Les Animaux FantastiquesTome 3
Chapitre premier
La pluie avait gentiment convié la plupart des passants à rentrer chez eux, car même les plus fidèles parapluies avaient du mal à protéger leur porteur du déluge qui frappait la ville de New York. Le remue-ménage actuel dans l'appartement des sœurs Goldstein avait été possible uniquement, car Mrs Esposito était absente, rendant visite à un de ses proches à l'hôpital.
Tina avait fait entrer un grand nombre de ses camarades dans sa modeste demeure et tous s'affairaient, non sans magie, à emballer tout ce qui s'y trouvait. En effet, c'était la dernière fois qu'ils mettraient les pieds dans cet appartement, car Queenie et Jacob emménageaient à Londres pour éviter la prison et Tina rejoignait Norbert en Angleterre, elle aussi.
Voir son appartement aussi vide lui coûta d'ailleurs un pincement au cœur.
— Tina ! s'exclama soudainement Eulalie, la sortant de ses pensées alors qu'elle observait la vaisselle. Tu n'aurais pas vu Norbert ?
La jeune femme fronça les sourcils avant de hocher négativement la tête, se demandant alors où pouvait bien être le magizoologiste.
— Vous avez déjà égaré votre mari ? s'amusa Thésée qui venait d'apparaître derrière elle. Je vous conseille de vous habituer. Il est parfois tellement dans ses pensées que lui-même ne se rend pas compte qu'il divague.
L'Auror sourit, amusée.
— En tout cas, reprit le sorcier, je suis vraiment heureux que l'on puisse travailler ensemble au Ministère !
— Pareil pour moi.
April apparut si soudainement qu'elle fit sursauter les deux sorciers :
— Dragonneau ! Y a ton frère qui est parti dans sa valise ! Si c'est comme qu'il compte nous aider, j'aurais préféré rester à Londres du côté de Queenie et Jacob.
Tina ne put que sourire, se mordant la lèvre pour ne pas rire face l'air surpris de son beau-frère.
— Maintenant que je suis dans la cuisine, reprit la jeune femme, ça me rappelle que j'ai faim. Elles font quoi les sœurs Wilson pour mettre autant de temps pour revenir ?
— Vu la pluie, je crois qu'elles font ce qu'elles peuvent, commenta Thésée.
— J'aurais dû me douter que tu prendrais leur défense, railla April. Enfin, peu importe ! Y a intérêt à ce que cette pluie cesse assez vite, parce que je n'ai pas envie de mourir de faim.
Norbert choisit ce moment pour apparaître.
— Ah bah, te voilà toi ! Tu nous as faussé compagnie !
— J-Je nourrissais mes...
— Ils ont le droit de manger avant nous ! l'interrompit la sorcière. Quelle injustice !
Thésée ne put s'empêcher d'émettre un léger rire, rapidement imitée par Tina qui s'approcha de Norbert pour lui attraper la main et le rassurer. Ce fut à ce moment que la porte d'entrée s'ouvrit, laissant Aysha et Helena apparaître à leur tour, trempées jusqu'aux os.
— Mr Kowalski a encore du monde devant sa boulangerie, commenta l'Occlumens en se séchant d'un coup de baguette. Les gens ont l'air déçus de la voir fermée.
— Elle était vraiment de qualité en même temps, expliqua Tina avec un sourire.
— Bon, qu'est-ce que vous nous avez ramenés de bon ? demanda alors April en venant près de sa meilleure amie.
— On a rien trouvé d'autre que des sandwichs.
— Ça fera l'affaire ! Tant que je mange.
D'un coup de baguette, Tina fit apparaître une sorte de nappe sur le sol, car, n'ayant plus de table, ils devaient se contenter de ce qu'ils avaient sous la main. Eulalie arriva rapidement et ils s'installèrent en cercle, plaçant leur repas au centre.
— Qui prend que du fromage dans un sandwich ? râla April alors qu'Helena le posait devant elle.
— C'est très bon.
— Et la viande alors ?
— Je m'en passe.
April fit une moue avant de lancer à Thésée le premier sandwich qu'elle avait sous la main. Ce dernier le rattrapa malgré sa surprise et Aysha commenta :
— Beau réflexe.
Il se contenta de sourire.
Dans une ambiance bon enfant, le groupe d'amis finit le repas avant de commencer à remballer les dernières choses et de prendre la route du retour, une fois que la pluie eut cessé, voulant éviter de croiser Mrs Esposito. Chargés, ils durent prendre plus de temps au port, car même s'ils avaient vendu un grand nombre de meubles, il restait beaucoup de choses qu'ils embarquaient.
