Les Animaux FantastiquesTome 3
Chapitre quatre
Cela faisait déjà des jours que le groupe d'amis avait mis un pied sur le continent américain, peu de temps après l'avoir quitté une première fois. Ce n'était qu'en ce matin ensoleillé qu'ils arrivaient enfin en Arizona, et plus précisément à Phoenix où Dumbledore espérait trouver cette fameuse personne qui pourrait l'aider à sauver Croyance.
Nagini avait été tenue de rester en Angleterre et Kama avait de nouveau accepté de la surveiller. Croyance avait donc été déçu de devoir la quitter de nouveau, mais il était vrai qu'il sentait peu à peu ses forces le quitter.
Norbert marchait près de Tina, alors que Thésée semblait être prêt à dégainer sa baguette au moindre bruit suspect. Les sœurs Wilson avançaient derrière eux, ayant placé April entre elles. Albus et Abelforth encadraient le jeune Croyance et s'assuraient régulièrement qu'il allait bien. Il était vrai que son état s'était aggravé à un point où il ne pouvait plus faire énormément d'efforts sans s'épuiser. Tous savaient que l'Obscurus en lui gagnait peu à peu et qu'il finirait par le tuer.
— On est d'accord que cette quête est vaine ? fit alors April d'une voix suffisamment basse pour que seules ses voisines l'entendent.
— La quête de Dumbledore, oui, répondit alors Helena. Mais ça ne représente qu'une nouvelle tentative de trouver Grindelwald. Nous n'avons pas grand chose à perdre.
Croyance manqua une marche et s'écroula sur le sol. Abelforth se baissa en vitesse, visiblement inquiet et Tina se précipita sur le jeune homme elle aussi. Leurs yeux se croisèrent alors qu'il peinait à se relever et la jeune femme s'adressa à Albus :
— Il faut faire une pause. On peut trouver un endroit où passer le reste de la journée et la nuit et repartir demain.
— Nous sommes presque arrivés, Mlle Goldstein, répondit le professeur.
— Il ne peut pas continuer, soutint la sorcière. Le voyage a déjà été suffisamment éprouvant pour lui. Il faut le ménager un maximum, surtout si vous voulez lui donner une chance de guérir.
Helena s'approcha à son tour, intriguée, alors qu'April commentait :
— Norbert n'avait pas réussi à extraire l'Obscurus du jeune fille de neuf ans ?
Le magizoologiste parut surpris et mal à l'aise alors qu'il répondait :
— Mais, elle est morte...
Un silence s'installa pendant quelques secondes avant que Thésée n'intervienne :
— Ne blâmons personne. Dumbledore, nous allons nous arrêter là pour l'instant. Je vais aller trouver un endroit où nous pourrons passer la nuit. Je reviens au plus vite.
Et sans laisser le temps à quiconque de répondre, il pivota sur ses talons et s'éloigna, Norbert décidant de le suivre. Tina et Abelforth aidèrent Croyance à venir s'asseoir sur un banc, tandis qu'April lançait un regard noir à un passant qui les dévisageait.
— Il habite dans la prochaine rue, fit alors Albus. Mon ami. Je peux aller le trouver, pendant que vous restez ici.
— Il est hors de question que vous partiez seul, intervint alors Helena.
— Je vais y aller avec lui, proposa alors Aysha qui était restée silencieuse depuis leur arrivée dans la ville. Je veux voir qui est cette personne qu'Albus pense capable de sauver Croyance.
Le professeur lui adressa un sourire, mais elle l'ignora et s'approcha de lui avant de marmonner :
— Par où ?
Sa sœur n'eut pas le temps de réagir que déjà elle suivait les indications d'Albus.
— Je ne sais pas pourquoi, j'ai un mauvais pressentiment, fit alors April en allant s'asseoir près de Croyance. Cette histoire d'Arizona, ça me parait si louche.
— Dans quel sens ? demanda l'aînée des Wilson en s'approchant.
— Personne n'a jamais su comment sauver les Obscurial. Pourquoi subitement y aurait-il quelqu'un - qui plus est, une connaissance d'Albus Dumbledore - qui serait capable de le faire et qui logerait en Arizona ? Si cela était possible, on le saurait, non ?
