Les Animaux Fantastiques
Tome 2


Chapitre six

  Trois jours étaient passés depuis qu'Helena avait rencontré Sofia Taylor. Et tout ce que cette dernière lui avait dit n'avait cessé de tourner dans sa tête. Elle refusait toujours d'y croire, car sa sœur n'était pas une meutrière. Ça, elle le savait.

  Albus Dumbledore avait demandé à tout le monde de se retrouver dans son bureau, car il semblerait qu'ils aient déjà affaire à quelques manigances du mage noir. C'est ainsi que le groupe de sorciers, plus Jacob, se retrouva assis dans la pièce qui servait de bureau au professeur. L'ambiance était tendue pour un tas de raisons, mais personne ne semblait vouloir en parler. Ils préféraient l'ignorer et écouter ce que disait le professeur.

  — Cela va se passer en Allemagne, expliquait-il après avoir fait un discours sur les dangers que représentait le mage noir. Le manitou suprême de la Confédération internationale des sorciers, Anton Vogel, a organisé une cérémonie de thé, pendant laquelle il fera un discours. J'aimerais donc que vous lui transmettiez un message de ma part.

  Il se tourna vers Norbert qui fronça les sourcils et il révéla le fameux message :

  — Choisissez le bien et non la facilité.

  Il tourna sur lui-même pour se trouver face à Jacob, cette fois. Il resta un instant silencieux, le temps de trouver quelque chose et lorsqu'il sortit une baguette, le Moldu parut surpris :

  — Pour vous, Mr Kowalski.

  — C'est une vraie ? demanda-t-il.

  Albus sourit, amusé.

  — Disons que oui.

  — Elle n'a pas de cœur, comprit Helena.

  — Bien vu, Miss Wilson.

  — Je ne suis pas sûre qu'on va passer totalement inaperçus pour autant, commenta Aysha qui avait l'air blasé de tout ce qu'il se passait.

  — C'est pour cela que tout le monde n'a pas la même mission. Tina et Kama, votre mission est bien de trouver Croyance, non ?

  Tous deux hochèrent la tête.

  — Dans ce cas, vous aurez une mission différente et vous serez accompagnés de Mr Tolliver.

  Norbert ouvrit de grands yeux, son cœur se serrant.

  — Sérieusement ? demanda alors Aysha qu'il aurait voulu remercier s'ils n'étaient pas entourés de tous ces gens. Qu'est-ce que Tolliver a avoir là-dedans ?

  — Il doit trouver Mr Graves. C'est pourquoi, pendant que vous trouverez Vogel pour lui transmettre le message, Tina, Tolliver et Kama seront chargés de récolter un maximum d'informations sur les personnes que nous recherchons. Et pendant ce temps encore, j'aurais besoin de Nagini, ici, même, au château.

  — Ah, parce que vous ne venez pas ? railla Aysha en levant les sourcils, un faux sourire sur les lèvres.

  — J'ai à faire ici.

  — Vous êtes un lâche. Vous êtes faible.

  Cette remarque en surprit plus d'un. Tous tournèrent la tête vers Aysha dont le visage était impassible, puis vers Dumbledore qui s'approchait de la sorcière :

  — Peut-être. Mais, au moins, je ne cache pas mes émotions et mes faiblesses derrière de l'agressivité et un cœur de pierre.

  Cette réponse amère sembla tendre davantage tout le monde, tandis que le sourire de l'Occlumens s'agrandissait.

  — Le pacte de sang a été détruit, reprit-elle. Mais il faut croire que ce n'était pas le seul à vous empêcher de vous battre contre Grindelwald. Il y a la peur aussi. Et l'amour. Car vous l'aimez toujours.

  Le professeur ne sut pas quoi répondre, se contentant d'ouvrir la bouche.

  — Quoi ? continua Aysha. C'est la vérité, non ? On ne peut cesser d'aimer une personne en un claquement de doigt. Parfois, peu importe ce que peut faire la personne qu'on aime, ses actions ne ternissent pas l'amour qu'on ressent envers cette dernière. On dit bien que l'amour rend aveugle, non ?

  — Nous ne sommes pas là pour parler de ça, finit par rétorquer le professeur.

  — Évidemment, railla la sorcière.

  — Ton mauvais caractère nous épuise, Aysha.

  — La faute à qui ? Je vous faisais confiance. Je pensais que vous étiez différent. Mais je me trompais. Alors navrée d'étaler mon mauvais caractère.

  Il y eut un lourd et long silence que personne ne semblait vouloir rompre. Dans l'échange de regards que partagèrent Albus et son ancienne élève, on pouvait clairement deviner que quelque chose s'était brisé entre eux. Un lien qui les unissait avait disparu. Ce lien auquel Aysha s'était accrochée toute sa vie pour surmonter les horreurs qu'elle avait dû traverser.

  Finalement, le professeur détourna le regard de la Métamorphomage dont les lèvres s'étiraient dans un rictus.

  — Vous partez de suite. Vous prendrez le premier train en arrivant à la gare. Je me suis chargé de tout. Les deux groupes partant en direction de l'Allemagne se sépareront une fois sur place. Je compte sur vous et je vous sais capable de le faire, alors je vous souhaite une bonne mission.

