Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre six

  Ce ne fut qu'à la nuit tombée que ceux partis en ville rentrèrent, apprenant la nouvelle. Thésée avait dû s'entretenir avec Albus tout le reste de la journée alors qu'Aysha était restée en compagnie de Croyance et Abelforth.

  À peine Helena fut-elle de nouveau dans la chambre qu'elle alla enlacer sa sœur.

  — C'est incroyable ce que tu as fait. Thésée m'a raconté.

  Les joues de sa benjamine s'empourprèrent ce qu'elle remarqua. Mais elle n'eut pas le temps de faire un commentaire, car April et Tina venaient d'entrer à leur tour.

  — Ça me déprime, disait April. Je l'aime bien ce Croyance moi. Il est plus jeune que nous en plus. Trop jeune pour mourir.

  — Ce sont toujours les plus belles personnes qui partent en premier, fit alors Tina, l'air triste.

  April se jeta sur son lit, acquiesçant.

  — C'est injuste, fit-elle.

  — La vie n'est juste pour personne, répondit l'américaine en s'asseyant sur le matelas qu'elle avait choisi.

  — Mais... du coup... n'est-elle pas juste pour tout le monde, si elle est injuste pour nous tous ?

  Tout le monde fronça les sourcils, incapable de répondre à une telle question. Ce fut seulement Aysha qui enchaîna :

  — La vie est juste pour tout le monde en se montrant injuste, c'est ce que tu veux dire ?

  — En gros, oui. On comprend mieux pourquoi t'as été à Serdaigle, Einstein.

  Aysha leva les yeux au ciel.

  — Je suis sûre que t'aurais pu avoir le Prix Nobel à sa place, y a sept ans.

  — N'exagère pas. Je n'y connais rien en physique et effet photoélectrique ou je ne sais quoi.

  April lui lança un regard amusé, alors que Tina émettait un léger rire. Helena posa une main sur l'épaule de sa benjamine qui sursauta sur le coup.

  — Ne te sens responsable de rien, surtout, murmura-t-elle.

  — Ce n'est pas le cas, fit-elle alors en se postant face à son aînée. Je vais bien Helena. C'est aussi dur pour moi que pour toi.

  Helena sourit, rassurée d'entendre cela.

  On frappa à la porte, April alla rapidement ouvrir et fut surprise de tomber sur les frères Dragonneau.

  — On va manger... fit alors Norbert d'une voix triste. Vous... Vous venez ?

  April se tourna vers ses camarades qui se contentèrent d'acquiescer et elle répondit par la positive au magizoologiste qui se décala pour les laisser sortir. Toutes quittèrent la chambre, mais lorsqu'Aysha arriva à son tour devant la porte, elle s'arrêta pour regarder Thésée. Norbert avait déjà commencé à suivre les autres. Ils n'étaient plus que tous les deux.

  — On... On peut parler ? hésita alors le jeune homme.

  L'Occlumens regarda autour d'elle et haussa les épaules avant de l'inviter à entrer de nouveau dans la pièce qu'elle venait de quitter. Ils restèrent tous deux silencieux un long moment, la tension semblant être subitement montée.

  — Je... finit par dire Thésée alors que la sorcière le dévisageait. Tout à l'heure... C'était... surprenant.

  Aysha fronça les sourcils.

  — Je voudrais juste comprendre... Parce que... Non... balbutiait le jeune homme qui n'avait jamais ressemblé autant à son frère. Tu as sûrement fait ça juste pour me faire taire, sans idée derrière la tête. C'est sûrement ça...

  — Ferme-la, Thésée.

  Cette fois, le sorcier s'exécuta et fixa la jeune femme face à lui qui lui souriait. Elle secoua la tête avant de reprendre :

  — Je veux que tu me laisses finir, sans m'interrompre. Tu penses que tu peux le faire ?

  L'aîné des Dragonneau se contenta de hocher la tête, déglutissant.

  — Je n'ai pas fait ça uniquement pour te faire taire, fit alors l'Occlumens. Si cela avait été le cas, j'aurais pu utiliser un tas d'autres moyens. J'ai fais ça aussi...

  Elle s'interrompit, cherchant ses mots alors que le sorcier était suspendu à ses lèvres.

  — Faire semblant me donne le tournis. Je ne peux pas continuer de me contenter d'être ton amie, car... Je t'aime. Je t'aime de toutes les manières qu'il est possible d'aimer une personne. Je t'aime même quand je te déteste. J'aurais beau essayer, il me serait impossible de faire taire mes sentiments, car ils sont trop forts. Je suis amoureuse de toi depuis...

