Les Animaux FantastiquesTome 2
Chapitre quinze
Aysha avançait, le pas léger. Elle venait de semer Abernathy qui était normalement chargé de la surveiller. Elle ne tenait pas rigueur du fait que Grindelwald ne lui fasse pas assez confiance pour la laisser sans surveillance, car elle ferait la même chose si leurs rôles étaient inversés.
Cela faisait plusieurs fois qu'elle avait tenté de faire parler les personnes qui connaissaient suffisamment les lieux pour lui dire où étaient enfermés April, Tina et les autres. Elle avait aussi essayé un tas de couloirs sans succès.
Alors qu'elle en tentait un nouveau, elle fut surprise de repérer Grindelwald, penché vers une étendue d'un liquide qui ne semblait pas être de l'eau. Elle se fit le plus silencieuse possible et entra, pouvant alors voir ce que le mage noir observait. Elle fronça les sourcils. Dans le liquide à ses pieds, elle put voir deux jeunes hommes et les yeux verrons de l'un d'entre eux lui permit de comprendre qu'il s'agissait d'une jeune version de Gellert, et que celui qui l'accompagnait devait être Dumbledore.
Tous deux étaient en train de faire leur pacte de sang, paume contre paume, se promettant de ne jamais s'opposer l'un à l'autre.
Aysha s'approcha davantage sans vraiment le remarquer, ce qui n'était pas le cas de Grindelwald qui la sortit de ses pensées en marmonnant :
— J'aurais dû me douter qu'Abernathy ne serait pas assez fort pour te garder à l'œil tout le temps.
— Je n'aime pas être surveillée, répondit alors la sorcière, ne semblant pas se formaliser de son propre manque de discrétion.
— Je suppose que tu sais ce que tu as vu.
— Évidemment.
Ils restèrent tous deux silencieux et Gellert ne tarda pas à se lever pour s'approcher de la jeune femme et se poster devant elle, lui accordant un sourire.
— Le fait que tu ne te sois pas enfuie alors que tu en avais la possibilité me prouve une nouvelle fois que tu es sincère.
— Sûrement.
— Je crois ne pas me tromper en disant que tu commences à t'impatienter ?
L'Occlumens ne répondit pas. Mais elle ne put mentir :
— Oui.
— Ça viendra. Je sais que tu meurs d'envie de te venger de notre cher Dumbledore. Et je te laisserai tout le loisir de t'occuper de lui.
— Ce n'est pas comme si vous pouviez le faire de toute manière.
Aysha se mordit la lèvre, se rendant compte de ce qu'elle venait de dire, alors que le mage noir ferma un instant les yeux.
— Développe ta pensée, lui intima-t-il alors, sur un ton calme.
— Le pacte de sang n'était pas le seul à vous empêcher de vous opposer. Même une fois détruit, vous ne pouvez pas vous résoudre à vous battre contre Dumbledore, car vous l'aimez encore.
Un sourire crispé étire les lèvres de l'homme tandis qu'il grommelait :
— L'amour est du poison dont l'antidote n'est pas fiable.
— Il n'y a comme antidote que le temps, répondit la Métamorphomage sans réfléchir.
Alors qu'elle pivotait sur ses talons, le sorcier lui posa une autre question :
— Qui aimes-tu, Aysha ?
Elle s'immobilisa. Ses pensées tourbillonèrent un moment dans son esprit, avant qu'elle ne tourne la tête vers le mage noir et, dans un sourire, murmure :
— Personne.
Le sorcier parut surpris.
— Je ne m'attendais pas à une telle réponse, mais je ne peux que te croire.
— Ah oui ?
— Tu as aimé le jus de citrouille ?
La sorcière se tourna complètement vers lui, semblant comprendre peu à peu le stratagème mis en place par le sorcier.
— Du Veritaserum ? l'interrogea-t-elle, alors.
— C'est cela. Je pensais réellement que tu aimais ce Dragonneau. Thésée, je veux dire.
Aysha avala sa salive.
— L'emploi du passé est probablement correct.
Elle ne laissa pas le temps au mage de répondre quoi que ce soit et fit volte-face. Alors qu'elle sortait de la pièce, une larme roula sur sa joue, sans qu'elle n'en sache réellement la raison.
Elle traversa encore plusieurs couloirs avant d'arriver devant son ancienne cellule. Graves ne s'y trouvait plus, car il avait été déplacé. Aysha avait entendu dire qu'il se trouvait avec April. Mais elle ignorait toujours où était cachée cette dernière.
— Tu regrettes ta chambre ? fit soudainement une voix.
Elle n'eut pas de mal à la reconnaître. Elle fut ravie qu'il ne s'agisse ni d'Emy, ni d'aucun de ses tuteurs. Ces derniers semblaient prendre soin de l'éviter à sa plus grande joie.
Lorsqu'elle se retourna, c'était en face de Dean qu'elle se retrouva.
— Je réfléchis, c'est tout.
Le sorcier ne dit rien. Aysha ne comprenait toujours pas pourquoi ce dernier avait rejoint Grindelwald. Il ne faisait pas grand chose pour le mage noir et ne semblait pas non plus très motivé par ce qu'il faisait.
— J'ai entendu dire que tu avais donné à Grindelwald toutes les informations concernant le Qilin et comment il pouvait procéder pour que tous assistent au moment où ce dernier s'abaissera devant lui. Est-ce vrai ?
— Oui.
Aysha soupçonnait alors Grindelwald d'avoir révélé à certains de ses partisans qu'elle avait bu du Veritaserum afin qu'ils viennent lui demander ce qu'ils souhaitaient. Mais elle n'en tint pas rigueur et n'ajouta rien.
— Je ne m'attendais pas à cela, je dois l'avouer.
— À quoi t'attendais-tu ?
— Pas à ce que tu trahisses tes amis.
Aysha aurait voulu répliquer quelque chose, mais les mots refusaient de sortir. Alors elle secoua la tête et tenta autre chose :
— Tu as fait la même chose.
Dean secoua la tête avant de murmurer :
— Aucun d'entre vous n'étiez vraiment mes amis. Peut-être un peu toi. Mais c'est tout. April et moi nous sommes brouillés il y a un moment. Helena, je ne lui ai jamais adressé la parole. Pareil pour les Dragonneau ou les nouveaux venus.
— Alors, tu m'as trahie moi.
— Parce que tu me considères comme un ami ?
— Non.
Peu importe si cela était un effet du Veritaserum ou non, Aysha était déterminée à mettre au clair sa relation avec le jeune homme.
— Peut-être, que maintenant, nous pouvons l'être ? proposa alors Dean.
— Je n'ai pas envie de devenir ami avec l'homme qui va épouser Emy.
Il sembla surpris.
— Je suis au courant, idiot.
La réplique lui coûta une moue, mais il ne fit aucun commentaire.
— Rejoins-la, d'ailleurs, reprit la sorcière. Je suis sûre qu'elle te cherche et qu'elle n'apprécierait pas que tu sois avec moi.
Il hésita un instant et commença à s'éloigner. Mais il s'arrêta bientôt et revint sur ses pas. Il attrapa le bras de la jeune femme et murmura :
— Prends la porte cachée derrière le grand mur de pierre près du bureau de Grindelwald. Tes amis sont enfermés dans les cellules de ce couloir.
Il ne laissa pas le temps à la sorcière qu'il sortait déjà. Aysha était surprise. Pourquoi lui avait-il dit cela ? Pourquoi venait-il de trahir la confiance de Grindelwald ? Elle songea un instant à le dénoncer, mais elle se rappela alors ce qu'il venait de lui dire.
Elle savait où ils se trouvaient tous. Elle remit ses pensées en place et sortit du couloir où elle était, prenant un air parfaitement normal et impassible. Elle croisa Vinda qui lui lança un regard suspicieux, mais elle se contenta de lui sourire.
Elle fut soulagée de constater que personne ne se trouvait à l'emplacement que lui avait décrit Dean et se mit à prier pour qu'il ne lui ai pas menti.
En arrivant devant la porte, elle tenta de l'ouvrir, mais elle était verrouillée. N'ayant pas sa baguette, elle revint sur ses pas et passa près d'Abernathy qui semblait l'avoir retrouvée. Il parut soulagé, mais il se retrouva bientôt inconscient lorsque la sorcière lui asséna un coup violent. Elle lui prit sa baguette et remarqua qu'il avait aussi la sienne. Un sourire étirant sur les lèvres, elle la récupéra et tenta d'aller ouvrir la porte avant que quelqu'un n'arrive. Mais là-encore, elle resta verrouillée.
Elle donna alors un violent coup de pied et elle ne résista pas.
Ne voulant pas risquer qu'on le voit, elle tira Abernathy dans le couloir, fermant la porte derrière lui, et le laissa là, tandis qu'elle avançait. Son cœur battait la chamade, car elle s'avait ce qui s'approchait de plus un plus.
Elle s'arrêta devant chaque cellule. Ce ne fut que lorsqu'elle arriva dans le milieu du couloir qu'elle en trouva une occupée. La lumière émanant de sa baguette attira l'attention des prisonniers et elle put reconnaître Tina, Achilles et Kama. Tina se leva en vitesse, titubant pour venir face à elle.
— Aysha, soupira-t-elle en la reconnaissant.
L'Occlumens lui sourit.
— Traîtresse, grommela Kama.
— Si vous voulez que je vous laisse là, très bien, railla l'Occlumens en lui lançant un regard noir.
— C'est quoi toute cette histoire, Aysha ? demanda alors Tina qui avait l'air paniqué. Est-ce que les autres sont là ? Est-ce que tu sais s'ils vont bien ?
Aysha comprit le sous-entendu de sa question et elle sourit en répondant :
— Vous êtes les seuls à avoir été attrapés. Et bientôt, vous pourrez les rejoindre.
La Métamorphomage fit reculer la sorcière avant de faire exploser le verrou. Tina fut la première à sortir et ne put s'empêcher de prendre la jeune femme dans ses bras, ce qui surprit cette dernière. Elle lui rendit cependant son étreinte et, lorsqu'elles se détachèrent, l'Occlumens s'adressa à tout le monde :
— Il faut encore que nous allions chercher quelques personnes. Puis vous devrez filer, pendant que je m'occupe du reste.
— Tu restes ici ? s'inquiéta Tina.
Aysha ne lui répondit pas, se mettant déjà à avancer dans le couloir. Les trois anciens prisonniers mirent quelques secondes avant de se décider à la suivre. Aysha espérait de tout cœur qu'April se trouve aussi ici et qu'elle n'avait pas été enfermée ailleurs.
— Qui cherchons-nous ? demanda alors Tina qui avait rattrapé son amie.
Là-encore, elle ne lui apporta pas de réponse, trop occupée à chercher dans les cellules restant ne serait-ce qu'un signe de vie.
Ce qui fut le cas.
Lorsqu'elle atteignit la dernière cellule, la lumière de sa baguette lui dévoila d'abord le visage de Graves, allongé sur le sol.
— Mr Graves ? s'étonna Tina.
Il eut une faible réaction en reconnaissant la jeune femme.
Aysha, elle, dirigeait sa baguette vers le verrou, le fit exploser, et n'attendit pas avant d'entrer dans la cellule, se dirigeant vers l'un des coins. La lumière ne tarda pas à dévoiler le visage de la jeune femme qui partageait la cellule de Graves. Celui-ci était sale, blessé, mais Aysha n'eut aucun mal à la reconnaître et c'était réciproque.
Comme si elles étaient connectées, elles se mirent à sourire toutes les deux avant de se prendre dans les bras. Aysha passa une main dans les cheveux bruns de son amie qui avaient poussé depuis qu'elle l'avait vue la dernière fois. Elle poussa un soupir de soulagement, sentant des larmes emplire ses yeux.
— Je savais... fit la voix faible d'April. Je savais que tu saurais.
Aysha ne put que sourire, serrant davantage sa meilleure amie.
— Tu m'avais promis, murmura l'Occlumens. Et tu tiens toujours tes promesses.
Tout le monde autour d'elles semblait surpris. Tina ne put qu'ouvrir la bouche en grand, des larmes brouillant sa vue, son cœur se serrant. April se tenait bien devant elle. Aysha avait raison.
Lorsque les deux jeunes femmes se détachèrent, elles mirent chacune leurs mains sur les épaules de l'autre et se regardèrent longuement en se souriant.
— Je savais que tu viendrais me chercher, finit par dire April. C'est digne de toi.
Aysha se contenta d'élargir son sourire.
— Que s'est-il passé ? demanda alors Tina.
April se détacha de l'Occlumens pour se tourner vers la jeune femme et lui adressa un sourire avant de répondre :
— Lors de l'attaque dans la forêt, on m'a assommée. Alors, autant dire que je ne pourrais pas donner plus d'explication que ce que vous savez déjà.
— Une partisante s'est sacrifiée. Elle a pris l'apparence d'April et s'est fait passé pour elle. Grindelwald l'a tuée. Il voulait nous faire croire qu'April était morte pour l'avoir dans ses rangs.
— Mais jamais je n'accepterai une telle chose, reprit la sorcière. Même s'il s'agit de mon père par adoption illégale, je ne le considère pas comme tel depuis qu'il a tué mon frère.
— Ah... soupira Aysha. Les relations familiales...
Les deux jeunes femmes s'adressèrent un sourire, plus heureuses de se retrouver qu'elles ne semblaient vouloir se le dire. Un bruit sourd les ramena à la réalité et Aysha fit signe à Kama de prendre Graves et de s'approcher avec Tolliver.
— Il faut que vous partiez. Vous pourrez passer par derrière. Personne ne surveillera. Vous attendrez juste quelques minutes après mon départ pour sortir.
— Tu ne viens pas avec nous ? demanda alors April.
— J'ai encore des choses à faire.
— Je ne veux pas être séparée de toi encore une fois.
— C'est le seul moyen. Emmenez Graves avec vous. Il faut que j'aille chercher Abernathy.
— Et Croyance ? demanda alors Tina.
— On s'occupera de lui plus tard.
Aysha ne leur laissa pas le temps de répliquer quoi que ce soit. Elle se rua hors de la cellule et traversa le couloir en un temps record. Elle rendit la baguette d'Abernathy à son propriétaire et le tira dehors avant que celui-ci ne s'éveille. Mais elle se rendit rapidement compte que quelque chose clochait.
Il y avait beaucoup trop d'agitation. Et personne d'autres que l'homme inconscient et elle dans les parages.
Le faisant léviter pour le déposer sur le bureau de Grindelwald et verrouiller la porte, elle prit la première direction possible. Elle entendit bientôt que l'agitation s'intensifiait au fur et à mesure qu'elle s'approchait. Et alors qu'elle allait sortir du couloir, un homme débarqua devant elle, la faisant stopper net.
Ils restèrent immobiles longuement, se regardant fixement. Finalement, Aysha fut la première à parler :
— Thésée ?
Celui-ci se contenta de sourire, trop heureux de la voir pour dire quoi que ce soit. Il ne s'attendait cependant pas à ce que la jeune femme lui demande alors :
— Mais qu'est-ce que tu fiches là ?!