  — Sympa le discours, railla Aysha à voix basse.

  Sans un mot de plus, tout le monde se leva et sortit du bureau du professeur - celui-ci leur donnant leurs tickets -, Nagini restant avec ce dernier sans trop savoir à quoi s'attendre. Ils prirent rapidement la route pour quitter l'enceinte de Poudlard et transplaner vers la gare, comme ils l'avaient fait quelques temps plus tôt pour aller au port et rejoindre le Brésil. Cependant, l'ambiance était bien plus tendue pour un tas de raisons.

  Alors qu'ils entraient dans la gare, ne passant pas inaperçus par leur très grand nombre, Thésée accéléra le pas pour venir marcher auprès d'Aysha avant de murmurer :

  — Ça va ?

  — Ouais, marmonna-t-elle en haussant les épaules.

  Il ne dit rien, mais il savait que c'était un mensonge. Mieux valait cependant qu'il ne l'oblige pas à parler. Il savait que cela ne pourrait qu'empirer les choses et qu'elle pourrait totalement se braquer. Ils restèrent donc silencieux jusqu'à ce qu'ils entrent dans le train qu'ils devaient prendre, prenant place dans un compartiment vide. Cela rappelait à beaucoup les voyages dans le Poudlard Express et un air de nostalgie planait dans l'air.

  Étant nombreux, ils furent obligés de se serrer les uns contre les autres ce qui n'aidaient pas à supporter la chaleur déjà ambiante de ce début de mois de septembre. Ils devront passer plus de dix heures dans ce véhicule sur rails et personne ne semblait être prêt à engager une conversation pour faire passer le temps.

  Des Moldus passaient régulièrement entre les compartiments alors toute allusion à la magie était fortement déconseillée s'ils ne voulaient pas avoir à oublietter les témoins.

  Norbert gardait les yeux rivés sur le paysage qui défilait, sa main dans celle de Tina, collée contre lui. Queenie et Jacob s'étaient tous deux endormis au bout d'une heure, la Legilimens ayant posé sa tête sur l'épaule du Moldu et ce dernier ayant reposé la sienne contre le crâne de sa femme. Helena était plongée dans ses pensées, essayant d'ignorer son impression d'être coincée entre le mur et le boulanger.

  En face d'eux, c'était Achilles qui avait la place près de la fenêtre, mais il s'était lui aussi endormi, le front contre la vitre. À côté de lui, Kama était plongé dans ses pensées. Aysha avait réussi à embarquer un livre qu'Eulalie avait emprunté afin d'en lire le résumé. L'Occlumens attendait donc d'avoir son avis, ignorant qu'à côté d'elle, Thésée la regardait du coin de l'œil.

  — Ça a l'air d'être une bonne histoire, approuva la professeure en rendant le livre à sa propriétaire, un sourire sur les lèvres.

  — Ça l'est, selon moi. Je l'ai déjà lu, si vous voulez, vous pouvez le prendre pour ce voyage.

  — Je ne voudrais pas vous priver de votre passe-temps alors que notre trajet est long.

  — J'y tiens. J'aimerais avoir quelqu'un avec qui parler de ce chef d'œuvre.

  La jeune femme finit par accepter et se plongea dans la lecture du livre. Aysha se tourna alors vers Thésée, leurs yeux se croisant.

  — Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en tentant de se libérer de la pression de ses deux voisins.

  — Rien, répondit-il en détournant le regard. C'est juste que j'ai toujours adoré te voir sourire lorsque tu parlais de tes lectures.

  Aysha en fut étonnée, mais elle n'eut pas le temps de répondre, car Helena commenta :

  — Et quand elle parle des créatures magiques, aussi. N'est-ce pas, Norbert ?

  L'intéressé sortit subitement de sa contemplation en entendant son nom. Mais, n'ayant rien suivi, il ne savait pas du tout pourquoi on l'interpelait. Il les regarda donc avec un air de merlan fris ce qui sembla amuser Tina.

  — J'ai lu votre livre, Mr Dragonneau, fit soudainement Achilles qui devait s'être réveillé. C'était passionnant.

  Le magizoologiste ne sut pas quoi répondre, alors il se contenta de baisser la tête. Aysha le sauva donc en s'exclamant, oubliant que deux personnes dormaient encore :

  — C'est un chef d'œuvre en même temps ! C'est écrit par le meilleur magizoologiste du monde, alors forcément.

  Pour détendre son ami, l'Occlumens lui accorda un clin d'œil ce qui sembla fonctionner.

  — Les animaux fantastiques sont tous très intéressants à leur manière, commença-t-il. Il faut apprendre à les connaître pour vraiment savoir à quel point ils sont tous merveilleux. Il n'y a pas d'étranges créatures, seulement des...

  — ... gens ignorants, termina la Métamorphomage avec un sourire. C'est vrai.

  — Ça fait parfois peur quand vous terminez les phrases l'un de l'autre, s'amusa Thésée.

