Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre quatorze

  — Je suis inévitablement la meilleure dans ce domaine !

  — Tu veux rire ? Je suis sûr que je peux te battre sans difficulté !

  Aysha entra dans la pièce où elle avait entendu Richard et Anne crier, suivie de près par Tina qui lança un regard à Norbert, toujours assis.

  — Que se passe-t-il ici ? demanda l'Occlumens en posant ses mains sur le dossier de l'une des chaises vides entourant la table.

  — Rien, répondit immédiatement Richard. C'est juste ma très chère femme qui s'évertue à dire qu'elle peut me battre en cuisine. Le dernier plat qu'elle a tenté a manqué de mettre feu à la maison.

  — N'importe quoi ! renchérit la vieille femme. C'est juste le four qui a chauffé trop vite.

  Aysha émit un léger rire alors que Richard levait les yeux au ciel, à moitié amusé.

  — Je suis nulle en cuisine moi aussi. Heureusement que j'avais Queenie avant pour m'aider, révéla Tina.

  — Et maintenant, tu as Norbert. C'est un excellent cuisinier ! fit Aysha avec un sourire.

  Le magizoologiste s'enfonçait dans sa chaise, ne sachant pas quoi répondre.

  — C'est vrai ça ! approuva son père. Il tient ça de moi. Je dirai même qu'il a dépassé le maître. Ça m'a toujours étonné.

  — Ça n'excellera jamais le niveau de cuisine de Thésée, intervint alors le magizoologiste en regardant intensément l'Occlumens.

  — J'en suis rassurée, se moqua Aysha. Je suis capable de faire tomber l'œuf par terre en voulant le casser dans un bol.

  Alors qu'elle avait provoqué quelques rires, elle s'approcha de son ami et se posta près de lui avant de lui demander :

  — Il faut que je parle à Richard et Anne. Tu veux bien me laisser ta place ?

  Norbert ne réfléchit pas et se leva, se dirigeant immédiatement vers Tina qui lui adressa un sourire. Sans un mot de plus, ils quittèrent la pièce, tandis que Richard se tournait vers la jeune femme, lui demandant :

  — Qu'est-ce que tu veux nous dire ?

  — Moi ? Rien. C'est Tina qui a quelque chose à dire à Norbert.

  En effet, dans la pièce voisine, Tina et Norbert étaient allés s'asseoir sur le canapé du salon. Helena et April étaient trop concentrées dans leur discussion pour s'être aperçues de leur arrivée. Le magizoologiste avait bien remarqué que Tina n'était pas au plus haut de sa forme et il commençait à se demander ce qu'il se passait.

  — Tu vas bien ? s'inquièta-t-il en lui attrapant la main.

  — Oui, oui, répondit-elle.

  Le jeune homme n'était pas pleinement convaincu de sa réponse, mais il n'eut pas vraiment le temps de renchérir, car April venait de pousser un cri.

  — Par Merlin !

  — April ?! s'exclama soudain Helena.

  Le jeune couple se leva pour observer la scène. Mais ils ne virent rien.

  — Pourquoi avoir crié comme ça ? demanda alors l'aînée des Wilson alors que Norbert et Tina s'approchaient, soucieux.

  — Tu n'as pas vu ?

  — Pas vu quoi ?

  — Là, dehors. Il y avait quelqu'un.

  — Comment ça quelqu'un ? l'interrogea Norbert, de plus en plus inquiet, serrant davantage la main de sa femme.

  — Je vous jure, continua April. Il y avait quelqu'un dans ce jardin. Il regardait par la fenêtre. Il nous espionnait !

  — Tu es sûre que tu n'as pas rêvé ? la questionna alors Helena.

  — Je t'assure !

  La porte du salon s'ouvrit sur Aysha et les parents Dragonneau, dont les visages laissaient transparaître de l'inquiétude.

  — Que se passe-t-il ici ? demanda alors Anne.

  Thésée apparut bientôt, ayant probablement entendu le cri d'en haut. Il s'approcha immédiatement d'Aysha pour vérifier qu'elle allait bien.

  — April a vu quelqu'un dehors, expliqua Helena. Elle dit qu'il nous espi-

  Elle fut coupée, une forme bleutée venait de surgir devant un. Un Patronus.

  — Je rêve ou... c'est un Gnome de Jardin ? les questionna April en fixant le Patronus.

  Les sœurs Wilson se regardèrent, sachant très bien qu'elles pensaient à la même personne. Elles en eurent bientôt la confirmation lorsque la voix d'Emy retentit, provenant du Patronus :

  — Message à vous tous. Nous avons la joie de vous annoncer que la plupart de vos humbles demeures sont entourées par les nôtres. Pour ainsi dire, vous êtes probablement en mauvaise position et serez peut-être plus adeptes à accepter notre marché. Nous vous laissons tous en vie si Aysha et Helena Wilson nous sont livrées. Si vous acceptez, nous nous retrouverons demain à dix-neuf heures devant la future boulangerie du Moldu. Si vous refusez le marché, vous serez tués un par un. Avec mes sincères salutations. Emy Wilson.

  Et le Patronus disparut.

  Un silence s'installa, personne n'osant parler après ça. Tous devaient se remettre de ce qu'ils avaient entendu et ce fut visiblement April qui y parvint la première, car elle grogna :

  — Qu'est-ce que j'aurais envie de lui botter les fesses à Emy.

  Helena jeta un regard à Aysha, alors qu'Anne murmurait :

  — Qu'est-ce qu'on va faire ?

  — Déjà, intervint Thésée, il est hors de question qu'Helena et Aysha se rendent.

  — Je suis entièrement d'accord ! approuva April.

  Les deux sœurs se regardèrent un long moment encore avant qu'Aysha ne daigne leur adresser un mot :

  — Mais nous connaissons Emy. Ce ne sont pas des paroles en l'air. Si nous ne nous rendons pas, elle vous tuera tous. Nous la connaissons suffisamment pour savoir que c'est vrai.

  — Mais je refuse que tu y ailles. Qui sait ce qu'ils vous feront si vous vous rendez ? Qui sait s'ils tiendront parole ?

  Thésée s'approcha de la jeune femme et posa sa main sur sa joue, les larmes aux yeux, avant d'ajouter :

  — Je ne peux pas te perdre.

  Aysha cligna des yeux, une larme roulant sur la joue où reposait la main de Thésée. D'une voix faible, elle lui répondit :

  — Moi aussi, je refuse de te perdre. Et c'est justement pour cette raison que nous devons nous rendre, Helena et moi. Ne serait-ce que pour vous laisser une chance. Ne serait-ce que pour vous offrir la possibilité de vous en sortir.

  — Non, Aysha. Je refuse de vivre une vie dont tu ne fais pas partie.

  Ils se regardèrent intensément. Tous les fixaient sans un mot. L'atmosphère était pesante. La tension était insoutenable.

  Aysha finit par poser sa main sur celle que Thésée maintenant sur sa joue et, d'une voix faible, murmura :

  — D'accord. Nous ne nous présenterons pas à Emy demain. Mais, il faudra nous tenir prêts. Parce que je te garantis que ce qu'Emy a dit est vrai. Si nous ne venons pas, ils tenteront de nous tuer tous.

  — Nous serons prêts.

  Aysha ne répondit rien et se détacha de l'étreinte de l'aîné des Dragonneau pour sortir rapidement de la pièce. Anne ne tarda pas à la suivre, inquiète.

  — Je ne m'attendais pas à ce qu'elle cède aussi facilement, murmura Richard.

  — Il faut croire, qu'à présent, la parole de certains ont plus de poids, fit April en fixant Thésée.

  Ce dernier était encore totalement chamboulé par ce qu'il venait de se passer. Helena alla à sa rencontre, passant une main dans son dos pour le rassurer. Il lui jeta un regard perdu.

  — Ça va, d'accord ? chuchota la jeune femme, comme si elle voulait qu'il soit le seul à l'entendre.