Le trajet en bateau fut assez tranquille. April passait le plus clair de son temps en compagnie d'Helena et Aysha qui n'avait jamais semblé aussi heureuse, au plus grand bonheur de ses camarades. Thésée passait donc le temps avec Eulalie, devant encore travailler à distance.
— Vous repartez bientôt pour Ilvermorny ou vous restez à disposition de Dumbledore ? demanda-t-il alors, celle-ci étant plongé dans une lecture.
— Je vous accompagne juste pour l'emménagement. Il va bien falloir que je retrouve mes élèves. J'ai déjà raté pas mal de choses.
— Oui, je comprends. Maintenant, ce sont surtout les Aurors et les Ministères en eux-mêmes qui peuvent agir.
— Toujours aucune trace du mage noir ?
— Non. Il est vraiment bien caché et les partisans qui lui sont restés fidèles le sont aussi. Aucune trace d'Emy, Dean, des Brown, Abernathy ou encore de Rosier ou des Wright.
— J'ai encore du mal à croire que la jeune Jenny était une espionne de Grindelwald depuis le début.
— Elle nous a tous trompés, malheureusement... marmonna Thésée. Il faut avouer qu'elle manie bien l'occlumancie et le mensonge.
— Oui, malheureusement...
Ils furent interrompus.
— Eulalie, je peux te demander de jeter un œil à ça ?
Thésée jeta à peine un coup d'œil à Aysha, mais ce fut suffisant pour que son cœur se serre. La jeune femme posa un paquet de parchemins à côté de la sorcière.
— Bien sûr, Aysha. Avec plaisir !
— Qu'est-ce que c'est ? demanda alors Thésée en essayant de voir ce qui était écrit sur le premier parchemin.
— T'es trop curieux toi, railla l'Occlumens.
Il eut juste le temps de se retourner pour la voir lui faire un clin d'œil avant de s'éloigner.
— Vous deux, va falloir vous bouger, commenta Eulalie.
Thésée ignora cette remarque et poussa un soupir.
Les jours suivant se passèrent sur un même schéma et l'arrivée au port fut très attendue. Helena fut la première à descendre, heureuse d'être enfin sur la terre ferme.
Elle ne mit pas longtemps avant de repérer Jacob et Kama qui les attendaient. Yusuf avait étonnamment accepter d'aider les jeunes couples à s'installer. Elle repéra aussi deux autres personnes attendant derrière. Elle attendit cependant que tout le monde l'ai rejointe pour aller à leur rencontre et les saluer. Jacob enlaça Norbert et salua Tina, alors que Kama restait un peu plus en retrait.
Le magizoologiste et son frère allèrent ensuite saluer les deux personnes derrière : leurs parents.
— Salut, mes chéris, fit leur mère en embrassant l'aîné sur la joue.
Les parents s'approchèrent alors de Tina qui n'était pas du tout à l'aise. Mais elle sembla se détendre lorsque la mère des Dragonneau la serra dans ses bras et que le père lui serra la main en souriant. Ils se détournèrent cependant rapidement de la jeune femme pour s'approcher d'Aysha qui était plongée dans ses pensées jusqu'à présent.
— Aysha ! s'exclama la vieille femme.
L'Occlumens réagit et adressa un immense sourire aux deux personnes placées devant elle.
— Quel plaisir de te revoir. Nous n'avons pas eu beaucoup l'occasion de parler au mariage.
— C'est vrai, admit la sorcière. Le plaisir est partagé, Anne, Richard.
Anne Dragonneau ne put s'empêcher de serrer la jeune femme dans ses bras qui semblait ravie de telles retrouvailles.
— Comment vas-tu au fait ? demanda-t-elle en la lâchant.
Tout en se mettant en route, Aysha répondit, lançant une discussion. Il était vrai qu'Anne Dragonneau avait toujours grandement apprécié Aysha Wilson sans vraiment pouvoir l'expliquer et ne le cachait pas, contrairement à son mari qui masquait son affection.
— Je suis sûre que tout ira bien pour toi ! s'exclama la vieille femme alors qu'ils venaient de mentionner son souhait de déménager pour s'approcher du centre de Londres.
— Maman, laisse-la un peu respirer, marmonna Thésée qui venait d'arriver à leur hauteur. Tu ne l'as pas lâchée depuis le port.
