Les Animaux FantastiquesTome 2
Chapitre vingt-trois
Lorsque Thésée entra dans la Grande Salle, n'accueillant à présent que ses camarades, car tous les élèves dormaient à présent, son regard se posa immédiatement sur Aysha qui semblait rire avec Jacob. Il s'approcha de quelques pas et put voir que le jeune Qilin jouait dans les pieds du Moldu, ce qui semblait amuser l'Occlumens.
— Il a l'air de beaucoup vous apprécier, constata la sorcière alors que Teddy, le Niffleur, semblait adopter les épaules de la jeune femme comme promontoire.
— Je suis sûr que vous aussi, s'amusa le boulanger en caressant l'animal.
Thésée vit le sourire d'Aysha défaillir et il fut surpris d'entendre la suite :
— C'est le seul animal que je n'ai jamais pu approcher. Ils ne m'aiment pas. Et on ne se demande pas pourquoi.
Thésée s'arrêta alors, mais la valise qu'il tenait se cogna contre le banc à côté de lui ce qui signala sa présence. Le regard de la Métamorphomage se posa sur lui et son sourire réapparut immédiatement.
— Tiens, te revoilà ! s'exclama-t-elle, espérant secrètement qu'il n'aurait pas entendu ce qu'elle venait de dire. Ça s'est bien passé ?
— Je devrais pouvoir aller les chercher demain.
— Bonne nouvelle ! s'exclama Dumbledore, assis plus loin avec Eulalie et Kama.
Thésée ne vit pas Norbert approcher et sursauta lorsque le magizoologiste posa sa main sur son épaule.
— Je peux récupérer ma valise ? demanda-t-il alors.
Pour toute réponse, son aîné la lui tendit et Norbert la récupéra avec joie, s'affairant déjà l'ouvrir. Aysha se déplaça et Thésée pensa pendant un instant qu'elle allait vers lui, mais elle lui passa devant et rejoignit son frère.
— N'aie pas l'air si déçu, fit la voix d'Helena à côté de lui.
Il se tourna vers la sorcière, étonné de constater qu'elle ne le réprimandait pas. D'ailleurs, celle-ci lui fit signe de la suivre, ce qu'il fit sans trop savoir à quoi s'attendre. Ils s'installèrent sur une table un peu plus loin, à l'abri des oreilles indiscrètes. Avant qu'Helena ne puisse commencer, Thésée la questionna après avoir jeté un coup d'œil au reste de la salle :
— Où sont Jenny, Nagini, Achilles et Queenie ?
— Sûrement déjà en train de dormir. Il est tard au cas où tu ne l'aurais pas remarqué.
L'Auror se tendit, peu à l'aise de parler avec elle, mais cette dernière lui fit un clin d'œil.
— Écoute, murmura-t-elle. Je tenais à m'excuser.
Il ouvrit de grands yeux, ne s'attendant aucunement à cela.
— J'ai été vraiment... insupportable et ingrate ces derniers temps. Si ces derniers temps désignent plusieurs années, évidemment. Je suis désolée d'avoir dit que tu ne méritais pas ma sœur.
— On dirait des histoires d'adolescents, s'amusa Thésée, ayant du mal à totalement se détendre.
— Ça en a tout l'air. Mais il y a tout de même un aspect plus sombre. Je veux dire... Aysha a pas mal souffert et je sais que tout le monde est au courant. Et tu as fait partie des personnes qui lui ont fait du mal - moi aussi d'ailleurs. Et je m'en suis prise à toi, car tu étais une cible facile et je t'en voulais d'avoir laissé Grindelwald me la prendre. C'était vraiment stupide et immature.
Thésée ne savait pas quoi dire.
— Il est évident que tu aimes ma sœur, reprit-elle, ignorant l'empourprement des joues de l'homme. Mais peut-être que tu devrais lui parler.
— Je ne peux pas.
— Pourquoi ?
— Parce que nous sommes amis.
Helena leva les yeux au ciel.
— C'est ta seule excuse ? Sérieusement... Y en a pas un pour rattraper l'autre. Vous vous plaigniez du temps que Norbert et Tina ont mis, mais vous, c'est pas mieux. C'est même pire si tu éprouves quelque chose pour elle depuis votre rencontre.
— C'est plus compliqué que ça...
Helena fixa le sorcier, semblant lire en son regard quelque chose qu'elle comprenait.
