouvait pas s'arrêter. Norbert avait disparu depuis hier et il supposait qu'il était près de la forêt. C'était sûrement pour cette raison qu'il sursauta lorsqu'il entendit sa voix :
— Tu empêches des gens de passer, Thésée.
L'Auror leva la tête, remarqua que des élèves attendaient sans savoir quoi faire d'entrer dans la Grande Salle et s'approcha de son benjamin dont les cernes trahissaient son manque de sommeil. À dire vrai, il était difficile de dormir quand la personne qu'on aimait était probablement en danger.
— Dumbledore veut nous voir, annonça le magizoologiste.
Thésée poussa un soupir, ne se sentant pas capable de faire face au professeur. Il ne savait pas pourquoi il ressentait tant de colère envers lui soudainement. Peut-être en partie car Aysha le détestait ?
— Je crois que nous partons bientôt, ajouta son frère, le sortant de ses songes. C'est ce que semblait dire Helena quand elle est venue me voir.
Leurs regards se croisèrent et le cœur de l'Auror se serra lorsqu'il vit toute la peine dans celui de son frère. Il se sentait si égoïste. Il n'était pas celui qui avait perdu le plus. Norbert avait perdu sa moitié. Et lui... Lui n'avait perdu qu'une amie. Oui. Ils étaient amis. Alors pourquoi diable sentait-il son cœur devenir fou dès qu'il pensait à elle ? Il pensait avoir terré ses sentiments si profondément qu'ils ne ressurgiraient plus. Mais... ce n'était peut-être pas le cas finalement.
Lorsque Norbert se racla la gorge, il fut de nouveau ramené à la réalité. La réalité où Aysha et Tina avaient disparu. La réalité où Aysha n'était que son amie.
Sans un mot de plus, ils prirent tous deux la direction du bureau. Ils restèrent silencieux jusqu'à ce qu'ils arrivent à destination. Albus les accueillit sans attendre et ils découvrirent qu'ils étaient les derniers. Thésée fut même surpris qu'Helena lui lance un regard doux et peiné. Comme si elle comprenait sa souffrance.
— Merci d'être venus, fit le professeur en fermant la porte. Je sais que ce n'est pas facile pour tout le monde. Mais nous avons eu quelques nouvelles.
Il marqua un temps d'arrêt alors qu'il gagnait l'attention de tout le monde.
— D'abord, nous avons eu la confirmation que Mlle Goldstein, Mr Kama et Mr Tolliver sont bien sous l'emprise de Grindelwald.
Thésée vit Jenny s'appuyer davantage contre le mur.
— Ensuite, nous avons appris que les partisans de Grindelwald avait récupéré un Qilin.
Cette fois, ce fut Norbert qui esquissa un mouvement, non surpris par la nouvelle.
— C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai envoyé Norbert en Asie.
Il n'était pas dans la forêt, alors, songea Thésée.
— Seul ? s'inquiéta Queenie qui connaissait cependant déjà la réponse.
— Non.
C'était Eulalie qui avait répondu.
— J'y suis allée avec Jenny et lui. Tout s'est bien passé. Nous en avons trouvé un. Sa mère et le petit sont dans la valise de Mr Dragonneau.
Pourquoi ne pas avoir fait appel à moi ? s'interrogea alors Thésée. Après tout, il était le frère de Norbert.
— Et... hésita Jacob. C'est quoi toute cette histoire de Qilin ?
Norbert lui expliqua alors tout ce qu'il fallait savoir sur l'animal avant que Dumbledore ne prenne la suite :
— On pense que Grindelwald va s'en servir pour l'élection, mais aussi pour savoir ce qu'on prévoit de faire, comme il peut aussi donner un aperçu de l'avenir.
— Génial, marmonna le Moldu. Et comment on est censés surprendre un sorcier qui voit l'avenir ?
— En n'ayant pas de plan, répondit le professeur sans réfléchir. Ou tout un tas de plans qui se contredisent.
Thésée remarqua l'absence de Nagini.
— La dernière fois que nous sommes partis sans avoir de plan, ça s'est mal passé, leur fit remarquer Jacob.
— Et la dernière fois qu'on est partis avec un plan aussi, rétorqua Helena qui était restée silencieuse jusqu'alors. Peu importe. Le principal c'est que nous faisions tout ce qui est en notre pouvoir pour aller les sauver.
— Je continue à dire qu'elle pourrait tout à fait s'en sortir seule, marmonna Thésée, parlant d'Aysha.
Tous les regards se posèrent sur lui et il n'eut pas la force de les soutenir.
— Je suis vraiment reconnaissante de voir à quel point tu crois en ma sœur, reprit Helena. Mais ça nous dépasse tous. Grindelwald n'est pas seulement doué qu'avec la magie.
— Je sais, admit l'Auror. Et Aysha est une grande sorcière. Elle est intelligente. Elle est puissante. Je suis certain qu'elle peut s'en sortir.