  — C'est juste que je ne supporterai pas de la perdre, Helena, admit Thésée. J'ai l'air pathétique à dire ça. Mais c'est la vérité. Sans elle, je me contente de survivre. Elle est cette lumière qui éclaire mes jours les plus sombres. Si je me retrouvais dans les ténèbres, je voguerais, perdu pour toujours. Je l'aime plus que je n'ai jamais aimé quiconque. Ça a toujours été elle. Et je suis un idiot. Je suis stupide. Parce que je suis incapable de la protéger.

  — Elle n'a pas besoin d'être protégée, intervint April, pensant pouvoir l'aider.

  — Je sais, répondit Thésée. Elle est la plus forte d'entre nous. Elle a été forcée à surpasser des épreuves dont nous n'avons même pas idée. La vie la rendue assez forte pour ne pas avoir besoin d'aide extérieure. Elle est puissante et douée. Suffisamment pour pouvoir tenir tête à Grindelwald lui-même. Suffisamment pour devenir Auror alors qu'elle sort tout juste de Poudlard.

  — Thésée, l'interrompit Helena d'une voix douce. Arrête de parler. Tu te fais du mal. Citer tout ça ne fait qu'agrandir la blessure que ta propre vie t'a faite. Tu n'es pas un idiot. Tu n'es pas stupide. Et je pense que tu es capable de protéger certains aspects d'Aysha. Tout comme je suis censée en protéger moi-aussi.

  Il ne répondit pas, alors Helena lui adressa un sourire rassurant avant qu'April n'intervienne de nouveau :

  — Je suis vraiment pas douée avec ce genre de chose. C'est pas non plus mon domaine, ni ce que je préfère dans la vie. Mais, Aysha et toi, vous êtes le genre de personnes qui se sont fait tant de mal dans le passé que plus rien ne peut les blesser venant de l'autre. Vous vous êtes créer une sorte d'armure et vous êtes tous les deux trop effrayés à l'idée que celle-ci se brise que vous ne serez plus capables de faire du mal l'un à l'autre.

  Tout le monde regardait April à présent. Tous étaient étonnés qu'elle tienne un discours pareil.

  — Quoi ? fit-elle alors, sur un ton plus grinçant qui faisait tâche à côté de ce qu'elle avait dit précédemment. Pourquoi vous me fixez comme ça ? Je sais que je suis agréable à regarder, mais, quand même, c'est pas trop le moment.

  Un sourire sur les lèvres de Thésée. Cela sembla ravir Helena qui lui attrapa la main et ajouta :

  — Aysha est une tête brûlée. Mais elle a une corde sensible qu'elle a toujours refusé d'admettre. Elle a été si habituée à la haine, que l'amour est quelque chose qu'elle ne contrôle pas tout à fait. L'amour qu'elle nous porte à tous est à la fois une force et une faiblesse.

  Elle ne lui laissa pas le temps de répondre, lâchant sa main avant de se diriger vers la porte pour sortir de la pièce. Richard l'imita bientôt, rapidement imité par Norbert et Tina qui ne savaient plus où mettre la tête. Il ne resta bientôt plus qu'April et Thésée dans la pièce. Ce dernier la regarda et elle fit de même.

  Aucun d'eux ne parla pendant un moment. Finalement, la jeune femme dit ce qu'il pensait tout haut :

  — Tu as conscience qu'elle n'a pas changé d'avis ?

  Thésée secoua positivement la tête.

  — Elle va y aller demain, marmonna-t-il. Et je suis sûr qu'Helena la suivra.

  — Mais qu'est-ce qu'on peut y faire ? Les Wilson sont trop bornées pour qu'on les fasse changer d'avis. Elles trouveront le moyen d'y aller même en étant enfermées à Azkaban.

  — Allons avec elles dans ce cas.

  — C'est le meilleur moyen pour tout faire tomber à l'eau. Emy pourrait pensait que c'est un piège. C'est une manipulatrice assez ingénieuse, mais elle est parano en plus d'être une sociopathe.

