Les Animaux Fantastiques
Tome 2


Chapitre cinq

  Helena avançait rapidement dans les rues de Pré-au-Lard et ne s'arrêta que lorsqu'elle arriva devant la Tête du Sanglier. Avant d'entrer, elle poussa un soupir afin de se redonner contenance et abaissa la poignée. À peine eut-elle ouvert la porte qu'elle tomba sur Abelforth qui semblait l'attendre. Fermant derrière elle, elle le vit se diriger vers elle et se posta devant lui, attendant qu'il parle.

  — Bonjour Helena, se contenta-t-il de dire.

  — Bonjour Abelforth. Est-ce que... ?

  — Elle est là, la coupa-t-il. Elle vous attend dans la salle d'à côté.

  Helena lui adressa un sourire et commença à avancer vers la porte que le barman avait désignée, mais, au bout de seulement quelques pas, elle se tourna vers lui et murmura :

  — Merci de nous laisser nous parler ici.

  — 'Pas de quoi.

  Et sans un mot de plus, il retourna à ses occupations. L'Auror haussa les épaules et reprit sa route, sentant les battements de son cœur s'accélérer. Elle ne se sentait pas prête à affronter ce qui allait venir. Et elle ne savait pas ce qu'elle allait devoir affronter.

  Prenant son courage à deux mains, elle entra dans la pièce et repéra bientôt la seule personne présente. Le pas hésitant, elle s'approcha de la jeune femme dont la chevelure rousse formait une crinière broussailleuse qui encadrait un visage fin. Arrivant près d'elle, elle signala sa présence d'un raclement de la gorge et la jeune femme, jusqu'alors dans ses pensées, leva la tête vers elle.

  — Vous êtes bien Sofia Taylor ? demanda-t-elle.

  — Celle-ci même, approuva la jeune femme. Et vous devez donc bien être Helena Wilson ?

  La concernée se contenta d'hocher la tête tandis que Sofia l'invitait à s'asseoir. Elle tira donc la chaise face à elle et s'y installa, toujours aussi peu rassurée.

  — Ne soyez pas si tendue. Je ne veux que parler, lui assura la jeune femme.

  Helena secoua la tête et trouva le courage de répondre quelque chose :

  — Je suis désolée, je n'ai pas réussi à convaincre ma sœur de venir aussi. Aysha, je veux dire.

  — C'est mieux ainsi, si vous voulez mon avis.

  Helena fronça les sourcils, ne semblant pas comprendre.

  — Ce que je veux dire, reprit Sofia. C'est que ce dont nous allons parler la concerne aussi bien que mon frère.

  — Toutes mes condoléances, au fait. Je n'ai jamais eu l'occasion de...

  — Merci, l'interrompit-elle, en baissant la tête. Ça fait un moment déjà. Ça va.

  Les deux femmes se regardèrent longuement, aucune ne semblant vouloir reprendre la parole. Cependant, Helena commençait sérieusement à se demander pourquoi elle avait été convoquée.

  — Pourrais-je savoir pourquoi vous avez tenu à me voir ? l'interrogea-t-elle.

  — Il me semblait l'avoir mentionné dans ma lettre. Cela concerne la mort de mon frère.

  — Ça ne m'explique pas pourquoi je suis impliquée dans cette histoire. Il est mort d'un arrêt cardiaque, non ?

  Sofia ne répondit pas, ses yeux semblant luire d'une émotion indescriptible. Helena sut alors que ce qu'elle venait de dire n'était sûrement pas vrai. Elle fronça les soucils, soudainement inquiète. Qu'est-ce que tout cela signifiait ?

  — Vous devez sûrement savoir que mon frère a trempé dans pas mal d'affaires sombres, non ?

  Helena se contenta d'hocher la tête.

  — Savez-vous pourquoi ils se sont mariés ?

  L'Auror mit du temps à répondre par la négative, son cœur battant de plus en plus vite.

  — Pour éviter de pourrir en prison. C'était un accord qui leur permettait à tous les deux ne pas se faire trahir par l'autre. Ils ont tous les deux étaient témoins de ce que l'autre avait fait.

  — Fait quoi ? demanda Helena qui s'impatientait et sentait son angoisse augmenter.