— Ce qui me paraît surtout louche, c'est que vous avez tous pu nous accompagner, commenta Abelforth. Ce que je ne regrette pas. Je suis plus rassuré en votre présence. Il est juste étonnant de voir que le Ministère a envoyé autant de monde pour nous escorter.
Les trois Aurors s'échangèrent un regard, mais ne répondirent pas, se retenant de sourire.
— Albus Dumbledore est une personne importante, fit alors Helena. Il me semble évident que d'importantes mesures soient prises pour assurer sa protection.
Abelforth se contenta de sourire, ne sachant pas quoi dire.
***
Aysha venait de frapper à la porte que son ancien professeur lui avait indiquée. Il n'avait pas fallu longtemps pour que cette dernière s'ouvre sur un vieil homme aux lunettes de travers. Il dévisagea longuement Aysha avant de se tourner vers le professeur qu'il reconnut immédiatement :
— Albus ! Quel honneur de te voir après toutes ces années !
— Plaisir partagé, Harold. Comment vas-tu ?
— Je voudrais bien te répondre que je vais bien, mais je viens d'apprendre une triste nouvelle. Mais, ne restez pas dehors ! Entrez ! Et il faut que tu me présentes cette charmante jeune femme qui t'accompagne.
Sans trop discuter, ils s'exécutèrent, entrant dans un long couloir dont les murs étaient parsemés de portraits de personnes.
— Harold, reprit alors Albus alors qu'ils s'asseyaient à la table d'une salle à manger bien décoré, je te présente Aysha Wilson. Une ancienne de mes élèves.
— Eh bien, enchanté, Aysha Wilson. Je suis Harold Opkig !
L'Occlumens ne put que sourire et le dénommé Harold se tourna vers son vieil ami, reprenant un air triste, et murmurant :
— As-tu eu vent des dernières nouvelles ?
— Desquelles parles-tu ?
— Tu sais, William et sa fille, Manuela, avaient déménagé. Eh bien, figure-toi qu'ils ont été retrouvés morts à leur nouveau domicile, il y a deux jours. Un message avait été déposé : À mort les opposants de Grindelwald. Un coup de ses partisans probablement.
Aysha ouvrit des grands yeux, ne ressentant absolument rien face à l'annonce du décès des deux personnes les ayant accueillis il y a quelques temps.
— Où ça ? demanda-t-elle alors subitement.
— Eh bien, ici, dans la ville. Les autorités disent qu'on a rien à craindre. Je les crois.
— C'est idiot. Les autorités sont des Moldus, ils ne doivent donc rien savoir de ce qui se trame sous leur nez. Ils ignorent tout de notre propre combat.
— Peut-être, mais je n'ai personnellement rien à craindre, rétorqua l'homme. Je ne suis pas un opposant de Grindelwald. Je n'ai jamais rien fait contre lui. Il ne doit même pas savoir qui je suis.
— Le simple fait de nous avoir laisser entrer fait de vous un opposant de Grindelwald. Et si ce que vous dites est vrai, des partisans rôdent par ici et il y a de grandes chances qu'ils l'aient vu.
— Je sais me défendre.
— Vous ne viendrez pas dire qu'on ne vous aura pas prévenu.
Harold lui lança un regard noir avant de se tourner vers Dumbledore et de demander :
— Qu'est-ce qui t'amène au fait ?
Aysha les laissa parler, allant faire le tour de la pièce. Cette dernière était charmante, bien que mal rangée. Sans se plier à de quelconques règles de politesse, l'Occlumens passa sa main sur le verre à travers lequel elle pouvait voir la vaisselle qui était rangée. Mais lorsqu'elle regarda un peu mieux l'intérieur du buffet, elle aperçut un étrange symbole qui ne lui était pas inconnu : Un triangle, coupé en deux par un trait, dans lequel se trouvait un cercle. Elle en connaissait suffisamment pour savoir ce que signifiait ce symbole et, surtout, qui l'utilisait. Ne sachant pas si cela concernait Albus Dumbledore ou Gellert Grindelwald, Aysha se contenta de serrer sa baguette, cachée dans sa manche et continua son tour, essayant de trouver le moindre signe suspect.
— Quand le pacte a été détruit...
