Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre cinq

  Après s'être restauré et avoir apporté de quoi manger à Albus, Abelforth et Croyance, les six amis avaient rejoint les deux chambres qu'ils avaient eu, l'une accueillant les hommes, l'autre, les femmes. Ils y avaient déposé leurs affaires et la plupart d'entre eux étaient redescendus pour faire un tour en ville. Aysha, cependant, plongée dans la lecture du livre qu'elle avait apportée, était assise sur le lit qu'elle s'était approprié alors que son aînée cherchait quelque chose dans son sac.

  Le trouvant, elle enfila la veste qu'elle venait de dénicher et se posta devant Aysha qui releva la tête vers elle.

  — Oui ? demanda-t-elle alors, voyant qu'Helena n'allait pas débuter la conversation.

  — Ça va ?

  Aysha fronça les sourcils. Surprise par cette question.

  — Euh... Oui ? fit-elle en plissant les yeux. Pourquoi ?

  — Pour rien. Je demande juste. Je t'avais trouvé pensive lorsqu'on mangeait c'est tout.

  Sans attendre de réponse, Helena vint s'asseoir à côté de sa benjamine qui ne comprenait toujours pas ce qu'elle racontait.

  — Écoute, 'Sha, murmura-t-elle. Tu sais que tu peux tout me dire, non ?

  — Je suppose, oui, fit la jeune femme, ne sachant pas du tout vers quoi partait leur discussion.

  — Alors, tu sais aussi que je n'ai pas forcément besoin que tu me dises les choses pour que je les comprenne ?

  Aysha fronça davantage les sourcils.

  — Viens-en au fait, Helena. Ne tourne pas autour du pot.

  — C'est toi qui le fait, Aysha ! s'exclama alors la jeune femme. Sérieusement, je crois que Thésée et toi êtes les seuls à ne pas voir ce qui est évident.

  — Qu'est-ce que tu racontes ? l'interrogea l'Occlumens dont la voix ne trahissait aucune gêne, ni surprise.

  — J'ai bien vu comme tu le dévorais du regard tout à l'heure. Et depuis toujours au final. Mais vous êtes tous les deux si stupides.

  — Tu dis n'importe quoi.

  Cette fois, ses joues s'empourprèrent et cela n'avait rien à voir avec son don.

  — Je sais à quel point ça te fait peur, reprit l'aînée. L'amour a toujours été quelque chose que tu maudissais ou que tu rejetais, mais, quand ça te tombe dessus, tu ne peux pas vraiment y faire quelque chose.

  Aysha baissa un instant les yeux, les paroles de sa sœur tournant dans son esprit. Lorsqu'elle relava la tête, elle se mordit la lèvre inférieure avant de murmurer :

  — J'ai endurci mon cœur afin que la douleur physique soit la seule à me faire souffrir. Et puis, Thésée est arrivé et tout ce que j'avais construit pour me protéger s'est effondré.

  Un sourire apparut sur les lèvres d'Helena qui reprenait, ravie :

  — Tu te rends compte que c'est la première fois que tu me dis aussi clairement que tu es amoureuse de Thésée ?

  Aysha leva les yeux au ciel.

  — Même si l'amour fait peur et peut faire mal, ne t'en prive pas, 'Sha.

  — Pour l'instant, l'amour ne m'a rien apporté de bien. Rose, Ivan, Leta, nos parents, Kelly... Les aimer m'a apporté plus de souffrance que de bonheur.

  — C'est parce que tu te souviens de ce qui a mal tourné. Tu te souviens du mal entourant tous les sentiments que tu as pu éprouvé pour eux.

  — Pourtant, c'est parce que je les aimais que leur départ m'a fait mal.

  — Alors, tu aurais préféré ne jamais les aimer ? s'étonna son aînée. N'est-ce pas une douleur que tu es prête à accepter ?

  Des larmes avaient empli les yeux d'Aysha alors qu'Helena attrapait son menton pour que leurs regards se croisent et qu'elle continue, sur un ton doux :

  — Je t'aime Aysha. Et, c'est vrai, j'ai toujours été effrayée à l'idée de te perdre. Je sais que si cela venait à arriver, ce serait plus douloureux encore que toutes les souffrances auxquelles j'ai déjà été exposée. Mais je suis prête à accepter la douleur et la peur pour toi. Car t'aimer me promet aussi tant de belles choses. Je serai prête à tout pour toi, parce que je t'aime. Tu es une sœur un or, même si tu ne le vois pas forcément. L'amour en lui-même n'est pas ce qui fait mal. Ce qui fait mal, ce sont les gens qui ne savent pas aimer. L'amour en lui-même n'est pas ce qui fait peur. Ce qui fait peur, c'en est la fin.

  Aysha ressentait la présence de Liam Turner dans ses paroles. Son cœur se serra, réalisant à quel point Helena avait aimé cet homme et à quel point il avait dû être douloureux pour elle de le perdre. Pourtant, elle semblait dire que rien ne pouvait dépasser l'amour qu'elle ressentait pour elle, sa benjamine. Elle avait du mal à y croire.

  — Thésée est une bonne personne, reprit-elle, d'une voix tremblante. Il est la personne dont tu as besoin. Il faut juste que tu l'acceptes, Aysha.

  Et sur ses mots, elle se redressa et se dirigea vers la porte. Posant sa main sur la poignée, elle annonça qu'elle rejoignait ceux partis en ville. Elle sortit rapidement, laissant une Aysha totalement perdue.

