Les Animaux Fantastiques
Tome 2


Chapitre seize

  Thésée ne s'offusqua pas que la jeune femme lui pose cette question ou qu'elle semble peu ravie de le voir là, tant il était heureux de la revoir. Il n'eut pas le temps de réagir, car elle s'approcha pour lui attraper le bras et le tirer un peu plus dans le couloir. Elle lui fit ensuite signe de parler à voix basse avant de le lâcher et de demander :

  — Qu'est-ce que tu fiches ici ? Les autres sont là aussi ?

  Le sorcier mit quelques secondes à répondre :

  — Je suis désolé. Je n'ai pas réussi à convaincre les autres de ne pas venir te chercher alors que tu pouvais t'en sortir seule. Ce qui semble être le cas, car tu te ballades tranquillement sans surveillance.

  — Tu pensais vraiment que je pouvais m'en sortir ? s'étonna la jeune femme.

  — Bien sûr.

  Ils se regardèrent un instant, ne sachant pas quoi dire de plus. Cependant, ils furent sortis de leurs pensées lorsqu'ils entendirent un rire. Aysha reconnut celui de Grindelwald et s'approcha de son origine, suivie de près par Thésée. Elle vit bientôt, toujours cachée, que le mage noir et ses partisans entouraient Jacob, Queenie, Eulalie et Helena.

  — Ce n'était pas censé se passer comme ça, marmonna alors Thésée.

  Aysha ne dit rien, continuant de fixer la scène. Le Moldu avait été placé au centre et il semblait qu'ils avaient discuté, car Gellert sortait déjà sa baguette, semblant peu ravi.

  — Dommage, nous aurions pu mieux nous entendre, fit-il alors.

  Le cœur de l'Occlumens se mit à battre plus vite alors, qu'en bas, Queenie se débattait, Helena et Eulalie tentaient de défaire les sorciers les tenant et Grindelwald pointait sa baguette sur le boulanger. Avec un sourire, il la fit touner et presque aussitôt l'homme se mit à se tordre de douleur.

  Face à cette scène, Aysha eut le souffle coupé. Elle dut reculer de quelques pas pour ne plus avoir à regarder cet homme subir ce sort. Sa vision se brouillait tandis que les cris de Jacob devenaient indistincs, se rapprochant plus de ceux d'une femme.

  Lorsqu'elle retrouva son souffle, sa respiration était haletante. Elle dut trouver le mur, s'y appuyer. Ses jambes n'avaient plus la force de la porter alors que les souvenirs que ce qu'il venait de se passer avait fait ressurgir lui jouaient des tours.

  Elle ne vit pas Thésée se ruer sur elle. Il s'accroupit face à elle et la prit par les épaules. Ses lèvres bougèrent, mais Aysha n'entendit rien. C'était à peine si elle pouvait distinguer l'homme à travers ses larmes.

  Elle se souvenait alors. De la douleur. De la souffrance. Des cris qu'elle poussait. De son envie grandissante que tout cela s'arrête. Elle se souvenait de tout. C'était comme si elle le revivait.

  Une main se posa sur sa joue. Elle parvint à lever les yeux pour ce que ces derniers rencontrent ceux de l'Auror face à elle. Elle put bientôt distinguer ce qu'il disait :

  — Je suis là. Regarde-moi. Respire avec moi.

  Elle cligna des yeux, chassant les larmes qui brouillaient sa vue. Alors qu'elle voyait le sorcier prendre une profonde inspiration, elle essaya de l'imiter et, peu à peu, son cœur ralentit, sa respiration se calma et ses sens revinrent. Elle dut cependant rester assise encore un moment, se rendant compte que Jacob avait cessé de crier.

  Elle avala difficilement sa salive. Thésée était toujours devant elle, le visage tordu par l'inquiétude.

  Elle ne réfléchit pas vraiment et prit une impulsion pour attraper le sorcier et le serrer dans ses bras. D'abord surpris, Thésée répondit à son étreinte, laissant sa main droite passer sur son dos et son autre main carresser sa chevelure.

  Aysha laissa sa tête reposer contre celle de l'homme. Elle se mordit la lèvre inférieure pour ne pas se remettre à pleurer.