La voix d'Harold parvint à ses oreilles et elle revint vers eux, s'adressant à son ancien professeur :
— Avez-vous mentionné le pacte de sang à votre ami ?
— Non, répondit immédiatement Albus qui fronçait les sourcils.
— C'est quelque chose qui a été gardé secret, reprit la jeune femme. Même les médias ne sont pas au courant. Les rares qui ont connaissance de cela sont dignes de confiance pour ne pas répandre la nouvelle ou... sont des partisans de Gellert Grindelwald.
Aysha avait tourné la tête vers l'hôte et avait bien vu la lueur étrange briller dans ses yeux lorsqu'elle avait mentionné Gellert Grindelwald. Elle se posta complètement face à lui et continua sur un ton dur, prête à dégainer sa baguette :
— Quand vous disiez ne rien avoir à craindre, car vous n'étiez pas un opposant de Grindelwald, c'était parce que vous étiez l'un de ses partisans.
Harold se contenta de sourire avant de répondre d'une voix grinçante :
— Je comprends pourquoi Grindelwald tenait tant à vous voir nous rejoindre. Vous êtes brillante.
— Et ça ne fait pas seulement partie de mes caractéristiques.
À peine eut-elle dit cela qu'elle avait sorti sa baguette et l'homme tomba sur le sol, totalement figé, son sourire moqueur toujours sur les lèvres, bien que ses yeux laissaient à présent transparaître sa peur. Aysha se baissa pour lui souffler à l'oreille :
— Je suis aussi assez douée en magie.
— Aysha, fit alors Dumbledore. Il faut qu'on s'en aille.
— Attendez.
Se redressant, Aysha fit léviter le corps jusqu'au canapé de la pièce voisine. Et dans un souffle, elle murmura :
—Oubliettes. Finite Incantatem.
L'homme retrouva la liberté de ses mouvements et se redressa. Il regarda autour de lui avant de poser ses yeux sur l'Occlumens.
— Qui êtes-vous ?
— Une amie de votre fille.
— Ma fille ? J'ai une fille ?
— Je suis médecin et vous souffrez d'amnésie suite à une chute dans vos escaliers. Violente. Nous avons pu intervenir assez rapidement et nous espérons que vous recouvriez vos souvenirs rapidement. En attendant, reposez-vous, Mr Opkig.
Le vieil homme sembla se satisfaire de ces paroles, car il se rallongea et ferma les yeux. En silence cette fois, Aysha lui lança le sortilège de faux souvenirs. Ainsi, Harold Opkig aurait une fille partie vivre en Australie qu'il ne devait pas recontacter pour des raisons de sécurité dont il ne se souvenait plus.
Le laissant ainsi, elle rejoignit Albus qui l'attendait près de la porte d'entrée, semblant surveiller l'extérieur et ils sortirent sans attendre plus, le pas rapide. Ils rejoignirent rapidement l'endroit où ils avaient laissé leurs camarades et découvrirent que Thésée et Norbert étaient de retour, mais qu'Abelforth, Croyance et Tina avaient disparu. À peine les vit-il revenir que l'aîné des Dragonneau vint vers eux s'exclamant :
— Qu'est-ce qui vous a pris de partir comme ça ?!
— Calme-toi, Thésée, intervint alors Aysha alors qu'il fixait Dumbledore.
Il se tourna vers elle et elle aurait pu juré voir du soulagement dans ses yeux.
— Ça aurait pu être un piège, reprit le sorcier.
— Ça en était un, répondit l'Occlumens d'un air impassible.
Thésée ouvrit davantage les yeux.
— Aysha s'en est chargée, fit alors le professeur. Je suis désolé, Thésée. C'est de ma faute. Sans Aysha, je ne serais pas revenu.
Le jeune homme ne savait plus quoi dire, son regard se posant alternivement sur Albus et Aysha. Ce fut donc Norbert qui les interrompit :
— Ce n'est pas la peine de nous disputer pour ça. C'est fait maintenant. Rejoignons Tina et les autres à l'auberge que nous avons trouvée.
— C'est dommage, n'empêche, commenta l'Occlumens alors que sa sœur et April arrivaient à leur tour. On aurait pu lui soutirer des informations sur Grindelwald.