  — Mon frère a été plusieurs fois responsable de la mort de certaines personnes. Votre sœur... est moins à blâmer. Mais elle s'était retrouvée mêlée à une de ses affaires de meurtre que mon frère dirigeait. Ils furent les seuls à survivre. Et aucun d'eux n'avait confiance en l'autre. Aysha savait que Simon avait tué un membre important du Ministère et Simon savait qu'elle l'avait aidé. Pour éviter qu'ils ne se trahissent, un ami de Simon leur a proposé de se marier. Selon lui, c'était un moyen sûr de garder un œil l'un sur l'autre sans que cela paraisse louche. Et si l'un tombait, l'autre tombait aussi.

  Helena écoutait les dires de cette Sofia sans parvenir à y croire. Elle ne pouvait croire que sa jeune sœur avait été mêlé au meurtre d'une personne importante au sein du Ministère.

  — Votre sœur s'est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment, reprenait la femme. Elle s'est retrouvée mêlée à tout ça sans vraiment le vouloir. Votre sœur n'a jamais voulu tuer cette homme.

  Helena serra les poings, si fort que ses ongles s'enfonçèrent dans sa peau.

  — Je sais que c'est dur à avaler. Mais c'est la vérité.

  — Comment le savez-vous ?

  — Je suis journaliste. C'est mon travail de trouver les informations les plus secrètes. Et il s'agissait de mon frère.

  L'Auror vit la jeune femme fouillait dans sa sac et elle attrapa discrètement sa baguette, peu rassurée. Mais elle se détendit lorsque Sofia poussa vers elle un carnet en mauvais état.

  — Il appartenait à mon frère, expliqua-t-elle. Il y a tous les plans, tout ce qui était prévu pour ce meurtre. Et le meurtre de tant d'autres personnes. Le nom de votre sœur est cité une fois. Pour le fameux meurtre.

  Hésitante, Helena attrapa le carnet et se mit à tourner les pages. Elle se sentit nauséeuse quand elle vit le nom de sa benjamine apparaître. À côté de son nom, il y avait une phrase : Inconsciente de ce qu'elle va faire. Qu'est-ce que cela signifait ? Qu'on l'avait manipulée ? Non. Aysha ne se laisserait jamais berner par n'importe qui.

  — Je sais que c'est compliqué, reprit Sofia. Mais votre sœur n'est coupable de rien dans cette affaire. Mon frère la tenait. Il s'est servi du son impliquation inconsciente dans toute cette histoire et ils ont dû se marier. Six mois plus tard, il est mort. D'un arrêt cardiaque selon les médecins. Mais mon frère était jeune et en bonne santé. Nous n'avons pas d'antécédent dans la famille et il était plutôt sportif.

  — Ça arrive, l'interrompit Helena qui repoussait le carnet vers son interlocutrice après l'avoir fermé. Il arrive que ça nous tombe dessus sans qu'on ne s'y attende.

  — Vous croyez à cela ? s'étonna Sofia.

  — En quoi d'autre pourrais-je croire ?!

  Il y eut un silence. Les deux femmes se regardèrent, les yeux d'Helena semblant lancer des éclairs. Aucune peur, ni colère, ne se lisait cependant dans ceux de Sofia qui reprit finalement :

  — Mon frère a grandi dans la violence. Il a toujours réglé ses problèmes par la violence, la manipulation. À Poudlard, il s'amusait à torturait psychologiquement ses camarades. Mon frère ne connaissait que ça. Il était buté aussi. Et c'était un macho alcoolique. Mon frère n'était pas une bonne personne.

Sans vraiment vouloir y croire, Helena savait vers où voulait la mener la jeune femme.

  — Je pense que votre sœur n'a fait que mettre fin à sa torture quotidienne.

  Des larmes apparurent dans les yeux de l'Auror qui secouait la tête en répondant :

  — Non. Ma sœur ne l'a pas tué. Elle n'est pas une meurtrière.

  — En êtes-vous sûre ?

  — Évidemment.

  Sofia baissa la tête et mit quelques secondes avant de reprendre :

  — Il est tout à fait possible que ce n'ait pas été volontaire. Mais j'ai besoin de savoir si vous êtes prête à m'aider.

  — À vous aider ? s'étonna Helena qui ne parvenait pas à retenir ses larmes. À quoi ?

  — J'ai défendu mon frère sur toutes les affaires l'incriminant. Mais je crois que je ne serais pas capable de le défendre sur celle-ci. Je crois que, même si Aysha pourrait l'avoir tué, ce serait votre sœur la victime. Pas mon frère.

  — C'est impossible.

  — L'est-ce vraiment ?