  Thésée resta silencieux, ne sachant quoi dire ou quoi faire. Ignorant si son cœur battait si vite uniquement pour la peur qu'il venait de ressentir. Refusant de voir encore la souffrance gagner le cœur et l'âme de la jeune femme qu'il tenait fermement dans ses bras. Non prêt à lâcher cette dernière.

  Il se souvenait de l'émotion qui était apparu dans les yeux de l'Occlumens lorsque Jacob avait reçu le sort. Il avait vu la vague d'affreux souvenirs balayer toute sa force en un instant. Il avait compris que la douleur était là, dans sa mémoire, et que le présent n'était pas sa plus grande source de souffrance.

  Ce fut Aysha qui rompit leur contact en se dégageant. Elle n'eut pas le courage de regarder l'Auror et se leva sans un mot. Elle s'appliqua à chasser toutes ses larmes, masquant tout signe pouvant montrer qu'elle avait pleuré.

  — Et Norbert ? Dumbledore ? demanda alors Aysha sans se tourner vers Thésée. Nagini ?

  — Norbert est là. J'ignore où, murmura le sorcier. Mais Albus est à Poudlard avec Nagini. Ils sont en train de faire quelque chose. Je ne sais quoi.

  — Pourquoi je m'en doutais ?

  Aysha jeta un coup d'œil au groupe de personnes avant de se tourner vers Thésée et de demander :

  — Je te laisse chercher ton frère, il faut que...

  — Pas besoin, fit une voix.

  L'Occlumens posa son regard sur quelque chose au-dessus de l'épaule de son interlocuteur qui se retourna et se retrouva face à son frère.

  — Norbert ! se réjouit-il à voix basse. Où étais-tu passé ?

  — Je faisais le tour pour trouver Tina.

  Ses joues s'empourpèrent et Aysha lui adressa un sourire avant de s'approcher de lui pour le prendre dans ses bras.

  — Heureuse de te revoir. Et ne t'en fais pas pour Tina.

  Elle le lâcha et termina :

  — Elle est en sécurité avec April et les autres en-dehors de cette endroit.

  La mention d'April surprit le magizoologiste.

  — Alors... hésita-t-il. C'est vrai ? Elle était en vie.

  Aysha leva un sourcil, son sourire s'étant effacé, et elle répondit :

  — Évidemment.

  — Il faut croire que Thésée avait raison de nous répéter que tu réussirais à revenir avec April.

  La jeune femme parut surprise et ouvrit la bouche en se tournant vers l'intéressé.

  — Tu as dit ça ?

  L'Auror ne sut pas quoi répondre alors il se contenta de hausser les épaules. Aysha sourit et lui fit un clin d'œil, amusée. Elle retrouva ensuite un air impassible, jetant un nouveau coup d'œil aux groupes de partisans qui semblaient rire.

  — Bon, reprit-elle. Ils pensent tous que je suis avec Grindelwald. Il va falloir que je garde ce rôle pour nous faire sortir d'ici. Tous. Norbert, sort d'ici et rejoint les autres. À mon avis, ils ont dû se rendre à la Tête du Sanglier. Thésée, tu seras mon prisonnier.

  Les deux frères se contentèrent d'hocher la tête, acceptant le rôle qu'ils auront à jouer. Aysha expliqua brièvement au sorcier comment sortir et il s'éloigna, adressant des paroles d'encouragement à son frère. Aysha se plaça devant Thésée et murmura :

  — Je ne suis pas censée avoir ma baguette, alors on va dire que j'ai pris la tienne après t'avoir assomé.

  — Euh...

  Le sourire de l'Occlumens l'empêcha de continuer, car il semblait comprendre ce qu'elle avait derrière la tête.

  — Si on veut rester crédible... marmonna-t-elle.

  Il n'eut pas le temps de réagir qu'il vit la jeune femme attraper quelque chose qui s'abattit sur sa tête. Il ne tarda pas à se laisser tomber sur le sol, sombrant.

  Aysha le rattrapa dans sa chute, l'allongeant sur le sol, et chuchota à son oreille, même si elle savait qu'il ne l'entendait pas :

  — J'espère que tu ne m'en veux pas.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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