— Je sais à quel point tu dois te sentir coupable, Thésée. Tu as aimé Leta, ça, je n'en doute pas. Tu l'aimes encore un peu, ça, tu ne pourras y échapper. C'est la vie. Mais, aujourd'hui, Leta est morte et tu ne peux pas te priver de l'amour indéfiniment parce que tu ne sauras pas accepter le fait d'aimer une autre personne. Je suis sûre que Leta voudrait que tu trouves le bonheur. Et puis, tu as aimé Aysha avant même d'aimer Leta. Alors, en soit, ça n'a pas le goût amer des sentiments qui naissent trop tôt selon nous après notre perte, alors que notre deuil n'est pas fait.
La peine dans les yeux du chef du bureau des Aurors semblait s'être décuplée alors qu'Helena parlait, mentionnant Leta.
— J'ignore beaucoup de choses, continuait la jeune femme. Mais, je sais que tu aimes sincèrement ma sœur. Et, malgré tout ce que j'ai pu dire, tu pourras lui apporter ce qui lui manque. Peut-être que tu lui permettras d'accéder à son propre pardon. Peut-être que tu lui permettras d'oublier. Qu'elle sera enfin capable d'arrêter de se détester elle-même.
— Je... hésita le sorcier. Merci, Helena.
La sorcière se contenta de sourire.
— Mais... Comment est-il possible que tu connaisses aussi bien ce que tout cela fait ?
L'aînée des Wilson baissa la tête, avalant difficilement sa salive.
— C'est que... balbutia-t-elle. J'ai aimé un homme. Liam Turner. Nous nous sommes fiancés et... Enfin... Un jour, il est parti... Me laissant une lettre... Et... quelques jours plus tard encore, j'ai appris sa mort. Assassiné par un partisan de Grindelwald.
Thésée parut touché par ce qu'il venait d'apprendre.
— Je suis navré, Helena. Toutes mes condoléances.
La jeune femme ne put que sourire. Mais Thésée ne savait plus quoi dire. Jamais il n'aurait cru qu'Helena Wilson aurait vécu quelque chose de si similaire à ce qui lui était arrivé. Il se sentait soudainement compris et un peu soulagé.
— Peu sont au courant de cette histoire. Aysha ne doit même pas savoir qui est ce Liam Turner.
— Si.
La voix de la Métamorphomage les fit sursauter et ils se retournèrent tous deux vers elle, ne s'attendant pas à la voir. Elle leur adressa un sourire triste avant de venir s'asseoir à côté de Thésée qui s'inquiétait de savoir ce qu'elle avait bien pu entendre de leur conversation.
— Navrée, fit-elle alors. Je n'écoutais pas ce que vous disiez. J'ai juste entendu ce que tu as dit Helena. Mais, en effet, je sais qui est Liam Turner.
L'aînée la regarda avec surprise, tandis que Thésée se sentait soulagé de savoir qu'elle n'avait pas assisté au début de leur discussion.
— Je suis tombée sur une lettre. Avant mon incarcération à Ste Mangouste. C'est là que j'ai compris que tu étais en relation avec lui. Et... À ma sortie, je n'ai plus vu aucune trace de lui, alors je me suis renseignée et j'ai appris ce qui lui était arrivée, ainsi que ce qui vous unissait. Je ne savais pas vraiment comment t'en parler, ni comment réagir face à cela et comme tu pensais que j'ignorais son existense, j'ai joué ce rôle. J'en suis navrée, car je ne t'ai apporté aucun soutien.
— Ne le sois pas. Surtout pas.
Les deux sœurs s'adressèrent un sourire triste. Helena sembla vouloir se lever, mais sa benjamine lui demanda :
— Tu vas où comme ça ?
— Euh... Voir Dumbledore.
Aysha fronça les sourcils, mais Thésée savait qu'elle faisait ça pour les laisser seuls.
— Ça me fait penser qu'il faut que j'aille dire deux mots à Norbert, fit alors l'Occlumens.
Et elle se leva, les quittant avant même qu'Helena ne puisse esquisser un pas. Elle se rassit donc et murmura :
— Bon. Visiblement, Aysha ne va pas rendre la tâche facile.
Et Thésée ne put que sourire tandis que la Métamorphomage entrait dans la valise de son ami. Elle se laissa tomber sur le sol et un immense sourire étira ses lèvres tandis que la joie de se trouver ici la submergeait. Elle passa voir les Occamys, ainsi que Dougal qui l'enlaça, avant de tomber sur la magizoologiste qui s'occupait des Veaudelunes. Ne voyant pas Tina, elle se dirigea vers lui sans attendre et s'exclama :
— Faut qu'on reparle de ce que tu m'as dit tout à l'heure !
