01/02/2025

La Princesse de Clèves (Madame de Lafayette)

« La Princesse de Clèves » (Madame de Lafayette) – Folio classique
« La Princesse de Clèves » (Madame de Lafayette) – Folio classique

Présentation de l'œuvre

La Princesse de Clèves est un roman publié en 1678 par Madame de Lafayette, bien que celle-ci l'ait publié anonymement. Cet ouvrage est un événement littéraire marquant : on en parle jusqu'en Angleterre où on se demande qui a pu l'écrire et où on a pour hypothèse que cela a été écrit par plusieurs personnes. Soupçonnée, Madame de Lafayette dément, mais on retrouve une lettre où elle l'admet à son ami, Ménage.

La Princesse de Clèves a eu un tel succès qu'il est en partie responsable du peu de visibilité qu'a reçu le second recueil des Fables de Jean de La Fontaine.

Il marque déjà une rupture avec le roman traditionnel, au XVIIe siècle, ne correspondant ni aux romans héroïques, ni aux romans pastoraux. En effet, La Princesse de Clèves présente une intrigue brêve, correspond à un contexte historique précis (le règne de Henri II) et se passe de la prolifération d'histoires secondaires.

À travers ce roman, Madame de Lafayette met en garde contre l'amour, s'opposant ainsi à l'idéalisation amoureuse. De plus, La Princesse de Clèves a une visée réaliste, influencée par Segrais, un ami de Madame de Lafayette qui encourage justement à une rupture par rapport au roman traditionnel (héroïque et pastoral) pour se tourner vers une nouvelle forme, de récit bref et plus vraisemblable, qu'il appelle la nouvelle.

Madame de Lafayette est issue d'une éducation intellectuelle poussée, ayant dans son cercle littéraire des personnes comme Madame de Sévigné ou encore La Rochefoucauld. Elle connaît également une expérience de la cour (auprès d'Henriette d'Angeleterre), ce qui représente une influence majeur pour son œuvre. C'est une observatrice de son temps, qui va mettre en avant ce qui caractérise la vie à la cour : le paraître, les intrigues, les galanteries…

La Princesse de Clèves se déroule dans la cour de Henri II, qui est en réalité un miroir de celle de Louis XIV, contemporaine de Madame de Lafayette. Elle y dépeint un monde d'apparences, de galanterie, où tout est séduction et intrigue. Ce roman est documenté, chez des historiens, ce qui laisse beaucoup moins de place pour la romancière à l'imagination. Mais la Princesse de Clèves est un personnage fictif.

L'histoire

C'est l'histoire d'une jeune femme qui découvre l'amour sous le regard des autres. Nous la voyons passer de l'innocence à la lucidité, en passant par des épreuves personnelles et sociales.

La Princesse de Clèves, mariée à un homme dont elle n'est pas amoureuse, éduquée par sa mère, Madame de Chartres, qui la met en garde contre l'amour et l'importance de la maîtrise de soi, va faire face à des sentiments nouveaux lorsqu'elle rencontre Monsieur de Nemours, symbole de séduction courtoise, mais aussi d'inconstance…

Mon avis

Malgré un début difficile pour se plonger totalement dans l'histoire, avec des longueurs, j'ai fini par réellement apprécié la lecture de cet ouvrage.

Je le trouve très intéressant dans la manière dont il présente les choses et la vision de Madame de Lafayette, et en considérant l'impact qu'il a eu au moment de sa publication.

Bien qu'il présente une vision assez pessimiste de l'amour (qui, bien qu'il puisse nous apporter du bonheur, peut aussi nous apporter du malheur), je me suis plongée dans la vie à la cour, ce monde où le paraître règne en maître et où l'être ne compte plus vraiment.

La Princesse de Clèves est présentée comme un personnage de vertu, qui parvient, malgré des bafouillements, à garder la maîtrise de soi. C'est surtout toute l'articulation des personnages en eux-mêmes que j'ai appréciée, mais aussi à quel point la morale du roman, la partageant ou non, entre totalement en opposition avec son époque. Le roman met en avant l'inconstance des sentiments, la possibilité aussi que ces derniers ne soient pas réciproques, l'amour en tant que trouble et violence… tout en conservant les charmes de l'amour, là où les romans héroïques de l'époque idéalisaient l'amour.

Bien que très pessimiste, cette vision tragique de l'amour expose ce qui n'était jusqu'alors pas vraiment présenté : les dangers de l'amour.

Je conseille vraiment cet ouvrage, qui est également très intéressant à étudier !

Quelques citations

« Si vous jugez sur les apparences en ce lieu-ci […], vous serez souvent trompée : ce qui paraît n'est presque jamais la vérité. »


« Je ne me trouve plus digne de vous ; vous ne me paraissez plus digne de moi. Je vous adore, je vous hais ; je vous offense, je vous demande pardon ; je vous admire, j'ai honte de vous admirer. Enfin il n'y a plus en moi ni de calme, ni de raison. »


« […] j'ai de la force pour taire ce que je crois ne pas devoir dire. L'aveu que je vous ai fait n'a pas été par faiblesse ; et il faut plus de courange pour avouer cette vérité que pour entreprendre de la cacher. »


« Les personnes galantes sont toujours bien aises qu'un prétexte leur donne lieu de parler à ceux qui les aiment. »


« Les paroles les plus obscures d'un homme qui plaît donnent plus d'agitation que des déclarations ouvertes d'un homme qui ne plaît pas. »

Louise Garénaux - Auteure passionnée
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