Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre quinze

  Thésée venait de quitter le Ministère, ayant enfin fini sa journée. Mais ce n'était pas chez lui qu'il allait. Le pas rapide, il se pressait vers la demeure où vivait Aysha depuis sa sortie de Ste Mangouste. Son cœur battait la chamade, inquiet quant au fait d'arriver trop tard.

  Il frappa à la porte dès lors qu'il arriva sur le perron et dut attendre quelques secondes avant que celle-ci ne s'ouvre sur Aysha.

  — Thésée ? s'étonna-t-elle en le voyant.

  Le sorcier posa son regard sur le manteau de la jeune femme. Elle allait partir. Il était arrivé juste à temps.

  — Qu'est-ce que tu fais là ? l'interrogea-t-elle alors qu'il entrait, le froid étant toujours mordant à l'extérieur.

  — Et où est-ce que tu vas ? renchérit-il en se plaçant devant elle.

  — Je viens de rentrer du Ministère, soutint-elle en haussant les sourcils.

  — Ne me mens pas. Je sais que tu es partie une heure avant moi.

  L'Occlumens ne lui répondit pas, tournant la tête vers la porte leur permettant d'accéder au salon. Helena venait d'apparaître à son tour, elle aussi vêtue de son manteau.

  — Qu'est-ce qu'il se passse ici ?

  Son regard se posa sur Thésée et elle lui demanda :

  — Qu'est-ce que tu fais ici ?

  — Je pourrais te poser la même question.

  Ils se jaugèrent du regard et Aysha intervint :

  — Elle a le droit de me rendre visite.

  Thésée se tourna vers elle, croisant les bras sur son torse, et répliqua :

  — Vous n'allez pas me faire croire que vous n'étiez pas sur le point de partir à la rencontre d'Emy ?

  Il y eut un silence, Aysha fixant l'homme face à elle. Elle savait qu'elle ne pouvait pas lui mentir.

  — Je te connais trop bien, reprit-il. Il était évident que tu allais y aller.

  — Et je me doutais que tu tenterais de nous en empêcher. Mais je t'en prie Thésée, c'est la seule solution.

  — Alors, quoi ? Vous allez vous rendre et vous pensez que nous serons tranquilles de notre côté ? Je doute que ça se passe comme ça.

  — Ce qu'on sait, rétorqua-t-elle en s'avançant d'un pas, c'est que si on ne se rend pas, vous mourrez tous un par un. Peu importe comment on pourra s'être préparés ou non. Si nous y allons, il y a une chance. Une chance pour vous de survivre. Une chance pour nous de trouver une faille qui pourrait nous permettre de battre définitivement Grindelwald.

  — C'est trop dangereux.

  — Nous vivons constamment dans le danger, Thésée. Y aller ne changerait pas grand chose. Je suis quasiment sûre que des partisans encerclent ma maison sans que je puisse les voir.

  Thésée ne répondit pas tout de suite. Il regarda longuement l'Occlumens, Helena les fixant elle aussi, silencieuse. Finalement, le jeune homme reprit :

  — Dans ce cas, je viens avec vous.

  Aysha ouvrit la bouche surprise, mais ce fut sa sœur qui réagit le plus vite :

  — Ce serait le meilleur moyen de te condamner à mort ou de faire tomber à l'eau tous nos espoirs. Elle pourrait croire que c'est un piège ou te tuer dès lorsqu'elle te verra. C'est trop dangereux. Plus encore que si nous y allons seules.

  Il devenait de plus en plus difficile pour Thésée d'accepter ce qui semblait inévitable.

  — Je ne peux pas vous laisser partir comme ça, marmonna-t-il d'une voix faible. Et si... c'était un piège ? Si Emy allait vous tuer ? Et si on se servait de vous ? Je refuse de vous laisser sombrer dans une telle affaire. Je n'ai pas envie de vous perdre. Je ne pou-

  Aysha venait de sortir sa baguette. Il se retrouva immédiatement figé. L'Occlumens le rattrapa avant qu'il ne touche le sol, alors qu'il basculait.

  — Désolée, murmura-t-elle.

  Helena s'approcha de sa sœur, étonnée.

  — Je ne m'attendais pas à ça.

  Aysha ne lui répondit pas et fit léviter le corps de Thésée pour aller le déposer sur le canapé de son salon. Elle se dépêcha ensuite d'aller trouver la chouette qui était posée sur le bord de la fenêtre et attrapa un parchemin et une plume sur lequel elle écrivit : Ton frère est chez moi. Viens le chercher.

  Elle accrocha ensuite le morceau de parchemin à la patte de la chouette et murmura quelque chose avant d'aller ouvrir la fenêtre pour la laisser s'envoler avec son message.

