Les Animaux FantastiquesTome 1
Chapitre premier
Combien de jours s'étaient écoulés depuis cette fameuse nuit qui les avait marqués à jamais ? Cette nuit où une part d'eux-mêmes était morte en même temps que Leta Lestrange, où un morceau de leur âme les avait quittés, suivant Croyance Bellebosse et Queenie Goldstein.
La mort est fourbe. La perte est un trou béant que crée le départ d'une personne. Un trou si difficile à combler, à réparer, à oublier. Et, bien qu'ils fussent profondément ébranlés par ces départs, ils ne devaient aucunement en oublier leur principale mission : détruire le pacte de sang unissant Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald.
***
Norbert Dragonneau était assis à l'endroit exact où se trouvait autrefois Franck, l'Oiseau-Tonnerre qu'il avait relâché aux États-Unis. Le magizoologiste était plongé dans ses pensées et rien ne semblait pouvoir l'en sortir. Peut-être aurait-il préféré, cependant, être tiré de ces dernières qui ne semblaient que vouloir lui montrer les souvenirs de cette affreuse nuit qui avait, à jamais, marqué le sorcier.
Son souhait sembla être exaucé, car un bruit sourd lui permit de revenir soudainement à la réalité. Ne sachant aucunement de quoi il s'agissait, il se leva et se précipita hors de sa valise – car c'était bien à l'intérieur qu'il se trouvait. À peine eut-il passé sa tête dans sa chambre qu'il reconnut l'homme aux cheveux châtains qui se tenait devant lui et ayant sûrement provoqué ce bruit. Il s'agissait de Thésée Dragonneau, son frère aîné qui travaillait au Ministère de la Magie en tant qu'Auror. Ce dernier avait le visage cerné et ses yeux témoignaient d'une peine qu'il ne parvenait pas à masquer.
— Thésée ! s'exclama Norbert, sans préambule tant il était surpris de le voir dans sa chambre.
Un faible sourire apparut subrepticement sur le visage de l'homme face à lui avant de s'effacer. Il prit alors la parole, d'une voix faible :
— Dumbledore nous demande dans son bureau.
La seule réponse qu'il obtint fut le haussement d'épaules de son frère cadet. Il s'installa alors un silence pesant qu'aucun des deux frères n'osa briser. Finalement, le magizoologiste se baissa pour fermer sa valise et invita Thésée à le suivre.
Ils sortirent de la chambre sans un mot de plus, avançant silencieusement dans l'école de sorcellerie Poudlard. Il leur fallut quelques minutes pour arriver devant le bureau du professeur de métamorphose, Albus Dumbledore. Thésée frappa à la porte et une voix qui leur était familière les invita à entrer sans demander de qui il s'agissait. Lentement, l'Auror baissa la poignée et il s'exécuta, suivi de Norbert.
La pièce dans laquelle ils entrèrent ne contenait qu'un bureau encombré de parchemins et de toute sorte d'objets dont ils ignoraient la fonction. Dans un coin, Jacob Kowalski et Tina Goldstein avaient le regard vide et le visage tiré aussi bien par le manque de sommeil que par la tristesse – euphémisme de ce qu'ils pouvaient bien ressentir.
Le regard de Norbert se posa sur les quatre personnes qui se tenaient au centre de la pièce : trois femmes et un homme. Les deux plus âgées étaient sœurs et semblaient discuter de leur travail. Les deux autres étaient plongés dans leurs pensées. Le magizoologiste les avait reconnus.
— Nous vous attendions, leur fit remarquer le professeur qui se trouvait assis à son bureau. Je vois que vous n'avez pas oublié vos camarades de Poudlard, Norbert.
Albus adressa un sourire à son ancien élève, tout en se levant pour s'approcher de lui. Il rompit rapidement le silence qui s'était installé en expliquant :
— Pour ceux qui ne les connaissent pas ou de trop loin, je vous présente Helena et Emy Wilson, Dean Hupfull et April Will. Ils furent mes élèves, tout comme Norbert et Thésée, et ils sont actuellement Aurors.