  — Ma sœur n'a pas tué votre frère, répéta Helena. C'est impossible. Elle n'aurait jamais fait ça.

  — Il y a certaines choses qu'on fait parce que c'est nécessaire. J'ai connu votre sœur pendant...

  — Vous ne la connaissez pas, la coupa-t-elle, visiblement en colère.

  — En effet. Vous connaissez Aysha Wilson mieux que moi. Mais vous ne savez rien d'Aysha Taylor. Je l'ai vu dans ses yeux. La peine, la douleur, la colère. J'ai essayé de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour l'aider, mais mon frère semblait l'avoir détruite. Mon frère l'a forcée à le tuer. Savez-vous ce que le désespoir est capable de nous faire ?

  Sans répondre, Helena attrapa ses affaires et se leva.

  — Je ne vous crois pas, déclara-t-elle en s'éloignant.

  — Ce n'est pas un problème ! Vous aurez besoin de temps ! hurla Sofia alors qu'elle sortait de la pièce.

  Helena ignora Abelforth qui venait voir ce qui se passait et quitta la Tête du Sanglier.

  C'était impossible. Tout ce que cette femme avait dit ne pouvait être que des mensonges. Sa sœur n'était pas une meurtrière. Sa petite sœur n'avait jamais tué personne. Elle ne pouvait le croire.

  Tentant de chasser ses larmes, elle traversa le village d'un pas rapide et tomba bientôt nez à nez avec Jacob et Queenie. Ils s'arrêtèrent subitement et s'observèrent un instant.

  — Tout va bien, Mlle Wilson ? demanda Jacob.

  Elle leva la tête vers Queenie dont le visage laisser transparaître son état de choc. Il fallait qu'elle tombe sur la Legilimens en plus.

  — Ne dites rien, je vous en prie, la supplia Helena. Personne ne doit savoir ça. Surtout que je suis certaine qu'elle ne dit pas la vérité.

  — De quoi parlez-vous ? les interrogea Jacob qui semblait perdu.

  — De rien, marmonna l'aînée des Wilson. N'est-ce pas, Mlle Goldstein ?

  Celle-ci ne put qu'hocher la tête, semblant avoir perdu toute capacité à parler. Helena lui adressa donc un sourire et les salua avant de les laisser. Elle devait trouver Aysha. Elle devait avoir une explication. Elle devait savoir.

  Aysha devait tout lui dire sur son mariage avec Simon Taylor.

  Elle devait savoir tout ce qu'il s'est passé et s'assurer que ce qu'elle pensait était juste. Que sa sœur n'était pas meurtrière. Qu'elle n'avait jamais tué personne.

  Elle tomba sur Thésée qui parut surpris de la voir arriver si vite.

  — Où est-elle ?! hurla la sorcière.

  — Où est qui ? demanda l'Auror, sans comprendre ce qu'il se passait.

  — À ton avis, idiot ?

  Thésée dut prendre sur lui, car il voyait bien qu'Helena n'était pas dans son état normal.

  — Tu es sûre que ça va ? demanda l'homme.

  — Où est-elle ? répéta-t-elle. Dis-le-moi.

  Le sorcier fronça les sourcils et la prit par les épaules.

  — Elle ne veut pas te voir, répondit-il alors.

  — Elle n'aura pas le choix. Dis-moi où elle est où tu peux dire au revoir à tes sourcils. Ou à pire.

  — Je suis là, fit une voix forte derrière elle.

  Helena se tourna vers sa sœur qui la regardait d'un air sévère.

  — Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-elle.

  — La vérité. Voilà ce que je veux.

  — Pour ça, il faut la mériter. Tu sais, comme si on avait posé une lettre sur le cadavre de tes parents et que tu ne l'apprenais que trente ans plus tard.

  — Je n'y suis pour rien.

  — Évidemment.

  Aysha s'approcha de sa sœur.

  — Qu'est-ce que tu veux ? répéta-t-elle.

  — Comment est mort Simon Taylor ?

  L'Occlumens fronça les sourcils, surprise.

  — C'est ça, ta question ? s'étonna Aysha qui ne voyait visiblement pas pourquoi elle lui demandait une telle chose.

  — Et ça, ce n'est pas une réponse, répliqua Helena. Je suis ton aînée, tu te dois de m'obéir.

   — Je n'ai aucunement le devoir de t'obéir, Helena ! Je ne suis pas sous tes ordres, ni sous ton contrôle. Tu ne décides pas de ce que je dois dire ou faire.

