Les Animaux Fantastiques
Tome 1


Chapitre treize

  À peine Thésée avait-il fermé la porte de sa chambre qu'il courait déjà vers celle que partageaient Aysha et April. Cette dernière discutant encore avec William au rez-de-chaussée, il ne fut pas surpris de découvrir l'ancienne Serdaigle, seule, lisant un livre, assise dans son lit. Elle leva la tête, face à l'arrivée précipitée du jeune homme, et lui lança un regard interrogateur.

  — Je suis entré dans ma chambre et j'ai vu Norbert et Tina, expliqua-t-il en s'asseyant sur le lit qu'occupait normalement April.

  — Tu les as interrompus ? le questionna Aysha en fermant son livre.

  — Ils avaient l'air de parler tout simplement, lui assura-t-il avec un air d'enfant coupable.

  — Peu importe. Tu les as coupés. C'est inadmissible ! s'amusa la jeune femme en prenant un air faussement énervé.

  — Ah oui ? Quelle est donc ma punition pour avoir ainsi déçu votre Grandeur Aysha Wilson ?

  L'Auror ne répondit pas et se contenta de fixer son ami. Thésée fronça les sourcils, son sourire s'effaçant.

  — À quoi penses-tu ? demanda-t-il.

  — Rien, pourquoi ? répondit subitement la jeune femme en détournant le regard.

  — Je ne sais pas. Tu avais l'air de t'être perdue dans tes pensées, expliqua-t-il en haussant négligemment les épaules.

  Aysha lui adressa un sourire rassurant avant de changer de sujet :

  — Tu as récupéré du sort que tu as reçu dans...

  — Oui, la coupa-t-il. C'est surtout ce qu'il s'est passé quand j'étais conscient qui m'a assommé. Et toi, ça va ?

  La question resta en suspens de longues secondes avant que l'Occlumens n'apporte une réponse :

  — À part le fait que ma sœur et mon prétendu ami aient rejoint Grindelwald et nous aient livrés à lui, que tout le monde me dévisage depuis qu'ils savent que je résiste au sort Doloris, sort qui fut lancé par ceux qui devaient être mes parents, ou encore que notre seule opportunité d'agir contre Grindelwald soit un fiasco, tout va pour le mieux.

  Thésée la dévisagea un instant avant qu'elle ne reprenne :

  — Notre dernier espoir de ne pas voir cette mission être un désastre complet serait de trouver le moyen de détruire le pacte de sang.

  — Le pacte de sang... répéta le jeune homme. On aurait dû commencer par ça !

  — Qu'est-ce que tu veux dire ?

  — Quel était l'objectif de notre mission exactement ? la questionna Thésée en fronçant les sourcils.

  — Euh... arrêter Grindelwald ? hésita Aysha qui ne voyait pas où il venait en venir.

  — Il a déjà été arrêté grâce à Norbert, mais il s'est enfui. Il a un grand nombre de partisans qui sont séduits par ses idées, ainsi, ils ne le rejoignent pas par peur. Ce ne sera donc pas en ne faisant que l'arrêter que nous gagnerons, mais...

  — En les convainquant tous que ses intentions sont mauvaises, comprit la jeune femme.

  — Exactement !

  — Mais quel est le rapport avec le pacte de sang ? Il empêche Dumbledore et Grindelwald de s'affronter, mais je ne vois pas en quoi cela constitue un frein pour convaincre les partisans de Grindelwald qu'il ne...

  — À ton avis, l'interrompit Thésée en se levant, comment allons-nous y parvenir ?

  — À quoi ? Les convaincre ? le questionna l'Occlumens en plongeant ses yeux dans ceux de Thésée.

  — Tu crois qu'il sera facile pour nous de rallier tous ses fanatiques à notre cause ? Il faut quelque chose de brillant. Quelque chose d'épique. Un sorcier capable de s'opposer à lui.

  — Tu insinues que pour les convaincre des mauvaises intentions de Grindelwald, il faudrait qu'il y ait un duel entre Dumbledore et lui ?

  — Laisse ça pour la fin. Ce que je veux te faire comprendre, c'est que l'unique personne capable de s'opposer à Grindelwald est aussi celle qui le connaît le mieux. Pour ainsi dire, c'est Dumbledore lui-même qui doit pouvoir le faire tomber.

  — Je ne te suis plus, admit Aysha, l'air perdu.

  — Tu était pourtant à Serdaigle à ce que je sache ?