— Oh, vraiment ? Je suis désolée ! Ça fait juste tellement longtemps que je n'ai pas pu avoir une discussion avec elle. Nous n'avons que fait nous entrevoir au mariage de ton frère. D'ailleurs, qui aurait cru que Norbert se marierait le premier ?
Cette remarque fut suivit d'un silence tendu alors que la mère se rendait compte de ce qu'elle venait de dire.
— Oh, je suis désolée, Thésée. Je ne voulais pas...
— Ce n'est rien, lui assura le sorcier.
Pour le soutenir, Aysha lui attrapa la main et la pressa, ce que remarqua Anne qui fronça les sourcils.
— Sinon, comment avancent vos recherches de Grindelwald ? demanda alors Richard, sûrement pour changer de sujet et détendre l'atmosphère.
— On stagne, répondit le chef du bureau des Aurors. Nous n'avons pas eu de nouveaux indices depuis sa disparition. On avance pas du tout. Aucune idée de où il peut se trouver. Lui et ses partisans.
— Je suis sûr que vous finirez par trouver.
— J'espère.
— Avec un chef du bureau des Aurors comme toi, je suis sûre que vous y parviendrez ! commenta Anne. Pas vrai, Aysha ?
— Hein ? Euh... oui.
Un sourire en coin apparut subtilement sur les lèvres de la vieille femme qui semblait avoir tout compris en un instant.
— J'ai lu tout un article récemment, ajouta le père. Dans la Gazette du Sorcier. C'était une Sofia Taylor qui l'avait écrit. Je ne sais pas ce que vous lui avez fait, mais on dirait qu'elle est fan de vous. Elle ne s'est pas contentée de raconter les faits dans son article sur l'élection. Elle vous a vraiment vanter. Surtout toi, Aysha. Il faut croire que tu as fait quelque chose d'important pour elle, sans t'en rendre compte.
L'Occlumens se tendit immédiatement face à cette remarque et Helena la sauva en répondant :
— Elle a sûrement juste vu ce que nous avons tous vu. Le courage dont a fait preuve Aysha là-bas.
— C'est à cause de moi que Grindelwald a fui, marmonna la sorcière.
— Arrête de dire n'importe quoi, râla son aînée. Ce duel n'allait pas en finir, car aucun des deux ne voulaient tuer l'autre. Et personne n'osait s'opposer au mage noir. C'est toi qui a montré le plus de courage en t'avançant.
— Ce qui lui a permis de fuir.
— Ce qui a permis au duel de s'arrêter, la corrigea Helena. Tu n'es coupable de rien. Il faut que tu le comprennes.
— En parlant de ça, les interrompit Jacob. Dumbledore a dit qu'il devait aller en Arizona avec Croyance et Abelforth. Il pense que quelqu'un pourrait les aider à sauver le garçon. Il aurait voulu que Norbert les accompagne.
— Se balader de pays en pays n'est pas sans risque, commenta Helena.
— Surtout pour Albus et Croyance, précisèrent Thésée et Aysha d'une même voix.
— Il va y aller de toute manière, alors je ne sais pas ce que vous prévoyez de faire face à cela.
— Le MACUSA devait envoyer des Aurors dans l'Arizona dans deux jours, fit alors Tina. C'est Achilles qui me l'a dit. Peut-être qu'on peut demander qu'Albus parte avec eux ?
— Deux jours ? Ça va faire court.
— Peu importe ce qui est décidé, intervint alors Eulalie qui était restée silencieuse, Mr et Mme Kowalski doivent rester en dehors de tout ça. Surtout avec ce qui arrive.
— Vous parlez d'une patate qui va les empêcher de dormir pendant des mois et qui va faire d'eux ses esclaves ? proposa April qui marchait près d'Aysha.
— J'apprécierai toujours ta manière de voir les choses, s'amusa le professeur Hicks. Si par patate, tu entends bien un bébé, évidemment.
— Bien sûr que oui ! Vous trouvez pas que les bébés ressemblent à des grosses patates qui pleurent et qui mangent ?
Le groupe émit quelques rires face à cette remarque et Norbert en profita pour aller se placer à côté de Tina et glisser sa main dans la sienne. La jeune femme tourna la tête vers lui et lui adressa un immense sourire.
— Moi, j'ai hâte de la voir, cette patate, murmura le magizoologiste.
Tina sourit davantage en secouant la tête.
— Moi aussi.