Les Animaux Fantastiques
Tome 2


Chapitre onze

  Lorsqu'Aysha ouvrit les yeux, elle se trouvait dans une grande pièce aux murs de pierre, sa main toujours dans celle du mage noir. Elle coupa leur contact et regarda autour d'elle.

  — Nurmengard, lui présenta Grindelwald avec un grand sourire. N'est-ce pas un lieu parfait ?

  La sorcière ne répondit pas. Elle cherchait parmi ceux qui l'entouraient des visages familiers. Mais elle ne connaissait personne.

  — Abernathy, fit soudainement le mage noir. Emmenez-la dans sa cellule.

  Cet ordre fit réagir Aysha qui ouvrit de grands yeux et, face à son air étonné, le sorcier expliqua, un immense sourire sur les lèvres :

  — C'est juste en attendant que je m'assure de pouvoir te faire confiance.

  — Vous ne faites pas confiance en vos flammes ? railla la jeune femme.

  — Évidemment que si. C'est en toi que je n'ai pas encore confiance. Je connais tes capacités. Tes talents pourraient dépasser les miens sur certains points.

  — Au moins, vous le reconnaissez, marmonna-t-elle.

  — Tu es une Occlumens talentueuse. Une Animagus aussi. Je dois évidemment me méfier de ce que ton esprit est capable de faire, même au plus fort des hommes.

  Aysha ne répondit rien, se contentant de sourire. Un homme l'attrapa alors par derrière - Abernathy sûrement - et la tira. Elle se laissa faire, observant et mémorisant tous les couloirs qu'ils empruntèrent pour arriver dans la cellule qu'ils lui avaient réservée. Le partisan ouvrit la porte et poussa l'Occlumens à l'intérieur sans douceur avant de refermer derrière elle.

  — Combien de repas par jour ? demanda la sorcière d'un air moqueur.

  L'homme lui lança un regard énigmatique, avant de lever un doigt.

  — Un seul ? s'étonna la Métamorphomage. Au moins, ils ne veulent pas nous engraisser pour nous manger après.

  Abernathy ignora la remarque et ne tarda pas à s'éloigner. Aysha n'eut cependant pas le temps de faire le tour de sa cellule, car Grindelwald apparaissait devant elle.

  — J'espère que ta cellule te convient, murmura-t-il.

  — Je vais m'en contenter.

  Le mage sourit.

  — Tu auras le droit à meilleur dès lors que tu nous prouveras ton allégeance.

  Aysha secoua la tête, un sourire étirant ses lèvres.

  — Une chose à dire ? demanda le sorcier.

  — Je ferai n'importe quoi pour vous en échange d'une chose.

  Grindelwald fronça les sourcils, ne semblant pas comprendre. Il ne savait pas s'il devait la croire, mais il la poussa à continuer tout de même :

  — Où est April ?

  Cette question le surprit grandement, tant il ne s'y attendait pas. Il mit quelques secondes à répondre :

  — Morte.

  — Je ne vous crois pas.

  — Ah oui ? Et pour quelles raisons ?

  — Parce que ce n'est pas elle qui est morte. C'est quelqu'un ayant pris son apparence qui s'est sacrifié pour vous. Pour que vous récupériez votre fille. C'est pourquoi vous avez pris son corps. Pour qu'on ne le découvre pas. April est là. Je le sais.

  — Brillante. Jamais je n'aurais pensé que quelqu'un le comprendrait. Mais il faut croire que tu dépasses Dumbledore sur le plan intellectuel. Comment l'as-tu su ?

  Un immense sourire s'étala sur les lèvres de l'Occlumens, ravie d'avoir eu sa preuve. Se retenant de sautiller sur place, essayant d'étouffer la joie et le soulagement qui venaient de l'envahir, elle lui répondit :

  — Je ne le savais pas. Vous venez juste de me le dire.

  Le sorcier parut surpris. Surpris de voir à quel point la jeune femme face à lui pouvait être douée. Il était certain qu'il serait en réel avantage si elle était réellement là pour l'aider.

  — Je veux la voir, reprit-elle.

  — Ça doit se mériter, marmonna Grindelwald. Tu seras libre si tu prouves ton allégeance. Tu la verras si tu nous aides à détruire ton cher ami magizoologiste et sa bande.

  Le sourire d'Aysha disparut et elle fronça les sourcils, lui faisant remarquer :

  — Vous m'avez dit qu'il ne leur arriverait rien.

  — C'est vrai. Mais, je n'ai pas dit combien de temps.

  — Vous êtes mauvais.

  — Et tu m'as rejoint.

  Ils s'échangèrent un long regard, avant que le sorcier ne reprenne :

  — Trois de tes amis ont été arrêtés. Ils sont ici aussi. Je suppose que tu ne voudrais pas qu'il leur arrive quelque chose. Le moindre faux pas et tu seras responsable de leur mort. Est-ce clair ?

  — Ça ne peut pas l'être plus.

  Le mage sourit, ravi de cette réponse.

  — J'ose espérer que tu apprécieras ton séjour parmi nous et que tu sauras nous prouver ton allégeance. Ce serait bien triste pour ta mère de voir sa fille se faire tuer par son autre fille.

  Aysha serra les dents.

  — Ne parlez pas de ma mère, marmona-t-elle. Je vous l'interdis.

  — Oh. Mais je parle de qui je veux.

  Il s'écoula quelques secondes de silence pendant lesquelles Aysha aurait voulu étrangler l'homme face à elle, mais elle se retint et il continua :

  — En parlant de famille, tu devrais recevoir la visite de la tienne.

  L'Occlumens se retint de répliquer que sa famille n'était pas ici et elle regarda le mage noir s'éloigner sans un mot de plus. Alors que ses partisans le suivaient un à un, le regard de la jeune femme se posa sur un jeune homme qui avait l'air mal en point. Leurs yeux se croisèrent. Elle le reconnut. Croyance.

  — Aurelius ! fit soudain la voix de Grindelwald. Ne traîne pas là-bas.

  L'homme tourna un instant la tête vers le couloir où avait disparu le mage noir et, alors qu'il s'apprêtait à prendre la même direction, Aysha l'interpella :

  — Croyance !

  Il leva la tête vers elle, s'arrêtant, et elle fut ravie de constater qu'elle ne s'était pas trompée sur son identité.

  — Je suis Aysha Wilson. Une amie de Tina Goldstein, continua-t-elle.

  La mention de Tina sembla faire réagir le jeune homme qui s'approcha de quelques pas d'Aysha. Elle put alors mieux discerner son teint pâle et les cernes sous ses yeux.

  — Elle sera bien traitée tant que vous répondez à leurs attentes, fit-il alors.

  — Est-ce qu'ils vous font du mal ? demanda la jeune femme.

  Croyance secoua négativement la tête.

  — Vous ne semblez pas être en forme.

  Il ne répondit rien et elle continuait :

  — On peut vous aider. Les trois sorciers qui ont été enfermés partaient à votre recherche à l'origine. Je sais que vous avez fait le choix de suivre Grindelwald. Mais seuls les idiots ne changent pas d'avis.

  Le jeune homme la scruta avant de lui accorder une réponse :

  — Je ne vais pas changer d'avis.

  Et avant qu'Aysha ne puisse répliquer quelque chose, une femme interpela Croyance, lui demandant de partir. La jeune femme reconnut la voix, ce qui lui coûta un frisson. Elle vit bientôt apparaître la sorcière devant elle, un sourire mauvais sur les lèvres.

  — Tiens, tiens, tiens, marmonna-t-elle. Comme on se retrouve.

  — C'est un plaisir, railla Aysha.

  — Pas besoin de mentir. Peu sont ravis de ta présence ici.

  — Et je ne suis pas ravie de ta présence non plus, rétorqua-t-elle.

  Emy ne répondit pas, jetant un coup d'œil à l'intérieur de la cellule de sa sœur.

  — Jamais je n'aurais cru que tu trouverais une chambre qui t'irait comme un gant, commenta-t-elle en faisant une moue.

  Aysha ne releva pas cette remarque, n'était pas d'humeur à se prendre la tête avec elle, même si la colère grondait en elle. Si elle l'écoutait, elle passerait ses bras entre les barreaux et étranglerait la jeune femme. Mais elle doutait que ce soit une bonne manière de prouver sa dévotion.

  — Alors, comme ça, tu abandonnes tes amis ? s'amusa Emy. Je ne sais pas pourquoi cela ne m'étonne pas. Tu as toujours été lâche et une traîtresse.

  — Tu peux parler, serpent, cracha Aysha.

  Emy leva les sourcils, un sourire mauvais sur les lèvres.

  — Voilà qui est intéressant. Tu sembles être plus adepte à te rebeller contre moi. Sois tu n'es plus aussi faible que tu l'as toujours été ou alors la démence a fini par te gagner totalement. Je pencherai plutôt pour la deuxième option.

  — Ou alors, tu n'as juste jamais eu assez d'importance pour que je prenne la peine de m'opposer à toi.

  — Oh ? s'étonna la sorcière. Ce qui signifie que j'en vaux la peine, maintenant ? Voilà un compliment inattendu de ta part.

  — Tu n'en vaudras jamais la peine, Emy. Tu es lâche. Tu es faible. Tu t'abaisses aux pratiques de ceux qui nous ont élevés en nous forçant à les appeler papa et maman.

  — C'est toi qui est faible, Aysha. Tu n'as jamais rien su faire d'autres que crier et mordre comme un animal. En fait, tu ne vaux pas mieux qu'un animal enragé.

  — Et toi, tu n'arrives même pas à la hauteur de la valeur qu'ont les animaux. Même les plus insignifiants aux yeux de beaucoup.

  — C'est vrai que ce n'était pas malin de ma part de te comparer à un animal alors que tu les apprécies tant, marmonna-t-elle. Je suppose que c'est facile quand on fait partie d'eux.

  — Tu es pire que le poison mortel d'un serpent.

  — Un compliment.

  Aysha avala difficilement sa salive avant de reprendre :

  — J'ignore pourquoi tu me considères coupable de la mort de mes parents. Je doute que cette stupide lettre ait été suffisante.

  Elle parut surprise, fronçant les sourcils, avant de demander :

  — Comment as-tu su ?

  — Ce n'est pas le problème.

  — Tu ne sais rien de ce qui y a été écrit, rétorqua la partisante de Grindelwald. Tu ne sais pas ce qui a nourri ma haine envers toi.

  — Je trouve ça stupide.

  — C'est toi qui est stupide ! Tout autant que tu es faible ! Méchante ! Maléfique ! Cruelle ! Horrible ! Monstrueuse ! Ouais, c'est ça. Tu es un monstre. Le genre de monstres qui font avoir des cauchemars aux enfants.

  — Tu es juste effrayée par ce que je suis capable de faire.

  — Évidemment. Tu as tué nos parents alors que tu avais seulement quelques jours. Tu as mis feu à notre maison alors que tu avais un mois. Tu as détruit tous mes espoirs lorsque nous sommes partis en France, car nos voisins nous soupçonnaient d'être des sorciers. Tu es une meurtrière et tu m'as tout pris. Quand tu es née, ma vie s'est arrêtée.

  — Si seulement cela avait vraiment été le cas, marmonna Aysha.

  — Si seulement tu n'étais jamais venue au monde.

  — Avec des si, on peut faire ce qu'on veut. La question est donc... Que veux-tu Emy Wilson ?

  — Emy Brown, la reprit la jeune femme. Nos parents portent le nom de Brown. Nous avons le même depuis qu'ils nous ont adoptés. Aysha Brown.

  — Je ne m'appelerai jamais Aysha Brown. Plutôt mourir que porter leur nom.

  Emy éclata de rire et l'Occlumens reprit :

  — Pourquoi aimes-tu autant faire le mal ?

  La jeune femme regarda sa sœur avec étonnement. Un sourire ne tarda pas à étirer ses lèvres. Un sourire dément. Et elle répondit :

  — Fais-mal si tu ne veux pas avoir mal. C'est ce que nous disaient nos parents.

  — Ils n'ont jamais été nos parents, Emy. Et ils ne le seront jamais.

  Elles s'échangèrent un regard noir et la Métamorphomage reprit :

  — Tu dis que je suis un monstre, mais c'est toi qui agi comme tel. Tu nous as trahis. Tu nous as vendus. Tu m'as détruite. Je te hais. Je ne peux même pas te regarder sans avoir le sentiment que tout ce que contient mon estomac va finir par terre. Je me fiche bien de ce que tu peux penser de moi. Je me fiche bien de ce que je peux être. Cependant, à aucun moment je te pardonnerai de m'avoir transformé en ce que je suis aujourd'hui.

  — Alors tu reconnais que tu es un monstre ? s'amusa Emy.

  Aysha ne répondit pas, faisant un pas en arrière.

  — Est-ce si difficile pour toi de le reconnaître ? Parce que c'est ce que tu es. Je n'ai rien fait pour que tu le deviennes. Tu es née ainsi. Tu as tué nos parents. Tu as pris tout ce que j'avais. Et, pour cela, jamais je ne te pardonnerai.

  — Je me fiche de ton pardon. Je me fiche de ce que tu penses. J'en ai rien à faire que tu me haisses ! Tout le monde me hais pour ce que j'ai fait ! Ça, je le sais.

  Un nouveau sourire étira les lèvres d'Emy, tandis qu'elle reprenait :

  — On dirait bien que tu te hais aussi pour ce que tu as fait. Tu t'infliges à toi-même ce que tu mérites.

  — C'est ça la différence entre toi et moi, Emy. Moi, je reconnais qui je suis et le mal que je peux faire. Toi, tu continues de prétendre que tu es une bonne personne et que tu fais le bien. Je suis honnête. Tu es lâche. Et tu mens aux autres autant qu'à toi-même.

  Les doigts de la jeune femme s'enroulèrent autour des barreaux et Aysha recula d'un pas.

  — Ne me parle pas de lâcheté.

  Elle lâcha les barreaux et pivota sur ses talons, commençant à s'éloigner sans un mot de plus. Aysha hurla alors :

  — Je te tuerai ! Et je ne te parle pas forcément de la manière physique à laquelle tu penses ! Je te tuerai comme tu m'as tuée !

  Sa voix sembla résonner dans le vide, car Emy avait disparu. L'Occlumens recula encore de quelques pas et une voix la fit soudainement sursauter :

  — Je ne m'attendais pas à avoir une telle compagnie.

  La voix venait de sa cellule. Elle se retourna et vit bientôt un homme, vraiment mal en point, apparaître devant elle.

  — Qui êtes-vous ?

  L'inconnu sourit.

  — Percival Graves.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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