Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre huit

  La porte de l'auberge s'ouvrit subitement. Il était si tard que rares étaient encore ceux qui étaient attablés ou buvaient. La pluie incessante à l'extérieur et l'orage qui durait depuis quelques heures à présent donnait un air sinistre à la scène.

  Le barman, Adam Grey, leva la tête vers les quatre personnes qui venaient d'apparaître, trempées jusqu'aux os. Un sourire apparut sur ses lèvres lorsqu'il les reconnut.

  Tout en se séchant un maximum en secouant leur manteau et passant une main dans leurs cheveux, les quatre individus regardèrent tout autour d'eux et repérèrent bientôt le barman se dirigeait vers eux.

  — Vos amis commençaient à désespérer de ne pas vous voir, fit-il alors en arrivant à leur hauteur.

  La seule femme qui composait le groupe s'approcha alors et répondit :

  — J'espère qu'ils ne sont pas trop inquiétés.

  Il n'eut pas le temps de répondre. Un homme venait d'apparaître dans son dos, la mine sombre, malgré le sourire étirant ses lèvres.

  — Albus !

  Le professeur comprit immédiatement dans le ton employé par son frère que quelque chose n'allait pas. Tout en allant l'enlacer, il demanda :

  — Alors... ça y est ?

  — On l'a enterré ce matin. Je me sens si mal de l'avoir enterré si précipitamment.

  — C'était nécessaire. Je suis vraiment désolé de ne pas avoir été présent.

  Ils se détachèrent et Abelforth regarda les trois sorciers derrière son frère. Tous trois avaient entendu ce qu'ils s'étaient dit et savaient ce qui s'était passé durant leur absence.

  Alors que le barman retournait à son poste, une jeune femme arriva subitement dans la taverne et s'arrêta en voyant qui venait de revenir. Un immense sourire apparut sur ses lèvres, des larmes emplissant soudainement ses yeux. Thésée posa une main sur l'épaule de son frère, dont le cœur battait si vite.

  Tina se remit en mouvement pour venir prendre Norbert dans ses bras et le serrer aussi fort qu'elle le pouvait.

  — J'ai eu si peur, murmura-t-elle.

  Elle le lâcha, posant ses mains sur ses épaules.

  — Qu'est-ce qu'il vous ait arrivé pour que cela prenne autant de temps ?

  — Pas grand chose, justement, marmonna April. Où sont Aysha et Helena ?

  — Elles doivent être en haut.

  Sans plus attendre, April prit la direction de l'étage, sous l'œil amusé du barman, rapidement suivie par Thésée. Alors qu'ils disparaissaient, Tina se tourna de nouveau vers Norbert et demanda :

  — Vous n'avez vraiment rien vu ?

  — Aucun signe, non, lui assura le magizoologiste.

  — Je suis si soulagée de vous voir tous de retour. Je ne veux plus que tu partes sans moi, Norbert. Surtout pour des missions aussi dangereuses.

  Norbert posa une main sur la joue de sa femme et lui sourit d'un air à la fois rassurant et éperdument amoureux.

  — Je ne veux pas non plus que tu te mettes en danger, Tina. Je ne le supporterais pas.

  — Alors on va devoir rester chez nous à regarder les aiguilles de notre horloge tourner, s'amusa la sorcière.

  Norbert émit un léger rire et embrassa son épouse tendrement. Ils furent cependant interrompus par le retour de deux de leurs camarades et l'arrivée d'une autre.

  — Je pensais qu'elle était avec Tina ! hurlait Helena.

  — C'est ta sœur, tu devrais savoir où elle se trouve, rétorqua April.

  — Je ne suis pas sa nounou !

  — Que se passe-t-il ? demanda alors Albus, interrompant leur dispute.

  April lança un regard exaspéré à son père avant de pousser un soupir et de lui accorder une réponse :

  — Aysha a disparu.

  — Comment ça disparu ? les questionna Norbert.

  — Elle est nulle part dans l'auberge...

  Tina fronça les sourcils avant de dire :

  — Je pense savoir où elle se trouve.

  Tout le monde se tourna vers elle d'un même mouvement, ce qui la força à continuer :

  — Au cimetière.

  — Au cimetière ? répéta April.

  — Elle est sûrement là où Croyance a été enterré. Il n'y a pas encore de pierre tombale, mais nous avons fabriqué une espèce de petit panneau en bois où nous avons indiqué où Croyance se trouvait.

  — Je vais la chercher, fit alors April alors que Thésée faisait déjà un pas vers la sortie.

  — Non ! la réprima Helena. Vous quatre, vous restez ici. Vous vous changez et vous réchauffez en mangeant un truc. Je vais la chercher.

  — Je viens avec toi, intervint Abelforth.

  — On est déjà trempés justement, insista April.

  — Vous avez à peine mangé et dormi pendant des jours, vous restez ici ! ordonna la sorcière.

  Elle se tourna ensuite vers Tina et Norbert et leur demanda :

  — Vous les surveillez.

  Ils hochèrent la tête. Abelforth s'avança alors vers Helena et ils attrapèrent les manteaux secs qu'ils avaient déposés près de l'entrée pour s'en vêtir avant de sortir et de fermer la porte derrière eux.

  Ce ne fut qu'à ce moment que ceux qui étaient restés remarquèrent que les rares personnes encore dans l'auberge les regardaient avec des airs de merlan fris.

  — Qu'est-ce que vous regardez ?! railla April avant de s'éloigner et de disparaître.

  Tina attrapa la main de Norbert et lui adressa un sourire.

  — Tu es frigorifié, remarqua-t-elle.

  — Ça va, lui assura-t-il.

  Un nouveau sourire. Un nouveau regard échangé. Leurs cœurs qui s'unissaient.

  — Thésée ? fit alors la voix d'Albus.

  Tous les regards se posèrent sur le jeune homme qui, sans l'avoir remarqué, avait commencé à pleurer. Norbert s'approcha alors de son frère, ne comprenant pas.

  — Si c'est pour Aysha... commença-t-il.

  — Ça va, Norbert, fit-il alors. C'est la pluie.

  Le magizoologiste plissa les yeux, ne sachant pas comment interpréter ce mensonge aussi visible que le nez au milieu de la figure.

  — Depuis quand es-tu devenu un si mauvais menteur ? demanda-t-il en haussant les sourcils.

  Pour toute réponse, Thésée sourit et posa une main sur l'épaule de son benjamin.

  — On devrait peut-être songer à nous changer si nous ne voulons pas attraper un mauvais rhume et tremper entièrement le sol de cette auberge, leur fit remarquer Albus.

  Tous hochèrent la tête et se dirigèrent vers leur chambre pour aller revêtir des vêtements secs. Tina fut la seule à rester au rez-de-chaussée et s'approcha du bar. Adam vint à sa rencontre et s'amusa :

  — Quelle fine équipe vous faites.

  — Je ne vous le fais pas dire. J'en viens à me demander quelle est la probabilité pour laquelle nous sommes actuellement toujours en vie alors que la plupart de nos plans ne fonctionnent pas du tout.

  — La chance, peut-être ? Ou un grand talent qui ne s'exprime que dans l'imprévu.

  Tina émit un léger rire face à cette remarque.

  — Norbert Dragonneau est un auteur que j'apprécie beaucoup, reprit le sorcier à voix basse.

  — Moi aussi, ne put s'empêcher de répondre la jeune femme.

  — Je n'en doute pas. Je crois même que vous faites plus que l'apprécier.

  — Ce n'est pas difficile à deviner.

  — Vous formez un beau couple, tous les deux. De ce que j'ai pu voir. Vous étiez à l'école ensemble ?

  — Oh, non. J'étais à Ilvermorny et lui à Poudlard.

  — Ah oui ? s'étonna le barman. J'étais à Ilvermorny aussi. C'est étonnant de voir à quel point le monde peut être petit.

  — En effet, s'amusa Tina.

  Il ne fallut que quelques minutes pour qu'April les rejoigne, s'asseyant lourdement sur le siège voisin, poussant un soupir et écrasant son front sur la surface froide du bar.

  — J'arrive pas à croire d'avoir été absente quand Croyance est mort. Je l'aimais bien ce gamin.

  Personne ne sut quoi répondre et, face au silence suivant ce qu'elle venait de dire, la sorcière se redressa et posa cette fois sa tête dans sa main, lançant un regard pétillant au barman avant d'ajouter :

  — Vous avez une recette pour avoir des cheveux aussi brillants ?

  Cette question les amusa, mais il n'eut pas le temps de répondre, car déjà les frères Dragonneau revenaient à leur tour. Norbert vint s'asseoir à côté de Tina, tandis que Thésée prenait place à la droite d'April.

  — Voilà les deux frangins, aussi propres que des bébés sortis du bain, commenta April en tournant sur son siège. D'ailleurs, Mr le chef du bureau des Aurors, je ne t'ai jamais vu aussi muet que depuis que nous sommes partis. C'est agréable de ne pas t'entendre, mais je commence à m'inquiéter.

  — Qu'est-ce que tu voudrais que je dise ? fit alors l'Auror.

  — Ah ! Je confirme. Je préfère quand tu es silencieux, le taquina-t-elle.

  Thésée sourit, sincèrement amusé.

