Les Animaux Fantastiques
Tome 1


Chapitre quatorze

  Cela faisait quelques minutes que Tina avait rejoint sa chambre, qu'elle partageait à présent avec sa sœur. Norbert, qui avait du mal à se remettre de ce qu'il venait de se passer, faisait les cents pas lorsqu'il entendit passer quelqu'un dans le couloir. Il eut tout juste le temps d'ouvrir la porte pour voir Aysha disparaître dans les escaliers. Surpris de l'avoir vu quitter sa chambre ainsi, il sortit de la sienne et descendit au rez-de-chaussée.

  Il ne tarda pas à trouver son amie, recroquevillée dans le canapé. Silencieusement, il vint s'asseoir face à elle et, sans le regarder, elle demanda :

  — Tu as entendu quelque chose ou tes pensées tournaient trop autour de Tina ?

  Le magizoologiste saisit le ton moqueur de cette question, mais baissa la tête, les joues rouges. L'Occlumens finit par le regarder, lui adressant un sourire rassurant avant de reprendre :

  — Thésée m'a dit qu'il vous avait surpris en train de discuter. Que dois-je en penser ?

  Norbert fut incapable de soutenir le regard rempli de malice de la jeune femme. Il sentait son cœur battra la chamade et il entendit son amie se lever et s'approcher. Bientôt, une main se posa sur son épaule et il finit par lever la tête, ses yeux rencontrant ceux de la sorcière qui, malgré sa grande maîtrise de l'occlumancie, laissait à présent ses pensées se lire dans son regard.

  — Es-tu enfin heureux ? demanda-t-elle d'une voix douce.

  Pour toute réponse, le magizoologiste hocha positivement la tête et Aysha reprit :

  — Qu'est-ce que ça fait ?

  Norbert fixa de longues secondes son amie, ne sachant quoi répondre. Il ressentait tout un tas de choses, de sentiments mélangés. Il ne saurait mettre un mot là-dessus. Il ne saurait le décrire.

  Voyant sûrement qu'il ne parviendrait pas à lui fournir une réponse, la sorcière s'assit à côté de lui et continua :

  — Je crois que les gens ont tendance à dire qu'ils sont heureux pour les autres dans ces situations, non ?

  — Tu... Tu n'as pas à te sentir mal si...

  — Je trouve ça stupide. C'est presque devenu un automatisme alors qu'on ne le pense pas toujours. Parfois, la vie est si dure pour quelqu'un, qu'il ne parvient plus à ressentir de la joie pour les autres. Et c'est ça qui fait le plus mal... Quand tu n'es plus capable d'être heureux, ça fait mal de savoir que - alors que tu pourrais ressentir enfin un peu de joie, même pour les autres - cela t'échappe. Car ça te fait réaliser tout ce dont tu n'as pas le droit. Et on se sent mal, car c'est comme une jalousie dont on ne veut pas.

  Le magizoologiste fixa son amie, surpris et touché par ses propos. Ils restèrent tous deux silencieux jusqu'à ce qu'une lueur bleue attire leur attention. Ils se retournèrent et furent étonnés de voir un Patronus sous la forme d'un Phénix. Bientôt, après qu'Aysha lui ait demandé de lire son message, la voix d'Albus Dumbledore retentit :

  — Je suis navré pour les récents événements auxquels vous avez été confrontés. Je pense qu'il est préférable que vous rentriez au plus vite. Restez sur vos gardes et venez tous, y compris William et Manuela. Le danger est trop grand maintenant qu'ils connaissent votre adresse. Nous sommes prêts à tous vous accueillir à Poudlard, mais nous nous donnerons rendez-vous à Pré-au-Lard. Nous nous tiendrons au courant des modalités de nos retrouvailles. J'aimerais aussi avoir une discussion individuelle avec April, Helena et Aysha. Prenez soin de vous.

  Sur ces mots, le Patronus disparut. Ayant du mal à tout assimiler, Norbert demanda :

  — Pourquoi veut-il vous voir, Helena, April et toi, individuellement ?

  — À ton avis ? le questionna Aysha d'un air blasé. Qui étaient les personnes les plus proches d'Emy et de Dean ?

  Le magizoologiste ne répondit pas, baissant la tête, tandis que l'Auror reprenait :

  — Nous préviendrons les autres demain matin. Il se fait tard.

  — Je n'ai pas la tête à dormir... Ne veux-tu pas venir dans ma valise ?

  Pour toute réponse, la jeune femme lui adressa un immense sourire, ravie qu'il lui propose. Ainsi, ils se dirigèrent silencieusement à l'étage et l'Occlumens attendit Norbert dans le couloir alors qu'il allait chercher sa valise, ne voulant pas prendre le risque de croiser Thésée après ce qu'il s'était passé dans sa chambre. Lorsqu'enfin le magizoologiste réapparut, il lui précisa que son frère n'était pas présent. Ils retournèrent ensuite dans le salon et ne tardèrent pas à descendre dans la valise.

  Sans demander quoi que ce soit, Aysha se dirigea vers différentes créatures et découvrit avec surprise la présence d'un jeune Hippogriffe blessé. L'ayant suivie, le magizoologiste lui expliqua à voix basse :

  — Je l'ai trouvé il y a peu, terriblement blessé. J'attends sa guérison complète avant de le libérer.

  La jeune femme posa un regard brillant sur le bel animal et, doucement, murmura :

  — J'ai toujours aimé les Hippogriffes.

  L'animal réagit à ce commentaire en levant la tête vers la sorcière. Celle-ci s'abaissa pour le saluer, salut qu'il lui rendit immédiatement. D'un pas léger, elle commença à s'avancer vers la créature, le bras tendu, et s'arrêta à quelques pas d'elle. Ce fut l'Hippogriffe qui réduisit entièrement la distance qui les séparait. Bientôt, la main de l'Occlumens vint caresser avec douceur l'animal, s'approchant de plus en plus jusqu'à se retrouver complètement blottie contre l'Hippogriffe. Ce dernier poussa un soupir de contentement, tandis qu'Aysha se laissait bercer par les battements de cœur régulier du jeune blessé. Ils restèrent ainsi, immobiles, et, pour la première fois depuis des années, l'Auror s'endormit dans une sérénité qu'elle avait oubliée et une confiance qu'elle ne s'était plus permise d'accorder à n'importe quel être humain depuis Leta.

  Norbert observa un instant son amie, ne sachant pas s'il devait la réveiller. Finalement, il la laissa, gardant un œil sur elle, et s'assit sur une chaise, attrapant un carnet de notes.

  Après avoir traversé une grande diversité d'émotions et de sentiments intenses, fait face à un passé destructeur, ce fut au milieu d'êtres innocents et purs qu'Aysha Wilson trouva un sommeil paisible, pour la première fois depuis des années.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
Tous droits réservés 2021
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer