Les Animaux Fantastiques
Tome 3


Chapitre dix

  Tina sortait de sa chambre où Helena et April rangeaient leurs affaires, alors qu'Aysha avait déjà embarqué les siennes. Elle croisa Albus et Abelforth dans le couloir qui lui indiquèrent que Norbert nourrissait ses compagnons. Elle les remercia et ils disparurent, se dirigeant sûrement au rez-de-chaussée avec leurs bagages.

  D'un pas décidé, la jeune femme alla frapper à la porte de la chambre qu'occupaient les frères Dumbledore et les frères Dragonneau, et – auparavent – Croyance aussi. N'obtenant pas de réponse, elle baissa la poignée et poussa la porte, découvrant une chambre vide avec, sur le sol, la valise ouverte du magizoologiste. Souriant, elle s'approcha et se glissa à l'intérieur. Prenant garde à ne pas trébucher en descendant à l'aide de l'échelle, elle arriva rapidement sur le sol et repéra assez vite son époux, occupé à carresser Teddy en fixant quelque chose.

  Discrètement, elle s'approcha et vint l'enlacer par derrière ce qui le fit sursauter, semblant amusé le Niffleur qui sauta des bras du magizoologiste pour venir jouer dans leurs jambes.

  — Tu m'as fait peur, fit-il en se tournant vers elle.

  Elle lui adressa un sourire malicieux.

  — Je n'arrive pas à croire que nous sommes déjà sur le départ alors que nous n'avons rien trouvé ici, murmura-t-elle ensuite, repérant alors Aysha un peu plus loin, occupée à nourrir certaines créatures.

  Norbert ne répondit pas. Thésée apparut alors dans le champ de vision de l'Auror. Ce dernier était en train de relire quelque chose - des parchemins qui semblaient être ceux qu'Aysha traînait toujours depuis des jours. Sa lecture était cependant souvent interrompue, car il ne cessait de jeter des coups d'œil à l'Occlumens, un sourire doux étirant ses lèvres dès lors qu'un animal venait se frotter contre ses jambes ou qu'elle en carresser un en leur parlant.

  — Certains d'entre nous ont trouvé quelque chose, se corrigea Tina.

  Elle sentit la main de Norbert serrer la sienne et elle baissa les yeux vers lui.

  — Je suis tellement désolé de ne pas avoir été là quand Croyance est... Enfin... Quand... il est mort... balbutia-t-il d'un air triste.

  Tina lui adressa un sourire rassurant et posa une main sur sa joue.

  — Je sais qu'il était important pour toi, reprenait tout de même le magizoologiste.

  — Mais nous savions qu'il était condamné, Norbert. Ce voyage ici était un espoir fou de le sauver. Tu n'as pas à t'en vouloir de quoi que ce soit.

  — Tu es si indulgente. Je ne crois pas...

  Pour le faire taire, Tina déposa ses lèvres sur celles de son mari qui répondit immédiatement à son baiser. Lorsqu'elle se détacha, elle murmura sur un ton moqueur :

  — Il faut bien que je me montre indulgente. Tu es mon mari et je t'aime.

  Norbert sourit.

  — Moi aussi, je t'aime.

  Tina s'apprêtait à reprendre la parole, mais un bruit sourd les interrompit. Ils se retournèrent vers son origine et virent bientôt apparaître April. Sans préambule, elle fit :

  — Vous grouillez pas surtout, ce n'est pas comme si on vous attendait. Et, vous deux, prenez une chambre. Mais pas tout de suite. Là, on y va.

  Les joues du couple prirent une teinte rouge en quelques instants, mais April ne le vit pas, car elle les dépassa pour s'approcher des deux autres et crier :

  — Les deux tourtereaux ! Vous venez ?!

  Thésée leva la tête vers la jeune femme, surpris, tandis qu'Aysha émettait un léger rire et vidait le dernier seau de nourriture avant de s'approcher de sa meilleure amie.

  — Entendu, cheffe.

  April sourit et pivota sur ses talons pour se diriger vers la sortie. Tout en riant, l'Occlumens se tourna vers Thésée qui venait de s'être placée près d'elle, lui tendant une partie des parchemins qu'il lisait.

  — C'est vraiment génial.

  Aysha attrapa ce qu'il lui tendait, le remerciant et le rangea dans le sac qu'elle portait.

  — Je me demande bien ce qu'est ce projet secret, fit alors Tina qui avait tout entendu.

  — Tu le sauras bien assez vite, répondit la sorcière avec un clin d'œil alors que Norbert n'avait pu empêcher un sourire d'étirer ses lèvres.

  — On ferait mieux d'y aller avant qu'April ne revienne avec une armée de tout ce qu'elle aurait pu inventer, leur fit remarquer le magizoologiste.

  Les quatre sorciers hochèrent la tête d'un même mouvement et se dépêchèrent de sortir de la valise que Norbert ferma et attrapa avant de quitter la chambre.

  Alors qu'ils marchaient pour rejoindre les autres, les doigts de Thésée et Aysha se frôlèrent et ils se lancèrent un regard avant de prendre la main l'un de l'autre, le cœur battant.

  — Voilà nos retardataires ! s'exclama soudainement April, attirant le regards de tous les clients sur eux, ainsi que celui d'Adam.

  Ce dernier s'approcha d'eux et annonça :

  — Ce fut un honneur de vous accueillir. J'ose espérer vous revoir.

  — Ce serait avec grand plaisir, répondit Helena avec un faible sourire.

  Le reste du groupe le salua et ils s'échangèrent un regard entendu avant de sortir de l'auberge dans un froid intense. Tout en faisant attention à tout ce qui se passait autour d'eux, craignant toujours d'être suveillés, ils progressaient dans les rues de la ville. Un silence étrange s'était installé. Ils n'avaient pas seulement l'impression de quitter l'auberge. Ils laissaient aussi quelqu'un derrière eux et chaque pas qu'ils faisaient semblait les éloigner un peu plus du souvenir de Croyance.

  Aysha manqua de percuter Albus qui s'était soudainement arrêté devant elle. Craignant le pire, elle resserra son emprise sur la main de Thésée et se décala pour voir ce qui avait causé cet arrêt soudain.

  Les rues étaient désertes, ce qui était sûrement dû au froid mordant et à l'heure tardive. Aucun passant ne put donc voir le groupe de sorciers se faire encercler.

  L'Occlumens plissa les yeux et reconnut bientôt Abernathy devant eux. Elle lâcha Thésée, regardant tout autour d'eux. D'autres partisans. Elle connaissait leur visage, mais pas leur nom. Aucune trace d'Emy, Elizabeth, John ou encore Jenny. Ni même Grindelwald.

  Un homme s'approcha alors d'eux. Aucune baguette. Il n'avait pas intérêt, car ils étaient dans une ville habitée de Moldus. S'arrêtant à quelques pas seulement des Dumbledore, il sourit avant de commencer, dans une autre langue :

  — Nous sommes ravis de vous voir.

  Automatiquement, tous les regards se posèrent sur Aysha qui avait toujours su parler un grand nombre de langues de par ses nombreuses expériences dans différents pays.

  — Parlez anglais que je ne leur traduise pas tout, lui répondit l'Occlumens.

  L'homme la regarda et une lueur étrange brilla dans ses yeux.

  — Et si j'ai envie que vous soyez la seule à comprendre ?

  Aysha serra les dents. Elle se glissa entre les frères Dumbledore pour s'approcher du sorcier et se poster face à lui.

  — Eh bien, fit-elle en anglais, allez-y. Dites-moi.

  Le sorcier sourit davantage.

  — Grindelwald sait pour le garçon. Il vous adresse ses sincères condoléances.

  — Ça n'a pas de valeur venant de lui.

  Il ignora la remarque et continua :

  — Si nous vous disons où il se trouve, consentiriez-vous à garder sous silence notre allégeance à Grindelwald ?

  Cette fois, Aysha ne répondit pas tout de suite, clignant plusieurs fois des yeux pour être sûre d'avoir bien compris.

  — Je vous demande pardon ?

  — Si nous vous disons où se trouve Grindelwald afin que vous puissiez le battre et l'enfermer, garderez-vous sous silence le fait que nous ayions été de son côté ?

  Une nouvelle fois, l'Occlumens dut cligner plusieurs fois des yeux, n'arrivant pas à croire ce qu'elle attendait.

  — Et comment suis-je censée vous faire confiance ? Comment suis-je censée être assurée que tout ceci n'est pas un plan pour nous mener droit dans la gueule du loup ?

  — Si nous étions encore du côté de Grindelwald, nous vous aurions arrêtés il y a des jours, répliqua le sorcier. Si nous lui étions encore fidèle, nous vous emmènerions immédiatement à lui, car nous avons le dessus. Grindelwald va perdre. Surtout si vous n'êtes pas avec lui, vous, la fille aux larmes d'or.

  — La fille aux larmes d'or ? répéta la sorcière, ne comprenant pas.

  — Dean. Dean vous a nommée ainsi. Il prétend que vos larmes sont aussi rares que l'or, car vous ne pleurez pas assez pour la souffrance que vous endurez. Il répète que vos larmes sont précieuses, car elles sont ce qui vous accrochent encore à la notion d'humanité. Il vous nomme la fille aux larmes d'or.

  Aysha resta un instant interdite, ne sachant pas comment réagir face à cela. Le sorcier en profita donc pour reprendre :

  — La fille aux larmes d'or gagnera, quel que soit son camp. Ce sont les paroles de notre spécialiste en divination. Il dit que vous gagnerez forcément. Il dit que vous tuer conduirait à l'échec de tous. Il dit que vous êtes la pièce la plus importante dans cette partie. Il dit que vous avez choisi votre camp et qu'il gagnera quelles qu'en soient les conséquences.

  — La divination n'existe que pour propager de belles paroles. Ça n'a rien de véridique. Rien de vérifiable.

  — Pourtant, notre spécialiste a dit que vous alliez vous séparer des souvenirs de votre défunt époux, Simon Taylor. Est-ce vrai ?

  Aysha cligna des yeux. Encore.

  — Simon Taylor ? répéta la sorcière. Qui est-ce ?

  Le sorcier sourit.

  — Alors, c'est vrai. Vous avez préféré l'oublier, plutôt que vous confronter à votre...

  — Je sais très bien qui est Simon Taylor, l'interrompit l'Occlumens. Je vous confortais simplement dans votre idiotie. Mes souvenirs sont toujours intacts.

  — Alors, il a dit vrai.

  Aysha fronça les sourcils, ne comprenant pas.

  — Je ne suis pas sûre de vous suivre.

  — C'est simple pourtant. Notre spécialiste de la divination nous a dit beaucoup de choses sur vous. Toutes ces choses se sont révélées être vraies. Y compris celle concernant Simon Taylor. Son souvenir est ce qui vous fait souffrir le plus - ou presque - et, alors que vous pourriez choisir de l'oublier, vous concervez son souvenir...

  — Me séparer de ce souvenir, ce serait comme me séparer d'une partie de moi. Car, bien malgré moi, il fait partie de mon histoire. Il fait partie de moi. J'ai évolué avec ça. M'en séparer, ce serait...

  — ... comme arracher une part de votre âme, termina l'homme en anglais.

  La Métamorphomage fronça les sourcils, surprise. Et l'homme reprit :

  — Nous serons à Londres dans peu de temps. Si vous changez d'avis, vous nous trouverez.

  Sur ces mots il fit un signe et tout le monde, y compris lui, disparut dans les rues, laissant le groupe de sorciers totalement pris au dépourvu. Aysha se retourna pour rejoindre ses camarades, encore perdu de ce qu'il venait de se passer.

  — Qu'est-ce qu'il t'a dit ? demanda aussitôt Thésée, un air inquiet qu'il ne parvenait à cacher imprimé sur son visage.

  — Il... Il a dit qu'ils n'étaient plus avec Grindelwald, répondit avec la sorcière. Il m'a proposé de me dire où se trouvait Gellert si je ne les dénonçais pas après l'avoir battu.

  Tout le monde parut surpris.

  — Et qu'as-tu dit ? la questionna Albus.

  — Je leur ai dit que je ne pouvais pas leur faire confiance.

  Aysha regarda le professeur avec intensité et reprit :

  — Je refuse de me faire avoir comme avec Jenny.

  — Et s'il disait la vérité ?

  — Non. Il mentait. Je le sais.

  — Dans ce cas, pourquoi ne pas nous avoir attaqué ?

  — Parce qu'ils pensent qu'on tombera dans leur panneau s'ils jouent leur rôle jusqu'au bout.

  — Et... continuait Albus. Comment peux-tu être sûre qu'il mentait ?

  L'Occlumens leva un sourcil.

  — Grâce à un surnom stupide que Dean me donnait. Il n'a jamais rien su de ma souffrance. Jamais il n'aurait pu m'appeler la fille aux larmes d'or. Non.

  Elle marqua une pause, un sourire se dessinant sur ses lèvres avant qu'elle ne termine :

  — Pour lui, j'étais l'Oiseau Couronné de Blé.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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