  L'Occlumens se leva à son tour, abandonnant sa lecture, et alla chercher quelque chose dans son sac. Elle en sortit bientôt la photo qu'elle avait découpé dans le magazine Sortilèges qui montrait Thésée, Leta, Bunty et Norbert, lors du lancement du livre de ce dernier. Elle aurait voulu être là et avait gardé cette photo pour se rappeler tout ce qu'elle avait manqué.

  Trois coups à la porte la sortirent de ses pensées. Elle rangea la photo et se dépêcha d'aller ouvrir. Elle fut surprise de voir Thésée apparaître devant elle.

  — Tu n'es pas parti en ville ? demanda-t-elle alors.

  — Toi non plus.

  Elle ne répondit rien et le laissa entrer alors qu'il reprenait :

  — Jamais Dumbledore aurait dû aller là-bas tout seul. Enfin, pas tout à fait tout seul comme tu y étais aussi, mais on aurait dû en discuter.

  L'Occlumens ferma la porte, alors qu'il continuait de parler, sans reprendre son souffle :

  — Il aurait pu lui arriver quelque chose de grave. Heureusement que tu étais là finalement. Qui sait ce qui aurait pu lui arriver si ça n'avait pas été le cas ?!

  — Quel mouche t'a piqué pour que tu sois soudainement si bavard ? marmonna la sorcière.

  Mais le jeune homme ne l'avait pas entendue, car il ne cessait pas de parler, comme s'il était énervé et qu'il avait besoin de tout faire sortir.

 — Ça aurait pu vraiment être grave ! Et s'il vous était arrivé quelque chose à tous les deux ? C'était vraiment dangereux ! Et je ne pouvais même pas vous rejoindre, car j'ignorais où vous étiez ! J'en serais presque venu à m'énerver sur Helena et April pour ne pas vous avoir retenus. Mais il faut dire qu'il est difficile de s'opposer à Albus Dumbledore et toi... eh bien... c'est difficile de te faire changer d'avis.

  — Tu peux te taire, un instant ? tenta Aysha en croisant les bras, levant un sourcil.

  — J'étais vraiment inquiet. On était juste parti voir pour une auberge ! Il aurait suffi d'attendre le lendemain pour y aller tous et être mieux préparés !

  — Thésée... mumurait la sorcière, ne parvenant visiblement pas à le faire cesser de parler.

  — Ce n'est pas comme s'il allait fuir ! En plus, ça n'a rien donné, alors on aurait pas perdu grand chose. Et puis, Croyance ne pouvait vraiment pas continuer.

  Ne tenant plus, Aysha s'approcha du sorcier.

  — J'était à deux doigts de...

  Cette fois, il fut obligé de se taire, car les lèvres de l'Occlumens venait de se poser sur les siennes. Surpris, il ne répondit pas à ce baiser et elle se détacha rapidement, arborant un sourire malicieux avant de marmonner :

  — C'est mieux comme ça.

  Incapable de dire quoi que ce soit, Thésée se contentait de fixer la jeune femme face à lui. Son cœur battait la chamade. Il n'était plus certain de pouvoir prononcer un mot un jour.

  Soudainement, la porte s'ouvrit et ils s'écartèrent en vitesse alors qu'Albus s'écriait :

  — Aysha ! Urgence !

  Il n'avait pas remarqué ce qu'il venait de déranger et la sorcière n'hésita pas avant de sortir de la chambre et de suivre son ancien professeur. Thésée resta un instant immobile, ne sachant plus s'il devait expirer ou inspirer.

  Lorsqu'il parvint à retrouver le contrôle de ses mouvements, il se dépêcha de sortir de la chambre et de se diriger vers celle qu'il partageait avec les autres, pensant qu'il devait être allé là-bas.

  En arrivant dans la pièce, il fut surpris de voir Croyance allongé sur le sol, un Abelforth complètement paniqué à côté de lui, alors qu'Aysha était concentrée, jetant tout un tas de sort à l'Obscurial, tandis qu'Albus faisait le guet dans le couloir.

  — Qu'est-ce qu'il se passe ?

  Il n'obtint aucune réponse. Le silence qu'il régnait était étouffant. Il ne savait plus où se mettre. Il fixait Aysha qui agissait avec tant d'aisance qu'il se demandait où elle en avait acquis autant. Trop concentrée sur ce qu'elle faisait, son apparence n'était pas fixe et sa chevelure et sa peau semblaient appréciaient prendre toutes sortes de couleur.

  Soudainement, Croyance se redressa en toussant et Aysha recula pour le laisser respirer. Abelforth aida son fils à reprendre son souffle alors qu'il remerciait la sorcière. L'Occlumens avait l'air épuisé et elle ignora Thésée tandis qu'elle se ruait sur Albus pour lui annoncer suffisamment bas pour qu'Abelforth et Croyance ne l'entendent pas, mais pas trop pour que Thésée comprenne :

  — Je ne suis pas certaine de pouvoir le sauver la prochaine fois.

  Elle avait retrouvé son apparence habituelle.

  — Albus... Je crois vraiment qu'il serait tant de les préparer.

  — Tu penses qu'il en a pour combien de temps encore ?

  La sorcière baissa la tête et le professeur parut paniqué, proposant :

  — Des semaines ?

  Aysha secoua la tête et le corrigea :

  — Des jours.

  Ses yeux croisèrent enfin ceux de Thésée, tandis qu'elle murmurait :

  — Croyance n'en a plus que pour quelques jours.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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