  Cette fois, ce fut Aysha qui fut interrompue lorsque Thésée posa ses lèvres sur les siennes. Il se détacha rapidement, leurs yeux restant plongés les uns dans les autres. Ils se regardaient avec intensité, alors que le jeune homme murmurait :

  — Moi aussi... Moi aussi je t'aime de toutes les manières qu'il est possible d'aimer une personne.

  Aysha sourit et s'approcha de nouveau pour l'embrasser encore. Cette fois, il y répondit. Une larme roula sur la joue de la jeune femme et elle s'écarta pour l'essuyer, mais Thésée fut plus rapide et prit sa main pour attraper la larme avant qu'elle ne puisse le faire.

  — Hey, murmura-t-il. Ça va ?

  Elle ne répondit pas, secouant la tête en souriant. Il l'attrapa alors pour la coller contre lui, posant sa tête contre son torse, ce qui lui permit d'entendre les battements de cœur du sorcier. Ils restèrent ainsi un long moment, appréciant chaque seconde qui défilait alors qu'ils se tenaient l'un l'autre, ne semblant plus vouloir se lâcher. Ce fut finalement l'Occlumens qui se dégagea, alors que le jeune homme demandait :

  — Alors... C'est vrai ?

  La sorcière fronça les sourcils, à moitié amusée, et il reprit :

  — Jamais je n'aurais imaginé que ce que je ressentais pour toi était réciproque.

  — Il en était de même pour moi. Il faut croire que nous étions les seuls à ne pas le voir.

  Thésée sourit. Ils se regardèrent. Tous dans leurs yeux semblaient pouvoir se lire. Amour, joie, espoir, soulagement... Aysha fut de nouveau celle qui rompit leur contact visuel, car elle se dirigea vers la porte, annonçant :

  — On devrait les rejoindre, avant qu'ils se posent des questions.

  — J'en ai une de question, moi, fit alors Thésée alors qu'elle posait sa main sur la poignée. Qu'est-ce qu'on est du coup, tous les deux ?

  Aysha se tourna vers le sorciers, un sourire moqueur sur les lèvres alors qu'elle répondait :

  — Eh bien... nous nous sommes tous les deux avoués nos sentiments, nous nous sommes même embrassés... alors... je crois bien que cela fait de nous un couple. Tu ne penses pas, idiot ?

  — Bien sûr, marmonna-t-il. Tu m'as vraiment traité d'idiot ?

  — Mais t'inquiètes, tu es mon idiot préféré.

  Sur ces mots, la sorcière sortit de la pièce alors que Thésée riait à moitié. L'Occlumens arriva rapidement au rez-de-chaussée, ayant récupéré un masque impassible. Elle rejoignit rapidement ses camarades qui semblaient trop absorbés par leur discussion pour remarquer son arrivée soudaine.

  — Alors... on reste ici ? faisait April avec une moue.

  — Déplacer Croyance ne ferait qu'accélérer sa mort, expliqua Albus, l'air triste. Et nous sommes presque certains d'avoir été repérés par des partisans de Grindelwald, alors autant en profiter pour essayer de le trouver.

  Thésée venait de rejoindre la table à son tour sans que personne ne le remarque. Aysha et lui échangèrent un regard complice, mais la tristesse de leur situation les rattrapa rapidement.

  — Je partirai demain avec April et les frères Dragonneau, fit soudainement le professeur. Si cela leur convient.

  — Partir où ? demanda alors April.

  — Il faudrait qu'on fasse le tour. Et j'ai besoin que quelqu'un d'assez puissant reste ici aussi.

  Le regard d'Albus se posa sur Aysha qui l'ignora.

  — Ça pourrait durer plusieurs jours si on prend vraiment le temps de tout chercher à la loupe. Le moindre signe suspect sera un indice pour nous. Il est vraiment important pour nous de trouver Grindelwald avant qu'il ne nous trouve.

  — Mais... saurez-vous vous opposer à lui, cette fois ? le questionna alors Helena.

  Le regard du professeur s'assombrit, se posant de nouveau sur l'Occlumens qui le soutint cette fois. Il ne lui donna pas de réponse et le reste du repas se fit dans un silence tendu.

  Cette fois, ce fut Tina et Norbert qui apportèrent de quoi manger à Abelforth et Croyance, tandis qu'April embarquait Thésée pour parler de leur départ prochain et qu'Helena montait elle aussi. Il ne resta bientôt plus qu'Aysha et Albus Dumbledore qui restèrent silencieux encore un long moment, aucun d'eux ne semblant vouloir démarrer une quelconque discussion. Finalement, la Métamorphomage demanda :

  — Que voulez-vous me dire, Albus ?