  Helena était alors dans l'encadrement de la porte et s'amusa :

  — On pourra dire que votre relation était ponctuée d'inattendus.

  Aysha lui lança un sourire moqueur et elle s'approcha d'elle, annonçant :

  — Il faut partir maintenant si nous ne voulons pas être en retard.

  Helena hocha la tête et, sans un mot de plus, elles jetèrent un dernier regard à Thésée et sortirent sans plus attendre dans le froid toujours aussi mordant. Le pas rapide, elles prirent la direction de la future boulangerie Kowalski, attentives à tout ce qu'il se passait autour d'elles, inquiètes quant à ce qui allait se passer. Elles arrivèrent rapidement dans la rue où devait les attendre Emy et ne furent pas surprises de voir une silhouette encapuchonée, immobile devant ce qui allait devenir une boulangerie.

  Le cœur battant, elles s'approchèrent, constatant rapidement qu'il s'agissait bien d'Emy et qu'elle était seule. Lorsque cette dernière les vit, une immense faux sourire apparut sur ses lèvres et elle avança de quelques pas vers elles.

  — Ravie de vous voir, mentit-elle. J'étais sûre que vous viendriez.

  Elles ne répondirent pas, alors, elle reprit :

  — Allons discuter dans une ruelle où nous serons un peu plus à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes.

  — Pourquoi ne pas discuter ici ? demanda Helena.

  — Je pensais que mon message avait été clair. Vous vous rendez ou tous vos amis meurent. Donc, soit je vous emmène de suite sans discuter, soit on discute un peu avant que vous vous rendiez, soit tout le monde meurt.

  Helena ne trouva rien à répondre et Emy pivota sur ses talons pour les diriger vers une ruelle déserte et escarpée.

  — Qu'est-ce que tu veux nous dire ? demanda cette fois Aysha sur un ton grinçant.

  Un immense sourire se dessina sur les lèvres de la sorcière avant qu'elle ne réponde :

  — C'est toujours un désagréable moment de te voir, Aysha.

  — C'est réciproque.

  Elles se fusillèrent du regard, mais Emy reprenait déjà :

  — Sachez d'abord que je savais que vous viendrez. Car je vous connais suffisamment pour savoir que vous êtes trop faibles pour renoncer à une proposition si alléchante.

  Les deux sœurs ne répondirent rien, Emy en profita pour continuer :

  — Je ne suis donc pas étonnée de vous voir. Bien que cela soit quelque chose qui me déplaît fortement.

  — Viens-en au fait, ordonna Aysha.

  — Je suis sûre que si tu savais ce qui vous attendez, tu ne dirais pas ça.

  — Que voulez-vous de nous ? insista l'Occlumens. Pourquoi nous vouloir ?

  Un large sourire étira les lèvres de la sorcière, se délectant de chaque seconde qui passait alors que ses interlocutrices trouvaient l'attente insoutenable.

  — C'est simple, finit-elle par dire. Vous allez nous aider à gagner.

  — Jamais. Torture-nous et fais ce que tu souhaites, jamais nous n'accepterons une telle chose, fit alors Helena.

  — Dans ce cas vos amis vont mourir.

  Un silence.

  Aysha le rompit :

  — Que voulez-vous de nous ? Que pensez-vous que nous puissions faire pour vous aider à gagner ?

  Emy sourit davantage avant de murmurer :

  — J'ai du mal à croire que ma petite sœur, Aysha, ait fini par se laisser attendrir par cet idiot de Thésée Dragonneau.

  — Ne change pas de sujet. Et ne le traite pas d'idiot.

  — L'amour te rend faible, c'est bien dommage.

  — Tu peux parler, Emy Hupfull, railla l'Occlumens.

  Emy leva les yeux au ciel et ce fut cette fois Helena qui reprit :

  — Ne joue pas avec nous, Emy. Dis-nous clairement les choses.

  Un nouveau sourire. Un frisson qui parcourait le corps d'Aysha alors que la partisante de Grindelwald reprenait enfin :

  — En réalité... nous n'aurons besoin que de toi... Aysha.

  Aysha serra sa baguette, cachée dans la poche de son manteau.

  — Toi, ou plutôt ce que tu deviendras. Surtout... après ça...

  Emy dégaina sa baguette en même temps qu'Aysha, Helena les suivant de peu.

  — Tu penses à quoi, Emy ? demanda alors Helena. Nous sommes à deux contre toi. Tu es seule contre nous.

  — Mais je ne suis pas seule, rétorqua-t-elle avec un sourire mauvais.

  Aussitôt eut-elle dit cela que quatre personnes apparurent, deux arrivant de chaque côté de la ruelle. Aysha les reconnut. John, Dean, Elizabeth et Jenny.

