Les Animaux Fantastiques
Tome 2


Chapitre neuf

  Aysha se précipita à l'extérieur, suivie de près par Thésée et les autres. Ce qu'elle vit lui coupa le souffle. Grindelwald se tenait devant tout le monde et semblait déclamer un discours qu'il devait avoir soigneusement préparé. Ses partisans l'entouraient.

  Norbert s'avança davantage, semblant chercher quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Mais avant qu'il ne puisse faire un pas de plus, Aysha lui attrapa le bras. Il se tourna vers son amie et, le regard témoignant de sa peur, il murmurait :

  — Il faut qu'on trouve Tina.

  — Tina peut s'en sortir seule, le rassura son frère. Il ne faut pas qu'on nous repère.

  — Attends, l'interpella Aysha alors qu'il s'avançait à son tour. Qu'est-ce qu'il fait ?

  Le sorcier comprit qu'elle parlait de Grindelwald et ils fixèrent le sorcier, ses mots venant jouer dans leurs oreilles comme du poison :

  — Je suis ravi de voir qu'on me laisse la possibilité de vous offrir un avenir meilleur.

  Aysha fronça les sourcils, avançant de quelques pas.

  — Qu'est-ce que tu fais ? demanda alors Helena qui les avait rejoint.

  La Métamorphomage ne répondit pas et se faufila entre les différentes personnes qui écoutaient le sorcier. Thésée ne tarda pas à la rejoindre tandis qu'elle s'arrêtait et le reste de leurs camarades fut obligé de faire de même. Le sorcier observa le visage de son amie, espérant y déceler quelque chose qui pourrait expliquer son comportement actuel.

  — J'ai concience que beaucoup pensent que j'ai très mal agi jusqu'à présent, continuait Grindelwald. Mais ce n'était que parce que c'était l'avis de ceux qui le disaient. N'avez-vous pas remarqué que ce sont les Aurors qui attaquent et tuent ? Si je suis élu, je vous promets d'être libres et de profiter pleinement de notre supériorité.

  Jacob serra les dents tandis qu'il s'accrochait davantage à Queenie, comme s'il avait peur que ce qu'il s'était passé à Paris puisse se reproduire.

  — Aujourd'hui, je vous demande d'essayer de voir la vérité parmi le flot de mensonges qu'ils ont déversé sur vous à mon encontre. Je peux vous offrir un meilleur avenir. Je peux vous offrir tout ce que vous méritez. Vous en avez assez de vous cacher ? De vous soumettre à des lois qui ne protègent que ceux qui n'ont pas nos capacités ? Je suis prêt à vous offrir la possibilité de vous en sortir. De pouvoir enfin briller devant tout le monde. De pouvoir vivre, plutôt que survivre dans la peur que votre voisin découvre à quel point vous êtes extraordinaires. N'est-ce pas idiot ? D'être ainsi obligé de vivre enchaînés pour être ce que nous sommes ? Que notre supériorité nous oblige à nous soumettre à ceux qui nous sont inférieurs ? N'est-ce pas idiot ?

  Dans la foule d'auditeurs, beaucoup semblaient conquis par ce que le sorcier disait. Certains l'acclamèrent même. Le sorcier sourit, ravi.

  — Je suis prêt à vous offrir la liberté.

  Grindelwald pose son regard sur Aysha qui le soutint.

  — Je suis prêt à vous offrir le pardon, la vérité et la paix. Je suis prêt à vous permettre d'être heureux, de vous reconstruire. De réparer ce qui peut être brisé en vous. De retrouver ceux que vous avez perdus.

  Thésée attrapa la main d'Aysha, car il savait ce que le sorcier était en train de faire. Il jouait avec les faiblesses de la jeune femme. Il voulait qu'elle le rejoigne.

  — Si vous êtes prêts à tout pour vous donner la chance d'accéder au pardon, je suis prêt à vous aider.

  Aysha fixait le mage noir avec intensité, sentant son cœur battre la chamade. Leurs regards ne se séparèrent pas. Ils continuaient de se regarder. Elle savait ce qu'il faisait. Elle savait qu'elle pouvait lutter.

  Lorsque le contact visuel fut coupé, la sorcière recula d'un pas. Grindelwald venait de s'entourer de flammes bleues. Comme à Paris.

  — Si vous me jurez de vouloir m'aider, vous pouvez être bien plus que de simples futurs électeurs. Joignez-vous à moi.

  Les partisans de Grindelwald traversèrent les flammes sans réfléchir.

  — Cette fois, je vous laisse des choix différents. Rejoignez-moi, ou partez. Rien ne vous tuera si vous ne tentez pas de traverser ses flammes sans m'accorder la dévotion suffisante.

  De nouveau les yeux du sorcier croisèrent ceux d'Aysha et il reprit :

  — Venez retrouver ceux que vous avez perdus. Ou attendez que je vous mène à eux. À vous de voir.