Le sorcier sursauta et fit tomber l'ensemble du repas des Veaudelunes, ces derniers semblant ravis et se ruant sur la nourriture. Certains allèrent même se frotter à Aysha, sûrement pour la remercier.
— Tu m'as fait peur.
— Navrée, s'amusa la sorcière, à moitié morte de rire.
— De quoi tu veux parler ?
L'Occlumens leva les yeux au ciel, car elle savait qu'il était parfaitement au courant de ce dont elle parlait.
— Tu sais, ce que tu m'as dit... Sur ton envie de donner ton nom à Tina.
Les joues du magizoologiste s'empourprèrent.
— Mais, c'était idiot de l'envisager, fit-il alors. C'est sûrement trop tôt. Et peut-être que Tina ne voudra pas.
Aysha dut se mordre la lèvre pour ne pas sourire, partagée entre attendrissement et exaspération. Elle le laissa déballer un tas d'excuses non valables à ses yeux avant de le couper et de murmurer :
— On s'en contrefiche. Tu l'aimes. Elle t'aime. Tu en as envie. Je suis sûre qu'elle en a envie. Il n'y a pas de délai. Et puis, honnêtement, ce n'est pas comme si votre petite romance durait depuis New York. Même si vous étiez trop idiots pour vous l'avouer.
— T-Tu peux parler...
Aysha ne releva pas la remarque et reprit :
— Sérieusement, je sais que tu en meurs d'envie. Que tu penses à ça dès que tu songes à elle. Tu l'aimes et, franchement, je pense vraiment qu'elle est la bonne personne pour toi. Et puis, je l'adore. Elle est celle qu'il te faut. Et tu es celui qu'il lui faut. Je sais que ça fait peur ce genre d'engagement, mais si tu y tiens vraiment, lance-toi et on verra bien.
Les joues du jeune homme avaient pris une teinte qui s'approchait grandement de celle des tomates. Aysha le vit bientôt chercher quelque chose dans ses poches, mais il marmonna alors, déçu :
— De toute manière, la bague que je gardais n'est plus là où je l'avais mise.
La Métamorphomage secoua la tête, se retenant de rire.
— C'est ça que vous cherchez ?
Tous deux se tournèrent et furent surpris de tomber sur Tina.
— T-Tina ? balbutia Norbert. Je ne savais pas que tu...
— Teddy jouait avec quelque chose et quand j'ai essayé de m'approcher pour voir de quoi il s'agissait, il s'est enfui dans la valise. Je l'ai suivi et ai réussi à rattraper ce qu'il avait volé.
Elle tendit la main devant elle et on put y voir une magnifique bague de fiançailles.
— Oh... euh... je... s'emmêla Norbert.
Tina n'arrivait pas à arrêter de sourire, son cœur battant à tout rompre, car elle avait entendu ce que les deux sorciers s'étaient dit.
— Ce n'était pas prévu que tu tombes dessus ainsi, s'exaspéra Norbert. C'est vraiment nul... Je veux dire...
L'américaine s'amusa de le voir si angoissé, ce qui lui collait parfaitement à la peau. Elle secoua la tête et s'approcha de lui pour lui prendre la main. Leurs yeux se croisèrent et elle sourit davantage.
— Ce n'est pas nul, Norbert, fit-elle alors. Ce n'est pas commun, c'est tout. Et comme la question n'a pas encore été posée, je vais le faire.
Elle adressa un sourire attendri au magizoologiste, les yeux pétillants, et d'une voix assurée, demanda :
— Norbert Artemis Fido Dragonneau, voulez-vous m'épouser ?
Norbert resta un instant silencieux, surpris par la tournure de la situation. Aysha avait du mal à rester en place, se retenant de sautiller en attendant la réponse de son ami.
— B-Bien sûr, finit-il par balbutier.
Et Tina sourit encore. Norbert se détendit pour sourire à son tour. Et le magizoologiste attrapa la bague pour la glisser malgré tout sur le doigt de sa fiancée. Oui. Sa fiancée. Et Aysha devait toujours se retenir de s'extasier face à cette scène, alors que leurs lèvres se rencontrèrent.
— Félicitations ! finit-elle par s'exclamer alors qu'ils se séparaient.
Et sans qu'ils ne s'y attendent, elle plongea sur eux pour les prendre dans ses bras et les serra si fort qu'ils ne purent rien faire pour se dégager.
Sûrement de joie, une larme roula alors sur la joue de l'Occlumens. Elle se mordait la lèvre pour arrêter de sourire et sentait son cœur ralentir alors qu'elle réalisait peu à peu ce que tout cela signifiait. Elle était heureuse. Vraiment heureuse.