Les Animaux Fantastiques
Tome 1


Chapitre dix-sept

  Le groupe d'amis avait passé toute leur traversée à essayer de retrouver un rythme de vie normal : dormir la nuit, manger au repas... Queenie avait accaparé Jacob et Tina, si bien que Norbert avait passé le plus clair de son temps avec ses créatures en compagnie d'Aysha qui avait soigneusement évité Thésée. Ce dernier avait d'ailleurs passé une grande partie du voyage seul, plongé dans ses pensées. Il était arrivé parfois qu'April et Helena aillent le trouver, la première pour lui rappeler ce qu'il risquait en faisant du mal à sa meilleure amie, la seconde pour s'assurer qu'il allait bien - ce qui, évidemment, n'était pas le cas.

  Le message qu'ils avaient reçu de Dumbledore lorsqu'ils avaient embarqué leur demandait de le retrouver à la Tête du Sanglier. C'était donc vers cette taverne de Pré-au-Lard que se dirigeaient les huit amies.

  Il faisait déjà nuit lorsqu'un homme leur intima d'entrer dans le lieu de rendez-vous. Tout le monde s'exécuta sans un mot, sauf Aysha qui s'arrêta devant l'inconnu et lui adressa un sourire avant de murmurer :

  — Bonjour Abelforth.

  Il lui rendit son sourire et elle entra à son tour, rapidement suivie par l'homme qui invita ses invités à s'asseoir.

  — Mon frère ne devrait pas tarder, fit-il en tendant un livre à Aysha. Tu l'avais oublié.

  L'Occlumens le remercia, tandis que tous les regards se posaient sur elle. Elle leva la tête et Thésée demanda :

  — Vous avez dit votre frère ?

  L'ancienne Serdaigle émit un léger rire, amusée, avant de lui répondre à la place du barman :

  — Je vous présente Abelforth Dumbledore, le frère d'Albus Dumbledore, en effet.

  Cette annonce en surprit plus d'un, mais personne n'eut le temps de faire un commentaire, car la porte s'ouvrit sur le professeur qu'ils attendaient. Il vint saluer le petit groupe et s'excusa de son retard, tandis que son frère disparaissait à l'étage. Il s'assit à son tour et commença :

  — Je voudrais d'abord m'excuser pour tout ce qu'il vous est arrivé.

  — C'est vrai qu'on aurait pu s'en passer, marmonna April que seules Helena et Queenie entendirent.

  — Les informations que vous avez récoltés sont précieuses, continua le professeur, même si Grindelwald et ses partisans ne restent pas au Brésil. Votre travail n'a pas été vain.

  Ses auditeurs le fixèrent, ayant tous du mal à croire à ses paroles.

  — Ce qu'il s'est passé avec Emy et Dean était vraiment inattendu. Je les ai connus en tant qu'élèves et jamais je n'aurais pensé qu'ils finiraient par adhérer aux idées de Grindelwald.

  — Dois-je vous rappeler qu'Emy était notre sœur à Helena et moi ? ironisa Aysha. Je crois que nous demeurons celles qui la connaissent le mieux. Sans compter qu'April et moi étions très proches de Dean. Et je vous confirme que, malgré nos liens approfondis, jamais je n'aurais cru qu'ils le rejoindraient.

  — Ce sont malheureusement des choses sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle, s'exaspéra Dumbledore. Je ne peux qu'en être navré.

  — Peut-être devriez-vous réfléchir avant d'accorder votre confiance à n'importe qui. Du moins, c'est ce que semblait penser Thésée.

  Tous les regards se posèrent alors sur l'aîné des Dragonneau qui, surpris, leva la tête vers l'auteure de ces propos et balbutia :

  — Hein ? Euh... Ce n'est pas... Je...

  Il s'arrêta, ses yeux se posant sur l'Occlumens. Il s'adressa alors à elle seule, comme s'il avait oublié la présence de leurs camarades.

  — Je suis désolé, Aysha. Pour tout ce que j'ai pu dire et tout ce que j'ai pu faire. Je sais que s'excuser ne suffira pas à réparer toutes mes erreurs. Mais c'est tout ce que je suis capable de faire pour l'instant.

  S'ensuivit un long silence, car Aysha fut prise au dépourvu. Elle ne savait quoi répondre, alors elle se contenta de fixer l'homme assis face à elle. Son cœur battait si fort qu'elle avait l'impression que tous pouvaient l'entendre.

  Ce fut April qui rompit le silence en se raclant la gorge avant de leur faire remarquer :

  — Je ne sais pas vous, mais je n'ai pas particulièrement envie de rester toute la nuit assise à cette table collante, écoutant les tentatives désespérées d'Albus pour nous convaincre que notre mission ne fut pas un réel désastre. Pas que vos têtes me répugnent - quoique - mais je les ai vraiment trop vues. Tout ce que je veux, c'est m'installer confortablement dans un lit et sombrer dans de doux rêves dans lesquels vous ne serez pas présents.

  — Bravo April, s'amusa Aysha qui était sortie de ses pensées. Tu n'as jamais parlé aussi longtemps sans menacer quelqu'un de mort.

  — Tu peux parler, se moqua la jeune femme avec un clin d'œil.

  Les deux amies échangèrent un sourire complice et, ayant ainsi détendu l'atmosphère, Albus put reprendre :

  — April a raison. Vous devez avoir besoin de vous reposer. Des chambres ont été préparées pour vous pour cette nuit, ici. Je préfère vous laisser retrouver des forces avant de voir la suite des événements. J'attends dans mon bureau Helena demain à neuf heures et April et Aysha suivront de peu. Ne sachant pas combien de temps nos entrevues vont prendre, je vous conseille d'y être au plus vite et de prendre de quoi vous occuper.

  Les trois intéressées hochèrent positivement la tête et le professeur termina en se levant :

  — Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit. Mon frère va vous conduire à vos chambres.

  Albus les salua et sortit, départ rapidement suivi par le retour d'Abelforth. Ce dernier désigna April et Helena, ainsi que Tina et Queenie et leur intima de le suivre. Tous cinq disparurent à l'étage. Alors que Norbert était perdu dans ses pensées et Jacob faisait le tour de la pièce, Aysha ouvrit le livre que lui avait rendu Abelforth et caressa les pages, submergée par des souvenirs. Thésée avait juste eu le temps d'en lire le titre et le simple fait qu'il s'agisse du roman Les Hauts de Hurlevent lui serra le cœur.

  Sans un mot, il se leva, fit le tour de la table et s'assit à côté de la jeune femme qui ne lui adressa aucun regard.

  — J'ignorais que tu étais toujours en possession de ce livre.

  — On ne se sépare pas des œuvres qui sont importantes pour nous, même s'il peut arriver qu'on les laisse un instant tomber dans l'oubli, murmura Aysha, les yeux toujours posés sur l'ouvrage.

  — En quoi ce roman est-il important pour toi ?

  L'Occlumens leva enfin la tête vers le jeune homme, ne sachant quoi répondre.

  — En quoi cela te regarde ? finit-elle par marmonner avec un sourire qui se voulait moqueur.

  Thésée lui rendit son sourire et Aysha détourna le regard avant de chuchoter :

  — Ne te sens pas coupable d'actes passés.

  — C'est plus facile à dire qu'à faire. Je n'arriverai jamais à me pardonner pour ce que j'ai fait - ou encore ce que je n'ai justement pas fait, soupira l'Auror en regardant la table.

  — Je vais bien, Thésée. Ça n'a pas toujours été facile et je t'ai parfois détesté, mais, je vais bien.

  Alors que le jeune homme ouvrait la bouche pour répondre, Abelforth réapparut et l'appela ainsi que Jacob et Norbert. Fixant un instant l'Occlumens, il finit par se lever et suivre le barman, son frère et le Moldu à l'étage.

  À présent seule, Aysha poussa un profond soupir avant d'attraper son livre et de se lever pour aller se placer face à un miroir. Elle vérifia l'état de sa chevelure, de son visage et fut soulagée de constater qu'elle ne laissait rien paraître. Elle eut juste le temps de revenir à sa place avant qu'Abelforth ne revienne. Ils s'échangèrent un regard et l'homme lui expliqua :

  — Je t'ai préparé une chambre afin que tu y sois seule.

  — Merci, Abelforth. Pour tout.

  L'air sombre qu'il prit ne passa pas inaperçu.

  — Tout va bien ? s'inquiéta l'Auror tandis qu'il s'asseyait face à elle.

  — Ne t'inquiète pas, Aysha. C'est juste que mon frère... eh bien...

  — Oui. Je comprends, répondit la jeune femme. Il ne doit pas être facile d'être le frère d'Albus Dumbledore.

  — Loin de là, c'est vrai.

  Aysha lui adressa un sourire compatissant et il reprit, changeant de sujet :

  — Tu as l'air d'aller mieux. Ai-je raison d'y croire ?

  — Il y a du mieux, c'est vrai.

  Elle s'arrêta un instant avant de continuer :

  — Merci d'avoir avancé ma sortie de Ste Mangouste.

  — Ce n'est rien. Et je n'y suis pas parvenu seul.

  — Vraiment ? s'étonna l'Occlumens. On m'a seulement parlé de vous.

  — Celui ou celle qui m'a aidé a préféré rester dans l'ombre.

  L'ancienne Serdaigle ne posa pas plus de questions et se mura dans le silence. Elle n'était pas sûre de vouloir savoir qui avait aidé Abelforth à la sortir de Ste Mangouste. D'une certaine manière, elle commençait à voir le nombre de personnes l'ayant aidée augmentait considérablement et, pourtant, elle n'avait jamais rien fait pour eux. Alors qu'elle voudrait se sentir reconnaissante, c'était de la culpabilité qui grandissait en elle.

  Abelforth finit par la sortir de ses pensées lorsqu'il se leva. Il la conduisit à sa chambre et elle s'allongea dans son lit très vite.

  Pour une fois, le sommeil ne fut pas long à venir la trouver, mais il était aussi accompagné de souvenirs qu'Aysha aurait préféré oublier. Elle vit les couloirs de Ste Mangouste, la sombre chambre de sa maison de la banlieue de Paris, la lettre retrouvée près du corps inerte de Rose Martin, sa première et seule amie de Beauxbâtons. D'autres visages accompagnaient celui de l'enfant. Parmi eux, Leta, Thésée ou même encore Emy.

  Elle dormit si mal, qu'elle ne récupéra aucune force, mais en perdit.

  Mais à qui en vouloir si ce n'est à soi-même ?

Louise Garénaux - Auteure passionnée
Tous droits réservés 2021
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer