Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre trois

  — Mlle Wilson ! fit alors la voix grinçante de la secrétaire. Vous n'avez pas signé le...

  — Je le signe tous les matins ! râla la jeune femme en revenant sur ses pas.

  — Vous savez que c'est l'une des conditions pour lesquelles vous avez été autorisée à revenir travailler ici, Mlle Wilson.

  — Oui, oui, gromella l'Occlumens en gribouillant quelque chose qui ne ressemblait en rien à sa signature. Le ministre veut savoir lui-même quand je suis au Ministère et quand je n'y suis pas. Je sais, merci. Vous me voyez encore comme une gamine.

  — Au vu de vos antécédents, il me semble normal...

  — Peu importe ! l'interrompit la jeune femme en lâchant la plume, projettant de l'encre sur le haut de la secrétaire qui ouvrit de grands yeux.

  Et sans même s'excuser, la Métamorphomage s'éloigna à grand pas pour rejoindre son bureau. Mais à peine eut-elle fait quelques pas dans le couloir qu'on l'interpela de nouveau :

  — Mlle Wilson !

  Se retenant de lâcher un juron, Aysha se tourna avec un immense faux sourire sur les lèvres vers le ministre qui venait de l'appeler.

  — Mr le Ministre, marmonna-t-elle en s'approchant de quelques pas.

  — Je suis heureux de tomber sur vous. J'ai entendu dire que vous partiez demain avec l'équipe qui cherche Grindelwald.

  — En effet.

  — Malheureusement, ça ne sera pas possible.

  — Comment ça ? s'offusqua la sorcière.

  — Vous devez comprendre, Mlle Wilson. Vous avez déjà dépassé le nombre d'opérations que les spécialistes nous ont conseillées pour votre reprise.

  — Je vais bien.

  — C'est ce que disent les personnes atteintes de démence en y croyant fermement.

  Aysha ouvrit la bouche, incapable de répondre. Avait-il sérieusement dit une chose pareille ? Elle ne pouvait pas y croire et devait prendre violemment sur elle-même pour ne pas répondre, car elle avait suffisamment de sagesse pour savoir que s'opposer au Ministre de la Magie en personne n'étant pas forcément la meilleure manière de garder son poste.

  — Très bien, Mr le Ministre, finit-elle par dire entre ses dents.

  Et sans un mot de plus, elle pivota sur ses talons et reprit sa route, essayant de garder son calme. Une jeune reccrue eut cependant le malheur de la percuter en sortant d'un couloir et elle s'énerva sur elle un peu trop violemment pour ce qu'elle avait fait. La jeune Auror ne sut pas placer un mot, hochant simplement la tête pour s'excuser, le cœur battant, ne sachant pas comment se sortir de cette situation.

  — Aysha, fit alors une voix derrière elle.

  L'Occlumens s'arrêta alors et se retourna, ce qui permit à la jeune reccrue de fuir après s'être de nouveau excuser. La jeune femme se détendit lorsqu'elle vit qu'il s'agissait de sa sœur.

  — Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-elle alors en s'approchant.

  — Le ministre refuse que je parte demain à cause de mes antécédents. Selon lui, on a déjà dépassé le seuil de ce qui m'était autorisé.

  — Tu serais peut-être étonnée d'apprendre que je suis interdite de tout départ en mission jusqu'à nouvel ordre.

  — Pourquoi donc ? s'étonna la benjamine.

  — Je dois regagner leur confiance.

  Aysha comprit immédiatement que cela avait un rapport avec le contrat de confidentialité qu'elle avait rompu en lui parlant de la lettre et elle se sentit un instant coupable.

  — Ne t'en fais pas. J'aide tout de même à mon échelle, la rassura Helena. Il y a tellement de choses à faire ici que je ne m'ennuie pas. Même si j'aurais préféré partir sur le terrain évidemment.

  Un Auror passa à côté d'elles et les dévisagea sans prendre la peine de se montrer discret. Il prit un air à la fois dégoûté et elles l'entendirent marmonner :

  — Sang maudit. Comment le Ministre peut-il accepter des membres de la famille de Grindelwald au Ministère ?

  Il disparut trop vite pour que l'une d'entre elles réagissent. Mais elles furent bientôt de nouveau interrompues par un sorcier qui interpela Helena.

  — Helena ! Quelle surprise de te voir encore ici.

  — Bonjour, Winston, souffla la sorcière en se retournant.

  — Il est vraiment étonnant que tu n'aies pas été virée après ce que tu avais fait. En ce qui concerne l'affaire du meurtre de tes parents.

  — Je suis sûre que tu aurais été ravi de me voir partir, se moqua la femme en croisant les bras.

  — Il est certain que j'aurais apprécié avoir un peu plus la possibilité de briller, mais tes capacités m'ont toujours fait de l'ombre. Surtout que tu as toujours fait parlé de toi de toutes les manières possibles. Oh ! Helena Wilson ceci... Ah ! Mlle Wilson cela... C'était épuisant et difficile à supporter. Tu étais la courageuse jeune femme qui a su prendre en main sa vie en faisant face au meurtre de ses propres parents, devant gérer une sœur folle et une autre qui penchait un peu trop vers l'ombre. Maintenant que nous savons tous que tu es de la même famille que Grindelwald, tu ne devrais pas - tout comme ta sœur - tarder à devoir remballer tes affaires et fuir loin.

  Aysha fixait son aînée qui gardait un air tout à fait impassible face à ses paroles. Pour sa part, elle bouillonnait intérieurement. S'approchant du sorcier, elle poussa sa sœur sur le côté et s'adressa alors à lui :

  — Ma sœur est plus diplomatique et a du sang froid. Pas moi.

  Et à peine eut-elle fini sa phrase qu'elle envoya son poing dans la figure de l'homme qui recula de quelques pas en se tenant le nez.

  — T'es vraiment timbrée ! hurla-t-il alors, sa voix étant étouffée par ses mains.

  — Oh, vous voulez que je vous en remettre un pour vous réparer le nez ? railla l'Occlumens en s'approchant.

  — Ce ne sera pas nécessaire, fit alors une voix derrière Aysha. Je crois qu'il a compris. Mr Robert, arrêtez de vous plaindre et de crier et rentrer chez vous. Si vous parlez de cela à quiconque, vous passerez un sale quart d'heure dès que vous remettrez les pieds ici.

  Le sorcier lança un dernier regard noir à Aysha avant de déguerpir. Cette dernière se retourna alors et soupira :

  — Je n'avais pas besoin que tu interviennes, Thésée.

  — Si tu voulais te mettre davantage à dos tes supérieurs, en effet.

  Un sourire amusé se dessina sur les lèvres du chef du bureau des Aurors.

  — Je viens d'apprendre que je ne pourrais pas partir demain, s'expliqua alors l'Occlumens. Et Helena non plus. Et j'ai vraiment l'impression qu'on est les chats noirs des Aurors. Enfin, plus que d'habitude.

  — Cela tombe bien, car nous suivons Dumbledore en Arizona.

  — Je te demande pardon ? intervint alors Helena. Comment ça on part en Arizona ? Le Ministère est au courant ?

  — Je vous mets à pied toutes les deux. Ce qui vous permet de partir en Arizona sans avoir le Ministère sur le dos. Et moi, je pars sous les ordres de Ministre qui ne veut pas laisser Dumbledore seul là-bas. Tina et Norbert nous accompagneront.

  — Et April ? demanda Helena.

  — Il s'agit d'Albus. Même si je lui interdisais, elle viendrait quand même.

  — Et qu'est-ce qu'on va faire en Arizona ? On va arrêter les recherches de Grindelwald comme ça ? Juste pour aider Dumbledore à poursuivre une idées irréalisable ? Qu'est-ce que ça nous apporte ?