Il s'arrêta, la dénommée Helena – aînée des deux sœurs – ayant attiré son attention. Il lui laissa donc la parole :
— En premier lieu, je suis ravie de vous rencontrer et vraiment navrée pour ce qu'il vous est arrivé récemment. Aucun mot ne sera suffisant pour vous aider en cette période, mais je vous assure que vous avez mon soutien, bien qu'il puisse ne pas vous importer du tout et je le comprendrais.
Son regard s'était attardé sur Thésée, mais ce dernier ne l'avait pas remarqué, trop occupé à fixer ses propres pieds.
— J'imagine que le Professeur Dumbledore en aurait parlé, mais nous sommes là pour vous aider dans votre mission. Vous le savez sûrement, surtout vous, Monsieur Thésée Dragonneau, en tant que chef du bureau des Aurors, mais la majorité des Ministères de la Magie dans le monde ont été mobilisés pour rechercher le mage noir. Les sécurités et les entraînements ont été fortement renforcés, vous vous en doutez.
— En effet, approuva Albus Dumbledore après qu'elle se fut tue. Gellert Grindelwald est la principale cible des Aurors. Le Ministre de la Magie me fait confiance pour former une équipe qui pourra être à la hauteur. Nous n'avons pas beaucoup de pistes si ce n'est celle que nous avions en Autriche, mais elle s'est révélée être fausse. J'ai cependant été informé que des traces du mage noir auraient été trouvées au Brésil, sans plus de détails. Malheureusement, je ne peux vous accompagner, car je ne peux manquer trop de cours ici et que je dois concentrer mes recherches sur la manière dont je pourrais détruire le pacte de sang. C'est pourquoi je les ai convoqués. J'espérais cependant qu'une autre personne réponde à mon appel.
Le professeur posa son regard sur le magizoologiste qui fronça les sourcils. Il sembla cependant comprendre de qui il s'agissait lorsque le professeur s'approcha de lui et déclara :
— Norbert, vous êtes le seul à pouvoir convaincre Aysha de nous rejoindre. Ses sœurs, April et moi n'avons pu la pousser à accepter, mais elle serait vraiment d'une grande aide pour nous. Et puis, je pense que cela lui ferait du bien. Vous avez toujours été celui qu'elle écoutait le plus lorsqu'il s'agissait d'aventures – bien que les vôtres concernaient généralement vos animaux.
— Je… Je ne sais pas… balbutia le magizoologiste. Notre dernière rencontre remonte à un moment et elle ne s'est pas bien passée. Je n'ai plus eu aucun contact avec elle depuis… des années, déjà.
— N'a-t-elle pourtant pas essayé de reprendre contact avec vous ?
Norbert baissa la tête, conscient qu'il était principalement en cause dans cette séparation avec Aysha Wilson. Cette dernière avait été celle qu'il considérait comme sa sœur depuis leur cinquième année à Poudlard, liés par une passion commune : les animaux fantastiques. Cependant, une violente dispute entre Aysha et Leta – dont il avait été spectateur – les avait poussés à prendre leur distance et ils ne s'étaient plus jamais revus.
— Je doute pouvoir la faire changer d'avis… marmonna le sorcier. Elle a toujours eu un fort caractère, il faut l'admettre, et-
— Si elle a refusé de nous rejoindre, c'est uniquement car elle savait que tu serais là, le coupa la dénommée April qui, alors qu'ils étaient élèves de la même maison – Poufsouffle –, ne lui avait autrefois adressé la parole que par nécessité. Or, elle sait que tu lui en veux et ne souhaite pas t'imposer sa présence.
— Je ne lui en veux pas… Il est vrai que nous avons eu quelques désaccords au sujet de Leta, mais cela ne représente plus rien pour moi.
— Ça, elle ne le sait pas. Écoute, Norbert, elle vient tout juste de sortir de Ste Mangouste après avoir été internée pendant six mois en psychiatrie. Ce n'est pas anodin. Nous avons besoin d'elle autant qu'elle a besoin de nous. Et le simple fait de savoir que tu ne lui en veux pas pourrait vraiment l'aider.
Un silence suivit cette annonce. La femme fixait le magizoologiste avec intensité, alors que la mention de Leta avait troublé beaucoup de personnes dans la pièce. Ne se souciant pas des regards attristés des autres occupants du bureau, April s'approcha du sorcier et chuchota :
— Je sais que nous n'avons jamais été proches, mais nous sommes tous les deux attachés à une personne qui a besoin de notre aide tout autant qu'elle pourrait nous en apporter. Nul ne sait à quel point elle a pu souffrir, mais, je t'en supplie, libère-la de sa culpabilité quant à t'avoir blessé.