  Le professeur baissa la tête et avala sa salive avant de murmurer :

  — Je ne pourrais jamais me battre face à Grindelwald. C'est plus fort que moi. Je n'y arriverai pas.

  Aysha fixait l'homme avec intensité, l'obligeant à continuer :

  — J'ai besoin de toi.

  — Pourquoi ? le questionna la sorcière.

  — Parce que tu es peut-être plus puissante que Grindelwald. Plus puissante que moi sûrement. Tu peux le battre.

  — Non.

  — Non ?

  — Ce n'est pas à moi de le faire.

  — Tu sais aussi bien que moi que ce que tu viens de dire est un mensonge.

  L'Occlumens baissa la tête avant de s'expliquer :

  — Vous avez raison. Je meurs d'envie de le tuer. Mais ce n'est pas à moi de le faire. Vous êtes la personne qui doit le battre.

  — Mais je n'y parviendrai jamais.

  — Et que se passera-t-il si je le bats ? Peut-être serais-je récompensée par la gloire ? Mais qu'arrivera-t-il à ceux qui me sont proches ? Combien voudront se venger ? J'ai beaucoup plus à perdre que vous.

  Ces paroles semblèrent blesser l'homme alors qu'elle continuait :

  — Je suis désolée. J'ai conscience que c'est blessant. Mais c'est la vérité. J'ai ma sœur. J'ai Norbert et Tina. J'ai April. Et... J'ai un Oiseau-Tonnerre.

  Le professeur fronça les sourcils.

  — Tout ce qu'il vous reste, c'est un neveu mourrant, un frère qui vous déteste et une fille que les partisans de Grindelwald ne veulent toucher, car c'est la fille du mage noir aussi. Aucun d'eux ne risquerait rien si vous battiez Grindelwald. Contrairement à tous ceux que j'aime, si c'est moi qui le fait. Il est mon oncle. Il est le frère de ma mère. Jamais je ne parviendrai à le tuer.

  — Qui a parlé de le tuer ?

  — Si on ne parle pas de cela, alors faites-le vous-même. Grindelwald n'est pas la personne que je déteste le plus.

  — Emy ? Elizabeth ? John ? proposa Albus.

  Le regard de l'Auror se posa sur sa cuillère dans laquelle elle pouvait voir son reflet déformé.

  — Non.

  — Aysha... marmonna le sorcier qui semblait avoir compris.

  Le jeune femme leva les yeux vers son ancien professeur et répliqua :

  — Ce qu'ils ont fait de moi, en me torturant, en me détruisant, en me tuant... tout ça... la personne que je suis devenue... je la déteste. Je ne suis pas encore exactement comme ils voulaient que je sois. Et je ne le deviendrai jamais. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour tuer et détruire tout ce que je déteste en moi et devenir la meilleure version de moi-même.

  Il y eut un silence qu'Albus rompit bientôt :

  — Je ne comprends pas comment tu peux résister au sort Doloris.

  — Vous êtes toujours sur ça ? Eh bien... Imaginez... Imaginez qu'on vous lance ce sort tous les jours depuis que vous êtes petit dans le seul but de détruire tout bon sens en vous.

  — Mais... La plupart des personnes ayant été exposées trop longtemps à ce sort en finissent complètement folles...

  — La plupart de ces personnes ont connu autre chose. Moi, je n'ai connu que ça. j'ai grandi avec ça. Pour moi, c'était normal. Comment pouvais-je savoir que ça ne l'était pas si je n'avais jamais rien connu d'autre ? Cette douleur est en moi. J'ai grandi avec cette souffrance. Je me suis développée, j'ai évolué avec cette torture. Pour moi, tout ceci était habituel. Je n'étais rien sans cette douleur. Cette souffrance est en moi.

  Le professeur sembla comprendre quelque chose.

  — Tu ne résistes pas au sort Doloris.

  Aysha secoua la tête, une larme s'échappant de son œil droit.

  — C'est juste devenu si habituel que je ressens cela presque comme... de vieux souvenirs.

  Sans vraiment réfléchir, le sorcier s'avança et prit la jeune femme face à lui dans ses bras. Elle ne répondit pas à son étreinte, ressentant soudainement du soulagement après avoir révélé cela.

  Un sourire se dessina sur ses lèvres.

  Elle savait maintenant que la douleur n'était plus la seule chose qui grondait en elle.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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