  Helena sortit sa baguette et Aysha recula d'un pas tandis que Thésée se ruait sur elle.

  — Mais qu'est-ce qui te prend !? s'écria-t-il en la prenant de nouveau par les épaules.

  — Je veux juste savoir, murmura-t-elle, en larmes.

  — Savoir quoi ?

  — Dégage, Thésée.

  Elle se débattait, alors il resserra son emprise. Aysha s'approcha alors et vint se placer à côté du sorcier.

  — On dirait Emy, marmonna-t-elle avant de tourner les talons et de s'éloigner.

  Des larmes emplirent les yeux d'Helena. Thésée la lâcha et elle se laissa tomber sur le sol, pleurant.

  — Pourquoi est-ce que je fais toujours tout de travers !? hurla-t-elle.

  Le sorcier était toujours près d'elle et ne savait pas ce qu'il devait faire. Il s'agenouilla donc et elle reprit, le regardant :

  — Pourquoi je fais toujours les mauvaises choses ?

  Thésée ne répondit rien, trop en colère contre elle pour la rassurer.

  — Je suis comme Emy. Je pensais être meilleure avec Aysha qu'Emy ne l'a jamais été, mais il faut croire que non. Je ne fais rien de mieux. Je fais simplement semblant. C'est quoi mon problème ?

  — Tu l'aimes, répondit machinalement l'homme à ses côtés. Et l'amour n'est pas toujours aussi doux que dans des contes de fées. En cherchant à la protéger, tu en fais trop. Je ne sais pas jusqu'où tu serais allée si je ne t'avais pas arrêter. Mais je sais que si tu lui avais fait du mal, Aysha et moi n'aurons pas été les seuls à t'en vouloir. Si tu lui avais fait du mal, jamais tu n'aurais pu te le pardonner. Et je suis bien placé pour savoir que le pardon est quelque chose qu'il est dur d'acquérir. Je ne te connais pas tant que ça Helena. J'ignore à quel tu peux souffir de je ne sais quoi. Mais peu importe quels sont tes maux, je t'empêcherai de faire du mal à Aysha par tous les moyens possibles.

  Helena le regarda intensément et elle marmonna :

  — Il faut croire que je ne suis pas la seule à l'aimer.

  Thésée parut surpris, mais réussit à garder un air impassible.

  — Tu crois être une bien meilleure personne que moi, reprenait l'aînée des Wilson. Mais penses-tu vraiment l'être ?

  — Non. J'ai moi-même mal agi à de nombreuses reprises. Et je ne recommencerai plus.

  Helena secoua la tête, se mordant la lèvre inférieure.

  — L'amour... marmonna-t-elle. Comment l'amour peut-il avoir autant d'importance ?! Si tu penses mériter ma sœur, tu te trompes.

  — Tu as raison. C'est pourquoi je ne garde pas espoir. Depuis notre première rencontre, je n'ai jamais pensé que je la méritais.

  — Depuis... commença Helena, surprise. Tu aimes ma sœur depuis tout ce temps ?

  Thésée baissa la tête, ne trouvant rien à dire. Mais ce fut une réponse suffisante.

  — On se demande bien qui est lâche dans cette histoire, marmonna Helena. Moi et ma faiblesse d'esprit de me dire que je fais le bien pour ma sœur. Ou toi qui n'a jamais eu le courage d'avouer tes sentiments et qui t'es fiancé à la meilleure amie de celle que tu aimais. Aimais-tu vraiment Leta, au moins ?

  — Évidemment.

  Des larmes emplirent les yeux du sorcier.

  — Évidemment que j'ai aimé Leta. Et je l'aimerais toujours. Elle fait partie de moi.

  — Tu n'as pas à l'aimer pour le reste de ta vie, Thésée. Tu as le droit d'aimer quelqu'un d'autre. Et je ne dis pas ça pour Aysha. Je dis simplement que tu ne dois pas te sentir coupable de ressentir quelque chose pour quelqu'un d'autre.

  Le sorcier parut surpris qu'elle sache à ce point ce qui le torturait depuis qu'il avait retrouvé Aysha.

  — Comment... ?

  — Comme tu l'as dit, le coupa Helena. Tu ne sais rien de moi.

  Elle se leva alors et avant de s'éloigner, elle ajouta :

  — Et tu n'as pas intérêt à t'approcher de ma sœur.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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