Norbert leva enfin la tête et plongea ses yeux clairs dans ceux bleus et implorants de la sorcière. Après quelques secondes de réflexion, il déclara, hésitant :
— Très bien. J'irai. Mais je doute sincèrement que je sois la bonne personne pour la convaincre de nous rejoindre dans une telle quête.
— Il lui suffit de ton pardon, Norbert, commenta April. Chasser Grindelwald, elle s'en fera une joie. Mais te faire du mal, elle ne peut pas.
Dans le fond de la pièce, Tina fixait le magizoologiste, ne cherchant même plus à comprendre la conversation. Albus, qui avait quant à lui tout suivi, s'approcha davantage de son ancien élève et annonça :
— Vous partez de suite avec April dans ce cas. Je suppose que vous savez où elle habite. Je crois en vous, Norbert.
Le sorcier se tourna vers le professeur qui lui indiqua la porte d'un mouvement de la main. Avant de sortir, il jeta un regard timide à Tina qui avait à présent les yeux rivés sur le sol.
Suivi de près par April, il se dirigea hors du bureau, quittant bientôt le château à son tour, puis son enceinte, sans qu'aucun de deux anciens camarades de classe ne prononce un mot. Ce ne fut que lorsqu'ils furent assez loin de Poudlard pour transplaner qu'ils disparurent dans un craquement familier.
***
Au même moment, à Londres, une femme à la longue chevelure blonde rangeait, de quelques coups de baguettes, des livres dans la bibliothèque d'une chambre sobrement meublée. Un ouvrage à la couverture rouge et dont le titre était inscrit en lettres dorées était posé sur le bout du lit. Il s'agissait de Vie et habitat des animaux fantastiques de Norbert Dragonneau.
Lorsqu'elle entendit un bruit sourd au rez-de-chaussée, elle sursauta et manqua de tomber de la chaise sur laquelle elle était montée.
— Nom d'un Niffleur ! ne put-elle pas s'empêcher de s'exclamer en se rattrapant à sa bibliothèque.
Ne sachant pas ce qui avait bien pu provoquer ce bruit, vivant seule, elle descendit précautionneusement de son perchoir, tenant toujours sa baguette dans sa main. Silencieusement, elle sortit de sa chambre et emprunta les escaliers pour atteindre le rez-de-chaussée, toujours prête à se défendre si quelqu'un était entré chez elle et voulait soudainement l'attaquer.
Sans un bruit, elle parvint même jusqu'à son salon avant de s'arrêter subitement en voyant qui s'y trouvait : un homme aux cheveux châtains tirant vers le roux. Fixant le magizoologiste, elle rangea sa baguette et murmura :
— Norbert ?
Ce fut la seule chose qu'elle parvint à dire, alors ils se regardèrent longuement, les yeux dans les yeux. Cela faisait si longtemps qu'il ne s'était pas vu en chair et en os, si bien que, contrairement à Aysha qui avait pu voir son ami sur une photo dans le journal, Norbert trouva que la sorcière avait beaucoup changé. Sa chevelure blonde contrastait toujours avec sa peau mate, mais ses yeux avaient quelque chose de différent. Ils semblaient parler pour elle, témoignant de tout ce qu'elle avait bien pu vivre pendant ces six mois d'incarcération en hôpital psychiatrique. Elle avait aussi changé parce qu'elle n'avait plus dix-sept ans. Elle en avait trente à présent. Il voyait qu'elle n'était plus l'adolescente qu'elle était. Bien que toujours très mature pour son âge, il savait qu'elle en avait gagné davantage avec le temps.
— Que fais-tu là ? demanda finalement Aysha, le sortant de ses pensées.
Il ne sut pas quoi répondre à cette question. Il savait pourquoi il était venu. Mais que pouvait-il bien lui dire ? Après des années de silence de sa part, il débarquait chez elle, par effraction qui plus est, dans le seul but de venir la chercher pour qu'elle les aide à chercher Gellert Grindelwald.
Ils se regardèrent longuement et ce qui sortit alors de la bouche du magizoologiste le surprit lui-même :
— Je voulais te dire que je ne t'en voulais pas.
Un nouveau silence s'installa. April les fixait, semblant être devenue invisible, alors qu'elle attendait de voir la réaction de sa meilleure amie. Cette dernière parut surprise.
— Cette dispute… reprit alors Norbert, balbutiant. Je ne t'en veux pas… C'était idiot. Une histoire idiote d'adolescents. Et je sais à quel point cette histoire a pu te faire souffrir, alors je m'excuse de ne jamais avoir pris la peine de te dire clairement que tu n'avais pas à être pardonnée.
Il avait dit cela si vite qu'il s'était surpris lui-même. Il n'avait plus l'habitude de parler si facilement, mais il était vrai qu'avec Aysha, cela avait toujours été le cas.
Des larmes étaient apparues dans les yeux d'Aysha qui murmura alors, visiblement touchée :
— Très bien, Norbert. Merci de m'avoir dit cela. Et ne t'excuse de rien. Dans cette histoire, j'étais la seule en cause. Tu as raison, c'était une histoire idiote d'adolescents.
Il lui adressa un timide sourire, mais elle ne le lui rendit pas, enchaînant rapidement :
— Quelle est, à présent, la raison pour laquelle tu avais besoin de t'excuser et qui pourrait aussi expliquer la présence d'April ? Que faites-vous là tous les deux ?
Norbert parut surpris de la voir réagir ainsi. Elle avait toujours été perspicace, mais il ne pensait pas qu'elle balayerait ainsi ce moment si particulier entre eux. Il savait qu'elle n'était pas très émotive et gardait généralement tout en elle, mais il sentit son cœur se serrer face à sa remarque. Que devait-elle penser ? Qu'il venait s'excuser uniquement pour qu'elle les rejoigne dans leur quête ? Bien qu'il soit vrai qu'il n'aurait jamais osé lui rendre visite si cette mission ne le lui avait pas obligé, il avait été sincère avec elle.
— Nous sommes venus te chercher, Aysha, fit April, à la place de Norbert. Pour la mission que t'a proposée Albus.
— Il me semblait avoir déjà répondu, rétorqua-t-elle.
— Je t'en prie. Même le Ministre de la Magie a donné son autorisation. Il tenait vraiment à ce que tu repartes sur le terrain, ce que tu n'as pas fait depuis ton retour de Ste Mangouste si ce n'est dans une maison de Moldus, ce qui est une mission bien étonnante pour un Auror, si tu veux mon avis.
— Pourquoi tenez-vous à ce point à ce que je vous accompagne ? l'interrogea-t-elle en fronçant les sourcils alors qu'April s'était avancée.
— Parce que nous avons besoin de toi.
— Tu ne vas pas me dire que vous avez besoin d'une sorcière tout juste sortie de Ste Mangouste, internée en psychiatrie après avoir manqué de tuer quelqu'un ? Ça n'aurait aucun sens.
— Tu es bien plus que ce que tu viens de décrire, intervint Norbert qui n'avait pas réfléchi avant de parler. Je veux dire… tu es une sorcière puissante… brillante et réfléchie. Et… tu maîtrises parfaitement bien l'occlumancie. Et puis, nous voulons te retrouver… Je veux te retrouver.
Il se rendit compte de ce qu'il venait de dire et baissa la tête, gêné. Son amie le fixa, comme si elle voulait déceler le moindre signe de mensonge de sa part.
— Tu nous manques à tous, Aysha, ajouta April. J'ai besoin de retrouver ma meilleure amie. Je ne te demande pas de faire l'impossible, non ? Je te demande simplement de prendre ton courage à deux mains et de nous rejoindre dans cette quête. Cela pourrait t'occuper et te permettre de te reconnecter avec le monde extérieur. Tu es une Occlumens, mais je te connais, et Norbert aussi. Nous savons que ce genre d'aventures est ce qui te plait le plus dans ton travail. En plus, on va au Brésil, c'est sympa, tu ne trouves pas ?
Aysha secoua la tête, amusée par son dernier commentaire. Elle jeta un nouveau regard à Norbert qui semblait la supplier avec ses yeux. Finalement, elle poussa un soupire et marmonna :
— Très bien. J'accepte de vous suivre, mais au moindre truc qui ne me plaît pas, je ne vous suis plus.
— Entendu, répondit April. J'étais sûre que tu finirais par accepter. Il faut toujours faire confiance à son intuition !
Aysha leva les yeux au ciel et se tourna vers le magizoologiste pour annoncer :
— Je vais donc préparer mes affaires. J'imagine qu'on nous attend déjà et même que Dumbledore trépigne dans son bureau, impatient de savoir si vous êtes parvenus à me convaincre.
— Je vais finir par avoir peur de toi, s'amusa April.
Mais Aysha ne faisait plus attention à elle, car son regard s'était posé sur une petite créature qui ressemblait à une branche avait sorti sa tête de la poche du manteau de Norbert.
— Est-ce un Botruc ou je rêve ? demanda l'Occlumens en désignant la créature.
— Oh ! s'exclama Norbert, surpris. Je te présente Pickett.
— Joli nom. Et je suppose qu'il n'est pas le seul à t'accompagner, objecta la jeune femme en jetant un coup d'œil à la valise que tenait toujours son ami.
— En effet, admit le magizoologiste.
Sans un mot de plus, Aysha disparut dans la pièce voisine. Un silence régna quelques secondes avant d'être rompu par April, se sentant inconfortable dans cette situation :
— Cela fut plus facile que je ne l'aurais imaginé, je l'admets.
— Elle m'avait l'air si… murmura le magizoologiste. Elle n'est plus la même du tout. C'est comme si c'était une autre personne. Jusqu'à ce qu'elle réagisse avec Pickett, je n'avais pas reconnu la Aysha que j'ai rencontrée à Poudlard.
— Tu m'étonnes, railla April. La dernière fois que tu l'as vue vous aviez… quoi ? Dix-sept ans ? Entre temps, il s'est passé beaucoup de choses dans sa vie et dans la tienne. Toi aussi tu as changé. Les gens changent. C'est comme ça.
— Je sais. Ce que je veux dire… c'est que… enfin… balbutia le sorcier. Elle n'a pas l'air d'aller aussi bien qu'avant.
— Elle vient de sortir de six mois à Ste Mangouste, Norbert. Crois-tu qu'elle aille bien et que c'est la raison pour laquelle elle a fait un petit séjour là-bas ? Juste parce qu'elle trouvait ça amusant ?
— Ce n'est pas… Je sais… Je suis désolé…
— Arrête de t'excuser pour rien, tu m'énerves quand tu fais ça.
Norbert ne répondit pas, sachant que peu importe ce qu'il pourrait dire, April rétorquerait quelque chose. Il ne l'avait pas vue sourire. Cela pouvait paraître anodin, mais ça ne l'était pas pour le magizoologiste. Il s'en voulait d'avoir été absent d'une si grande partie de la vie d'Aysha, sûrement la plus dure qu'elle ait pu vivre.
Il fut bientôt sorti de ses pensées lorsqu'Aysha apparut dans l'encadrement de la porte, une petite valise, sûrement ensorcelée, dans sa main gauche, et sa fine baguette dans l'autre.
— Je suis prête, annonça-t-elle en enfilant son manteau. Nous pouvons y aller.
Le sorcier lui adressa un timide sourire avant de s'approcha d'elle, imité par April. Tous trois transplanèrent le plus près possible de Poudlard.
À la vue du château, un sentiment de nostalgie parcourut alors Aysha qui recula d'un pas. Poudlard avait été sa maison – son foyer – pendant des années. Il était étrange de revoir cette école après tant de temps.
— Rejoignons Dumbledore, proposa April en attrapant le bras de son amie. Il sera ravi de revoir l'une de ceux qui furent ses meilleurs élèves.
Norbert se contenta de hocher la tête, sans qu'il n'y ait une quelconque réponse de la part de l'Occlumens. D'un commun accord, les trois anciens élèves de Poudlard commencèrent à avancer vers l'école dans un silence pesant.
Chacun des pas qu'ils faisaient semblait accélérer les battements du cœur d'Aysha qui ignorait pourquoi elle craignait tant de remettre les pieds dans cette école.