  — Que faire, dans ce cas ?

  — On ne peut pas faire grand chose, Thésée, rétorqua la sorcière. Aysha a décidé et on ne la fera pas changé d'avis. Selon elle, c'est la meilleure chose à faire. Et peut-être qu'elle a raison. On en sait rien. Peut-être qu'ils ne pourront rien leur faire et qu'elles arriveront à s'en sortir, pendant que nous vivrons en paix.

  — Ce ne sont que des incertitudes.

  — Mais nous sommes dans une période d'incertitude, Dragonneau. Rien est certain. Dans notre présent, il est encore plus probable de mourir demain sans y être préparé. On peut être pris en otage par un partisan de Grindelwald. On peut se retrouver dans des complots dont on a même pas idée.

  — Je ne veux pas de cette vie, la coupa Thésée.

  — Je sais. Moi non plus. En attendant, on a pas trop le choix. On ne peut pas tout changer en un claquement de doigt. Helena et Aysha sont peut-être les seules à pouvoir faire quelque chose.

  — Mais... Je ne supporterai pas de la per-

  — Je sais, l'interrompit-elle. Moi aussi je ne supporterai pas de la perdre, Thésée. Pour moi aussi elle est importante. Elle est la personne qui compte le plus dans ma vie. Et j'ai pas l'habitude de dire ce genre de trucs, mais c'est la vérité. Autant je n'ai jamais rien ressenti en ce qui concerne l'amour du genre qui vous unis, Aysha et toi. Autant, je suis sûre d'une chose. J'aime Aysha et sans elle, ma vie n'aurait plus aucun sens. Tu n'es pas le seul à avoir besoin d'elle.

  — Je sais, April. Désolé. Je peux me montrer égoïste.

  — Ouais.

  Il y eut un silence avant qu'April ne pousse un soupir et ne reprenne :

  — Tu devrais te détendre un peu. On dirait presque qu'Aysha est un agneau sans défense alors qu'elle est capable de mettre le feu à une salle pour faire fuir l'ensemble des personnes indésirables, tout en ayant joué un rôle pendant des jours, obligée de livrer des informations horribles. Je suis presque sûre que si on la laissait faire, elle serait capable de prendre feu sans en mourir.

  — Je préfère ne pas essayer.

  — T'es pas drôle, râla April en levant les yeux au ciel.

  — Je préfère juste éviter de la voir brûler. Parce que c'est exactement ce que fait le feu, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué.

  — Je sais très bien que le feu ça brûle. Tu me prends pour une idiote ? Je veux bien croire qu'on se ressemble sur certains points, mais pas autant.

  Thésée fronça les sourcils.

  — Tu viens de me traiter d'idiot ? comprit-il.

  — Incroyable ! Tu as compris ! Tu n'es pas si idiot que ça finalement !

  — Je te remercie.

  — Mais c'est un honneur.

  Il y eut un nouveau silence. April vit que Thésée n'osait pas lui poser une question, alors elle le poussa et il finit par demander :

  — Tu sais quelque chose à propos de cette Kelly ?

  April parut surprise.

  — Tu serais pas jaloux d'elle quand même ?

  — Non ! Pas du tout.

  — Mouais.

  April plissa les yeux avant de reprendre :

  — Bien sûr que je sais quelque chose à propos de Kelly. Tout comme Helena qui était aux premières loges. Mais je ne vais pas t'en parler. Je suis une tombe.

  — Je n'allais pas te demander.

  — Tu m'étonnes. En attendant, sache juste que la vie d'Aysha n'est pas rose du tout.

  — J'avais déjà cru le comprendre.

  — Non, mais, je veux dire. Pas. Du. Tout.

  Thésée fronça les sourcils, ne comprenant pas. Mais il n'eut pas l'occasion de demander quoi que ce soit d'autre, car April sortait de la pièce, sans même le saluer.

  Bien sûr qu'Aysha n'avait pas eu une vie toute rose. Ça, il le savait. Mais pourquoi April avait tenu à le lui repréciser ?

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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