  — C'est parce qu'on a le même cerveau, répliqua Aysha avec un sourire moqueur. Par exemple... Essaie un peu de finir ma phrase, Norbert ! J'ai pour philosphie que s'inquiéter, c'est...

  — ... souffrir deux fois, termina le magizoologiste, un gigantesque sourire sur les lèvres.

  — C'est de la triche ! s'exclama Jacob qui s'était visiblement réveillé. Norbert le dit souvent. Ça ne prouve rien.

  Tout le monde rit à sa remarque et il ne sembla pas comprendre ce qu'il avait pu dire de si drôle. Mais il fallait dire qu'il n'était pas totalement sorti du monde des rêves où il... Qu'est-ce qu'il y faisait déjà ? Il se souvenait que c'était un beau rêve, mais impossible de remettre le doigt sur ce qu'il contenait. Déçu, il poussa un soupir et se concentra sur la conversation qui avait repris, détendant l'atmosphère, et qui portait sur une histoire de potions. Il tentant tant bien que mal de suivre, mais il ne comprenait rien au bézo-machin et tout ce genre de trucs avec des noms bizarres. Il préféra donc imaginer quelles autres pâtisseries et viennoiseries il pourrait proposer à ses clients une fois qu'il aura ouvert sa nouvelle boulangerie en Angleterre - question de sécurité oblige.

  — J'ai loupé ma potion du mort-vivant la première fois que je l'ai tentée, admit Thésée.

  Aysha émit un léger rire, ne pouvant s'empêcher de se moquer de l'air coupable qu'avait pris le sorcier à côté de lui.

  — Parce que toi tu n'as jamais raté tes potions ? répliqua l'Auror avec un léger sourire.

  — Non. Je ne les faisais jamais.

  — Oh. Ça explique tout. Comment tu as fais pour obtenir une bonne note lors des examens ?

  — Je ne les faisais pas pendant les cours, reprit-elle. Après, je m'amusais à les concocter avec des ingrédients que j'avais volés pendant que tout le monde dormait.

  — Je ne sais pas pourquoi ça ne m'étonne même pas.

  Aysha le poussa gentiment, ce qui obligea le sorcier à se coller davantage à Kama qui, lui, poussa involontairement Achilles, de nouveau plongé dans ses pensées.

  — Et vous, Kama, étiez-vous un bon élève ? demanda alors Queenie, un immense sourire sur les lèvres.

  Le sorcier parut surpris par la question, ne s'attendait pas à devoir participer à la conversation. Finalement, il se racla la gorge et lui accorda une réponse positive.

  — Pendant les cours que j'avais en commun avec Aysha, reprit soudainement Norbert, elle passait son temps à faire tout autre chose que suivre le cours. Mais elle était toujours capable de répondre aux questions du professeur quand il l'interrogeait pour la mettre dans l'embarras.

  — Ce n'est pas parce que je ne donne pas l'impression que je suis le cours que je n'écoute pas, répliqua Aysha, un air fier imprimé sur le visage. Je m'amusais toujours de la tête que faisait le prof lorsque je donnais la bonne réponse.

  — Tu appréciais les torturer.

  — Seulement ceux que je ne pouvais pas supporter, le corrigea la jeune femme.

  — C'est sûr que ça change tout, s'amusa Thésée. Combien de professeur pouvais-tu supporter ?

  — Un seul. Et c'était Dumbledore.

  Mentionner Dumbledore la força à garder le sourire malgré la colère qui grondait en elle.

  Finalement, le trajet passa plus vite qu'ils ne l'auraient imaginé, alternant entre discussions, passes-temps tout autre, repas ou encore quelques instants de sommeil. Ils furent même surpris lorsqu'on annonça leur gare et eurent du mal à se lever, leurs muscles étant endormis.

  Ils mirent donc un peu de temps avant de descendre, devant se faufiler entre la foule pour trouver un espace où ils pourraient s'arrêter.

  Ils se placèrent en cercle et poussèrent des soupirs de soulagement, ravis d'être enfin arrivés. Jacob fit un tour sur lui-même afin de finir de détendre ses jambes, tandis que Norbert écoutait sa valise - qu'il avait évidemment emportée - afin de vérifier que tout allait bien. Un passant le fixa d'ailleurs étrangement alors Aysha railla, dans un parfait allemand :

  — Il n'est pas donné à tout le monde de parler la valise. Vous assistez à un événement rare.

  L'homme la dévisagea et s'éloigna rapidement.

  — Qu'est-ce que tu lui as dit ? lui demanda alors Thésée.

  — Qu'il avait un trop gros nez pour son visage et qu'il risquait de provoquer un tsunami s'il se mouchait.

  Queenie eut du mal à étouffer son rire.

  — Bon, intervint alors Eulalie. Je crois qu'il est temps d'y aller !

  — Bien dit, ne put s'empêcher de dire l'Occlumens. C'est parti !

  — Allons donc foncer droit dans une fosse aux loups, marmonna Kama, peu rassuré.

  — J'adore les loups, commenta Aysha.

  — Quel animal n'aimes-tu pas, aussi ? railla sa sœur.

  — Les humains.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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