  À peine furent-ils à leur hauteur qu'ils sortirent leurs baguettes à leur tour.

  — Que voulez-vous réellement ? demanda de nouveau Helena.

  Emy baissa sa baguette, s'approchant de son aînée avec un sourire mauvais. Elle mit sa main dans sa poche, Aysha leva davantage sa baguette vers Emy, mais elle sentit que tous les autres le faisaient aussi sur elle.

  — Ce que nous voulons, articula Emy en passant derrière Helena, murmurant directement dans son oreille. C'est réveiller la vraie nature de notre charmante petite sœur.

  Aysha vit alors le visage d'Helena laissait place à un sentiment étrange. Elle ne comprit pas tout de suite. Elle ne comprit que lorsqu'elle vit les yeux de son aînée se poser sur elle. Lorsqu'elle vit la dernière lueur de vie quitter son regard. Lorsqu'elle se laissa tomber en avant. Lorsqu'Aysha put voir le manche d'un poignard dépasser du dos de sa sœur.

  Son cœur loupa un battement.

  C'était impossible.

  Elle n'arrivait pas à y croire.

  Elle ouvrit la bouche, l'horreur lui ayant retiré toute capacité à s'exprimer.

  Elle dut cligner des yeux.

  Le corps d'Helena gisait sur le sol, une flaque de sang se répandant sur la pierre.

  Aysha sentit sa respiration devenir de plus en plus saccadée alors que des larmes emplissaient ses yeux.

  Helena était morte.

  Emy venait de la tuer.

  Sous ses yeux.

  Prenant une profonde inspiration, Aysha leva la tête vers Emy et hurla :

  — ESPÈCE DE SALE... JE VAIS TE TUER !

  Ses jambes refusaient de lui obéir. Des larmes roulaient sur ses joues. Elle put voir le sourire satisfait d'Emy qui fit un signe aux quatre personnes étant apparues un peu plus tôt.

  Aysha se laissa tomber sur le sol. Incapable de faire quoi que ce soit d'autre. Un sourire mauvais se dessina sur les lèvres d'Emy alors qu'elle ajoutait :

  — C'est exactement ce que tu es, Aysha. Une meurtrière. Je t'en prie, tue-moi.

  Mais Aysha ne pouvait pas bouger. Son regard ne quittait pas le corps inerte de sa sœur à quelques pas devant elle.

  Emy s'approcha alors du corps d'Helena et avec un sourire, marmonna :

  — Si tu n'en vois pas d'inconvénient, je vais la ramener.

  Elle ne lui laissa pas le temps de répondre. Elle transplana avec la dépouille d'Helena, laissant Aysha seule.

  Le cœur brisé.

  L'âme en miettes.

  Les larmes ne cessant de couler.

  La respiration de plus en plus difficile.

  Ignorant l'impact que cela pourrait avoir, elle poussa un hurlement qui fit fuir les oiseaux dans les rues les plus proches.

  Elle venait de voir sa sœur cadette ôter la vie à sa sœur aînée.

  Helena était morte.

  Helena venait d'être assassinée par sa propre sœur.

  Un passant arriva rapidement, trouvant Aysha en pleurs, grelottante.

  — Mme, vous allez bien ?

  Il n'obtint aucune réponse. Aysha ne pouvait plus parler. C'était à peine si elle arrivait à respirer convenablement. Elle prierait presque pour que son cœur à elle aussi s'arrête. Son cœur dont il ne restait plus rien.

  Cette lueur qu'elle avait vue disparaître dans les yeux de sa sœur venait de fracasser ce qui restait de bon en elle. Elle ne pouvait pas continuer. Elle ne pouvait plus avancer.

  Des pas rapides lui parvinrent rapidement. Une femme s'accroupit bientôt devant elle. Une main froide se posa bientôt sur sa joue. Des yeux bleux rencontrèrent bientôt les siens.

  April.

  Aysha revenait peu à peu à elle alors que sa meilleure amie demandait :

  — Que s'est-il passé ? Où est Helena ?

  Mais Aysha ne pouvait pas lui donner de réponse. Alors, April l'aida à se lever. Elle l'accompagna jusqu'à chez elle. Elle ne fut pas surprise d'y trouver Thésée, Norbert et Tina. Thésée se précipita sur elles alors qu'elles entraient. Il posa ses mains autour du visage de la jeune femme. Leurs yeux se rencontrèrent.

  — Oh, Aysha, fit-il d'une voix faible.

  Aysha tentait de tenir le coup. Mais c'était trop.

  Elle clignait des yeux de plus en plus régulièrement.

  Mais elle sombra rapidement.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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