  Thésée ne put empêcher de sourire et Aysha sembla comprendre. Elle expliqua même à sa place :

  — Je crois que Thésée pense que le fait que nous allions tous - nous, principaux ennemis de Grindelwald - dans un lieu où nous ne sommes pas protégés par notre Ministère, attirera le mage noir là-bas. Ou ses proches fanatiques.

  — C'est exactement ma pensée.

  — Comment peut-on être sûrs d'une telle chose ? les questionna alors Helena.

  — Justement, nous ne pouvons pas l'être. Te souviens-tu cependant que nous avons de nombreuses fois cru ques des choses étaient certaines alors qu'elles ne l'étaient pas ?

  — La mort d'April par exemple, commenta Aysha.

  — Nous n'avons aucune piste, ajouta l'homme. Autant tenter cela.

  — Et on va où en Arizona ? Parce que c'est quand même vaste, fit remarquer Helena.

  — Ça, je n'en sais rien. Il faudra suivre Dumbledore. Je lui ai envoyé une lettre, il a retardé son départ pour que nous partions ensemble.

  — Tu avais vraiment tout prévu.

  — Évidemment.

  Helena sourit.

  — Et on part quand ?

  — Demain.

  Ils échangèrent un regard entendu avant de se séparer, partagés entre excitation et appréhension. Aysha avait subitement oublié sa colère, ravie de repartir où le vent la menait. Elle croisa Tina qui venait de rentrer de sa première patrouille et un simple sourire lui permit de comprendre qu'elle avait déjà été mise au courant.

  Pour la première fois, la benjamine des Wilson ne se sentit pas offusquée de ne faire que de la paperasse. C'est même tout sourire qu'elle recueillit les remarques désobligeantes du ministre quant à sa mise à pied. Finissant à la même heure que Tina, elle se hâta de la rejoindre dans le hall. Avant de partir, elle se dirigea vers la secrétaire qui avait changé de haut, un immense sourire sur les lèvres.

  — Bonsoir Mme Jones.

  Elle attrapa la plume avec délicatesse, signa soigneusement le papier habituel, reposa la plume avec douceur et murmura :

  — Je suis navrée pour l'encre de ce matin. Je vous souhaite une bonne soirée.

  Et face à l'air étonné de la secrétaire, elle rejoignit Tina et elles sortirent rapidement du Ministère. Elles profitèrent de leur temps libre pour passer sur le Chemin de Traverse que Tina n'avait jamais vraiment vu. En s'arrêtant au Chaudron Baveur pour boire, elles s'assurèrent que personne ne pouvait les entendre et Aysha commença :

  — Norbert est déjà au courant ?

  — Oui. Thésée est passé ce matin pour que l'on fasse la route ensemble. Il nous en a parlé à ce moment-là.

  Aysha sourit et changea de sujet :

  — Au fait, ta première journée parmi nous ?

  — Ça change, mais j'aime beaucoup.

  — Tant mieux alors. Bien que tu te retrouves mise à pied dès ta première semaine, s'amusa l'Occlumens.

  — Ça ne pourra être pire qu'au MACUSA lorsque j'ai perdu mon poste. Là, j'ai cru ne jamais pouvoir redevenir Auror.

  — Ça aurait été une grosse perte pour eux. Tu aurais été un diamant qu'ils auraient confondu avec du verre.

  — Et... d'après ce que j'ai pu voir et entendre, tu es exactement ce que tu viens de décrire. J'avoue ne pas comprendre comment ils peuvent être aussi aveugles.