— Il y a de grandes chances que nous tombions sur un autre de ses partisans dans quelques temps, lui fit remarquer Albus. Pour lui, c'était nécessaire. Je n'arrive toujours pas à croire qu'Harold ait pu faire une telle chose.
— J'avais espéré que ce qu'il s'est passé avec Jenny avait été une leçon suffisante pour tout le monde, marmonna la jeune femme. On ne peut plus faire confiance à personne. Ce serait trop dangereux. Il faut toujours que l'on parle en considérant que les murs ont des oreilles. Rien n'est moins sûr que notre avenir à présent.
— Jacob et Queenie sont en sécurité en Angleterre, vous pensez ? s'inquiéta soudainement Norbert.
— Je suis sûre qu'ils le sont plus que nous, le rassura son frère. Kama veille sur eux autant que sur Nagini et le Ministère est informé qu'ils risquent gros.
— Ce qui n'était pas le cas pour Manuela et son père, vu qu'ils sont morts, fit Aysha sur un ton nonchalant.
— Ils... sont... morts ? balbutia le magizoologiste.
— Oui, répondit Albus, l'air triste. Leurs corps ont été retrouvés à leur domicile il y a quelques jours. Tués par des partisans de Grindelwald. Par Harold peut-être même.
April lança un regard compatissant au professeur alors qu'Helena posait une main sur son épaule. Sans un mot de plus, ils prirent la direction de la fameuse auberge où ils purent se poser à une table. Albus rejoignit son frère et Croyance, tandis que Tina était redescendue et venait à leur rencontre, embrassant Norbert. April alla au bar, suivie de près par Aysha.
— Salut !
L'un des barmans se tourna vers elle et la dévisagea un instant avant de venir à sa rencontre.
— Vous servez quoi ici ? demanda-t-elle alors.
L'homme sourit, visiblement amusé. Aysha avait vu que la carte où tout ce qu'ils proposaient était affichée au-dessus, mais le barman ne s'en formalisa pas et récita tout sans rien oublier. Semblant avoir faim, April commanda pour tout le monde la même chose et revint s'asseoir avec les autres. Aysha resta cependant devant le bar et l'homme cessa de regarder April s'éloigner pour poser ses yeux sur elle.
— Que puis-je faire pour vous ?
— Je vous ai déjà vu, non ?
L'homme réfléchit un instant et quelque chose dans son regard changea, tandis qu'il semblait réaliser quelque chose.
— Vous étiez à...
Sa voix devint un murmure alors qu'il vérifiait que personne ne l'écoutait, bien que les Moldus ne devaient absolument rien trouver d'intéressant à leur discussion.
— Ilvermorny ?
— Oui. Pendant un an.
— Aysha Wilson... marmonna-t-il, l'air pensif. Je me souviens de vous. Nous étions dans la même maison et dans la même année.
— Et vous, vous étiez le seul élève de la classe à avoir tué un Épouvantard en éclatant de rire après que l'une de nos camarades aient changé un immense clown en tarte à la crème qui s'écrasait sur la tête du professeur.
L'homme sourit, amusé par ce souvenir.
— Je suis Adam Grey, au fait. Enchanté.
Aysha se contenta de lui adresser un sourire avant de le saluer et de retourner à la table où ses camarades étaient assis et discutaient.
— Tu le connaissais ? demanda alors Helena qui l'avait vue disctuter.
- Un ancien camarade de classe.
Helena hocha simplement la tête, son attention étant bientôt redirigée.
— HÉ ! RENDS-MOI ÇA !
Tous les regards se posèrent sur April qui venait de crier alors que Thésée s'amusait à lui rendre inaccessible ce qui ressemblait à une plume.
— Je l'ai trouvée devant la porte ! C'est ma trouvaille !
Thésée explosa de rire en la lui tendant.
— Tu parles d'un trésor, se moqua-t-il avec un clin d'œil malicieux.
— C'est un véritable trésor ! renchérit la jeune femme. Je m'en sers pour réveiller les gens qui dorment.
Thésée rit de nouveau alors qu'Helena murmurait :
— De vrais gamins.
Et Aysha sourit, son regard ne pouvant quitter le visage du chef du bureau des Aurors. Sa sœur le remarqua et dû se retenir de faire un commentaire alors qu'un sourire ravi se dessinait sur ses lèvres.