  — Je ne vois pas le rapport. Je trouve juste qu'on peut très bien prouver la malveillance de Grindelwald sans Dumbledore. La destruction du pacte semble cependant nécessaire à l'arrestation définitive du sorcier. Ce qui, pour l'instant, pose problème, en effet.

  — Tu aurais une idée pour lui faire perdre tous ses partisans ?

  — Pas dans l'immédiat. Mais tu sembles oublier que Queenie fut à ses côtés pendant un certain temps. Elle pourrait posséder d'importantes informations.

  Aysha vit les yeux de l'Auror s'illuminer, mais elle n'eut pas le temps de réagir, car il posa ses mains sur ses épaules.

  — Tu es un génie, fit-il en souriant.

  — J'accepte le compliment.

  Aysha lui sourit d'un air moqueur et il retira ses mains avant de reprendre :

  — Je suis heureux que tu aies accepté de venir. Et... je voulais m'excuser de t'avoir si longtemps délaissée quand j'étais avec Leta...

  Le regard de l'Occlumens s'assombrit. Elle ne trouva rien à répondre, car, même si elle voulait le rassurer, il était vrai que Thésée et Leta avaient participé à son incarcération à Ste Mangouste. Y repenser fit remonter de nombreux souvenirs qu'elle aurait préféré oublier. Un visage notamment, celui d'une enfant de douze ans, s'accrocha à ses pensées. Elle sentit ses poils se hérisser tandis qu'elle repensait à ce qu'il lui était arrivé - ce qu'elle lui avait fait. Car, si cette Rose et elle partageaient la même date de naissance, si Aysha avait atteint sa trentième année, Rose aura douze ans pour toujours...

  Thésée sembla voir ce qui se tramait dans sa tête, ou, plus exactement, qu'elle replongeait dans de sombres souvenirs. Inquiet quant à avoir provoqué une vague de tristesse, il posa une main sur la joue de la jeune femme ce qui causa l'apparition soudaine de larmes dans ses yeux, devenus bruns, l'espace d'un instant. Lorsque l'une des ces perles humides se permit de quitter son œil droit, l'Auror l'essuya doucement à l'aide de son pouce.

  Aysha ferma les yeux avant de se dégager, le cœur battant. Elle se leva et vint se poster devant la fenêtre de la chambre. L'ancien Poufsouffle resta silencieux, observant son amie. L'euphorie qu'il avait ressentie quelques instants plus tôt avait subitement disparu face à la peine qui avait submergé la jeune sorcière lorsqu'il s'était excusé. Il ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable tout en ayant conscience qu'il ne savait pas tout. Il ignorait bien des choses sur le passé obscur de la jeune femme, blessée par une vie invisible qui lui donnait une sombre réputation. Cependant, il avait bien conscience que ce qu'il s'était passé aujourd'hui était une porte d'entrée vers la découverte de son histoire. Pourtant, il savait pertinemment qu'il ne voudrait pas l'ouvrir. Pas tant qu'Aysha ne sera pas prête à partager ses maux.

  Aucun d'eux ne bougea lorsque la porte s'ouvrit sur April. Celle-ci restant un instant immobile, toujours dans l'ouverture, la main sur la poignée, avant de demander à voix basse :

  — Tout va bien ?

  Thésée tourna la tête vers la jeune femme et sembla surpris de la voir. Mais c'était Aysha qu'elle fixait. C'était à sa meilleure amie qu'elle avait posé la question.

  — Aysha ?

  L'Occlumens se tourna vers April, un sourire sur les lèvres, mais les larmes aux yeux.

  — On ne peut mieux.

  Face à l'air brisé de son amie, l'ancienne Poufsouffle se tourna vers Thésée, l'air accusateur. À peine eut-elle ouvert la bouche, qu'Aysha passa derrière elle, sortant de la chambre.

  — Aysha ? s'étonna April en la voyant disparaître dans le couloir.

  Ne la suivant pas, elle retourna dans la chambre, fermant la porte derrière elle, et s'approcha de Thésée le poussant sans douceur.

  — Qu'est-ce que tu lui as dit ? l'interrogea April, la voix grave.

  — Mais rien... Je... C'est...

  — Si tu lui fais plus de mal encore, après ce que tu lui as déjà fait subir, je n'hésiterais pas à t'étriper.

  Thésée se contenta de hocher la tête, ne trouvant rien à répondre.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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