  — Les rumeurs sont tenaces, tu sais. C'est sûrement ce qu'il y a de plus difficile à éradiquer. Il suffit d'un mot de travers pour qu'il soit répété et modifié jusqu'à ce qu'il ne soit plus possible de ne le faire taire. Et comme j'ai tendance à toujours tout faire de travers, il est facile pour eux de me prendre pour cible. Je suis tout de même tout droit sortie de psychiatrie, j'ai passé ma scolarité dans cinq écoles différentes, j'ai manqué de tuer Thésée Dragonneau... Enfin, la liste est longue.

  — Si c'est tout ce qu'ils voient de toi, alors ils sont stupides. Ont-ils oublié que tu as toujours combattu Grindelwald et ses partisans ? Ce serait idiot de passer à côté d'une bonne âme comme toi.

  — Leurs yeux sont pourtant concentrés sur les mauvaises choses. C'est une triste réalité. Il est plus facile de se plaindre de la pluie que de s'émerveiller face à l'arc-en-ciel. Entre le fait d'avoir marché dans une crotte de chien et celui d'avoir vu un oiseau se poser près de vous pour chanter, qu'est-il plus facilement mémorisé ?

  — Je vais répondre la crotte de chien, s'amusa Tina.

  — Exactement. L'humain a la malheureuse habitude de voir en priorité le mal et de s'en plaindre alors qu'il lui suffirait juste de poser ses yeux autre part.

  — Il est déconcertant de te voir parler avec autant de sagesse quand on sait que tu as aussi un fort caractère qui devrait retenir quiconque de te faire du mal.

  Un sourire étira les lèvres de la jeune femme avant qu'elle ne répondre :

  — Tu parles de sagesse, mais je crois qu'il s'agit plus de logique. Personne n'a toutes les cartes en main pour comprendre comment la vie fonctionne. Pourtant, c'est à partir d'échecs que nous progressons. L'important, ce n'est pas la destination. L'important, c'en est le chemin parcouru pour y parvenir. Tomber n'est pas un échec. Ne pas se relever en est un. Faire des erreurs n'est pas un échec. Ne pas en tirer de leçon en est un.

  — Tu as vécu des choses que nulle ne peut imaginer. C'est probablement ce qui te prive de tant de cécité. Tu sais faire la différence entre le bien et le mal, car tu as déjà été plongée dans les ténèbres. Tu sais profiter du bien-être, car tu connais la douleur. Tu sais t'accrocher à la vie, car tu as déjà été confrontée à la mort.

  — Tu me fais presque peur. J'ai l'impression que tu peux lire en moi comme un livre ouvert.

  — Si tu étais un livre, personne ne serait capable de l'ouvrir, s'amusa la sorcière.

  — Certaines personnes le pourraient, si.

  Elle attrapa alors quelque chose dans le sac qu'elle portait. Un livre. Ou plus précisément, Les Âmes Tourmentées de Sarah Davies.

  — Ceci est la première copie qui a été imprimée, expliqua l'Occlumens.

  Elle l'ouvrit, s'arrêtant à la page trois-cent-quatre-vingt-seize. Une phrase avait été soulignée : Soyez humbles, mais éprouvez la fierté d'être ce que vous êtes. Une flèche partant du mot fierté menait à un texte écrit à la main. L'écriture était celle d'Aysha. Ou plus exactement celle d'Aysha du futur qui n'existait plus. Tina fronça les sourcils alors qu'elle lisait ce qui était indiqué :

  Mère était bien la sœur de Grindelwald et c'est ce qui a permis à ce dernier de la faire céder. Aysha, si tu lis ce mot, c'est que tu auras compris mon message. Choisis bien tes alliés. Car la confiance n'est pas quelque chose qui court les rues. Fais confiance en ton cœur. Bats-toi pour ce qui te semble juste. Et surtout, ne laisse pas Grindelwald gagner cette guerre.

  Aie foi en toi, Aysha Wilson. Ton être pourra avoir été plongé tout entier dans les ténèbres, ton cœur n'aura jamais cessé de briller.

  Suis la lumière et ne traque qu'une personne : Gellert Grindelwald.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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