Les Animaux Fantastiques
Tome 2


Chapitre sept

  Ils ne mirent pas longtemps à atteindre le mur qui leur permettrait d'accéder à la partie magique de la ville. L'angoisse de tout le monde semblait avoir subitement augmenté, tandis qu'ils avançaient silencieusement vers ce qui leur semblait être une mission dangereuse. Norbert et Tina avançaient à l'avant, main dans la main, sachant qu'ils allaient bientôt prendre deux chemins différents. À côté d'eux, Helena menait la marche, suivie de près par Achilles qui ne semblait pas pouvoir être sorti de ses pensées, tandis que son regard était sans cesse ramené sur les mains liées de l'Auror et du magizoologiste.

  Thésée progressait à l'arrière, fermant la marche auprès d'Eulalie et Kama, devant eux, Queenie et Jacob qui discutaient à voix basse. Le chef du bureau des Aurors du Ministère britannique de la magie avait perdu de vue Aysha. Cette dernière s'était en fait avancée jusqu'à Achilles.

  — Vous pourriez éviter de les regarder comme ça ? demanda-t-elle sur un ton dur, sortant finalement le sorcier de ses songes.

  Il n'eut pas le temps de répondre, car ils durent traverser un mur pour passer du côté magique de la ville. Il vit donc l'Occlumens disparaître avant lui, puis réapparaître au moment où il passa à son tour.

  — Ne croyez-vous pas que vous devriez leur laisser la chance d'être heureux ensemble ? reprit-elle alors qu'ils avançaient, tout le monde étant passé.

  — Je n'ai rien dit.

  — Ce n'est pas nécessaire. Vos yeux parlent pour vous.

  Ils avaient ralenti, si bien qu'ils se retrouvaient à l'arrière. Aysha s'arrêta, attrapant le bras du sorcier ce qui l'obligea à se tourner vers elle, s'arrêtant à son tour.

  — Si vous faites un pas de travers, vous aurez affaire à moi. Et ce ne sont pas des paroles en l'air.

  — Je veux bien vous croire. Mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi vous semblez si investie dans leur histoire.

  — Norbert est mon... Il est comme mon frère. Il a souffert et avec Tina, il est enfin heureux. Je ne vous laisserai pas le lui retirer. Tina aussi est heureuse avec lui. Vous devriez vous réjouir pour elle, non ?

  — Facile à dire. Vous ne semblez jamais avoir été dans une situation semblable où la personne que vous aimez est avec une autre personne qui semble être parfaite pour elle. Et voir cette personne heureuse ne vous aide pas à faire taire votre jalousie. Et j'en suis navré. Je voudrais bien ne pas avoir à ressentir ça. Mais je ne peux pas mentir à moi-même.

  — Mentir à soi-même n'est pas forcément la seule option, répliqua l'Occlumens. Il suffit parfois de prendre sur soi. De s'efforcer de laisser les choses se faire.

  Achilles ne répondit rien. Et il n'eut pas besoin de le faire, car Thésée les interpela, leur demandant pourquoi ils avaient pris tant de retard. Aysha lança un dernier regard - un avertissement - au sorcier et accéléra le pas pour rejoindre l'aîné des Dragonneau.

  — Qu'est-ce que vous faisiez ? demanda-t-il alors, l'air suspicieux.

  — Je le prévenais juste de ce qui pourrait lui arriver s'il tentait d'une manière ou d'une autre à nuire à nos deux amoureux préférés.

  Thésée sembla amusé par cette remarque et eut du mal à masquer son sourire. La Métamorphomage lui adressa un sourire malicieux et lui frappa gentiment l'épaule avant d'accélérer de nouveau le pas pour rejoindre l'avant de la troupe où elle interpela Helena, cette fois.

  Cette dernière parut surprise, mais elle laissa sa sœur la rejoindre sans faire de commentaire. Elles restèrent silencieuses un long moment, marchant l'une à côté de l'autre. Finalement, ce fut Aysha qui débuta la conversation :

  — Je suis désolée, Helena. Vraiment. Je sais que tu fais de ton mieux et je ne te suis pas assez reconnaissante pour tout ce que tu as toujours fait pour moi.

  — Ce n'est pas à toi d'être désolée, Aysha, marmonna son aînée en tournant la tête vers elle. C'est moi qui fais toujours tout de travers. Je suis la coupable dans cette histoire.

  Il y eut un nouveau silence. Elles ne savaient pas vraiment ce qu'elles pouvaient se dire d'autre, alors Helena demanda :

  — Est-ce que ça veut dire que... tu as accepté qu'April soit... ?

  — Non, la coupa l'Occlumens. Loin de là. Et tu ne pourras pas me faire changer d'avis.

  — Aysha...

  — Helena. Ne dis rien sur ça. Je t'en prie.

  — Je m'efforce juste de t'aider. Je ne veux pas que tu souffres davantage.

  — Je vais bien. Je ne souffre plus d'aucun maux.

  Elles se regardèrent un long moment avant qu'Helena ne reprenne :

  — J'ai peur de ce que tu pourrais faire pour nous prouver qu'April est toujours en vie.

  — Peur ? s'étonna sa benjamine. De quoi crois-tu que je suis capable ?

  — Justement. Je ne sais pas de quoi tu es capable.

  Aysha parut offusquée et secoua la tête, poussant un soupir. Mais Helena lui attrapa le poignet, ce qui la força à se tourner vers elle, et elle continua :

  — Je ne veux tout simplement pas que tu deviennes une meurtrière, Aysha.

  La Métamorphomage fronça les sourcils avant de récupérer son air impassible.

  — Mais c'est déjà le cas, Helena.

  L'aînée ouvrit la bouche, surprise.

  — Si tu parles de Rose, tu sais très bien que tu n'y es pour rien !

  Aysha secoua la tête.

  — Je ne parle pas de Rose.

  Helena sentit les battements de son cœur s'accéler. C'était impossible. Elle ne pouvait pas y croire.

  — Alors ce que m'a dit Sofia... c'est vrai ?

  — À toi de le découvrir.

  Ce fut sa seule réponse et elle n'eut pas l'occasion de demander quoi que ce soit d'autre, car elles s'arrêtèrent et leurs compagnons les rejoignirent. Ce fut Eulalie qui annonça qu'il était temps de se séparer.

  — Surtout, restez prudents, implora Thésée. Vous vous faufilez parmi tous ces gens dans le but d'obtenir des informations. Vous ne tentez rien. Est-ce bien clair ?

  Tina, Achilles et Kama acquiescèrent.

  — Très bien. Selon Dumbledore, des partisans de Grindelwald se cachent un peu partout. Ils sont de plus en plus nombreux, il faudra donc que vous soyez très prudents. Même la plus infime information sera utile. Ne serait-ce que pour savoir où se trouvent Grindelwald et ses partisans. Savoir s'ils ont Graves. Savoir comment va Croyance.

  Les trois concernés hochèrent la tête, signifiant qu'ils avaient compris.

  — Très bien, répéta Thésée. Alors, il est temps de se dire au revoir.

  Si Kama et Achilles se contentèrent d'un simple mouvement de la main, Tina alla d'abord voir sa sœur à qui elle murmura :

  — Sois prudente, d'accord ?

  — Promis, Teenie.

  Elle lui sourit et se tourna ensuite vers Jacob à qui elle demanda :

  — Je vous confie le soin de prendre soin d'elle. Et de vous, évidemment.

  Le boulanger hocha la tête et Tina recula d'un pas. Ce fut Aysha qui vint vers elle, un petit sourire sur les lèvres.

  — Tu n'as rien à craindre, Tina, murmura Aysha. Je prendrais soin de Norbert pour toi.

  Elle lui fit un clin d'œil et retourna près de Thésée. Tina se tourna ensuite vers le magizoologiste qui ne semblait pas du tout rassuré de la laisser partir ainsi. Il n'eut pas le temps de réagir que l'Auror le prit dans ses bras, en profitant pour chuchoter à son oreille :

  — Prends pas trop de risques, d'accord ?

  — Toi de même.

  Elle sourit et ils se lâchèrent. Ce fut cette fois le magizoologiste qui déposa ses lèvres sur celles de la jeune femme avant que cette dernière ne rejoignent Kama et Achilles. Non sans un dernier regard, elle ne tarda pas à s'éloigner, en compagnie de ses camarades de mission. Il la regarda disparaître et sursauta lorsqu'une main se posa sur son épaule.

  — N'aie pas peur, Norbert.

  Il se tourna vers Aysha et lui adressa un sourire pour la remercier.

  — Il est temps d'y aller, annonça alors Eulalie. On risque de louper le discours de Vogel, sinon.

  Tous acquiescèrent et ils se mirent en route. Ils ne tardèrent pas à atteindre une foule de personnes qui semblaient crier le nom des deux candidats en course : Liu Tao et Vicência Santos. Slalomant entre les différentes personnes qui hurlaient le nom de leur candidat favoris, ils ne tardèrent pas à rejoindre le centre du cercle où un homme les vit et s'approcha d'eux, semblant avoir reconnu Thésée.

  — Mr Dragonneau ! Jamais je n'aurais pensé vous voir ici ! Vous venez pour l'événement ?

  — Je ne pouvais manquer ça, répondit-il avec un sourire.

  Il lui sourit et il s'écarta pour le laisser passer, mais au moment où ses compagnons avançèrent d'un pas, des hommes vinrent à leur rencontre.

  — Ils sont avec moi, précisa Thésée.

  L'homme lui lança un regard indescriptible avant de faire signe à l'homme de les laisser. Avec un sourire, Aysha rejoignit Thésée et murmura :

  — On est pas tout les bienvenus, visiblement.

  — Ils ont juste mauvais goût.

  Aysha émit un léger rire, tandis qu'ils entraient dans le Ministère de la Magie allemand. Ils traversèrent de longs couloirs et ne tardèrent pas à arriver là où se tenait la Cérémonie de thé.

  — Il faut trouver Vogel, murmura Norbert qui s'était approché de son frère. Avant son discours. On ne sait pas ce qu'il pourrait dire.

  — Oui, confirma Aysha. Ça ne va pas être une recherche compliquée.

  Thésée se tourna pour voir ce que la jeune femme fixait soudainement. Il reconnut alors le Ministre allemand de la Magie. S'avançant alors vers lui, il fut suivi par ses camarades, mais alors qu'ils arrivaient devant lui, des hommes s'interposèrent. Vogel regarda qui venait de s'approcher et sembla en reconnaître.

  — Les frères Dragonneau ! Quelle surprise ! Je n'imaginais pas vous voir ici !

  — On aurait aimé ne pas venir ici, marmonna Aysha en français.

  Le ministre posa son regard sur la jeune femme et il sembla la reconnaître elle aussi.

  — Vous devez être Aysha Wilson ? J'ai entendu parler de vous.

  La concernée se contenta de hausser les sourcils, surprise.

  — Que me vaut donc le plaisir de votre venue ?

  Les frères Dragonneau échangèrent un regard avant que le magizoologiste ne s'approche du sorcier. Certains hommes tentèrent de l'en empêcher, mais Vogel leur fit signe de le laisser approcher. Norbert s'approcha un maximum du ministre avant de chuchoter :

  — Nous avons un message.

  Vogel leva les sourcils, partagé entre la surprise et la curiosité.

  — Dumbledore vous dit... Choisissez le bien et non la facilité.

  Cela sembla étonner Vogel qui ne put que sourire. Norbert recula alors, espérant que le message avait été assez clair. Mais il ne put en avoir la confirmation, car le ministre les salua, disant qu'il avait un discours à faire. Le groupe d'amis le regarda donc monter sur l'estrade, se retrouvant bientôt dans la foule voulant l'entendre.

  — Bonsoir à tous, commença-t-il. Et merci d'être venus m'écouter.

  Son regard passa sur la magizoologiste dont le cœur battait la chamade. Aysha et Thésée étaient suspendus aux lèvres du sorcier, tandis que Queenie et Jacob se tenaient la main avec fermeté, ne semblant pas vouloir se lâcher. Eulalie tenait toujours le livre d'Aysha dans la main et Helena se mordait la lèvre inférieure, inquiète quant à la suite des événements.

  — Les temps sont sombres et durs en ce moment, surtout pour une telle passation de pouvoir. Mais j'ai espoir que chacun de nos candidats seront prendre toutes les précautions nécessaires pour faire mieux. Faire mieux n'est pas quelque chose de facile. Il faut parfois faire des sacrifices.

  — Je ne le sens pas, marmonna Aysha.

  — Faire mieux, c'est savoir changer. Savoir accorder une seconde chance. Le pardon. Faire mieux c'est voir la lumière au bout du tunnel. Le bien dans le mal. C'est pour cette raison que la Condéfération internationale des sorciers a pris la décision...

  Il marqua un temps d'arrêt, son regard se posant de nouveau sur Norbert.

  — De gracier entièrement Gellert Grindelwald et tous ceux accusés de l'avoir aidé. Tout ce qu'il pourrait avoir fait de mal est oublié.

  Cette annonce provoqua un grand choc pour ceux qui l'écoutaient. Ils se mirent à chuchoter, beaucoup ne sachant pas comment réagir.

  — C'est une blague ? s'offusqua Jacob. Après tout ce qu'il a fait ! Mais... Comment... Comment est-ce possible de prendre une telle décision ?

  — Il a choisi la facilité, déclama Aysha en lançant un regard noir au ministre de la magie. C'est un lâche.

  Thésée regarda autour de lui et ne tarda pas à remarquer que quelque chose clochait.

  — Ils sont là, marmonna-t-il. Les partisans de Grindelwald sont déjà parmi nous.

  Aysha leva la tête et vit une femme - Rosier - s'éloigner. Avant que Thésée ne puisse la suivre, celui-ci semblant penser qu'il pourrait les battre seul, elle lui attrapa le bras et le força à la regarder :

  — Pas comme ça.

  Elle sentit qu'on la regardait et leva la tête. La femme la fixait, un sourire sur les lèvres. Elle l'avait reconnue. Évidemment.

  Alors qu'elle disparaissait, les sorciers purent bientôt entendre des cris à l'extérieur. Aysha et Thésée échangèrent un regard. Ils semblaient avoir tous les deux compris ce qu'il se passait. D'une même voix, ils déclarèrent :

  — Il est là.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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