Phèdre (Racine)

« Phèdre » (Racine) – GF
« Phèdre » (Racine) – GF

Présentation de l'œuvre

Phèdre est une tragédie écrite par Racine au XVIIe siècle, jouée pour la première fois le 1er janvier 1677 sous le titre de Phèdre et Hippolyte. Le thème principal est l'amour coupable : Phèdre, amoureuse d'Hippolyte, fils de son mari Thésée, et Hippolyte, amoureux d'Aricie, ennemie politique de son père. En 1687, Racine change le titre pour simplement Phèdre.

Jean Racine, né en 1639 et mort en 1699, a passé son enfance à Port-Royal, un foyer intellectuel et spirituel de premier plan au XVIIe siècle. Port-Royal réunissait notamment les Solitaires, également appelés « Messieurs de Port-Royal », qui instruisent Racine et lui font découvrir la culture grecque et latine, notamment les œuvres d'Euripide, Sophocle, Homère et Aristote. Il y acquiert ainsi une formation littéraire marquée par la clarté et la sobriété de l'expression, ce qui lui permettra de se distinguer de son rival Corneille.

Racine, rêvant de s'élever grâce au théâtre comme Corneille, écrit sa première tragédie, Amasie, qui est refusée. Cependant, cette tentative lui permet de gagner la confiance de Molière, qui accepte de produire ses premières pièces : La Thébaïde (1664) et Alexandre le Grand (1665). Face au succès limité de cette dernière, il l'envoie aux rivaux de Molière, l'Hôtel de Bourgogne, rompant ainsi avec le célèbre dramaturge. Il rompt également avec ses maîtres de Port-Royal, puis enchaîne, après Andromaque en 1667, les succès tragiques, jusqu'à sa pièce la plus célèbre : Phèdre. Ce chef-d'œuvre lui permet de devenir l'historiographe du roi avec Boileau, et il abandonne le théâtre.

Contrairement à Corneille, Racine s'engage à respecter scrupuleusement les règles de la tragédie antique, notamment les principes d'Aristote dans La Poétique : la tragédie doit provoquer chez le spectateur la frayeur et la pitié, en mettant en scène des personnages passant du bonheur au malheur, sans qu'ils soient trop bons (ce qui provoquerait notre indignation) ni trop mauvais. Ces personnages doivent être semblables aux spectateurs, faillibles.

Phèdre est la pièce où Racine applique le mieux les préceptes d'Aristote. Cela transparaît dans la Préface de l'œuvre, où il écrit : « Je n'ose encore assurer que cette pièce soit en effet la meilleure de mes tragédies. Je laisse et aux lecteurs et au temps à décider de son véritable prix. » Ce souci d'excellence explique en grande partie les changements qu'il a opérés par rapport à son modèle antique. Par exemple, il fait tomber Hippolyte amoureux d'Aricie pour le rendre moins parfait et il soulage Phèdre de certains de ses actes pour qu'elle reste un personnage « ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocent ».

Pour maintenir la vraisemblance face à un public chrétien qui ne croit pas aux dieux païens, Racine fait passer la mythologie pour la croyance des personnages, et non pour un acteur à part entière de la pièce. Ainsi, il transforme une tragédie mythologique en une tragédie psychologique.

L'histoire

Phèdre est une tragédie où les passions coupables se mêlent aux devoirs familiaux et politiques, emprisonnant les personnages dans des dilemmes insolubles. Racine y dépeint avec une intensité remarquable les tourments de l'âme humaine, déchirée entre la raison et des sentiments interdits, tout en explorant les failles morales et les conséquences inéluctables des choix impossibles.

Mon avis

Je ne peux que commencer par ces propos : Phèdre est l'une de mes meilleures découvertes littéraires !

Cela ne figure pas encore parmi mes coups de cœur, mais il aurait vraiment pu y entrer ! Il manquait peut-être ce petit quelque chose, difficile à définir, qui aurait pu me faire dire que c'était un réel coup de cœur.

Néanmoins, j'en viens presque à m'étonner de ne pas avoir lu Phèdre plus tôt !

J'en ai d'abord découvert une scène avec l'atelier théâtre et une élève, fan des vers raciniens, avec qui j'ai travaillé pour la mettre en scène. Immédiatement, je suis tombée amoureuse à mon tour des vers raciniens ! L'agencement des mots, les rimes, cet excès enfermé dans une figure si contraignante qu'est l'alexandrin… je dois dire que j'ai été vraiment agréablement étonnée et ravie.

Nous l'avons ensuite étudié en cours et bien que j'ai pu découvrir que Racine était vraiment ingrat (notamment envers Molière), je me suis émerveillée face à tout ce que Racine a entrepris pour écrire cette pièce : la façon dont il a modifié les personnages pour les rendre moins parfaits, comment il a fait d'une pièce mythologique une pièce psychologique…

Il n'y a pourtant pas un attachement particulier aux personnages eux-mêmes ou même à l'histoire en tant que telle, mais plutôt à leur construction.

Cette pièce m'a vraiment émerveillée et je ne peux que vous la conseiller !

Quelques citations

PHÈDRE – « J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine / Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine / De quoi m'ont profité mes inutiles soins ? / Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins. »


ISMÈNE – « Le nom d'amant peut-être offense son courage. / Mais il en a les yeux, s'il n'en a le langage. »


HIPPOLYTE – « Présente je vous fuis, absente je vous trouve. / […] Maintenant je me cherche, et ne me trouve plus. / […] Quel étrange captif pour un si beau lien ! »


HIPPOLYTE – « Quel funeste poison / L'amour a répandu sur toute sa maison ! »


HIPPOLYTE – « Je confesse à vos pieds ma véritable offense. / J'aime, j'aime, il est vrai, malgré votre défense. »


PHÈDRE – « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue. / Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue. »


PHÈDRE – « Tout m'afflige et me nuit, et conspire à me nuire. »


PHÈDRE – « Non, Thésée, il faut rompre un injuste silence : / Il faut à votre vils rendre son innocence. / Il n'était point coupable. »

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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