  — C'est vrai que j'ai dû parler plus que lui, approuva Norbert.

  — Ce qui est vraiment compliqué ! ajouta April. Jamais je n'aurais pensé qu'il soit possible de parler moins que notre ami magizoologiste.

  — Parler plus que toi serait un exploit aussi, fit Thésée avec un léger sourire, l'air innocent.

  April ouvrit la bouche pour prendre un air faussement offusqué.

  — Dis-tu que je parle trop, Thésée Dragonneau ?

  Le jeune homme leva les mains en prenant un air innocent, un sourire malicieux étirant ses lèvres.

  — Je suis toujours ravie d'entendre ce que tu dis, April, la soutint Tina, amusée.

  — Ah ! Merci bien ! Voilà quelqu'un qui a du goût ! Et vous Mr Je Sers des Bières, fit-elle en se tournant vers le barman toujours devant eux, vous trouvez que je parle trop ?

  Il ouvrit la bouche, pris de court, ne s'attendant pas à devoir participer à leur discussion. Mais il fut sauvé par le gong, car la porte de l'auberge s'ouvrit de nouveau sur trois personnes cette fois. Helena et Abelforth furent les premiers à entrer, Aysha apparaissant après eux. Thésée se leva en la voyant, ce qui attira les regards d'April et Norbert.

  L'Occlumens, qui avait été traînée ici sans savoir ce qu'elle allait y trouver, leva alors la tête et resta bouche bée en voyant qui se trouvait devant elle. Elle n'adressa aucun regard à Norbert, ni même à April, et se rua sur Thésée pour venir l'enlacer.

  — Ah, bah, on voit ses priorités, commenta April d'un air taquin.

  Aysha lâcha le sorcier et, cette fois encore, ce fut ce dernier qui l'embrassa, sous les regards éberlués de leurs compagnons.

  — Ils comptaient nous en parler quand ? demanda alors April.

  — J'ai le droit de dire enfin ? s'amusa Helena qui s'était approchée.

  — Et moi, je ne vais pas me retenir de dire que c'est pas trop tôt, ajouta Abelforth, se tenant près d'Helena.

  Les sorciers se séparèrent et se regardèrent un long moment, comme si le monde autour d'eux n'existait plus. Aysha sourit, une larme s'échappant de son œil droit, véritablement soulagée de le voir devant elle.

  — Je crois qu'on existe plus, commenta de nouveau April.

  Mais son amie sembla entendre cette remarque, car elle se tourna vers elle et vint l'enlacer à son tour.

  — Ah ! T'es trempée, Aysha ! hurla-t-elle.

  Mais l'Occlumens en profita pour la serrer davantage.

  — T'aurais pu te sécher avant. Je t'aime bien, mais faut pas abuser de mon amour pour toi.

  Aysha émit un léger rire amusée en lâchant sa meilleure amie.

  — Je suis vraiment heureuse de vous voir, tous, admit-elle en jetant un coup d'œil à Norbert. Nous étions tous vraiment inquiets pour vous.

  — Moi, j'ai une question, intervint Helena avec un sourire malicieux. Vous comptiez nous cacher quoi, tous les deux ?

  Elle avait désigné sa benjamine et Thésée qui s'échangèrent un regard gêné. Ce fut la Métamorphomage qui lui répondit :

  — On avait pas prévu de vous le cacher. Bien qu'on avait pas prévu de vous le dire non plus. En fait, on avait rien prévu du tout.

  — On attendait ça presque plus que vous deux, s'amusa son aînée. Ça aurait été vraiment horrible de nous le cacher.

  Aysha leva les yeux au ciel et sa meilleure amie intervint :

  — Bon ! Allez vous sécher aussi ! Moi aussi d'ailleurs, parce qu'à cause de ma meilleure amie bien aimée je suis de nouveau trempée.

  — Tu veux un autre câlin ?

  Face à cette proposition, April ouvrit de grands yeux, mais elle n'eut pas le temps de fuir qu'Aysha la serrait de nouveau dans ses bras.

  — Je te déteste, railla la sorcière.

  — C'est faux, se moqua son amie.

  — Oui, c'est vrai que c'est faux. Mais bon, c'est pas parce que je t'aime que tu dois me faire des câlins à tout va, surtout quand tu es aussi glacée que l'iceberg qui a fait coulé le Titanic.

  — Moi aussi, je t'aime April, s'amusa Aysha en la serrant davantage.

  — Rooooo.

  Ceci provoqua les rires des six personnes les entourant. Cet instant leur semblait être en dehors du temps. Il n'y avait plus Grindelwald ou ses partisans. Il n'y avait plus de morts, de pleurs, de douleur.

  Mais tout instant de bonheur avait une fin...

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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