  Certaines personnes semblèrent rapidement faire un choix. Une majorité s'éloigna de ce spectacle, tandis que quelques uns rejoignaient le mage noir. Aucun de ces derniers ne semblaient manquer de dévotion. Bientôt, il ne resta plus que le groupe d'amis. Le sorcier les regardait avec un immense sourire.

  — Ravis de vous revoir, marmonna-t-il.

  Les doigts de Thésée serrèrent davantage ceux d'Aysha. Tout ceci ne pouvait que lui rappelait les événements de Paris. Quand il avait vu Leta s'approcher du sorcier. Quand ses yeux avaient croisé une dernière fois les siens. Que ses lèvres avaient prononcer ces derniers mots. Avant qu'elle ne sacrifie pour eux. Il l'avait vue disparaître sous ses yeux. Il en serait devenu fou si son frère ne l'avait pas forcé à quitter le mausolée des Lestrange. Il se serait même probablement laissé mourir s'il n'avait pas été forcé de partir.

  Des larmes emplirent ses yeux, mais personne ne les vit. Car tous fixaient le mage noir. Il savait que Norbert ressentait aussi de la peine. Que tous, d'une certaine manière, étaient touchés par ce spectacle.

  — Vous peinez à faire votre choix ? s'amusa Grindelwald qui quitta le centre du cercle.

  Il continua d'avancer, traversant les flammes bleues. Il s'approcha des sorciers qui semblèrent figés, incapables d'esquisser le moindre mouvement.

  Il passa d'abord devant Norbert à qui il fit remarquer :

  — Pas de Dumbledore, cette fois ?

  Il ignora Aysha, lança un sourire mauvais à Thésée, adressa à peine à regard à Helena, Eulalie et Jacob, tandis qu'il pointait nonchalemment sa baguette vers Queenie.

  — Vous pouvez encore changer d'avis, murmura-t-il avec un sourire.

  Il n'attendit pas qu'elle réponde et retourna se placer devant Aysha. Thésée tenta de l'empêcher de s'approcher de la jeune femme, mais, d'un simple coup de baguette, il fut repoussé violemment quelques mètres en arrière. Grindelwald posa alors ses mains sur les joues de la sorcière qui serrait les dents.

  — Tant de douleur, murmura-t-il. Tant de haine. Tant de souffrance. Tout ça pourrait s'arrêter.

  Des larmes brouillaient la vue de la jeune femme.

  — Je ne te ferai pas de mal. Y compris à tes amis, ajouta-t-il. Je ne laisserai personne te faire de mal si tu acceptes de te joindre à moi.

  Il se pencha pour embrasser le front de la Métamorphomage qui le laissa faire. Une larme roula sur sa joue et le mage noir s'empressa de venir l'essuyer :

  — Plus aucune larme ne coulera. Ton cœur pourra être de nouveau entier. Tu n'auras plus à ressentir toute cette souffrance. À t'infliger toute cette haine. On ne peut oublier sa peine, sans avoir réparé ce qui est brisé en nous.

  Leurs yeux se rencontrèrent de nouveau. Aysha avait chassé toutes ses larmes et continuait de serrer les dents. Le sorcier lui sourit avant de se tourner et de s'éloigner, rejoignant de nouveau le centre de son cercle de flammes. Thésée put alors rejoindre la jeune femme et lui attraper la main.

  — Ça va ? s'inquiéta-t-il.

  Elle leva des yeux vides vers lui. Son cœur se serra. Il ne savait pas pourquoi, il savait que ce qui allait suivre n'allait pas lui plaire.

  — Il faut partir ! hurla Helena derrière eux.

  — Aysha ? l'interpela Thésée.

  Elle secoua la tête. Il sembla comprendre.

  — Je suis désolée, murmura-t-elle. C'est le seul moyen.

  — Aysha...

  — C'est la seule manière pour moi de trouver April.

  — Non, c'est trop dangereux. Ne pars pas, la supplia-t-il. Ces flammes ne sont pas des flammes de pacotilles. Elles sauront que tu n'y vas pas pour ses idées. Tu ne peux pas leur mentir.

  — Qui te dit que j'aurais besoin de leur mentir ?

  Thésée serra davantage la main de la jeune femme.

  — Je t'en supplie, Aysha.

  — Il le faut.

  — Bon sang ! hurla Helena. Qu'est-ce que vous fabriquez tous les deux ! C'est pas le moment de...

  Elle s'arrêta, voyant alors sa benjamine se dégager de l'étreinte de Thésée et faire un pas vers la mage noir avant de s'arrêter.

  — Aysha ? s'étonna-t-elle. Qu'est-ce que tu fabriques ?

  Elle l'ignora, se tournant de nouveau vers Thésée dont l'impuissance avait recouvert le visage.

  — Ça ne se passera pas comme à Paris, Thésée. Je te le promets.