— Ça fait trois jours. Trois jours que nous n'avons pas de nouvelle. Si tu veux mon avis, il vaudrait mieux qu'on y aille.
Thésée ne répondit rien. Pas parce qu'il était d'accord - pas foncièrement du moins -, mais parce qu'il mourrait d'envie d'aller la chercher.
— Peut-être qu'Aysha ne sait pas que Tina, Kama et Achilles sont là-bas, intervint Queenie. Si elle réussit à s'enfuir, elle pourrait revenir seule.
Là-encore, l'aîné des Dragonneau ne dit rien. Il n'avait rien à dire.
— Et... on sait... balbutia Norbert. On sait où il se trouve ?
— Nurmengard.
C'était Jenny qui lui avait répondu, ce qui en surpris plus d'un.
— Je serais étonné de savoir d'où viennent toutes ses sources, demanda alors Jacob. Comment elle sait tout ça ?
— Je sais m'informer, expliqua doucement la jeune fille. J'ai conscience que c'est difficile à croire, surtout que je suis tout juste sortie de Poudlard, mais je tiens vraiment à Aysha, aussi étrange cela soit-il. Je suis prête à tout pour l'aider si elle est en danger. Bien que je sois d'accord avec Mr Dragonneau - le vieux - quant au fait qu'elle pourrait se débrouillait seule.
Thésée ne releva pas le fait qu'on l'avait traité de vieux. Il aurait même pu s'en amuser si son cœur n'était pas aussi lourd. Il avait l'impression qu'il s'était changé en pierre.
— Donc, reprit alors Jacob. Si je comprends bien, on a un Qilin pour je ne sais quelle raison. Grindelwald en a un aussi qu'il va utiliser pour gagner. Et nous, on fonce droit vers sa cachette pour récupérer tous ceux que le sorcier nous a pris.
— Bonne déduction, Mr Kowalski, s'amusa à moitié Jenny.
L'homme sourit. Parce qu'il était vrai qu'il avait appris à aimer la jeune fille animée par une bienveillance sans faille, rarement de mauvaise humeur malgré les circonstances et qui semblait toujours être passionnée par ce qu'il racontait de sa vie de Moldu. Il comprenait pourquoi Aysha s'était attachée à elle si facilement. Et il en était de même pour Queenie qui n'avait besoin que de la regarder pour comprendre que rien en elle ne pouvait être terni pour une quelconque ombre.
— C'est un peu près ça, admit finalement Dumbledore. Et ça peut paraître fou, c'est vrai.
— Et qui y va ? demanda alors Thésée.
— Le plus de monde possible. Les frères Dragonneau pour commencer. Helena. Hicks.
Il sembla s'arrêter, ce qui ne parut pas plaire à ceux qui n'avaient pas encore été mentionnés.
— Le plus de monde possible ? railla Jacob. Je dois y aller aussi. Ce n'est pas parce que je suis un Moldu que je sers à rien.
— Ce sera dangereux, Mr Kowalski, s'expliqua Albus. Je ne veux pas vous exposer à un trop grand danger.
— Je serai là pour le protéger, intervint Queenie.
— Et moi aussi ! ajouta Jenny. Je suis jeune, mais je peux aider !
— Non, Jenny. J'ai besoin de toi ici.
— Ici ? s'étonna la jeune fille. Mais pourquoi ?
— Avec Nagini. J'ai besoin de toi.
— Mais nous, nous y allons, reprit Jacob en prenant la main de Queenie. Nos amis sont là-bas. Il faut qu'on aille les sauver.
Le professeur ne savait pas quoi dire.
— Très bien, finit-il par céder. Vous partirez le plus tôt possible.
***
Grindelwald apparut soudainement devant la cellule d'Aysha et de Graves. La jeune femme se leva d'un bond pour venir devant elle.
— Ton plan avec le Qilin semble fonctionner, Wilson.
— Je peux voir April ?
— Pas encore.
Aysha ne répliqua rien.
— Je voudrais savoir... continua Gellert. Je ne m'attendais pas à ce que tu nous dises exactement comment procéder pour le Qilin. Sa mort. Sa résurrection. Son ensorcellement. Et je doute que ce ne soit que pour April.
Le regard de l'Occlumens se mit à briller, tandis qu'un sourire malicieux étirait ses lèvres. Le sorcier jeta un coup d'œil à Graves qui semblait terrifié.
— Qu'as-tu fait à ce pauvre homme ? demanda-t-il alors.
La Métamorphomage se tourna à peine pour le regarder.
— Rien de bien méchant.
— Ai-je raison de croire que tu sembles avoir changé d'avis ?
— Ai-je raison de croire que vous m'aiderez à me venger ?
Le mage noir ne comprit pas tout de suite.
— De qui ?
— D'une personne que je déteste. D'un ennemi en commun.
Grindelwald s'approcha des barreaux.
— Qui détestes-tu à ce point ?
Un sourire démoniaque apparut sur les lèvres de la jeune femme. Elle attendit quelque secondes avant de lui accorder une réponse :
— Albus Dumbledore.