  Il n'eut pas le temps de répondre. Elle se détourna de nouveau de lui et il l'observa s'éloigner. Il entendit Helena se mettre à courir vers elle, mais lorsqu'elle arriva à côté de lui, il lui attrapa le bras.

  — Elle a fait son choix, murmura-t-il.

  Helena essaya de se débattre, mais Thésée avait trop de force. Elle observa alors sa sœur traverser les flammes. Elle ne cria pas. Elle ne souffrit pas. Elle ne mentait pas.

  — Aysha ! hurla Helena, en larmes. Je t'en prie... Non !

  L'aînée des Wilson se laissa tomber sur le sol et murmura :

  — Pas encore...

  Thésée ferma les yeux un instant, un larme roulant sur sa joue, et s'abaissa à la hauteur de la jeune femme pour l'aider. Mais celle-ci le repoussa.

  — C'est ta faute ! cria-t-elle. Tu l'as laissée partir. Je ne te le pardonnerai jamais.

  — Ça tombe bien, marmonna-t-il en retour. Ce n'est pas de ton pardon dont j'ai besoin.

  Elle lui lança un regard noir et se leva, observant les flammes qui semblaient avoir engloutie sa sœur. Grindelwald venait de lui prendre sa benjamine, après lui avoir retiré sa cadette. Il lui avait tout pris. Elle se vengerait.

  Norbert était resté totalement immobile. Il ne savait pas comment réagir. Il n'arrivait pas à réaliser ce qu'il venait de se passer. Ce fut Thésée qui le sortit de ses pensées. Ils rejoignirent les autres.

  — Il faut vraiment partir, marmonna Eulalie, dont la voix trahissait sa peine.

  Un dernier regard vers le cercle de flammes. Ils se prirent la main. Transplanèrent. Laissant avec peine derrière eux cette femme qui était devenue une amie - voire plus - pour la plupart d'entre eux. Cette femme qu'ils savaient brisée. Brisée au point de rejoindre le mage noir.

  Personne ne semblait vouloir y croire. Mais seul Thésée savait ce qui l'avait réellement poussée vers Grindelwald. Il savait qu'elle ne se battait pas pour Albus Dumbledore, tout autant qu'elle ne se battrait jamais pour Grindelwald. Elle ne se battait que pour ceux qu'elle aimait. Elle se battait pour April. Et il ne pouvait pas l'aider.

  Il savait qu'elle s'en sortitait. Il avait foi en elle. Il savait qu'elle y arriverait. Il espérait qu'elle ait raison en ce qui concerne April. Il espérait qu'il ne se trompait pas. Il espérait aussi que son cœur cesse de battre si vite dès lors qu'il pensait à elle ou que ses yeux se posaient sur la jeune femme. Maintenant qu'elle n'était plus avec eux, chaque battement de son cœur était douloureux, comme si une lame ne cessait de le transpercer.

  Il dut ravaler toutes ces émotions, tandis qu'ils arrivaient près de la gare. Il dut ignorer la haine dans le regard d'Helena. Il savait qu'elle ne lui était pas entièrement destinée. Il savait qu'Helena s'en voulait à elle-aussi et qu'elle s'en prenait à lui, car elle ne pouvait supporter sa propre culpabilité. Il était prêt à l'accepter.

  Il leva la tête. Son frère devant lui était totalement perdu. Il ne semblait pas savoir quoi faire. Ils ignoraient où étaient Tina, Achilles et Kama. Norbert était désespéré. Les larmes brouillaient sa vue. Son cœur était aussi lourd qu'une pierre. Il ne voulait pas croire qu'il venait de perdre Aysha. C'était impossible.

  Où est Tina ? Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Est-ce que Tina va bien ?

  Ces questions le torturaient. Il se sentait faible et impuissant, plus qu'il ne l'avait jamais été.

  Jacob était d'un réel soutien pour Queenie qui se voyait submergée par toutes les pensées négatives de ses camarades en plus des siennes.

  Thésée se tenait toujours debout face à la gare. Helena était à terre. Elle ne semblait plus pouvoir se lever.

  Il devait avoir foi en Aysha. Il savait qu'elle reviendrait. Il en était certain.

***

  Aysha sentit les flammes danser sur elle. Elle n'éprouva aucune douleur. Elle avançait la tête haute vers le sorcier, déterminée à obtenir ses propres réponses. Déterminée à retrouver sa meilleure amie. Lorsqu'elle arriva à côté du mage noir, ce dernier sourit.

  — Pas même une larme ? la questionna-t-il.

  — Pourquoi aurais-je dû pleurer ?

  Sa réponse sembla satisfaire Grindelwald qui lui tendit sa main. Elle cligna des yeux et l'attrapa. Bientôt, ce fut à son tour de disparaître.

  Elle venait de prendre une décision radicale. Elle venait probablement de blesser ses camarades. Elle venait aussi de rappeler de mauvaises choses à Thésée sûrement. Mais elle avait fait son choix.

  Elle se battrait pour retrouver celle qu'on lui avait retirée.

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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